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 Something borrowed ; Azilys

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Yûki
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Yûki


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MessageSujet: Re: Something borrowed ; Azilys   Something borrowed ; Azilys - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:02

Elle avait répondu, le plus brièvement possible et sans une seule marque d’hésitation. Un Grahyena ? Un instant, il songea aux deux silhouettes qu’il avait aperçues, par delà la fenêtre. A la réflexion, il y avait bien celui qui marchait aux côtés du jeune garçon qui pouvait en être un. Vu de loin, il lui rappelait légèrement l’ancien hybride de son lieutenant le plus proche. C’avait été une brave bête à sa façon, mais il avait trouvé la mort dans d’obscures circonstances. A vrai dire, cette prétendue mort, personne n’avait jamais tenté de la vérifier, encore moins de la prouver, mais c’était la justification qui plaisait le mieux. Qu’il fusse encore ou non en train de vagabonder, à Unys ou même ailleurs —et mieux valait certainement pour lui qu’il ait quitté la région—, il n’était déjà plus vraiment dans les esprits. Rares étaient les hybrides fuyards dont on se souvenait longtemps, entre les murs de Chronos. La plupart, de toute façon, étaient souvent retrouvées dans les premiers kilomètres de leur fuite, au mieux emprisonnés à nouveau, au pire tués pour qu’ils ne réitèrent pas. Il y en avait parfois quelques uns, plus rarement encore, qui parvenaient à s’en aller sans être rattrapés. On ne savait jamais vraiment ce qu’ils devenaient, ce qu’ils racontaient ; mais ils ne pouvaient faire à Chronos une réputation pire que celle qu’elle avait déjà. Il y en avait tout de même, parfois, qui étaient un tant soit peu regrettés, comme le fut peut-être le Dracaufeu que posséda Oswald, quelques années durant. S’il avait aussi été l’hybride le plus insolent, le plus irritant qu’il eut connu de toute sa carrière dans l’organisation, il n’était pas non plus parmi les moins compétents qu'un jour il posséda.

Le chef avait fini par perdre le compte des hybrides qui lui étaient passés entre les mains au fil des années, à mesure que certains mourraient, fuyaient ou qu’il les accordait à autrui car lassé, au profit d’autres qu’il ne connaissait pas encore, et qu’il avait appris à briser pour les faire plier. Il n’avait pas été si monstrueux, à ses débuts ; empli de colère et de rancœur, mais peut-être encore capable de pardonner. Mais la doctrine de l’affaire dans laquelle il s’était engagé l’avait finalement pourri jusqu’à la moelle, jusqu’à ce que se trouve cet homme, en face d’Azilys, le sourire au coin des lèvres et les prunelles sans cesse luisantes de cet éclat malsain, capable de faire frissonner les plus sûrs des êtres.

Il y eut un silence qui suivit la nouvelle question d’Oswald, et il ne pu s’empêcher de vriller plus encore la jeune femme de ses sanguines insolentes. Il tentait de déchiffrer les mots de ses yeux, ce qu’elle pensait mais ne disait pas, la vérité, les secrets peut-être, toutes ces choses qui ne peuvent être dites, et moins encore à quelque inconnu dont on ne sait rien sinon qu’il a du sang sur les mains et ne tremble jamais à l’idée d’ôter la vie. Qui pourrait le faire, là, maintenant, tout de suite, pourvu qu’on lui en donne une bonne raison. Mais Azilys n’était pas sa proie, ni sa victime ; c’était son alliée, au sens large puisqu’elle était l’une de ses subordonnés, et c’était aussi sa distraction du moment, sans pour autant qu’il ne voit en elle qu’un futile objet d’amusement de quelques instants à peine avant qu’il ne s’en lasse. On pouvait douter de ses intentions ; si elles n’étaient pas simplement mauvaises, alors on pouvait le soupçonner désireux de l’inviter sous ses draps, comme tant d’autres avant elle. C’était si plausible, au fond, qu’il pourrait faire taire tous les questionnements en tout juste quelques mots. 

Mais ce ne fut pourtant pas ceux qu’il prononça lorsqu’elle refusa de lui répondre, encore moins lorsqu’elle lui demanda une nouvelle fois ce qu’il venait faire là, chez elle, en un lieu qui se devait d’être blanchi de toute mauvaise réputation si l’on voulait maintenir l’affaire en marche. Au lieu de quoi, il se contenta de reposer délicatement la Pokéball là où il l’avait prise, se penchant sur le bureau pour se mettre à la hauteur de la jeune Joly qui lui faisait face. Il ne se défaisait pas de son sourire, qui se fit même un peu plus narquois l’espace d’un instant. « Allons, ne me dis pas que tu n’es pas honorée que ton si fameux patron vienne te rendre une petite visite de courtoisie, à toi et toi seule ? » Il ricana doucement, et puis s’apprêta à reprendre d’un ton un peu plus sérieux, lorsqu’il entendit les éclats de voix et de rire qui résonnaient dans la pièce d’à côté. Il jeta un regard aussi fugace qu’un soupir en direction de la porte, avant de se tourner à nouveau en direction d’Azilys, qui le fixait toujours. Il ne lui fallut qu’une seconde pour comprendre la menace silencieuse qu’elle lui soufflait, au travers de ses prunelles d’un bleu si pur et pourtant incendiaires à l’instant précis. S’il s’avisait de sortir, s’il s’avisait d’approcher de ses exceptions, il ne doutait pas un instant qu’elle l’arrêterait. Et ce ne serait certainement pas avec le plus grand des pacifismes. 

Le rire aux lèvres, il se pencha un peu plus dans sa direction, les mains appuyées contre le bureau. « J’adore la façon dont tes yeux lancent des éclairs, quand tu es en colère. » souffla-t-il d’un air entendu, dont il était impossible de discerner l’honnêteté de l’énième raillerie. Il se redressa légèrement, sans vraiment s’écarter, ni même esquisser le moindre geste vers la sortie. « Il semblerait toutefois que je doive m’attarder un peu plus longtemps, puisque tu ne parais pas vouloir me présenter à tes camarades. Chose… que je peux sans doute comprendre, je suppose. Ou bien est-ce encore une science qui m’échappe ? » Il haussa un sourcil, comme s’il s’agissait d’une véritable question, mais ça n’était en vérité rien d’autre qu’une simple rhétorique, une moquerie de plus dans un flot de paroles qui en paraissait essentiellement constitué.

Ne réprimant pas le soupir qui s’échappa d’entre ses lèvres, et recouvrant du même coup quelque peu son sérieux, il revint vers la fenêtre, observant l’extérieur et la pluie battante qui commençait à s’apaiser, sans plus rien toucher d’autre dans ce bureau qui n’était pas le sien. Enfin, après avoir laissé planer un silence, il se décida à reprendre la parole, pour enfin répondre à la question de son hôte qu’il laissait dans l’ignorance, depuis qu’il avait passé le pas de la porte. « Ma visite n’a pas véritablement de but autre que satisfaire ma curiosité. Tu tiens un rôle un peu particulier et différent des postes habituels au sein de l’organisation, et c’est une adhésion que j’ai acceptée sans même te connaître personnellement, simplement parce qu’une personne de confiance m'a longuement vanté ton potentiel. » Il s’interrompit, adressa un regard de biais à l’intéressée. « Je crois que je ne regrette pas d’avoir accepté, ceci étant dit. » Il suivit des yeux la course des gouttes qui venaient frapper contre la vitre, troublant la vue qu’il avait de l’extérieur à chaque fois ; ceci étant dit il ne les regardait pas, quelque peu plongé dans ses pensées. 

Ce ne fut qu’après un nouveau silence qu’il acheva enfin, son sérieux semblant à nouveau s’être dissipé au profit de ses incessantes facéties. « Mais puisque je t’ai tant importunée… Dans mon humble clémence, je t’autorise à me demander ce que tu veux pour me faire pardonner. Ce qui te ferait plaisir ; quelques mots et c'est à toi. » Il s’inclina légèrement, presque comme s’il s’agissait d’un geste de galanterie et, si le ton employé tout autant que son sourire pouvaient semer le doute quand à sincérité de sa proposition, ses sanguines elles, luisaient d’un tel éclat de défi qu’il était impossible de s’inquiéter plus longtemps d’un énième de ses petits jeux sans fond ni forme. Cette fois-ci, il jouait avec le feu, et c’était un jeu qui lui plaisait plutôt bien.
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MessageSujet: Re: Something borrowed ; Azilys   Something borrowed ; Azilys - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:02

[size=36]U[/size]
ne petite visite de courtoisie. Azilys aimerait croire que ce n'est que cela, mais elle en doute. Venant de n'importe qui d'autre, ça aurait pu être plausible. Mais d'Oswald en personne … Elle refuse d'y croire. Honorée ?Dans d'autres circonstances, en un autre lieu, peut-être. Sûrement. Il n'est probablement pas le genre d'homme qui offre de son temps à n'importe qui, que l'on fasse parti ou non de son organisation. Alors oui, Azilys se serait sûrement senti honorée, voire privilégiée, d'avoir un tel tête à tête avec lui, qu'il vienne de lui-même la voir – en terrain neutre - sans qu'elle n'ait rien réclamé. Ce sont cependant tous les petits à-côtés qui pêchent. Sa présence dans une auberge destinée aux hybrides. Sa façon de se croire chez lui. Son intérêt inquiétant pour Yoshihiro. Son intrusion dans sa vie privée. Toutes ces petites choses qui, mises bout à bout, font que la présence d'Oswald à ses côtés n'est pas un honneur, mais une contrainte. Une gêne.

La Pokéball de Calev a retrouvé sa place sur le bureau, mais Azilys n'y fait même pas attention. Ses yeux sont fixés sur l'homme en face d'elle, ses doigts crispés. Oswald a comprit sa menace sourde, il ne bouge pas d'un iota. La blonde se doute qu'il n'est pas effrayé pour deux sous, mais qu'importe. Seul le résultat compte. La voix de son frère de lait se mêle à celle de Calev, puis celle de Christa. Azilys ne comprend pas ce qu'ils disent, mais ce n'est pas l'important. Tout ce qu'elle désire, c'est que tous ne demeurent pas en bas plus longtemps. Ils sont trop prêts du plus grand des dangers. Le grincement familier des escaliers lui apprend que certaines personnes montent. Qui, elle l'ignore. Une porte claque. Celle des cuisines. Puis le silence retombe. Il ne demeure plus que le clapotis de la pluie contre les vitres, accompagné parfois du fracas assourdissant d'un éclair au loin.

Mais cela ne perdure pas. Oswald est déjà penché vers elle, le sourire aux lèvres, accompagnant à son geste une phrase qu'Azilys ignore comme étant sincère ou moqueuse. C'est toujours la même chose avec lui : difficile de deviner où se situe la frontière entre l'honnêteté et l'ironie. Elle se contente de froncer davantage les sourcils, refusant de prendre ceci comme un compliment. Et cerise sur le gâteau, la voilà prise au piège. Avec toute sa famille dans les parages, impossible de se débarrasser d'Oswald. Du moins, pas tant qu'elle soit certaine qu'ils ne risquent pas de croiser sa route sur le court chemin entre son bureau et la porte principale. Or, l'heure qu'affiche sa pendule lui rappelle que c'est le moment qu'ils accordent tous au ménage. L'emploi du temps de l'auberge est calculé à la minute près, le désordre n'a pas sa place sous le toit d'Azilys. Ainsi, elle a elle-même découpé les journées de la manière la plus adéquate afin que chaque tranche horaire corresponde à une tâche en particulier. 

Et entre quatorze heure trente et seize heure, c'est le ménage dans les cuisines. Juste à côté du bureau. Même si la pièce est plutôt bien insonorisée, le risque zéro n'existe pas. D'autant plus que les aller-retours entre les cuisines et le reste de l'auberge risque d'aller bon train. Difficile de faire sortir Oswald de là dans de telles conditions. Azilys se mordille la lèvre inférieure. La voilà prise au piège dans sa propre auberge. Si ce n'est pas ironique. Cet homme semble décidé à lui mettre des bâtons dans les roues, qu'il en soit conscient ou non. Elle n'a désormais plus d'autre choix que supporter sa charmante compagnie jusqu'à être certaine de pouvoir le mettre dehors sans que, pour autant, il ne croise la route de l'un des membres de sa famille. Ce qui s'annonce difficile.Voire quasiment impossible. Et quelque chose lui dit qu'elle n'est pas au bout de ses peines. Cette journée n'est vraiment pas destinée à être de tout repos … 

▬ Il semblerait toutefois que je doive m’attarder un peu plus longtemps, puisque tu ne parais pas vouloir me présenter à tes camarades. Chose… que je peux sans doute comprendre, je suppose. Ou bien est-ce encore une science qui m’échappe ?
Chose qu'il peut comprendre ? Comment le chef de la team Chronos pourrait-il comprendre l'attachement qu'elle ressent pour Yoshihiro, Christa et Ozvan ? L'affection sincère entre une humaine et des hybrides ? En a-t-il également, des exceptions, des êtres qu'il aime, qu'il défendrait au péril de sa vie, pour lesquels ses idéaux ne sont que du vent ? Ne serait-ce pas totalement ironique et déplacé qu'il puisse nourrir de tels sentiments ? Cependant, ce n'est pas Azilys qui pourrait le juger là-dessus. Si elle ne voit que des ténèbres dans le cœur de chaque hybride, elle refuse d'en imaginer le moindre soupçon dans ceux de ses proches. Ils ne sont pas pareils, quand bien même rien ne les différencie de leurs congénères. Si ce n'est la relation qu'ils entretiennent avec elle. Ils sont différents parce qu'elle les connaît. Parce qu'elle les aime. Parce qu'elle ne veut pas imaginer les choses différemment. Parce qu'elle veut que les choses soit ainsi, et pas autrement.

Mais l'heure n'est pas à l'introspection. Ni aux spéculations concernant les probables exceptions d'Oswald. Puisque son après-midi est définitivement gâchée, autant abandonné ses remèdes. Ainsi, alors qu'un silence de plomb pèse sur la pièce, Azilys attrape ses outils dispersés ça et là afin de tous les ranger à leur place adéquate. Ses bras et ses jambes s'activent comme des automates, ouvrant et fermant les tiroirs, se saisissant de tel ou tel objet traînant ici et là pour les déposer à leur place prédestinée. Rien n'est disposé au hasard dans le bureau de la blonde, même un œil extérieur peut s'en rendre compte. Tout est agencé de façon pratique, logique, voire même esthétique. Si ce livre-ci est déposé sur cette étagère-là, ce n'est pas par hasard. Mais parce qu'à cette distance du bureau, il est à porté de main sans avoir à se lever. Or, ce traité sur les plantes médicinales uniques au continent d'Unys est l'ouvrage le plus utile pour la jeune herboriste. Dans sa vie comme dans son travail, le hasard n'existe pas. Sauf quand des éléments perturbateurs viennent chambouler son monde organisé. 

▬ Ma visite n’a pas véritablement de but autre que satisfaire ma curiosité. Tu tiens un rôle un peu particulier et différent des postes habituels au sein de l’organisation, et c’est une adhésion que j’ai acceptée sans même te connaître personnellement, simplement parce qu’une personne de confiance m'a longuement vanté ton potentiel. Je crois que je ne regrette pas d’avoir accepté, ceci étant dit.
Le regard d'Azilys glisse en direction d'Oswald, mais ne rencontre que son dos. Il est de nouveau face à la vitre, libérée de ses rideaux, et observe le déluge à l'extérieur. Il a fallu du temps, mais il lui fourni enfin la réponse qu'elle lui réclame depuis qu'il a franchi les portes de l'auberge. Pour qu'au final, tout cela ne soit qu'un simple besoin de satisfaire sa curiosité. Il est vrai que la blonde a rejoint la team sans même en rencontrer le chef – ce qui l'a d'ailleurs étonnée. Une personne de confiance lui a vanté son potentiel … L'homme aux yeux violets?. Sûrement. Il est le seul qu'elle ait vraiment fréquenté – si leurs rapides entrevues dans la forêt peuvent rentrer dans le registre de la fréquentation. Néanmoins, cette histoire de potentiel la turlupine. Azilys doute vraiment d'en posséder. D'autant plus qu'elle a rejoint Chronos avant tout pour son propre intérêt. Celui de mettre la main sur l'assassin de son grand-père tout en bénéficiant d'une certaine sécurité de la part de l'organisation. Elle n'embrasse pas leurs idéaux, du moins sûrement pas de la même façon.

Qu'est-ce que l'homme aux yeux violets a donc pu lui raconter à son sujet ? L'observe-t-il depuis longtemps ? Un souvenir lointain lui revient alors en mémoire. Elle se rappelle de cette silhouette étrange au beau milieu des bois, ce jour où elle se promenait avec Yoshihiro. Cette même ombre qui avait inquiété Léon, au point qu'il demande à Ozvan d'apprendre des techniques d'autodéfense aux deux enfants. Au point qu'à seize ans à peine, Azilys tenait une épée entre ses mains. Et si cette silhouette, c'était cet homme aux yeux violets ? Un frisson glacé lui court dans le dos telle une vipère affamée. Est-ce possible que cet homme les ai observé pendant tout ce temps ? Azilys refuse d'y croire et, pourtant, c'est fort possible. A cette époque, l'auberge était un véritable refuge pour les hybrides. Un fervent partisan à leur cause. Chronos l'avait sûrement dans le collimateur depuis de nombreuses années, puisque son quartier général se tient à Janusia, la ville voisine. Un nid de serpents trop près d'un poulailler.

La curiosité d'Oswald est néanmoins justifiée. Voilà près de trois mois qu'Azilys a rejoint Chronos et qu'elle leur livre quelques hybrides spéciaux qui viennent s'échouer à son auberge. Son implication n'est pas la même que la plupart des autres sbires. Elle n'a pas la moindre ambition au sein de l'organisation. Elle ne vient pas lécher les bottes des hauts dirigeants, elle ne va pas se crever sur le terrain dans l'espoir d'être remarquée. D'ailleurs, elle aurait très bien pu se passer de toute entrevue avec Oswald : qu'elle l'ait rencontré ne changera rien quant à sa manière de procédé. Le menu fretin ne l'intéresse pas. Tous ces hybrides communs, ridicules, trouillards qui viennent se cacher en grelottant comme des lâches peuvent bien repartir aussitôt, elle ne s'en préoccupe pas. Ce sont les gros morceaux qui intéressent Azilys. Les menaçants. Les effrayants. Les brutes épaisses. Tout ceux au profil d'assassin-né. Même trois mois après le décès de son grand-père, les larges plaies dans sa chair restent fraîches dans son esprit. Sa cible est un hybride monstrueux. Pas une mauviette.

▬ Mais puisque je t’ai tant importunée… Dans mon humble clémence, je t’autorise à me demander ce que tu veux pour me faire pardonner. Ce qui te ferait plaisir ; quelques mots et c'est à toi.
Ce qu'elle veut .... Azilys pèse le pour et le contre de cette proposition. Venant d'Oswald, c'est certain que cette clémence est factice et que l'offre est à double-tranchant. Cependant, se serait bête de ne pas saisir une telle opportunité. Reste à savoir quoi lui demander. Autant donné que sa vie privée ne l'intéresse pas le moins du monde, elle oublie déjà tout ce qui peut entrer dans le domaine du personnel. Si elle s'aventure dans ce brasier, elle risque de pas s'en sortir indemne. Les secrets les plus profonds de Chronos ne lui disent rien qui vaille non plus. C'est peut-être un peu lâche, mais Azilys préfère demeurer dans le silence et l'ignorance que découvrir les mystères qui entourent l'organisation. « Ce que tu veux. » Tournée ainsi, la phrase laisse penser qu'elle peut tout autant demander quelque de chose de matériel. Comme de l'argent, des armes … ou un autre hybride pour accompagner Calev et elle dans leurs transactions. Mais Azilys ne veut pas ainsi dépendre d'autrui. Son grand-père l'a éduqué sous la doctrine du « si tu désires quoi que ce soit, obtiens-le par tes propres moyens ». La solution de facilité n'a jamais été son genre. Et ce n'est maintenant que ça commencera.

▬ Sauf votre respect, j'ai du mal à croire que vous pouvez faire preuve de véritable clémence, soupire-t-elle en replaçant une mèche derrière son oreille. Cependant, je vais tout de même vous poser une question. Une seule.
Une seule, mais pas des moindres. Du moins, pas pour elle. Car elle la taraude depuis qu'il a parlé de ce potentiel qui semble l'avoir intéressé, qui l'a encouragé à l'accepter au sein de Chronos sans même l'avoir préalablement rencontré. Si le hasard n'existe pas dans l'esprit d'Azilys, il est certain qu'il n'existe pas non plus dans celui d'Oswald. Cet homme ne fait rien au hasard. Il y a toujours une explication, un but derrière chacune de ses actions, chacune de ses paroles. Car il est de ceux qui contrôle chaque paramètre de sa vie – et de celle des autres. Elle en a l'intime conviction. Azilys ne peut évidemment pas prétendre connaître cet homme par cœur – elle ne sait d'ailleurs rien de lui – mais il donne cette impression de tout contrôler, d'avoir les rênes du monde entre ses mains. Et c'est à la fois fascinant et effrayant. Car à le regarder, on croirait faire face à un enfant joueur, taquin, rusé, charmeur mais inconscient de la laideur du monde … alors qu'il est l'un des peintre de ce tableau hideux. 

▬ Qu'attendez-vous de moi ?
Elle l'a rejoint, elle se tient à côté de lui face à la fenêtre. Néanmoins, elle ne le regarde pas. Ses yeux suivent la course de l'eau sur les vitres. Les gouttes glissent, se mêlent, disparaissent sur les carreaux sans interruption. Un éclair illumine le ciel, il suffit d'une paire de seconde avant que son fracas ne résonne dans la clairière. Le temps se dégrade de plus en plus. En contrebas, sur le petit chemin menant aux écuries, l'herbe est détrempées, la terre est boueuse. Yoshihiro et Calev ne risquent pas de remettre un pied dehors avant quelques heures. Azilys les entend cependant s'activer dans la pièce d'à côté, dans un brouhaha de voix, de casseroles et d'assiettes. Ils ignorent ce qu'il se trame ici, si près d'eux, et c'est mieux ainsi. Ils n'ont rien à craindre. Elle veille sur eux. Elle ne laissera jamais rien leur arrivée. Quitte à y laisser des plumes, Azilys les protégera. C'est une promesse. Et elle tient toujours ses promesses. Le serpent a envahi le poulailler. Mais comptez sur le renard pour vous protéger.

▬ Vous n'êtes pas sans savoir quelle était la politique première de l'auberge. Qu'est-ce qui vous conforte de l'idée que je vous suis véritablement fidèle ?
Qui vous dit que je ne pourrai pas vous tuer, ici et maintenant ?
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MessageSujet: Re: Something borrowed ; Azilys   Something borrowed ; Azilys - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:02

A sa bien étrange proposition, peu commune et qui aurait raison d’attiser la méfiance chez autrui, suivit un silence, qu’il devina comme étant celui de la réflexion, et qu’il s’avisa de ne pas troubler. Au lieu de quoi, il se prenait d’une fascination sans précédent pour la pluie qui tombait au-dehors, toujours plus violemment à mesure que les minutes passaient, par delà le rideau. Si le fait qu’il soit rabattu sur la fenêtre assombrissait déjà la pièce, les nuages lourds et bas qui pesaient au dessus de l’auberge achevaient d’étouffer le peu de lumière qui pouvait encore venir de l’extérieur. Si l’on était encore en plein après-midi, l’on aurait aisément pu songer que la soirée était déjà bien avancée. Pourtant, l’heure sur la montre d’Oswald lui indiquait qu’elle n’était même pas encore vraiment entamée. Il ne pouvait qu’admettre qu’il était rassuré en ces jours-ci, ou la pluie tombait régulièrement et sans discontinuer, d’avoir toujours une voiture à portée de main. Qu’il la conduise ou qu’il laisse à ses hommes de mains le loisir de le faire pour lui, au moins l’habitacle de sa Volvo le préservait des intempéries, et c’était à peu près tout ce qu’il lui demandait, finalement.

Aussi s’était-il égaré dans sa contemplation de l’extérieur, et il n’en fut tiré que lorsque la voix d’Azilys s’éleva enfin, à quelques pas de lui. « Sauf votre respect, j'ai du mal à croire que vous pouvez faire preuve de véritable clémence » Il haussa un sourcil, le temps de saisir précisément ce qu’elle lui disait, et ne pu s’empêcher alors de plisser les yeux, quand bien même son sourire ne se détachait pas de ses lèvres. Allons, elle ne le connaissait en rien, ne savait de lui que ce que l’on soufflait dans son dos, à propos de son rang et de ses actes immondes, ignorait tout sinon qu’il était celui que les hybrides craignaient, à Unys et même au delà ; elle ne le connaissait aucunement, et elle se risquait tout de même à porter à son propos de quelconques jugements de valeur ? Il ne pouvait qu’admettre qu’elle avait du cran, de l’audace d’oser lui répondre sans même s’incliner, ce que d’autres faisaient, par crainte ou par habitude, il n’en savait trop rien, mais le résultat était toujours le même. Elle n’outrepassait par les limites du respect qu’elle lui devait en tant qu’il était son supérieur, mais il y avait dans ses mots, dans sa façon de s’adresser à lui, cette insolence, trop tamisée cela dit pour qu’il ne trouve quoique ce soit à y redire. Sans doute, aussi, était-ce qu’elle n’avait pas bien tort, quand bien même il se serait véritablement plié à la moindre de ses demandes, sans trop savoir d’où lui venait cette idée soudaine, surprenante et inattendue venant de lui. C’étaient ses caprices, ses sautes d’humeur et ses défis personnels, certainement, comme ça l’était toujours. 

« Cependant, je vais tout de même vous poser une question. Une seule. » Aussitôt, le regard d’Oswald se posa sur Azilys qui s’avançait pour le rejoindre à la fenêtre, et ne s’en détacha plus. Il y avait, dans la voix de la jeune femme, quelque chose qui le força à reprendre son sérieux, ne fut-ce rien qu’un peu, rien qu’une seconde. Il était intrigué, presque pendu à ses lèvres, en attente de ce qu’elle lui demanderait ; elle pouvait lui demander tout ce qu’elle désirait, parce que c’était les règles qu’il avait lui-même posées. Tout ce que tu veux, quelques mots et c’est à toi, avait-il dit, et c’était ce qui, tout autant que l’idée l’amusait, l’inquiétait. Lui non plus, ne connaissait pas Azilys. Il ne savait rien de ce qu’elle était, rien de ses ambitions, rien de ce qu’il se passait dans son esprit, et s’il s’avisait pour une fois d’être honnête à ce petit jeu, alors il lui faudrait répondre à cette question, quelle qu’elle puisse être. Et, si Oswald était un mauvais joueur qui tendait à exploiter les failles de ses propres lois pour les changer à sa guise, il n’était pas mauvais perdant : peut-être saurait-il la satisfaire, si elle ne se risquait pas à s’aventurer sur un terrain un peu trop escarpé. 

Il s’interrogeait, il ne pouvait le nier : qu’est-ce qu’une femme comme elle pouvait bien vouloir, venant d’un homme tel que lui ? Qu’avait-il donc, qui puisse répondre à la moindre de ses interrogations ? Oh, sans doute beaucoup plus qu’il ne pouvait l’imaginer, dans le fond. « Qu'attendez-vous de moi ? » Il y eut le silence pour seule réponse, alors qu’Oswald fronçait les sourcils. On ne lui avait jamais vraiment posé une question semblable : si l’on était sous ses ordres, on connaissait sa place, on connaissait son rôle, on faisait du bon travail ou l’on était puni, et c’était tout ce qui comptais. Personne ne s’interrogeait vraiment plus que ça, à l’accoutumée, parce que c’était comme un accord tacite qui n’avait pas le besoin d’être expliqué, pas plus que celui d’être confirmé. Ce qu’il attendait d’elle ? 

Enfin, ses sanguines cillèrent, se détachèrent d’Azilys pour en revenir au paysage, dont l’obscurité venait d’être déchiré par un éclair soudain. Un instant plus tard, le grondement résonna, se mêlant à tous les bruits de l’agitation qui résonnaient dans l’auberge, des casseroles et autres sons métalliques, sans doute traîtres de couverts ou d’autres ustensiles de cuisine. Ce qu’il attendait d’elle, en vérité il n’était pas certain de connaître la réponse. La même chose qu’il attendait de tous les autres, peut-être ? Ce serait la réponse satisfaisante, celle que tout le monde accepterait sans broncher, parce qu’Oswald tenait des leaders, des tyrans peut-être, de ceux qui avaient fait main basse sur le pouvoir et pensaient l’air sûr que tout leur était dû, au même titre que l’obéissance et le respect. « Vous n'êtes pas sans savoir quelle était la politique première de l'auberge. Qu'est-ce qui vous conforte de l'idée que je vous suis véritablement fidèle ? » Oh, oui, la politique première de l’auberge, il la connaissait, et d’un peu trop près. Les premiers temps, lorsqu’on lui avait rapporté ce qui se tramait à deux pas du quartier général, il avait laissé couler ; il savait qu’il y avait toujours quelques fous pour croire en la paix, quelques idiots pour le provoquer. Et puis, était venu un jour, un caprice comme tant d’autres, une envie soudaine de réduire en poussière entre ses doigts ce si bel altruisme qui le répugnait. Un ordre, et c’était terminé. Finie, la paix ; terminé, le bonheur ; achevées, toutes leurs billevesées. Ça n’était qu’un sang parmi tant d’autres, quelques larmes de plus sans doute, et il s’en moquait. Il était là, aujourd’hui, dans le bureau de celle qu’il avait, d’une certaine façon, laissée orpheline ; il était là, et il admirait son oeuvre, cette tragédie, cette femme qui lui faisait face et lui tenait tête, jouait avec le danger comme lui-même le faisait si souvent. Ça lui plaisait, il ne pouvait pas le nier.

Lentement, il se pencha vers Azilys, et ses doigts vinrent se glisser sous le menton de la jeune femme, lui relevant la tête jusqu’à pouvoir se perdre au plus profond de ses yeux. Son sourire était revenu, pas seulement malicieux, mais aussi teinté de quelque chose… d’étrange, et d’indéfinissable, et le souffle d’Oswald n’en fut rendu que plus inquiétant encore, comme si ses mots pouvaient en cacher d’autres, comme s’il ne disait pas tout, comme s’il savait quelque chose qui pouvait changer la donne. « Rien de plus que ce qui me garantit la fidélité de tous mes hommes de mains : vous avez chacun un intérêt personnel à satisfaire, en choisissant de vous plier à mes ordres. » Il ricana, dangereusement proche de la blonde, suffisamment pour sentir son souffle sur sa peau ; pourtant, il n’avait aucune arrière pensée, et son regard ne dérivait pas des azurs de son interlocutrice. Il venait de trouver un nouveau jeu pour le moins amusant : celui des non-dits et des ambiguités. « Te concernant, Azilys… C’est la colère dans ton regard qui te rend fidèle à ma cause. C’en est presque fascinant. Mais je crois que je comprends : trois mois, c’est trop peu pour avoir renoncé à la haine et à la vengeance, n’est-ce pas ? » Il accompagna son murmure, dont chaque mot avait été soigneusement pesé, d’un sourire fugace, acerbe, qui se dissipa sitôt qu’il daigna laisser retomber sa main.

Il prit le soin de s’écarter alors d’un pas, sans pour autant vraiment s’éloigner de la fenêtre. Un nouvel éclair illumina, suivi d’un coup de tonnerre puissant. L’orage rendait l’atmosphère lourde et pesante, l’air humide et étouffant, malgré la pluie sans doute glaciale qui tombait au dehors. A le voir ainsi occupé à fixer l’extérieur, on aurait pu croire qu’il avait oublié la présence d’Azilys à ses côtés. Pourtant, il ne fit en réalité qu’une courte pause avant de reprendre, déchirant le silence d’une voix revenue à la normale ; il ne murmurait plus, parce que ses mots n’avaient plus à être prononcés sur le ton de la confidence. « Quant à ce que j’attends de toi… Eh bien, tu n’as qu’à me le dire : que puis-je donc bien attendre de toi ? Qu’as-tu à me donner, Azilys ? » En prononçant son nom, qui avait comme sifflé entre ses lèvres tandis qu’il détachait chacune de ses syllabes avec soin, il lui prêta enfin attention, reposant son regard sur elle, comme s’il ne l’avait jamais détourné. « Qu’as-tu donc que je puisse désirer, si fortement que je quitte le quartier général pour me rendre jusque dans ton humble auberge ? » Et il s’était rapproché, encore, sans la toucher cette fois-ci, mais avec une lueur si inquiétante dans le regard qu’il était possible de douter de ses intentions, alors même qu’il ne faisait que s’amuser, que jouer avec sa proie, comme un chat avec une souris.
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MessageSujet: Re: Something borrowed ; Azilys   Something borrowed ; Azilys - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:03

[size=36]« L[/size]
e Refuge ». Léon n'a pas choisi ce nom au hasard. Lorsque l'âge de la retraite est arrivé pour cet ancien cheminot, il a mit toutes ses économies dans la rénovation de cette vieille bâtisse abandonnée sur la route 12. Il a fallu de longs mois de travaux pour lui offrir une apparence convenable et, surtout, aux goûts de son nouveau propriétaire. Ce dernier désirait une auberge chaleureuse, agréable, familiale. L'important était que chaque personne s'y sente comme chez elle. D'où l'importance d'une cheminée et de larges canapés. Rien ne vaut une soirée au coin du feu, plongé dans un livre ou blotti contre des êtres chers. Lui-même ayant perdu sa femme il y a une dizaine d'année au suite d'un cancer, il ne souhaitait que le bonheur de chacun. Que ce soit les êtres humains ou les hybrides. Son père ayant connu les Pokémon avant leur radicale transformation, il avait apprit à Léon à respecter ces êtres hors du commun. Car malgré leur force et leur courage, ils se montraient doux avec l'homme et capables de faire de grandes choses à leur côté. Qu'ils aient une apparence plus humaine depuis ne changeait rien : ils demeuraient bien plus puissants et pourtant, tout aussi coopératifs.

Et sa volonté, en bâtissant l'auberge, était d'y accueillir des voyageurs fatigués comme des hybrides égarés. Sur Unys, les Pokémon sont vus comme des parias, comme des esclaves ne méritant aucune forme de respect. Traités comme de simples animaux, ils menaient pour la plupart des existences misérables. Ceux encore libres vivaient dans la peur continuelle d'être attrapés et réduit à l'esclavage comme leurs congénères. Malgré son idéalisme, Léon demeurait réaliste : il ne pourra pas changer la condition des hybrides sur Unys. Mais il pouvait leur offrir un foyer, une maison, un refugele temps d'une nuit ou deux. Il démarra son affaire seul, bien vite rejoint par Ozvan, un Hariyama qu'il a retrouvé blessé à Voilaroc. Une fois remit sur pied, l'imposant ex-combattant insista pour suivre son bienfaiteur et devenir son employé. Petit à petit, l'auberge se fit une réputation dans la région. Les humains y voyaient un endroit idéal où passer la nuit pendant leurs voyages. Les hybrides y voyaient un toit sûr sous lequel se réfugier avant de reprendre leur fuite vers des continents plus sûrs.

Azilys y a grandi sans se douter de tout cela. Léon ne voulait pas la mêler à ces histoires, de peur de lui attirer des soucis. Et c'est justement lorsqu'une ombre menaçante se dressa devant elle que la blondinette apprit la véritable nature de son foyer. Après seize années à vivre dans l'ignorance, elle apprenait la véritable signification derrière le nom de l'auberge. Et elle trouva cela tellement noble qu'elle fut incapable d'en vouloir à son grand-père. Elle-même se voyait fervente défenseuse de la cause hybride plus tard, quand elle sera assez mature, assez forte pour se dresser contre ce pays pourri jusqu'à la moelle. Mis à part son grand-père et elle, sa famille entière était composée d'hybrides. Ozvan, Christa et Yoshihiro ne sont pas si différents d'elle et, pourtant, dans la tête des hommes et des femmes d'Unys, ils ne sont que des moins que rien, des bêtes sauvages à dompter et utiliser. Un point de vu que la petite blonde refusait de partager, même si l'on tentait de l'endoctriner à l'école. Ses enseignants pouvaient bien dire tout le mal qu'ils souhaitaient des hybrides, elle savait que ce n'était que des tissus de mensonges et que les Pokémon valaient bien mieux que ce qu'ils laissent entendre.

Ah, le pauvre Léon doit se retourner dans sa tombe à l'heure qu'il est. Il a sué sang et eau pour faire de l'auberge ce foyer pour les hybrides et voilà que sa propre petite-fille en fait un odieux piège à rats. Azilys est consciente de piétiner la mémoire de son grand-père, mais le désir de vengeance qui l'habite est bien plus forte que sa raison. Le vieil homme a consacré la fin de sa vie aux hybrides, et c'est l'un d'eux qui lui a arraché. De la façon la plus sauvage qui soit. Comment peut-elle encore voir ces êtres comme pacifiques et dignes de respect après avoir vu ces plaies béantes sur le corps de son grand-père ? Il a été déchiqueté comme un vulgaire animal, comme une souris dans les griffes d'un chat. Ce jour-là, Azilys a comprit. Toute sa vie, elle a vu les humains comme les chasseurs et les hybrides comme les chassés. Mais cela est faux. Ce sont les Pokémon les véritables prédateurs. Leurs crocs, leurs griffes, le feu ou l'eau qu'ils sont capables de contrôler … Ce sont des armes puissantes, mortelles. Depuis le début, ce sont les humains les proies. Les proies qu'ils peuvent réduire en pièces de leurs propres mains.

Un doigt glisse sous son menton, tirant Azilys de ses pensées. Son regard croise à nouveau celui de son invité indésirable, qui sourit. Et ce sourire n'a rien à voir avec les précédents. Il semble sous-entendre des milliers de choses que la blonde est incapable de comprendre. Elle a beau fouiller dans ce regard sanglant, elle n'y trouve rien de plus qu'une malice digne d'un raton-laveur. Et c'est sans hésiter l'animal qui correspond le plus à Oswald. Il donne l'impression d'être un homme honnête, bon, droit alors qu'il est la pire des pourritures de ce monde. Cependant … Azilys peut-elle se vanter d'être mieux ? Elle aussi cache son véritable visage derrière des sourires et des gestes tendres. Elle dupe même sa propre famille, ceux qu'elle aime le plus au monde. Tous ces hybrides terrifiés qu'elle accueille sous son toit lui font confiance, la voit comme une sauveuse, alors qu'elle attend le moment opportun pour les condamnés. Pour leur faire payer la douleur qui refuse de s’atténuer depuis la mort de son grand-père. Elle a souffert, ils souffriront aussi. C'est de bonne guerre. Œil pour œil, dent pour dent. Certains sont innocents, mais ne l'était-elle pas, elle aussi ? 

Un intérêt personnel à satisfaire. Venger son grand-père est devenu son objectif à l'instant même où ses yeux se sont posés sur son corps déchiqueté. Un meurtrier revient toujours sur la scène de son crime. Alors Azilys l'attend, impatiemment, prête à lui faire payer la blessure qu'il a ouvert dans son cœur. Mais en attendant, elle mène tout de même son enquête. Tous ces hybrides imposants, fiers, menaçants qui passent la porte de son auberge se condamnent aussitôt qu'ils demandent une chambre. Ce sont eux les plus dangereux, les plus susceptibles de tuer sans la moindre état d'âme. Alors elle s'assure qu'ils ne mettent plus jamais les pieds ici en les offrant à Chronos. Nul doute que l'organisation saura faire bon usage de leur force, de leur haine. Et à chaque fois qu'Azilys voit sa proie passée entre les mains des sbires, elle sent un infime morceau de cœur se recoller à ce qui demeure dans sa poitrine. Comme un point de suture sur son âme brisée, qui ne cicatrisera qu'une fois sa vengeance accomplie.  

▬ Te concernant, Azilys… C’est la colère dans ton regard qui te rend fidèle à ma cause. C’en est presque fascinant. Mais je crois que je comprends : trois mois, c’est trop peu pour avoir renoncé à la haine et à la vengeance, n’est-ce pas ?
Trois mois. C'est long et court à la fois. Long par l'absence de Léon, court par la douleur persistante. Parfois, Azilys aimerait se réveiller et réaliser que tout cela n'était qu'un horrible cauchemar. Mais trop de jours se sont enchaînés depuis cette nuit funeste, preuve douloureuse que tout cela est bien réel. Trois mois, c'est bien trop peu, en effet. Le bureau porte encore le parfum de son ancien propriétaire, malgré les plantes odorantes qui y règnent. Son souvenir est encore net, frais, comme s'il n'était pas réellement parti. Pourtant, la tombe à l'orée des bois est l'implacable preuve de l'horrible réalité. Léon est mort. Léon ne reviendra jamais. Léon a été arraché à sa famille. Par un hybride. Une saloperie d'hybride sûrement fier de son méfait. Les poings d'Azilys se contractent. Si ses larmes se sont taries, sa colère demeure sourde, puissante. Envolée, la demoiselle naïve et ignorante qu'elle était autrefois. Disparues, son innocence et sa volonté d'un monde meilleur. Son cœur ne désire ni amour, ni empathie. Il a soif de vengeance, soif de revanche. Si elle doit se salir les mains, ce sera du sang de cet enflure qui a fait de sa vie un enfer. 

La main d'Oswald s'éloigne finalement et Azilys en vient presque à regretter sa chaleur. Une partie d'elle sait que cet homme est la passerelle de sa vengeance. C'est grâce à lui qu'elle pourra l'accomplir, elle en a la certitude. Si elle a rejoint Chronos, c'est parce qu'elle savait que l'organisation lui serait utile. Qu'elle lui offrirait une sécurité qu'elle ne pouvait se procurer elle-même. Et surtout, parce qu'une partie d'elle – et cet homme aux hypnotisant yeux violets - lui a intimé de faire payer à la communauté hybride le crime de l'un des leurs. Et c'est sûrement le sentiment qui habite chaque membre de l'organisation, des sbires de bas étages au chef en personne. Au final, Oswald et elle ne sont peut-être pas si différents. La blonde ignore la rancœur qui l'anime, qui a fait de lui l'homme qu'il est aujourd'hui, mais elle se doute que la flamme de la vengeance qui brûle dans son cœur tient plus de l'incendie que de la braise. Elle ne connaîtra sûrement jamais les raisons qui le pousse à agir de cette façon, à mépriser les hybrides si férocement, mais qu'importe. L'important n'est pas de savoir ce qui a déclaré l'incendie, mais ce que ce dernier va encore engloutir. 

▬ Qu’as-tu donc que je puisse désirer, si fortement que je quitte le quartier général pour me rendre jusque dans ton humble auberge ?
▬ C'est justement ce que je souhaite savoir également. Que désirez-vous donc ? Que je me prosterne ? Que je vous jure ma loyauté face contre terre ? Un sourire narquois se dessine sur ses lèvres. Ne pensez pas que je puisse être comme les autres, à courber l'échine juste pour vos beaux yeux.
Son regard est traversé par un étincelle de défis. Elle ne répond pas à la question qu'il lui a posé, elle en a bien conscience. Mais elle en a bien le droit, après qu'il lui ait caché la raison de sa visite pendant tout ce temps. Disons que c'est de bonne guerre. Azilys tâtonne, cherche ses failles. Elle ne prétend pas pouvoir les trouver, mais ça l'amuse d'essayer. De tester ses résistances. Un homme de sa trempe doit être plus blindé qu'un char de guerre et ça la fascine. Elle veut savoir s'il existe des limites à sa patiente, à ses moqueries, à sa malice. S'il est capable de perdre son sang-froid face à quelqu'un comme elle. Quelqu'un qui refuse de s'imaginer autrement que sur un pied d'égalité, qui lui oppose de la résistance. Ses réactions incontrôlées au début de leur entretien a froissé son image, mais elle compte bien se débarrasser rapidement de ces nombreux plis. Azilys est consciente qu'elle ignore de quoi il peut être capable, jusqu'où il peut aller juste par plaisir personnel. Mais plus que de l'effrayer, ça la captive, l'ensorcèle. Elle veutconnaître l'éventail de ses possibilités. Le feu dans ses yeux la fascine. Et elle veut s'en approcher, le toucher. Quitte à se brûler.

▬ Je ne peux me vanter d'avoir quoi que ce soit d'incroyable,reprend-t-elle finalement. Cependant, contrairement à vos autres sbires, je possède une certaine indépendance. De ce fait, je vois notre relation comme une collaboration.
Azilys ne détourne pas le regard. Mieux, elle se plonge davantage de ce brasier ardent. Elle n'est pas une sbire à la façon de ces sous-fifres galeux qui obéissent comme des petits chiens bien dressés. Jamais elle ne viendra lécher les bottes de qui que ce soit pour être reconnue dans l'organisation. Elle se fiche bien de ce que l'on pense d'elle et du rôle qu'elle joue. Azilys ne s'est jamais laissée influencer par les rumeurs et les ouïe-dires de toute façon. Si certains sbires savaient que leur chef tant aimé s'était déplacé sous cette pluie pour lui rendre visite, ils seraient verts de jalousie. La blonde ne cherche ni gloire, ni reconnaissance et pourtant, c'est elle qui a su attirer l'attention de Oswald. Bien contre son gré, cela dit. Étrangement, elle aurait préféré ne jamais le rencontrer – du moins, pas dans son bureau. Elle a pourtant eu l'occasion de le rencontrer. Comme cette fois où elle est venue au quartier général pour signaler la fuite d'un hybride oiseau qui en savait un peu trop sur elle. Le garçon qu'elle a rencontré là-bas aurait pu la mener jusqu'à Oswald, mais elle a préféré s'adresser à des hommes un peu moins hauts placés. Azilys a toujours fait en sorte de l'éviter. Il a donc du venir la trouver jusqu'ici. 

▬ De vous, je reçois une certaine protection et le gage de ma vengeance. Mais vous, qu'obtenez-vous de moi, sinon quatre hybrides en trois mois ? Sa voix est douce, presque innocente. Que puis-je donc vous offrir de si exceptionnel pour que vous soyez là, face à moi, dans mon auberge, monsieur Phoenix ?
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MessageSujet: Re: Something borrowed ; Azilys   Something borrowed ; Azilys - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:03

Trois mois, il l’avait dit, était bien trop peu pour renoncer à la haine, trop peu encore pour renoncer à la vengeance. D’aucun dirait que cette dernière n’était qu’un peu plus d’huile sur le feu, un cercle infini, une boucle qui ne se bouclait jamais, une page déchirées, réduite en lamelles, en lambeaux, tâchée de tant d’encre —et celle-ci portait la couleur du sang— qu’elle en était rendue illisible depuis longtemps, détrempée, et c’était inutile de chercher encore à la déchiffrer. Pourtant, on se refusait à la tourner ; parce qu’il n’y avait jamais véritablement eu justice, ou seulement pour se tenir en vie, un objectif en tête, une route tracée que l’on pouvait suivre. Une raison d’avancer, d’une façon ou d’une autre. Oswald avait eu la chance de pouvoir se faire justice ; et c’avait été au prix de ce qu’il lui restait d’insouciance, de ce temps-là, ce temps où il s’était pour la première fois accordé le droit d’ôter une vie pour préserver la sienne. Mais la blessure ne s’était pas refermée, pas aussi bien que ne l’avaient fait celles qui marquaient son corps, les hématomes et les contusions. Il n’avait jamais vraiment guéri, parce qu’il avait gardé le goût de l’amère trahison sur son palais, et la sensation d’avoir fait quelque chose de mal. Quelque chose que l’on ne fait pas, à douze ans. Il ne connaissait que trop peu les notions de mort, de crime, ce qu’il risquait, et pourtant il savait déjà que ça n’était pas normal. Il s’en était rendu malade, alors qu’il fuyait vers la ville, trempé de s’être lavé au mieux du sang à l’odeur étouffante qui l’avait fait se sentir nauséeux. 
L’image du corps inerte n’avait jamais vraiment quitté son esprit : aujourd’hui encore, il serait capable de la retranscrire, de la dessiner à la perfection. Chaque ombre, chaque froissement du drap qui couvrait le Spectrum endormi, chaque goutte tombée sur le sol, jusqu’au reflet du rayon de lune qui se faisait une place entre les rideaux tirés, et qui se perdait dans le verre à moitié vide, posé là, sur la table de nuit où trônait un livre. Posé en travers, les pages cornées, le titre était indiscernable dans l’obscurité, mais il l’avait à peine touché qu’une odeur de cigarette l’avait pris à la gorge. 

Couteau abaissé, gargouillis d’un corps qui proteste contre la vie qui s’en va tus à tout jamais, c’était lui qui s’était enfui, se heurtant aux bouteilles d’alcool vides dans l’entrée —il s’était figé quand elles étaient toutes tombées, certaines brisées ; il avait eu le souffle coupé, l’impression que le Spectrum se réveillerait, et le punirait pour sa maladresse. Et puis, il s’était rappelé qu’il ne pourrait plus jamais, parce que la mort l’avait happé. C’était un concept dont les finesses lui échappaient encore, mais qu’il avait déjà appréhendé, lorsque c’était la dépouille de sa mère qu’il avait trouvée. Il l’avait cru endormie d’un sommeil rendu lourd par les nuits passées à tenter d’arrondir les fins de mois, pour assurer une vie un peu moins misérable que la sienne à son fils, et puis il avait fini par comprendre que c’était l’un de ces sommeil dont on ne se réveillait jamais. 
Il ne se souvenait pas de s’il avait éprouvé de la peine en réalisant qu’il n’aurait plus le droit aux baisers qu’elle posait sur son front, quand elle venait le border avant de partir au travail, qu’il ne humerait jamais plus cette odeur qui, si elle lui piquait le nez, était celle qui lui signifiait qu’il était ici chez lui ; il ne se souvenait pas de s’il s’était déjà senti coupable d’avoir laissé ses chairs pourrir sur un lit aux draps défaits, au fin fond d’un appartement miteux dont il ne retrouva jamais le chemin. Mais il savait qu’il y avait cette tendresse, toujours, qui s’éveillait quelque part en lui, chaque fois qu’il repensait à cette femme qui, si elle n’avait pas été une femme respectable, avait au moins tâché d’être une mère digne de ce nom pour son enfant —qu’elle aimait d’un amour fou, il n’en avait jamais douté, quand bien même ses souvenirs se limitaient à quelques images rendues floues par son trop jeune âge de l’époque, ainsi que le temps qui avait passé depuis.

C’était parce qu’elle était morte dans le silence et le dédain de tous —hommes, hybrides, il s’en moquait encore à l’époque— qu’il avait compris que s’endormir trop longtemps était quelque chose de mauvais, qui condamnait à la solitude et menait à souffrir. Parce qu’il avait souffert, encore, lorsqu’il avait cru trouver un père, et lorsqu’il avait trouvé une amie, une étoile, une chance d’exister autrement, et qu’ensemble ils l’avaient trahi, l’un et l’autre à leur façon. S’était ancrée en lui la conviction que l’on ne pouvait compter sur les hybrides, qu’aucun n’avait qu’une parole à donner, qu’ils étaient faux, menteurs, lâches et toujours intéressés, qu’ils n’accordaient jamais de crédit à la vie humaine ; qu’en ayant la possibilité de leur être égaux, ils s’étaient senti le droit de devenir supérieurs. C’était la haine et la folie d’un homme, la peur et le regret d’une femme qui l’avaient atteint, l’avaient brisé à son tour ; il s’était retrouvé avec des chaînes aux poignets, un briquet et un bidon d’essence entre les mains. En grandissant, il avait appris qu’il suffisait de bien peu pour allumer un brasier et consumer les coeurs. 

C’était parce que Chronos existait qu’Avalon s’était fondée, c’était parce qu’il y avait tant de fous que Chronos était si importante, c’était parce qu’il y avait trop d’idéaux mêlés de colère que la guerre était sans fin. Un jour, le sang coulerait forcément, et les flammes auraient raison de l’un ou l’autre des camps. Mais les fous seraient toujours là, toujours deboutEt ils reprendraient, là où leurs prédécesseurs en étaient restés. Alors, s’il n’y avait pas de gloire à l’emporter, pas de finalité véritable à jouer sa vie, que pouvait-il bien attendre d’une femme dont il ne savait rien, qui ne savait rien de lui non plus, et qui plantait pourtant son regard dans le sien avec une assurance à l’air —et seulement l’air— inébranlable ? « C'est justement ce que je souhaite savoir également. Que désirez-vous donc ? Que je me prosterne ? Que je vous jure ma loyauté face contre terre ? Ne pensez pas que je puisse être comme les autres, à courber l'échine juste pour vos beaux yeux. » Il haussa un sourcil, avant que ses traits ne prennent une mine plus légère, et il paraissait apte à s’esclaffer dans l’instant, si sa voix n’avait pas été plus posée que l’impression qu’il donnait. « Oh, non, pas tant : tu me verrais peiné s’il te fallait m’ôter de la vue ton si joli visage pour quelque courbette. » Difficile encore de dire si son ton n’était que moquerie, ou s’il y avait une part de vérité dans ce qu’il disait. Il avait toujours détesté les mille manières que se donnaient ceux des hautes sphères, qu’il côtoyait pour le bien des financements, mais qui le faisaient doucement rire. Il ne s’en cachait jamais vraiment, mais tous n’y voyaient que du feu ; ou bien ils fermaient les yeux en toute connaissance de cause, rien que parce que c’était de bon ton, de côtoyer Oswald —quand bien même c’était de très loin, il n’aurait pas été surprenant que quelques hyperboles se glissent dans les mots de ceux qui voulaient paraître plus proche de lui que leurs compétiteurs financiers.

« De vous, je reçois une certaine protection et le gage de ma vengeance. Mais vous, qu'obtenez-vous de moi, sinon quatre hybrides en trois mois ? » Il esquisse un sourire, quelque peu mauvais. « Quatre hybrides en trois mois, c’est quatre fois plus que certains de mes sbires en trois ans. » Il les détestait, ceux-là. Les incapables.Mais c’était de la main d’oeuvre bon marché, dont il ne se privait pas, même s’ils avaient l’art de le mettre hors de lui, en le forçant toujours à terminer les besognes dont il les affligeait, et qu’ils ne savaient jamais mener à terme. Il les méprisait, ceux-là, les agneaux sages qui se brisaient au moindre de ses coups, les pissenlits fragiles qu’un souffle faisait s’envoler au vent. Et c’était parce qu’il les dépréciait, eux, qu’il l’appréciait, elle. Cette presque inconnue face à lui, qu’il provoquait ; cette jeune femme, avec qui il jouait à un jeu auquel trop peu se prêtaient, même lorsqu’il les y invitaient. Ils étaient tous si stupides, persuadés d’obtenir ses faveurs en étant des ombres, marionnettes obéissantes au bout de leurs fils, membres désarticulés et volonté captive. 
Pourtant, c’était elle, Azilys, loin du quartier général, ombre parmi les ombres, qui détonnait, l’intriguait, l’intéressait ; c’était à elle qu’il accordait de son temps sans même s’en inquiéter, avec plaisir d’une certaine façon. Elle était différente, différente de ces épatés qu’il enverrait à l’échafaud, si c’était encore de mise à cette époque révolue. « Que puis-je donc vous offrir de si exceptionnel pour que vous soyez là, face à moi, dans mon auberge, monsieur Phoenix ? » Un énième sourire ; fugace, avant que ne s’efface toute trace d’amusement sur son visage, au profit d’un sérieux qui semblait ne pas lui ressembler, à cet enfant capricieux persuadé que tout lui était dû, et que le monde n’était qu’un immense plateau d’échecs. 

Ce dont il pouvait avoir l’air à changer de figure comme on change de chemise, il s’en moquait bien ; ça l’amusait même souvent de lire la décontenance dans le regard de ses interlocuteurs. Tantôt un garçonnet tortueux, tantôt un homme droit, il était risible d’observer les bonnes gens qui ne savaient plus sur quel pied danser, face à lui. Ceux qui étaient les plus difficiles à déranger étaient aussi ceux qu’il prenait un plus grand plaisir à tester, incessamment, jusqu’à les voir enfin faillir. La concernant, elle, celle qui se tenait à quelques pas de lui, c’était déjà fait ; mais il se demandait : était-il encore capable de lui faire perdre ses moyens ? Si l’absence de l’un de ses fameux rictus ne laissait rien présager de ses intentions, ses sanguines, elles, s’étaient à nouveau éveillées, luisantes de l’insolence curieuse qu’ont les adolescents qui s’essaient à franchir les limites qu’on leur impose.

Il fit un, deux pas dans sa direction, et réduisit à néant la distance —certes minimale, mais respectable— qui s’était installée entre eux, puis écarta lentement les mèches blondes qui venaient se perdre devant les prunelles de givre de la belle. Penché vers elle, on le prenait encore à violer les barrières de la décence que l’on se devait de révérer. « Que peux-tu donc bien avoir à m’offrir… Il est vrai que je suis on ne peut plus curieux de le savoir, moi aussi. » Il ne lui répondait toujours pas. Peut-être parce qu’il ne le savait pas vraiment ? Et si, au fond, il n’était pas lui-même occupé à tenter de trouver la réponse à sa propre question, à celles qu’Azilys lui posait ? Ça n’était pas véritablement lui qui l’avait engagée, il n’avait fait qu’écouter son lieutenant et ami, parce qu’il avait toujours été de bon conseil, et qu’Oswald lui vouait une confiance aveugle. D’autre part, il avait certainement songé qu’aucune recrue ne serait jamais pire que certaines parmi les bras cassés du fin fond de son organisation —ces sbires qu’il reléguait forcément aux tâches ingrates, qui ne demandaient aucun savoir faire particulier quant à l’utilisation de la cervelle manquante entre leurs deux oreilles. Ces missions futiles, dont il n’aurait sûrement jamais affligé la demoiselle devant lui, même s’il en avait eu l’occasion —parce qu’elle avait de l’esprit, et sans doute bien d’autres atouts dont il ignorait pour l’insant toute l’étendue.
Lentement, il laissa ses doigts quitter la frange écartée sur les iris au bleu aussi captivant que l’était celui des mers du sud, puis courir sur sa joue, dans son cou, le long de son épaule, de son bras, jusqu’à sa taille où il cessèrent leur course qui n’avait été qu’effleurements légers comme le vent. Son autre mains, distraitement, vint jouer sans avoir l’air d’y prendre garde avec l’une des mèches qui encadraient son visage. Il le faisait avec un soin tel que l’on avait l’impression qu’il détenait au creux de sa paume le bien le plus précieux, mais aussi le plus fragile qui soit, celui susceptible de se briser en une seconde, en un mauvais geste, alors qu’il était d’une valeur tout aussi inestimée qu’inestimable. Pourtant, ça n’étaient qu’une mèche de cheveux, aussi doux puissent-ils être ; il prenait grand soin à ne pas l’emmêler avec sa nonchalance affolante. « Crois-moi, Azilys : les femmes, j’en ai connues bien plus que tu ne pourras jamais l’imaginer, et il y en a tellement qui voudraient être à ta place et plus encore, en ce moment. » Et c’était peut-être ça, le pire dans l’histoire : celles qui paieraient, tueraient peut-être, pour un peu d’attention de la part de celui que la plupart désirait voir tomber. « Pourtant, il n’y a que les respectables qui peuvent prétendre avoir quoi que ce soit pour happer ne serait-ce que brièvement mon intérêt… Crois-tu que je fasse bonne route, en me complaisant dans l’idée que tu fais partie de celles-ci ? » C’était à elle qu’il renvoyait la balle, encore une fois ; c’était à elle qu’il posait la question, plutôt que d’y répondre —si tant était qu’il avait une réponse satisfaisante à fournir, s’il se décidait à baisser les armes un jour. Sa main sur sa taille, qui la maintenait près de lui, cette autre sur cette mèche égarée, et ce regard qui ne la lâchait pas : c’était autant de prisons, pour lui signifier qu’elle ne lui échapperait pas. Pas maintenant ; pas tant qu’il ne serait pas lassé d’elle.
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MessageSujet: Re: Something borrowed ; Azilys   Something borrowed ; Azilys - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:04

[size=36]U[/size]
n jeu dangereux. Azilys a conscience de la nocuité de la situation dans laquelle elle s'est engagée. Mais étrangement, elle n'en a pas peur. Elle est curieuse, intéressée, captivée, séduite par ce feu dans ces yeux qui cherche à la consumer toute entière. Malgré tout, contrairement aux nombreux imbéciles qui se serraient pliés en quatre pour satisfaire les désirs d'Oswald, elle refuse de se laisser happer par cet incendie. Faire partie de cette catégorie de personnes fausses et terrifiées la répugne. Qu'a-t-elle à craindre de lui, de toute façon ? Il l'a dit lui-même : elle est plus efficace que nombreux de ses sbires. Cela l'étonne d'ailleurs, mais la rassure dans un même temps. Elle a toujours pensé que son implication minime n'apportait rien à l'organisation, si ce n'est qu'un petit plus, un bonus en somme. Mais il vient de lui apporter la preuve du contraire. Et, un peu malgré elle, Azilys s'en glorifie. Tu n'es pas totalement inutile, tu vaux mieux que certains. Et ça, sans lécher les bottes de qui que ce soit.  

Lorsque Azilys a décidé de joindre Chronos, ce n'est pas en embrassant leurs idéaux, loin de là. Élevée au milieu des hybrides, elle ne leur témoigne pas une haine farouche, contrairement à de nombreux humains. Elle ne les considère pas non plus comme une race inférieure, bonne à servir les humains comme des bêtes de somme. Du moins, elle ne les a jamais vu ainsi jusqu'au décès de son grand-père. Si autrefois, la blonde participait aux soins des blessés qui venaient s'échouer dans l'auberge, désormais elle les renvoie vers l'enfer qu'ils cherchaient à fuir. Et sans en ressentir le moindre remords. Tous les hybrides ne sont pas mauvais, elle le sait, elle continue d'y croire. Mais elle est devenue méfiante. Si l'un d'eux a massacré son grand-père sans état d'âme, qu'est-ce qui lui garantie qu'un autre ne serait pas capable de faire de même avec elle ? Comment reconnaître les bons des mauvais ? Azilys refuse de mourir. Et pour survivre, elle a décidé ne plus faire confiance à quel hybride que ce soit.

Chronos n'est qu'une passerelle à sa vengeance. C'est ce qu'elle cesse de se répéter lorsqu'elle y songe. Ce n'est qu'un moyen efficace de mettre la main sur l'assassin de son grand-père, de se faire enfin justice. Ni plus, ni moins. Alors pourquoi ressent-elle cette satisfaction répugnante ? Cette sensation d'accomplissement infect ? Elle ne devrait pas se vanter de ses exploits. Parmi ces hybrides qu'elle a envoyé en enfer, certains étaient peut-être innocents. Peut-être même possédaient-ils une famille, quelque part dans le monde, qu'ils ne reverraient plus jamais. Certains étaient même peut-être déjà morts. Et alors quoi ? Azilys aussi a été laissé orpheline après l'assassinat de Léon. Elle aussi a perdu un membre de sa famille qu'elle ne reverrait plus jamais. Elle aussi allait souffrir jusqu'à ce que la plaie se referme – si tant elle se referme un jour. C'est le juste retour des choses. Le retour de manivelle. Justice doit être faite.

Oswald s'approche, Azilys l'observe. De nouveau, il balaie de la main le respect qui exige une distance respectable entre un homme et une femme que rien ne lie. Mais elle ne flanche pas, elle ne détourne même pas le regard. Il n'y a que son cœur qui s'emballe dans sa poitrine, mais d'excitation plus que de terreur. Que va-t-il faire, cette fois-ci ? Que va-t-il tenter ? Elle ne bouge pas d'un iota, laissant les doigts de son supérieur flatter ses mèches blondes, se pencher sur elle comme aucun homme n'en a eu le droit jusqu'à présent. Une fois encore, il lui renvoie la balle. Qu'a-t-elle à lui offrir ? La question pend à leurs lèvres sans qu'ils n'y trouvent réponse, lui comme elle. Comme un pendule, elle bascule d'un côté, puis de l'autre, doucement, incessamment. Il ne s'arrête pas, il continue son mouvement éternelle dans cette cage de bois, jusqu'à ce que l'horloge s'arrête. Jusqu'à ce que son existence prenne fin.

Les doigts s'échappent des mèches pour glisser le long de son visage, de son épaule, de son bras, afin de rejoindre taille. Azilys fronce les sourcils : de quel droit se permet-il de la toucher ainsi ? Si une voix intérieure lui hurle de le pousser, elle n'en fait rien. Elle est curieuse de savoir jusqu'où il pourrait aller. Plus tôt, il a affirmé qu'il ne tenterait rien dépassant les mœurs. Qu'il ne chercherait pas à la faire sienne contre son gré. Est-il vraiment un homme de parole, il est permis d'en douter. Pourtant, Azilys veut le savoir par elle-même. Elle va essayer de lui faire confiance et se faire sa propre opinion. Pour l'heure, il se contente d'une main sur la taille et d'une mèche dans les doigts. Rien qui ne frôle l'indécence, même s'il est proche de la frontière. La blonde refoule d'ailleurs de son mieux les sentiments contradictoires qui luttent dans son esprit. Une partie d'elle veut se dérober à cette étreinte indésirable, l'autre en réclame davantage, ravie de se sentir belle et importante dans les bras d'un homme. Mais il ne s'agit pas de n'importe quel homme. Il s'agit d'une des pires pourritures de ce monde. 

▬ Crois-moi, Azilys : les femmes, j’en ai connues bien plus que tu ne pourras jamais l’imaginer, et il y en a tellement qui voudraient être à ta place et plus encore, en ce moment.
▬ J'ose espérer que vous ne les menez pas dans votre lit en leur disant de telles choses. Ce n'est pas flatteur pour une femme de savoir qu'elle n'est qu'une pièce de plus dans une collection.
Azilys est consciente qu'il est un homme à femmes : ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Et si elle ne se laisse pas avoir par son beau minois et ses jolis yeux, elle se doute bien qu'elle fait partie des seules dans ce cas. En plus d'être beau et charismatique, il est riche et influant. Un parti idéal pour les femmes cupides et frivoles. Qu'importe qu'il soit une ordure, qu'importe le sang qui tâche ses mains, qu'importe le mal qu'il répand tout autour de lui. On se fiche du fond, on se contente de la forme. Qu'il soit un assassin ou un enfant de chœur, ça n’entache en rien son apparence qui, il faut bien l'avouer, est un régal pour les yeux. Nombreuses doivent être ces femmes superficielles qui lui tournent autour et viennent se pendre à son bras, se perdre sous ses draps – pas pour ce qu'il est, mais pour ce qu'il a. Cependant, Azilys ne doute pas qu'il y trouve un certain intérêt également. Les femmes s'offrent à lui sans qu'il n'ait à réclamer quoi que ce soit – pourquoi s'en priver ? Pourquoi un chien affamé refuserait-il un os si on lui offre sur un plateau d'argent ?

Azilys, elle, refuse de tomber dans cette dépravation. Elle est certaine qu'Oswald lui ferait l'honneur de la faire sienne si elle lui demandait. Mais la blonde refuse de s'abandonner dans les bras d'un homme qu'elle n'aime pas, même pour l'argent ou la gloire. Elle est sûrement bien trop romantique, mais elle croit au prince charmant qui serait en mesure de la rendre heureuse, de la rendre plus belle à ses propres yeux. Et ce n'est pas ce que lui offre l'étreinte d'Oswald. Entre ses mains, Azilys a davantage l'impression d'être un nouveau jouet fascinant dont il explore toutes les facettes. Un bibelot avec lequel il jouera jusqu'à s'en lasser, jusqu'à en avoir découvert les moindres secrets, les moindres utilités. Cette main sur sa hanche, ces doigts dans ces cheveux … Ils ne sont pas doux. Encore moins affectueux. Ce sont des chaînes qu'il referme doucement autour d'elle, pour ne pas qu'elle lui échappe, pour ne pas qu'elle s'enfuit. Parce que cette nouvelle poupée est trop amusante, trop intéressante, trop différente des autres pour s'en séparer maintenant. 

La balle est de nouveau dans le camp de la blonde. Ce petit jeu de ballon prisonnier commence à devenir lassant. Aucun des deux partis ne veut se prononcer – par fierté ou par ignorance ? - au point que c'en est rendu à un dialogue de sourd. Oswald ne veut pas céder, elle ne le veut pas non plus. Autant achever cela sur une égalité. Un match nul. Cependant, Azilys est bien déterminée à lui arracher ces explications de sa bouche un jour, qu'importe la manière à employer dans ce but. Elle est une femme déterminée qui ne fait jamais la croix sur ce qu'elle désire, sur ce qu'elle aime. Quand bien même elle a reprit la tête de l'auberge en abandonnant son officine, elle a continué de concocter des remèdes, parce que c'est ce qu'elle désire faire et que rien ne peut l'empêcher d'exercer le métier qu'elle aime. Il en va de même avec tout le reste : si elle désire connaître des informations, elle trouvera forcément le moyen de les obtenir. Dusse-t-elle prendre tout le temps qu'il faudra sans ce but. Parce qu'en plus de cela, Azilys est une femme patiente, lorsqu'elle y trouve son intérêt. 

▬ Vous n'avez que le vérifier par vous même, fait-elle alors en prenant la main perdue dans ses cheveux dans la sienne, et me faire un rapport à notre prochaine rencontre. Qu'en dites-vous ?
Elle minaude comme une petite fille innocente et insouciante malgré le sourire moqueur dessiné sur ses lèvres. C'est un peu gonflé d'exiger un rapport de la part de son supérieur hiérarchique, mais également très amusant. Il demeure le mieux placé d'entre eux pour juger de son utilité, de son intérêt pour l'organisation. C'est lui qui en tient les rênes, lui qui est aux premières loges de son extension. Ce n'est pas Azilys, agissant à l'écart, qui peut lui offrir une réponse adéquate. S'il tient tant à le savoir, qu'il mène sa petite enquête lui-même. Savoir si elle est spéciale ou non ne changera pas la façon de faire de la blonde. Elle capture les hybrides qu'elle a décidé de capturer, lorsqu'elle en a envie. Elle n'attend pas d'ordres de la part de qui que ce soit. Tout ce qu'elle demande, c'est que l'on vienne ramasser le fruit de sa récolte et que l'on protège ses arrières. Rien de plus, rien de moins. Ce n'est pas beaucoup demandé. Elle met la réputation de son établissement et sa propre sécurité en porte-à-faux pour Chronos, il est donc normal que l'on cède à ses petits caprices - surtout qu'ils sont avantageux pour elle comme pour eux.

La main de la blonde tient celle d'Oswald dans sa paume. Elle ne force pas : on peut presque croire qu'il s'agit là d'un geste affectueux. Mais il n'en est rien, évidemment. Une drôle de lueur brille dans le regard azuré de la jeune femme alors qu'elle penche doucement ses épaules sur le côté et qu'elle rentre son bras dans l'étreinte, entre celui du blond et sa taille. Elle termine en courbant le dos et en reculant, libérant sa taille de l'emprise, certes légère, de l'homme en face d'elle. Simple technique d'autodéfense, qu'elle a apprit auprès d'Ozvan pendant son adolescence. Au cas où elle n'ai pas son épée sur elle ou qu'elle soit incapable de l'utiliser, le Hariyama lui a apprit à échapper à de probables agresseurs. Bien heureusement, la blonde n'a jamais eu besoin de s'en servir jusqu'à maintenant : si elle le fait présentement, c'est uniquement pour montrer à Oswald qu'il ne connaît pas toutes les cartes qu'elle détient. Cela dit, Azilys n'a pas encore relâcher sa main, la conservant au creux de la sienne. Elle glisse cependant ses doigts jusqu'au poignet de son supérieur, la retournant pour lever sa paume vers le haut. Elle lui lègue un petit papier qu'elle a conservé au fond de sa poche. Son numéro de téléphone.

▬ Ou alors, vous m’appelez dès que vous le savez. Je préférerai ne pas vous revoir mettre les pieds dans mon auberge. J'ai une image à sauvegarder.
Azilys se rapproche d'un pas, réduisant à néant la distance qu'elle avait mit entre eux en s'échappant à son emprise. De ses deux mains, elle referme délicatement les doigts d'Oswald sur le petit morceau de papier. La jeune femme en garde toujours sur elle, qu'elle distribue généralement à de probables partenaires alimentaires ou à des clients incapables de régler leurs notes sur place. Il s'agit évidemment du numéro de l'auberge et non son personnel – celui-là, elle ne le donne pas au premier venu. Mais puisque personne ne répond à ce vieux téléphone à part elle, il n'y a pas grande différence. Si ce n'est la possibilité de fouiller le journal d'appel. Ce n'est pas qu'Azilys ne fait pas confiance aux autres, mais tout le monde est curieux, et un coup d’œil sur un téléphone portable peut arriver à tout moment. Autant donc jouer la carte de la sécurité et se contenter du vieux modèle – même pas sans-fil - trônant derrière le bureau, sur un meuble bancale. Une antiquité de laquelle personne ne s'approche mis à part la maîtresse des lieux. 

Le tintement de la vaisselle a cessé. Azilys vient à peine de le remarquer. Sûrement s’attèlent-ils tous au nettoyage des placards, désormais. Ils n'en ont plus pour très longtemps, en toute logique. Étant donné que Christa exige un nettoyage complet au moins une fois toutes les deux semaines, les placards n'ont pas le temps de se salir de nouveau, ce qui rend le ménage très rapide. Même le tonnerre a mit fin à ses grondements, à l'extérieur, bien que la pluie continue de tomber drue. Bientôt, la blonde sera en mesure de mettre cet homme charmant à la porte pour retourner à ses occupations. Sauf si monsieur en décide autrement, bien évidemment. S'il désire demeurer ici encore un moment, il ne se gênera pas pour le faire. La blonde préfère cependant ne pas y penser, retirant doucement ses mains pour les ramener vers elle, assignant aussitôt à l'une d'elle de replacer une mèche derrière son oreille.  

▬ Pour le reste, j'apprécierai que vous cessiez de me toucher de la sorte. Je ne vous appartiens pas.
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MessageSujet: Re: Something borrowed ; Azilys   Something borrowed ; Azilys - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:04

Elle ne se dérobait pas. Elle ne se dérobait plus. Elle n’avait plus dans les yeux cet affolement soudain, ce début de terreur, l’inquiétude qui saisit un être lorsqu’il se sent prisonnier. Il y avait le calme plat — une étendue d’eau limpide à la surface à peine frissonnante — et un éclat curieux au fond des prunelles — qui renforçait celui que l’on discernait dans ses propres sanguines. Comme si c’était un jeu pour eux deux, dont les règles seraient seulement différentes, nuancées, les clauses pas tout à fait les mêmes des deux côtés de la balance. C’était un défi, qui n’était jamais clairement exprimé, jamais clairement énoncé, des non-dits que les deux partis comprenaient sans qu’elles n’aient besoin d’être dites à voix haute, tant elles paraissaient évidentes — peut-être pas plaisantes.
Oswald aimait les femmes, et ça n’était un secret pour personne. Il aimait leurs formes généreuse, leur voix chantante, leur peau laiteuse et leurs regards amourachés, tantôt fiévreux, la tendresse dont se parait le moindre de leur geste, la fougue qui s’emparait d’elles sous ses mains. Il les trouvait belles, les filles de Vénus, dans leurs apparats de taffetas, de soie ou de coton, les yeux soulignés d’un trait fin, les lèvres soutenues de grenat profond. Il les trouvait belles, et il adorait les rendre plus belles encore dans la volupté. Cheveux défaits, regard brillant, muscles déliés et frissonnants : il les trouvait sublimes lorsqu’elles s’abandonnaient à la luxure. Oswald aimait les femmes et leur lasciveté, les femmes et leurs désirs embrasés ; mais il aimait aussi les femmes et leurs prunelles emplies de défiance, leurs sourires insolents et l’irrévérence audacieuse dont elles faisaient preuve dés lors que l’on tentait d’écorcher vive un peu de leur superbe. Azilys était de celles-là, de celles dont la fierté ne pouvaient être effarouchée sans qu’elles ne jouent d’habiles stratagèmes pour rétablir l’équilibre, pour rétablir la vérité calomniée

Alors, il jouait, frivole, à l’un de ces petits jeux horripilants — il jouait par amour pour l’expérience, dans l’espoir de voir s’ébaucher les limites de ce qu’elle pouvait supporter, endurer. Il jouait pour la tourmenter, il s’amuserait de ses afflictions si elle cédait face à lui — il serait déçu, cependant, si elle venait à capituler. « J'ose espérer que vous ne les menez pas dans votre lit en leur disant de telles choses. Ce n'est pas flatteur pour une femme de savoir qu'elle n'est qu'une pièce de plus dans une collection. » Il ne pu le retenir : ce rire qui agita ses épaules et s’échappa du fond de sa gorge, aussi franc qu’il était fulgurant — lui-même en fut presque décontenancé. « Touché. » Il riait, et l’on aurait presque pu le croire innocent, ingénu, parce qu’il y avait peut-être un reste du chérubin enjôleur qu’il avait été ; un vague vestige du passé, un résidu qui ne se dévoilait que lorsqu’il laissait tomber quelques barrières — celles des belles manières, de la politesse forcée, des artifices qu’il offrait à qui voulait bien les admirer, tout de toc et d’oripeau. Peut-être Azilys, en entendant ce rire ténu que rares étaient ceux pouvant se vanter de l’avoir déjà ouï — Raffaelo, sans doute ; Sky, à n’en pas douter ; Kanae, il en était presque certain — franchissait-elle un pas en direction d’Oswald — de ce qu’il était, au delà des airs de monarque qu’il se donnait, au delà encore de la cruauté connue de tous par laquelle on entendait parler de lui, au hasard du monde et des conversations échangées ; les doutes, les angoisses, les terreurs sourdes.
Qu’elle distingue l’ombre d’un Phoenix un peu plus appréciable, un peu plus estimable peut-être qu’on ne pouvait le supposer aux premiers abords ne l’inquiétait pas — qu’elle apprenne, qu’elle découvre, qu’elle se fasse l’honneur de lire en lui ce que trop peu savaient alors, c’était un divertissement comme un autre

La main vagabonde qui s’était aventurée jusqu’à la toison mimosa de la jeune femme fut saisie, et son geste s’en trouva interrompu ; les doigts immobiles, le regard d’Oswald glissa lentement de la poigne d’Azilys à son visage, à son regard — givre pâle, dragée d’épousailles — qui ne cillait pas, à ses lèvres qui se fendaient d’un sourire un peu trop suffisant face à lui. « Vous n'avez que le vérifier par vous même et me faire un rapport à notre prochaine rencontre. Qu'en dites-vous ? » Il ricana, doucement, la tête inclinée et les mèches blondes balayant son front — finalement, c’était elle qui l’emportait. De façon détournée, mais elle venait de trouver le chemin sillonnant jusqu’au dernier mot — tout lui revenait à lui, forcément ; parce qu’il était le chef, parce qu’il était la tête pensante de Chronos, parce qu’il avait la main mise sur l’organisation et tous ceux qui la composaient, de son haut gradé le plus galonné à la plus jeune de ses nouvelles recrues. Il savait tout, tout du moins il en avait la faculté. Il l’admettait cependant — quand bien même ça n’était pas à voix haute : il était plus difficile de juger des agissements de l’aubergiste, puisqu’elle n’était pas à portée, pas au quartier général comme l’étaient la plupart des autres — pas tous.

Une lueur douteuse s’installa dans les prunelles de la jeune femme, avant qu’en un instant et d’un habile tour de main, elle ne se défasse de la prise légère qu’Oswald exerçait sur elle jusqu’à présent. Il en fut quelque peu décontenancé, s’autorisa un léger recul — un demi-pas en direction du mur —, ses sanguines obstinément vrillées en direction d’Azilys. A vrai dire, c’étaient moult questions qui lui tournaient à l’esprit, et comme une envie de frôler l’interdit — saurait-elle se dégager, s’il se faisait plus insistant, s’il se mettait en tête de faire de sa poigne une prison véritable ? Il y songea, quelques instants à peine, puis se résigna — un jour, peut-être ; si l’envie lui prenait de s’amuser, si elle devenait ennuyante et que c’était la braise de la récréation qu’il lui fallait raviver.
Sa main, toujours captive, fut retournée, paume offerte au plafond, et un morceau de papier s’y retrouva logé l’instant d’après — une suite de chiffres, un numéro de téléphone, et ça n’était pas un portable à en croire les premiers symboles. « Ou alors, vous m’appelez dès que vous le savez. Je préférerai ne pas vous revoir mettre les pieds dans mon auberge. J'ai une image à sauvegarder. » Elle s’approcha, et referma la main jusque là ouverte sur la petite note. C’était un geste étrange, qui aurait, peut-être, pu porter à confusion si l’on avait assisté à la scène depuis l’extérieur, sans jamais y prendre part ni ouïr de la moindre bribe de conversation. Mais il n’y avait qu’eux deux, eux deux et leur conversation qui balançait constamment entre la politesse et l’insolence, la bienséance et l’outrecuidance. « Chronos, en tout cas, n’a plus d’apparences à sauver. »  Dans le fond, et elle-même l’avait affirmé, elle n’était pas grand chose pour l’organisation. Elle était certes un atout profitable, elle n’était pas une ressource indispensable. Un pion de plus, un as dissimulé dans la doublure d’une veste, un dé pipé au mieux. Elle était ce que tout bon tricheur possède, mais aussi tout ce dont un véritable bon tricheur sait se passer : l’on ne sait bien tricher que lorsque l’on sait très bien jouer. « Mais puisque tu y tiens tant, je t’appellerai. » S’il en avait le temps, l’envie — celle de l’ennuyer ou de la revoir, qui sait. 

Lorsqu’elle ôta ses mains des doigts refermés sur le précieux, Oswald glissa soigneusement le morceau de papier dans le portefeuilles de cuir usé qu’il avait tiré de sa poche arrière. S’il y avait souvent, dans les contenants translucides des porte-monnaie, de quelconques portraits — souvent, l’on retrouvait ceux du conjoint, de l’épouse, des enfants — les siens étaient emplis de vide, au mieux de cartes de crédit. Aucun visage de femme sur papier glacé n’était jamais venu combler les creux — si la place à ses côtés dans son lit était rarement laissée vide, son coeur était une autre affaire ; palpitant cruellement pour une éternelle qu’il ne posséderait jamais, et qu’il s’efforçait d’oublier. Parce qu’il aimait, mais qu’il n’était pas fou — pas suffisamment en tout cas pour ne pas saisir qu’il valait mieux abandonner ; qu’une chose, une seule dans sa vie ne lui était pas due, quand bien même celle-ci fut-elle la plus précieuse à ses yeux. Une chose, une seule dans sa vie ne lui appartenait pas. Il avait tout, tout ce qu’un homme pouvait désirer : la richesse, la fortune, la gloire, les femmes, le pouvoir. Pourtant, il lui manquait ce qu’il avait toujours désiré, depuis sa plus tendre enfance — les années l’avaient forcé à se faire une raison. Il s’était accaparé de tout ce qu’il était possible de s’accaparer ; tout, sauf l’eldorado qu’il rêvait depuis toujours.

Parce qu’elle ne lui appartenait pas, et qu’elle ne lui appartiendrait jamais ; pas plus que ne lui appartenait Azilys — elle qui l’affirmait, haut et fort, elle qui le mettait en garde de ne plus la toucher, elle, fière et déterminée, qui disait non à celui qui se lassait de tous ces oui qu’on lui soufflait constamment entre deux courbettes. Son regard dévia, se détacha enfin des perles azurées qui lui faisaient face pour se perdre dans la contemplation de l’extérieur, là où battait toujours une pluie des plus denses, quand bien même les coups de tonnerre semblaient s’être tus. Il souriait toujours, mais c’était plus discret, plus ténu — sans doute un peu moins mauvais, un peu moins agaçant. « Tu ne m’appartiens pas. » concéda-t-il sans peine, dans un vague haussement d’épaules. « Les femmes qui m’appartiennent sont celles qui se jettent à mes pieds. Il me semble que tu n'es pas de celles-ci, à moins que je me méprenne sur tes intentions... » Son rictus se fit plus prononcé lorsqu’il reposa les yeux sur elle, brièvement. « Dans ce cas, c’est simplement que tu as une façon pour le moins atypique de te jeter aux pieds des hommes. » Il riait d’elle, il riait de la façon dont elle avait tremblé face à lui lorsqu’il avait violé les frontières de la décence, il riait de ce qu’elle était et de la façon dont elle agissait. Impunément.

Pourtant, il se défit bien vite de son sarcasme, reprenant sa visite indolente du bureau, sans pour autant se risquer à toucher quoique ce soit cette fois-ci. Qu’il fut curieux, intrigué, ou même que l’envie le prenne de contrarier quelque peu l’aubergiste dans son dos, il n’en fit rien — sans doute, même était-il tout à coup un peu trop sage pour ce qu’il avait auparavant démontré de sa personnalité. Il s’immobilisa soudainement, l’oreille tendue, comme pour tenter de capter les sons qui pourraient signifier qu’il y avait toujours de l’agitation de l’autre côté de la porte, ou si la voie était libre — s’il se plaisait au rôle d’enfant capricieux, il avait des obligations qui l’attendaient, plus en amont, à Janusia, et il savait qu’il lui faudrait bientôt quitter Le Refuge pour s’en retourner vers son quartier général. « Ils ont terminé ? » C’était une question innocente, cette fois-ci, et le ton dénué du moindre intérêt en devenait presque surprenant. L’on s’attendait certainement peu à le découvrir capable d’une conversation normale, dont chaque mot n’était pesé ni pour blesser, ni pour défier, et la moindre banalité qui s’échappait d’entre ses lèvres devenait chose étrange et non identifiée — comme si chaque syllabe qu’il prononçait ne pouvait être que poison. 
Il retint un soupir en croisant les bras contre son buste, levant les yeux en direction de la lampe fatiguée au dessus d’eux. Il ne prenait même plus soin de regarder Azilys et, pourtant, pas un seul instant il n’oubliait sa présence, non loin, à quelques pas tout juste d’où il se trouvait. « Si tu m’autorises une nouvelle curiosité, t’es-tu déjà rendue jusque dans les quartiers de l’organisation ? » Il s’interrompit, fit mine de réfléchir avant de reprendre. « En vérité, je sais déjà que la réponse est positive, l’un de mes hauts gradés que tu as apparemment rencontré m’en a informé. Cela dit, je me demande… Pourquoi n’être pas venue jusqu’à moi ? Nous aurions pu nous rencontrer en bonnes et dues formes, c’aurait épargné mon déplacement jusqu’ici, tu ne crois pas ? » En un sens, comment aurait-elle pu prévoir qu’il viendrait jusqu’à elle, un jour ? Oswald n’en faisait toujours qu’à sa tête, après tout.
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MessageSujet: Re: Something borrowed ; Azilys   Something borrowed ; Azilys - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:04

[size=36]C[/size]
e round s'achève sur une victoire pour Azilys. Elle a eu le dernier mot. Elle a remporté cette joute verbale. A Oswald de trouver la réponse à l'interrogation de la jeune femme. Au chef de faire un rapport au sbire. Ce renversement de situation est glorifiant, Azilys voudrait presque s'en vanter. Mais inutile de minauder : elle a gagné cette bataille, mais pas la guerre. Elle sait que son supérieur a plus d'un tour dans son sac, inutile de jeter de l'huile sur le feu. Alors elle savoure seule et discrètement sa victoire – bien que ce léger rictus au coin de ses lèvres en dit long sur son état d'esprit. Il a voulu jouer, il a perdu. Mais Azilys sait qu'il ne restera pas sur cette défaite, elle doit se préparer à recevoir le retour de manivelle. Elle ne doit donc pas se reposer sur ses lauriers et se tenir prête en toute circonstance. Maintenant que le lion est lâché dans l'arène, la moindre seconde peut-être décisive. Azilys a conscience de s'être engagée dans un combat dangereux, mais elle est prête à le mener jusqu'à ce que mort s'en suive. Qu'importe l'identité de son adversaire, ça ne change pas la donne, ça n’entache pas sa motivation. Elle fera face aux difficultés et les surmontera autant qu'elle le pourra. Ce n'est qu'une épreuve de plus dans sa vie chancelante. Azilys gardera son équilibre le plus longtemps possible. Mais quand viendra le moment pour la pyramide de cartes de s'envoler, elle acceptera ce destin funeste. Dans la vie, dans la bataille, dans les jeux, il y a toujours un gagnant ou un perdant. Azilys espère seulement demeurer le plus longtemps possible dans la partie.

Le petit morceau de papier disparaît dans un porte-feuille en cuir usé. Azilys est étonnée qu'il ne possède pas quelque chose de plus moderne, de plus riche. Oswald semble se contenter de choses banales, ce qui contraste avec l'image qu'il offre, avec le portrait que l'on tire de lui. Sa richesse n'est  un secret pour personne, il n'est pas difficile de l'imaginer croupir sous un luxe démesuré où excès et plaisir règnent en maîtres absolus. Pourtant, plus les minutes passent, plus Azilys parvient à dégager ces clichés de ses épaules. Oswald n'est pas un homme négligé, mais il ne respire pas l'argent pour autant. Du moins, ce n'est pas l'impression qu'il laisse à l'aubergiste. Cette dernière a d'ailleurs l'impression que certaines barrières érigées autour de cet homme s'écroulent petit à petit. Comme ce rire, entendu un peu plus tôt. Il a sonné tellement sincère à ses oreilles que, l'espace d'un instant, elle a oublié qui se tenait en face d'elle. Elle a oublié cet homme et la funeste réputation qui le suit partout tel le prisonnier et son boulet. Il est apparu comme n'importe qui, comme un homme normal n'ayant rien à se reprocher dans la vie. Mais la réalité l'a rattrapé aussitôt, et il a reprit l'apparence du monstre sanguinaire craint de tous – non, pas totalement. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Azilys ne le voit plus ainsi, désormais. Des contours nets commencent à effacer cette brume ténébreuse enveloppant sa silhouette. Petit à petit, la jeune femme dissipe les rumeurs et dresse son propre portrait.

Je t'appellerai. Ces quelques mots scellent le pacte et signent l'armistice. Espérons seulement qu'il se servira de ce numéro uniquement pour l'usage qu'Azilys a décrété. S'il s'amuse à en user pour d'autres raisons, le câble reliant le téléphone à la prise murale n'est pas certain de préserver son unité. La blonde n'a pas de temps à accorder à des futilités. Sa vie ne ressemble plus au long fleuve tranquille qu'il fut autrefois. Désormais, virages, cascades et rochers s'enchaînent inlassablement. Elle n'a pas besoin qu'un arbre abattu ne vienne constituer un nouvel obstacle à sa barque fragile. Et pourtant, elle sait qu'Oswald ne se contentera pas de faire son petit rapport. Cet homme a tendance à être joueur, et elle vient de lui offrir une nouvelle façon de s'amuser. Finalement, elle aurait peut-être mieux fait de lui donner son numéro personnel : au moins, elle peut mettre l'appareil sur silencieux ou simplement rejeter l'appel. Chose impossible avec cette antiquité. Mais ce qui est fait et fait, elle n'a qu'à assumer ses choix. Et de toute façon, retirer l'embout de la prise est une alternative simple. Elle prend le risque de louper des appels importants mais entre ça et la tranquillité, elle a vite choisi. Cependant, elle verra bien au moment voulu. Pour l'instant, c'est face à elle qu'Oswald se trouve, pas de l'autre côté du fil – quoi qu'elle aurait préféré. Mettre un terme à une conversation téléphonique est tellement plus aisée ! 

Le sujet dérive, clôturant une bonne fois pour toute le débat. Si Azilys ignore si son côté tactile est une habitude ou non, elle préfère cependant le mettre en garde sur le champ. Si ses mains baladeuses respectent une certaine décence, rien ne lui garantie que ça durera. Oswald ayant la réputation d'un homme à femme, la blonde préfère lui poser des barrières dès maintenant. Histoire qu'il n'espère pas obtenir d'elle ce que nombreuses autres lui offrent sans hésitation. Azilys n'est pas de celles qui offrent leur corps en échange de cadeaux et de reconnaissances. La célébrité, l'argent, la gloire ne sont pas les richesses qu'elle recherche. Son éducation a fait d'elle une femme simple qui n'a pas besoin de beaux habits pour se sentir belle, ni de la reconnaissance d'autrui pour exister. Enfant déjà, tout ce qu'elle souhaitait était de mener une vie simple, entourée de sa famille et exerçant le métier qu'elle aime. Toutes les petites filles ont un jour rêvées de devenir danseuse, actrice, chanteuse – Azilys, non. Le devant de la scène, la lumière des projecteurs, son portrait en première page d'un magazine, ce n'est pas ce qu'elle désire. Mais d'autres femmes, bien plus cupides, bien plus superficielles sont prêtes à faire n'importe quoi pour cela. Même à s'abandonner dans les bras de cet homme sans foi ni loi. 

▬ Tu ne m’appartiens pas. Les femmes qui m’appartiennent sont celles qui se jettent à mes pieds. Il me semble que tu n'es pas de celles-ci, à moins que je me méprenne sur tes intentions... Dans ce cas, c’est simplement que tu as une façon pour le moins atypique de te jeter aux pieds des hommes.
Étrangement, ces mots arrachent un sourire amusé à la blonde. En effet, ce ne sont pas ses intentions. Se jeter aux pieds des hommes, cela revient à les considérer comme supérieurs. Or, jamais Azilys ne se rabaisserait à ça. Sa fierté ne saurait le tolérer. Si aucun homme n'a jamais visité son lit, c'est tout simplement parce qu'elle refuse d'être une femme-objet. De nombreux garçons lui tournaient autour pendant ses études, mais leurs manières ne jouaient pas en leur faveur. Tout comme un enfant choisirait une peluche dans un magasin de jouets, ils se fiaient tout simplement à son physique. Ils ne la connaissaient pas, mais ils voulaient sortir avec elle, juste parce qu'elle présentait bien, parce qu'elle possédait des attraits physiques qui les attiraient. Aucun d'eux n'a essayé de la connaître, de s'intéresser à ses passions ou de découvrir ses qualités et ses défauts. Ainsi, Azilys a toujours préféré être seule plutôt que mal accompagné. Et c'est toujours le cas, de nos jours. Son célibat ne l'embarrasse par outre mesure. Sa virginité est garante de ses résolutions. Si elle s'abandonne un jour dans les bras d'un homme, c'est parce qu'il lui aura fait une cour respectueuse et charmante. Azilys ne croit pas à l'homme idéal – il n'existe pas, personne n'est parfait. Mais elle estime que la politesse, le respect et le savoir-vivre sont des choses importantes, dans la vie de tous les jours tout comme dans une relation. Et si elle doit attendre des années avant de rencontrer un être répondant à ces simples critères, elle saura se montrer patiente.

Alors oui, en effet, ce n'est pas son intention d'appartenir à Oswald. Car la simple notion d'appartenance balaie toute forme de respect. S'il en est conscient, c'est une bonne chose. Reste à voir ce qu'il désire réellement. Mais cela, il semble lui-même l'ignorer, puisqu'il n'a déjà pas su lui dire ce qu'elle pouvait avoir de spécial. Affaire à suivre, donc. Inutile de continuer sur ce sujet. D'autant plus que ce n'est pas celui qui la met la plus à l'aise. Quoi qu'on en dise, elle demeure une femme. Et face à un homme, même ses techniques d'auto-défense ne peuvent pas lui sauver la mise s'il est déterminé. Espérons que, à défaut d'être un enfant de chœur, Oswald soit gentleman. Les règles de savoir-vivre, qui que l'on soit, quoi que l'on fasse, chacun doit les respecter. Et même s'il tente quoi que ce soit, il est bien plus en danger qu'elle. Il suffit qu'Azilys appelle à l'aide pour que quatre hybrides, quelque soit leur force, lui tombe dessus. Si Christa n'est pas une combattante, les garçons ont plus d'un tour dans leur sac. Oswald a très certainement conscience de cela, de toute façon. D'autant plus que la lame est à double tranchant : s'ils ne sont pas discrets, autant l'un que l'autre, l'intervention des hybrides leur portera préjudice de la même façon. Or, Azilys ne tient pas à ce que sa famille découvre ce qu'elle s'évertue à cacher depuis plus de deux mois. Ils ne doivent rien savoir avant que sa vengeance ne soit accomplie. 

▬ Ils ont terminé ?
▬ Encore un peu de patience. Vous êtes pressé de filer ?
Qui est le loup et qui est l'agneau au final, dans cette bergerie ? Azilys sait bien qu'elle devrait éviter de faire la maligne, mais elle ne peut pas s'en empêcher. Le sentiment qui se gonfle petit à petit au fin fond de son être est bien trop ravi de sa propre existence. Si la blonde s'est cru prisonnière de sa propre auberge, elle réalise petit à petit que le vrai prisonnier, c'est Oswald. Après tout, c'est lui l’intrus. S'il venait à être découvert par les employés de l'auberge, que croiraient-ils ? Le mensonge d'Azilys ou la sincérité d'Oswald ? La question ne se pose même pas. Entre la jeune femme qu'ils connaissent depuis toujours et le chef de l'organisation criminelle régissant sur le continent et assujettissant les hybrides, il n'y a pas photo. Néanmoins, il est plus prudent de ne pas jour à ce petit jeu. Le Quartier Général de Chronos est tout près. La menace qui pèse sur l'auberge reste inchangée malgré le décès de Léon. Pire encore, Azilys a désormais conscience de ces épées de Damoclès menaçant de s'abattre sur les membres de sa famille. Si elle n'est pas attentive, si elle ne protège pas ses arrières, si elle fait le moindre faux pas, ceux qu'elle veut protéger connaîtront le même destin que son grand-père. Si Azilys ne veut pas creuser d'autres tombes sous les rosiers aux abords de la forêt, elle ferait mieux de ne pas trop jouer les grandes dames. Son impertinence risque de lui coûter bien plus que sa propre vie.

Tournant finalement le dos à Oswald, Azilys observe les herbes qu'elle vient de trier. Elles ne peuvent plus l'occuper désormais. Il y a bien de la paperasse à faire – il y en a tout le temps – mais elle s'imagine mal faire les comptes de son auberge avec le blond dans les parages. Impossible d'espérer le silence – déjà qu'elle ne l'a pas obtenue en travaillant, il ne risque pas de s'imposer alors qu'elle ne fait rien. Et comme pour lui donner raison, la voix du blond résonne à nouveau dans le bureau. Mais sa question a le mérite d'être intéressante – dommage qu'il l'a reprenne aussitôt. Bien qu'Azilys se doute que sa petite visite est remontée jusqu'aux oreilles d'Oswald. Le contraire aurait été étonnant. Reste à savoir qui a vendu la mèche : son guide ou le haut-gradé ? Qu'importe, le résultat demeure le même de toute façon. Le fait est qu'il sait qu'elle est venue et qu'elle n'est pas venue le saluer. Mais ce n'est pas un hasard, ni même un manque de temps. Tout simplement un manque d'envie. Azilys n'a pas voulu lui rendre visite. Ce n'est pas pour rien que sa présence dans son auberge l'énerve tant. Elle aurait préféré ne jamais le rencontrer, préserver ce mur les séparant. Elle n'épaule pas Chronos en embrassant ses idéaux – elle s'en sert pour accomplir sa propre vengeance. Alors à quoi bon se présenter en bonne et due forme à Oswald ? Que lui aurait-elle dit ? « Bonjour, j'ai besoin de vous plus que vous avez besoin de moi, mais je peux servir de temps en temps donc soyons amis ? » Non, nous sommes d'accord.

▬ J'imagine qu'il est inutile que je tourne autour du pot. Pardonnez ma rudesse, mais la réponse est simple : je ne voulais pas vous rencontrer.
Azilys se tourne en même temps qu'elle prononce ces quelques mots, afin de faire face à Oswald. Elle ne veut pas qu'il doute de sa parole. Elle ne cherche pas à cacher la vérité, une chose qu'elle aurait honte d'avouer ou quoi que ce soit de ce genre. Cela peut sembler étrange, mais c'est bien ce qu'il s'est passé. La blonde a refusé de rencontrer Oswald malgré l'occasion qu'on lui a présenté. N'importe quel autre sbire, pourtant, se serait hâté d'aller le voir, de lui serrer la main et de lui promettre fidélité. Mais Azilys ne veut rien faire de tout ça. Ses intentions sont claires comme de l'eau de roche, et ça depuis le début. Et, à ses yeux, son implication est trop moindre pour qu'elle aille faire des courbettes devant lui – façon de parler évidemment, qu'importe son implication, jamais elle n'en aurait fait. Il faut aussi être avouer que la réputation du chef n'a pas joué en sa faveur. Azilys n'a pas la prétention de penser qu'elle est au goût d'Oswald, mais elle demeure une femme. Or, un coureur de jupon n'est pas une personne que l'on souhaite rencontrer, quelque soit la situation. Cependant, si elle avait su qu'il viendrait lui-même faire les présentations, Azilys aurait fait différemment. Elle serait venue à lui, lui aurait posé ses conditions et tout se serait bien passé – en théorie. Mais si nous savions toujours tout à l'avance, la vie serait bien amère.  

▬ Bien évidemment, j'ai mes raisons. Sachez seulement que ce n'est ni par peur, ni par caprice. D'ailleurs, entre nous, si j'avais su que vous viendriez de vous-même jusqu'ici, je serais venue vous voir. Ça nous aurait évité … tout ça.
D'un geste ample du bras, elle désigne l'intégralité de la pièce. Sous-entendu, ça leur aurait évité de s'enfermer dans une pièce à attendre le moment opportun pour mettre monsieur dehors. Azilys ne se serait sûrement pas senti à l'aise sur le « territoire » d'Oswald mais, au moins, elle ne risquait pas de faire tomber sa couverture ou de mettre sa famille en danger. Ce qui peut lui arriver à elle, au fond, elle s'en moque un peu. Mais ce qui est fait est fait. Et avec un peu de chance, d'ici une dizaine de minutes, Oswald sera parti et elle retrouvera la quiétude de son bureau. Tout dépend de la vitesse de ses employés. D'ailleurs, Azilys s'approche de la porte et la déverrouille afin de jeter un coup d’œil à l'extérieur. Si elle a à peine le temps de voir la robe de Christa disparaître dans la montée d'escalier, la tignasse teinte de Yoshihiro atteste de sa présence dans la cuisine. Il semble discuter avec Ozvan – sûrement du repas du soir – et dieu seul sait combien de temps il va lui tailler la bavette. Et quand le Vipelierre s'y met, c'est une vraie pipelette. Espérons que l'attitude discrète du cuisinier mette rapidement un terme au débit de parole de l'adolescent. Quant à Calev, il est nulle part en vu. Est-il déjà dehors ? Ce serait étonnant qu'il n'attende pas Yoshihiro : ces deux-là s'entendent comme des larrons de foire. D'autant plus que le garçon est devenu comme un repère pour l'amnésique, qui compte énormément sur lui pour se rappeler de choses essentielles de la vie gommée par sa mémoire défaillante.

▬ Si vous me promettez de rester discret, je peux tenter de les éloigner le temps que vous partiez. A moins que vous ne préféreriez passer par la fenêtre ?
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MessageSujet: Re: Something borrowed ; Azilys   Something borrowed ; Azilys - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:05

« J'imagine qu'il est inutile que je tourne autour du pot. Pardonnez ma rudesse, mais la réponse est simple : je ne voulais pas vous rencontrer. » 

Sa franchise ne manqua pas l’amuser ; ce fut un rire presque aussi sincère que le précédent qui lui échappa, du même coup qu’il baissa les yeux sur la manche de sa veste, faisant mine d’en redresser l’ourlet. Oswald dissimulait mal la malice de son regard, la curiosité qu’elle attisait chez lui, ce désir entêtant de la pousser dans ses derniers retranchements, sans sortir son meilleur jeu à la première manche. Elle possédait de bonnes cartes, à n’en pas douter ; de l’audace, avant toute chose, mais aussi cette autre sur laquelle il ne parvenait pas à mettre de nom, comme un semblant d’hostilité tamisée qu’on couperait d’autre chose — ce n’était pas la crainte habituelle, pas non plus la rage sourde de ceux à qui il avait un jour ou l’autre volé quelque chose, quelqu’un, de précieux. 
Ça l’intriguait, sans conteste ; il voulait jouer, quoiqu’il ne s’agirait sans doute pas ici du bon terme — c’est qu’il avait fâcheuse tendance à casser ses bibelots, à les abîmer outre-mesure, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus utilisables, que son intérêt flétrisse peu à peu et qu’il finisse par s’en débarrasser. 
Ses hommes de main, ses hybrides, ceux qui s’endettaient auprès de lui, manigançaient quelque mutineries et espéraient ensuite sa clémence — Oswald n’avait jamais épargné aucun de ceux qui l’avaient tôt ou tard ennuyé. Eden, Matthew n’étaient heureusement pas encore de ceux-là, Fuyuki s’en tirait toujours à bon compte, Sky et Raffaelo n’en seraient certainement jamais. Son éternelle, elle, c’était encore différent ; il ne saurait l’expliquer, c’était ainsi, l’intouchable elle fut, l’intouchable elle était, l’intouchable elle resterait.
Azilys aussi, c’était autre chose, parce qu’elle divergeait de bien d’autres, et sans doute parce qu’il ne la connaissait pas assez, qu’il ne savait rien, du moins peu — il était trop tôt pour qu’elle l’ennuie. Pour autant, il songeait qu’elle pourrait bien se montrer plus étonnante encore qu’elle ne l’était déjà, il se surprenait à miser sur elle et à espérer qu’elle ne le décevrait pas — le Phoenix serait alors tel un enfant à qui l’on offrait un jouet en édition limitée avant qu’il ne se rende finalement compte qu’il ne s’agissait que d’une contrefaçon de piètre qualitée. 

« Pour ne rien te cacher, souffla-t-il d’une voix basse, le ton amusé, un rien mielleux, je crois que c’est la réponse à laquelle je m’attendais. »

Celle qu’il souhaitait — celle qui le confortait dans son impression qu’elle serait moins insipide que tant d’autres avant elle.

« Bien évidemment, j'ai mes raisons. Sachez seulement que ce n'est ni par peur, ni par caprice. D'ailleurs, entre nous, si j'avais su que vous viendriez de vous-même jusqu'ici, je serais venue vous voir. Ça nous aurait évité … tout ça. »

Oh, il l’imaginait bien, que ce n’était pas par peur — ceux qu’il effrayait se courbaient jusqu’au sol, lui servaient de marchepied et de monnaie d’échange, de faire-valoir et d’appât, le tout de façon plus ou moins délibérée, terrifiés qu’ils étaient du mal qui pourrait leur arriver, à eux, ou bien à leurs proches. Toujours trois tours d’avance, qu’importe la tête de l’homme qui se présentait, il désirait tout savoir de ce qui l’entourait, de l’univers dans lequel il évoluait, de ses forces, de ses failles surtout. Pour user des premières à sa guise, en fonction des besoins de l’organisation, et des secondes comme de sanctions plus ou moins lourdes à chaque contrariété.
Il l’imaginait aussi, que ce n’était pas par caprice — elle paraissait plus que ça ; plus qu’une diva de grands standing aux faux airs revêches pour peu, à l’esprit de contradiction si prévisible qu’il n’en était même plus amusant.

Le blond suivit son geste, survola la pièce d’un regard, avant de reporter ses prunelles terre de sienne brûlée sur la jeune femme, amusé, un rien moqueur, peut-être — de cette moquerie pas vraiment mauvaise, plus taquine, plus narquoise, du même acabit que celle dont on pourrait charrier de quelconques amis.
Pour autant, il ne dit rien, considérant sans doute que ses yeux en disaient suffisamment long, son comportement jusqu’à présent pour appui — il serait venu, quoiqu’il advienne, s’il avait su que ça l’ennuierait, voire l’inquiéterait. Il n’avait pas pour objectif de la compromettre auprès des hybrides qui partagaient l’auberge avec elle — c’en aurait alors été terminé de ces potentielles futures occasions de la connaître mieux, suffisamment pour savoir s’il avait vu juste à son propos, c’en aurait été fini d’une occasion de se divertir, que ce soit ou non à ses dépends. 
Il y avait trop de promesses dans son insolence pour qu’il se risque déjà à bafouer leur semblant de contrat tacite.

« Si vous me promettez de rester discret, je peux tenter de les éloigner le temps que vous partiez. A moins que vous ne préféreriez passer par la fenêtre ?
— Je saurai me tenir tranquille, répondit-il, sans l’ombre d’une hésitation. Tu peux bien en douter, tu n’as de toute façon pas d’autre choix que de me faire confiance, pas vrai ? » 

Et ça l’amusait, de la forcer à s’en remettre à lui. Pour autant, ce n’était pas un coup bas qu’il lui préparait — il se tiendrait tranquille, s’éclipserait. Il en avait suffisamment vu pour aujourd’hui, sinon plus encore que ce qu’il pouvait espérer. Il possédait le numéro de l’auberge, se demandait déjà l’usage qu’il en ferait. Il serait restreint, puisqu’Oswald privilégiait de toute façon les conversations en face à face et de vive voix plutôt que celles au travers d’un combiné — aussi n’appellerait-il jamais outre-mesure, ni outre-nécessité.
Elle lui avait bien indiqué quel devrait être le motif de son — seul, il avait deviné sans peine qu’elle préférait tout autant qu’il ne réitère pas — appel, mais l’héritier de Chronos était un homme joueur, à n’en pas douter, qui s’affranchissait des règles et des limites pour imposer les siennes, voir jusqu’à quel point on pouvait bien le laisser empiéter sur le terre-plein des autres avant de l’arrêter — d’essayer.

« Azilys, lâcha-t-il tout à coup pour attirer de nouveau son attention, s’approchant d’elle alors qu’elle avançait déjà vers la porte, plongeant son regard dans celui de la jeune femme. Qu’importe l’intérêt que tu trouves à prendre part à mes affaires, d’aussi loin que ce soit, leur sécurité et la tienne ne dépend pas de ton engouement pour nos valeurs. Je ne te demande pas de défendre tous les principes de mon organisation. Simplement de ne pas chercher à me nuire. Alors, je tiendrai ma part du contrat, ne tenterai pas de vous nuire non plus. Je pipe les dés si l’on me ment, mais pour quelqu’un d’honnête je n’ai qu’une parole. »

Et ce fut lui qui s’inclina, d’une semi-courbette presque respectueuse, quoique toujours espiègle, jamais tout à fait sincère ; c’avait quelque chose de trop théâtral pour être vrai, mais sans doute valait-il mieux ne rien espérer de plus de la part d’un homme tel que lui.

Il la laissa alors s’éclipser, prêtant une oreille attentive à ce qu’il se passait de l’autre côté de la porte, sur sa droite, là où il avait cru comprendre que se situait la cuisine du Refuge. Il guetta le changement dans les sons, les bruits de vaisselle et les voix, qui lui indiquèrent que leur attention s’était portée ailleurs, que la voie était libérée, quand bien même ça n’était sans doute que l’occasion de quelques minutes tout au plus. 
Aussi ne s’attarda-t-il pas, se faufilant hors du bureau sans le moindre bruit, traversant la pièce principale sans même prendre le temps d’observer une dernière fois le lieu, se demandant toutefois s’il ferait l’affront à Azilys de lui infliger encore sa présence entre les murs de son auberge, un jour ou l’autre. Peut-être bien, après tout, lui était un môme capricieux qui n’aimait qu’enfreindre les interdictions.
La clochette tinta au dessus de sa tête lorsqu’il ouvrit la porte, puis la referma soigneusement, en prenant soin qu’un courant d’air ne la claque pas. Il s’aventura sous la pluie qui s’était faite plus fine, quoique l’averse menaçait encore, et fut toute aise d’avoir rejoint sa voiture, garée plus haut sur l’allée principale, avant que la prochaine ne s’abatte violemment sur son pare-brise.

Il soupira, tirant de son portefeuille le morceau de papier sur lequel l’aubergiste avait inscrit le numéro de son établissement, qu’il entra soigneusement dans les contacts de son portable — professionnel. Alors, seulement, il tourna la clef, démarra, s’engageant sur la route qui le reconduisait au quartier général — ce fut pendant qu’il roulait sur une route trempée, tous feux allumés, que germa dans sa tête l’idée de l’usage prochain qu’il ferait du numéro qu’elle lui avait confié.

Il était un homme, et il aimait jouer.
Il se demandait, curieux
avide, même, diraient les plus avisés
quels atouts elle dissimulait encore dans sa manche.
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Something borrowed ; Azilys
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