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 Sonate au clair de lune ; Noa

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Yûki
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Yûki


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MessageSujet: Sonate au clair de lune ; Noa   Sonate au clair de lune ; Noa Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:41

[size=36]U[/size]
n éternuement bruyant résonne soudain dans la forêt. Perché sur une branche basse d'un chêne centenaire, Noa sent un frisson lui remonter le long de la colonne vertébrale tel un serpent glacé alors que d'un geste agacé, il chasse la petite particule de neige qui recouvre son perchoir. Voilà quelques jours que l'hiver s'est définitivement installé sur Hoenn, éparpillant ses flocons gelés un peu partout sur le continent, y comprit Cimetronelle. Cela fait donc plusieurs matins que Noa s'éveille avec de la neige sur le pas de sa porte, ce qui est loin de le ravir. Avec ce mauvais temps, tous les petits animaux de la forêt sont en hibernation ou demeurent au chaud dans leurs petits nids douillets. Résultat, il n'a plus rien à se mettre sous la dent. Du moins, ses rares prises sont maigres et minuscules. Les rares arbres à baies résistant au froid ne lui offrent pas suffisamment de fruits pour s'en nourrir exclusivement. L'hiver est donc la saison où il dépend le plus des petits repas que sa mère lui laisse à disposition dans le creux d'un arbre mort, à l'orée de la forêt. Il n'apprécie pas vraiment de devoir se résoudre à les consommer, mais c'est ça ou souffrir de la faim jusqu'au retour des beaux jours et du gibier.

Mais ce qui l'agace le plus pendant la mauvaise saison, c'est la morsure du froid sur sa peau nue. Il a bien tenté de résister les premiers jours, mais ses défenses immunitaires ont leurs limites. Et lorsqu'il a commencé à couler un peu du nez, il a du se résoudre au port des vêtements constant. Il a certes la capacité de pouvoir matérialiser des touffes de poils sur la surface de sa peau, mais ça lui demande bien trop d'énergie pour les conserver longtemps. Et le Noctali préfère de loin conserver sa vitalité pour vaquer à ses diverses occupations. Car hiver ou pas, il continue de veiller sur ce qu'il a défini comme son territoire avec acharnement. Contrairement aux petits animaux de la forêt, les autres hybrides et les humains n'hibernent pas. Et qu'il fasse froid ne les empêchent pas de s'approcher trop près de son chez lui. Mais qu'à cela ne tienne, leurs nombreuses visites lui sont très utiles dans son entraînement. Avec cette cohorte d'idiots qui ne cessent de venir lui chercher des noises, aucun doute qu'il maîtrisera l'attaque Ball'Ombre mieux que quiconque avant le retour des beaux jours.

Cependant, il y a bien une personne qu'il ne renvoie jamais de ses terres. Une personne qui a obtenu un droit de libre-passage. Une personne que Noa peut laisser vagabonder sur son territoire sans qu'il ne s'en méfie. Rhapsodie. Il est un être de la forêt et de la nuit, lui aussi. Il respecte les bois et tout ce qui les compose, de sa végétation à ses nombreux habitants. Noa n'a ainsi aucune raison de ne pas le tolérer dans la forêt. Les premiers temps, il l'a surveillé lors de ses promenades sylvestres. Mais au fur et à mesure, il a bien été forcé de voir que son faux jumeau n'avait nullement besoin d'être sous sa surveillance, qu'il ne faisait rien de mal et que sa présence sur son territoire n'avait rien de néfaste. Depuis donc, l'adolescent ne le suit plus. Il continue ses patrouilles régulières sans se soucier du fait qu'un autre vaque sur ses terres. Parfois, ils se croisent. Ils se lancent des piques, s'enquiquinent mutuellement, se cherchent des noises. Ils discutent rarement tranquillement. A croire qu'ils ne se comprennent qu'à travers les défis et les petites insultes détournées. 

Noa s'est habitué à la présence de Rhapsodie. Elle n'est plus parasite ou ennuyeuse. Elle est même devenue … agréable. Même si ça le tue de l'avouer ou même de s'en rendre compte. Il se surprend parfois à attendre ses prochaines visites avec impatience. Comme s'il ne pouvait plus se passer de lui. Ces constatations l’écœure. Depuis quand trouve-t-il la présence d'autrui agréable ? Pourquoi lui et pas quelqu'un d'autre ? Comme si Rhapsodie n'avait pas suffisamment mit le souque dans ses pensées, le voilà qui lui donne le goût à l'amitié. Sont-ils vraiment ce que l'on peut appeler des amis ? Qu'est-ce qu'un ami, en fin de compte ? Simplement un être qui nous ressemble ? Quelqu'un qui nous comprend ? Ou est-ce plus que ça ? Y a-t-il des critères, d'ailleurs ? Doit-on obligatoirement apprécier la personne pour la considérer comme un ami ? A contrario, les personnes que nous n'apprécions pas sont-elles forcément des ennemies ? De combien d'êtres est-il l'ennemi, dans ce cas ? Les habitants de Cimetronelle ne cautionnant pas son attitude le considèrent-t-ils tous comme un ennemi ?

Un soupir s'échappe de la barrière de ses lèvres avant qu'il ne renifle bruyamment. Saleté de nez coulant. Il couve sûrement un début de rhume. Sa mère lui a bien dit de mettre des chaussure, mais il ne l'a pas écouté. Un pantalon et un pull, c'est suffisamment contre nature pour lui pour ne pas lui rajouter des godasses en prime. Pourtant, il sent que ses orteils sont gelés. Ils sont même rouges aux extrémités. Tout comme le bout de son nez. Pas étonnant, par ce froid, qu'il attrape un rhume. Aussi solide soit-elle, sa santé n'est pas infaillible pour autant. Surtout en hiver, lorsque son alimentation et ses habitudes changent. Il déteste se sentir si vulnérable au froid, car ça lui rappelle la faiblesse du corps humain qu'il est obligé d'habiter. Les Noctali d'autrefois possédaient naturellement un pelage adapté contre la rigueur de l'hiver. Ils n'attrapaient pas de rhumes en refusant de mettre des chaussures. Ils n'en ont jamais eu besoin, eux. Ni de chaussures, ni de pulls, ni de pantalons. Noa ne les a jamais connu, jamais vu et pourtant, il les envie. Du moins, ils l'en enviait. Ses ancêtres à quatre pattes n'existent plus depuis quatre vingt ans, après tout …

▬ T'es en retard.
Lance-t-il alors à l'adresse de son … ami qui vient d'arriver. Noa se laisse alors glisser jusqu'au sol, réprimant une grimace lorsque ses pieds nus rentrent en contact avec le petit tas de neige gelée accumulée au pied de l'arbre. Si le centre de la forêt a été épargné grâce à la voûte feuillue, ce n'est pas le cas ici, à l'orée des bois. Les arbres étant davantage espacés les uns des autres, leurs feuillages ne retient pas la neige aussi efficacement. Mais ce n'est rien comparé à la clairière où s'élève sa cabane. La couche de neige est plus haute, plus épaisse. Et même si elle fond relativement vite, il neige bien trop souvent pour qu'elle n'ait le temps de disparaître. Ce matin, d'ailleurs, la petite source où l'adolescent à l'habitude de puiser de l'eau pour boire et se laver était prisonnière d'une mince particule de gel. Il n'a pas été difficile de la briser, mais il espérait bien que ça ne gèle pas en amont. Il n'est pas difficile de s'y rendre – il compte d'ailleurs y faire un tour très prochainement – mais s'il peut s'épargner cette besogne, il apprécierait énormément. 

▬ Ta maman avait peur que tu n'attrapes froid ? ♥
Fait-il d'une voix mielleuse tout en mimant le gars malade secoué de frissons. Ce qui n'est pas si difficile, avec son nez coulant et sa chair de poule. Ce qu'il préfère quand il enquiquine Rhapsodie, c'est de le traiter comme un petit garçon faiblard sans cesse surcouvé par sa mère. Ce qu'il est, en quelque sorte. Heureusement, son double ne connaît pas Mizu, car il pourrait très bien lui renvoyer la balle. L'Aquali doit partager la même philosophie que la mère de Rhapsodie, avec pour seule exception le fait qu'elle laisse son fils vivre sa propre vie en ne cherchant pas à l'enfermer au moindres signes annonciateurs de maladie. De toute façon, elle sait bien qu'il lui fausserait compagnie d'une façon ou d'une autre. Noa n'est pas fait pour demeurer dans un lit à dormir en attendant sa guérison. Il est bien trop têtu et irresponsable pour ça. Alors elle procède plus vicieusement, joignant des remèdes aux plats qu'elle lui laisse chaque jours. Elle pense sûrement que l'adolescent ne se doute de rien, mais que nenni. Il l'a bien remarqué, mais ne dit rien. Si ça l'aide à se débarrasser de ce nez qui coule constamment, il veut bien les avaler, ces plats médicamentés. 

Noa franchit finalement les quelques pas qui le séparent de Rhapsodie et le dévisage en silence. Est-il encore malade ? Si une pluie lui refile un rhume, quel impact peut avoir la neige et le froid sur sa santé ? En espérant qu'il ne trimballe rien de trop grave ou contagieux. Noa ne tient pas à avoir plus qu'un nez coulant. Ça l'agace bien suffisamment pour ne pas empirer son cas. Mais comme Rhapsodie est une porte ouverte aux microbes en tout genre, l'hybride chromatique se méfie. On ne sait jamais, avec ce crétin ...
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MessageSujet: Re: Sonate au clair de lune ; Noa   Sonate au clair de lune ; Noa Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:42

Je suis affalé sur le canapé, tête renversée sur l’accoudoir, blasé, et occupé à compter chaque rainure des rondins de bois qui composent le plafond. Maman s’active, presque paniquée. Comme toujours, d’ailleurs. J’ai arrêté de regarder l’heure défiler, parce que je sais que les aiguilles auront achevé leur tour avant qu’elle ne me libère. Je ne sais pas ce qu’elle cherche. Des fringues chaudes, sans doute, pour s’assurer que je n’attrape pas froid. Ce sera sûrement vain, pourtant, mais elle s’obstine. « M’man, c’est bon, fait pas si froid... » Mensonge. Et elle le sait. Le regard qu’elle pose sur moi par dessus son épaule me fait me pelotonner un peu plus sur le canapé, la mine boudeuse. Mon père, à l’autre bout du sofa, esquisse un sourire amusé, sans pour autant détacher son regard de la télévision. Il ne la regarde même pas, il s’amuse de ma lassitude et du côté maman poule de celle qui cherche à tout prix à me couvrir.

J’ose un regard vers la pendule et si, tête à l’envers, je mets un peu plus de temps à réaliser l’heure qu’il est, une fois ceci fait je ne peux m’empêcher de geindre à nouveau. « M’man, s’teuplaît... » Papa, à qui ça n’a pas échappé, se tourne enfin vers moi. « Tu as un rendez-vous ? » Son ton, malicieux, m’arrache une grimace. Maman a relevé la tête, tout à coup intéressée. « C’est pas une fille. » Il paraît presque déçu que ce ne soit pas le cas. Je renifle, mi figue, mi raisin. Il vient m’ébouriffer les cheveux, et je grommelle en repoussant sa main. « P’pa, sérieux... » Il hausse les épaules, et puis se lève. J’essaie de m’empêcher de geindre à nouveau, je réprime l’impatience de sortir qui me chatouille l’échine et jusque dans les jambes, mais c’est difficile. Un instant, même, je songe à prendre la fuite pendant qu’ils sont occupés. 

A l’instant précis où j’y pense, un tissu m’arrive en plein dans la figure. L’espace d’une seconde, une odeur de cannelle me titille les narines et, quand je repousse la chose pour l’observer sous toutes ses coutures, je ne peux m’empêcher de frémir. N’est-ce pas…? Je lance un regard interrogateur à mon père, mais il s’est déjà détourné de moi. Je me redresse, inspire à nouveau la cannelle qui s’attarde encore sur la laine, si longtemps après.

Lentement, je me relève et me glisse dans le couloir, jusque dans ma chambre. J’attrape mes chaussures, et m’installe sur mon lit pour les enfiler. Ceci fait, je demeure longuement là, immobile, à observer l’écharpe rougeoyante qui gît là, à mes côtés. Je laisse mes doigts courir dessus, et puis je la récupère, en m’avançant vers le miroir qui trône contre la porte de mon armoire. Un instant d’hésitation plus tard, je la passe autour de mon cou. L’image que me renvoie mon reflet me ramène à des années plus tôt, lorsque les choses étaient différentes, et le bonheur pas façonné de toutes pièces, comme un patchwork cousu des quelques morceaux restants des rires d’antan. Bien vite, je me détourne, et je m’en vais ouvrir ma fenêtre. Le froid vient me mordre les joues et les doigts, et je frissonne tout entier.

Je suis en train de m’échapper, bien à ma façon, lorsque j’entends la porte qui s’ouvre dans mon dos. Je grimace, certain d’être consigné pour avoir été pris en flagrant délit. Pourtant, lorsque je lance un regard dans mon dos, maman ne paraît que lassée, quelque peu amusée peut-être. Son regard s’attarde un instant sur l’écharpe, mais elle fait mine de n’avoir rien remarqué. « Encore occupé à fuir, hein ?» J’esquisse un sourire. « Désolé. Être en retard n’est pas poli, et j’y suis déjà. » Un éclat de malice traverse son regard. « Tu as donc des notions de politesse, mon fils ? » Je ricane doucement, et elle s’approche pour me tendre un bonnet, au moins aussi noir que mes cheveux, sans doute retrouvé dans un quelconque carton jamais ouvert. « Enfile au moins ça… Et fais-moi croire que tu le garderas. » Avec bien peu d’entrain, je l’attrape et le mets, rien que pour entrer dans son jeu. « Quelques minutes. Tu sais que je l’enlèverai dés que tu auras le dos tourné. » Elle hausse les épaules, comme si elle abandonnait la guerre. « Ou bien tu auras si froid que tu n’imagineras même plus le retirer. » Je l’imite, et hausse les épaules à mon tour.

Je me glisse dehors, et la fine couche de neige craque sous mes semelles. A nouveau, la voix de ma mère m’interpelle, et je me retourne. Entre mes mains, elle glisse un sachet de papier, duquel se dégage une agréable chaleur, et une effluve qui me fait cligner des yeux quand je reconnaîs celle de la baie fraive. « Tu penseras bien à partager, n’est-ce pas ? » Je la regarde, tête inclinée. « M’man, tu- » Elle secoue la tête, et puis ferme la fenêtre, presque totalement. Ne reste plus que suffisamment d’espace pour qu’à mon retour, je puisse l’ouvrir seul pour rentrer, ailleurs que par la porte d’entrée, que je n’emprunte plus que bien rarement.

Enfin, je peux respirer l’air frais, m’évader, m’enfuir vers les bois. Je presse le pas, tant pour ne pas rajouter à mon retard que pour retrouver au plus vite le couvert des arbres qui me manque de trop. Aussi, mais je ne l’avouerai jamais à voix haute, pour le retrouver lui. Cet étrange jumeau, ce reflet fascinant, ce clone perturbant, tout à la fois si semblable à moi et si différent de ce que je suis. Plus sauvage, plus fort et, quelque part, sans doute plus vivant que je ne le suis. Que je ne l’étais ? Je ne sais plus tout à fait ; je sais au moins que je n’ai plus tant souri que depuis que je l’ai rencontré. Souri, mais aussi ri, respiré à pleins poumons et oublié ce qui fait mal. Il chasse les ombres et les démons et, même si je ne le lui dirai jamais, je lui en suis reconnaissant.

Les premiers arbres se dessinent autour de moi et, aussitôt que je le constate, je retire mon bonnet que j’enfouis au fond de la poche de mon sweat. J’ignore le froid qui agrippe mes mains et tente de se frayer un passage sous mes vêtements, le long de mes bras et partout ailleurs. Je n’y prête pas attention, trottinant simplement entre les arbres, lorsqu’une voix s’élève, m’arrachant un frisson de surprise malgré la familiarité de celle-ci. « T'es en retard. » Je lève les yeux vers lui, et ne peux m’empêcher de sourire légèrement en le voyant habillé. Ainsi donc, le froid a fini par avoir raison de lui aussi ? « Je sais. » M’excuser ? Même pas. « Ta maman avait peur que tu n'attrapes froid ? ♥ » Je renifle avec mépris et, en m’agitant, l’odeur de cannelle s’élève encore autour de moi. Ou bien je ne fais que la rêver ? 

Il s’approche, et je plisse les yeux, tout à coup suspicieux. Je me penche vers lui, réduisant encore la distance qui nous sépare, et puis je me recule soudainement, parvenant à peine à retenir le rire qui me secoue. « C'est pas toi qui serais malade, par hasard ? » J’esquisse un sourire carnassier, bien désireux de profiter de la situation. « Alors comme ça, on a attrapé un vilain rhume ? ♥ » Et je me marre, alors que si ça se trouve, d’ici quelques heures à peine, je ne serai pas dans un meilleur état que lui. Quoique, monsieur se trimballe pieds nus dans une neige glaciale… Je lève les yeux au ciel, et puis me souviens tout à coup du paquet dont m’a encombré ma mère. Il est encore tiède sous mes doigts. « Dis-moi que t’aimes les muffin et la confiture de baie fraive. Ma mère est pas possible… Je crois qu’elle avait peur que tu me séquestres et m’affames. » Enfin, c’est vite dit : elle n’est pas supposée être au courant d’avec qui je passe mon temps désormais. Quoique… Les mères ont ce sixième sens, qui paraît les mettre au courant de tous les agissements de leurs enfants. Alors, allez savoir si elle l’ignore véritablement ou si elle ne fait que semblant d’être dupe...
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MessageSujet: Re: Sonate au clair de lune ; Noa   Sonate au clair de lune ; Noa Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:42

[size=36]L[/size]
e sourcil droit de Noa s'arque légèrement. Par ce froid, il pensait trouver Rhapsodie davantage habillé. Au moins avec un gros manteau, des gants et un bonnet. Mais non, il a simplement un sweat noir et une grosse écharpe aussi rouge que la chevelure de son cousin Pyroli. Et ce qui l'étonne encore plus, c'est que son double ne semble pas être malade. Son nez ne coule pas, ses yeux ne brillent pas, son corps de tremble pas. Ainsi donc le froid mordant des derniers jours n'a pas encore eu raison de lui ? Ce n'est qu'une question de temps, certes mais Noa entend déjà ses réflexions concernant son nez qui coule. Par réflexe, il renifle de façon peu ragoûtante, essuie son nez du revers de sa manche. Il n'est pas bouché, seulement coulant, mais ça n'en reste pas moins assez désagréable. Même s'il faut bien avouer que Noa ne fait pas d'efforts pour y arranger en refusant de mettre des chaussures. Ses orteils n'apprécient que peu ce contact prolongé avec la neige, mais il n'est pas encore arrivé le jour où le Noctali s'embarrassera de baskets dans sa forêt.

Rhapsodie renifle avec mépris, le sourire de Noa s'élargit. En plein dans le mille. Cette écharpe, c'est forcément l'un de ses parents qui lui a donné. Ainsi que ce bonnet qui dépasse légèrement de sa poche. Et s'il s'est débarrassé de l'un, il conserve néanmoins l'autre. Pour ne pas avoir trop froid, sans doute. Et éviter de tomber malade. Même si c'est peu probable venant de lui. Il aura le nez qui coule avant la fin de la journée, c'est une certitude pour Noa. Si même lui a été victime de la saison, impossible que Rhapsodie en réchappe, même avec son écharpe. Ce n'est qu'une simple question de temps. Et de nouveau, ses parents l'enfermerons dans sa chambre en le gavant de soupe et de potage jusqu'à son rétablissement complet. Il aime vraiment jouer avec le feu, ce gars. Il sait qu'il tombera malade à chaque fois que la météo sera capricieuse mais il continue à venir, aussi têtu qu'une mule. Il ne peut pas se passer de la forêt. Et même s'il ne peut y vivre comme Noa, il ne peut s'empêcher d'y traîner, de errer entre les arbres tel un esprit sylvain.

▬ C'est pas toi qui serais malade, par hasard ? Alors comme ça, on a attrapé un vilain rhume ? ♥
▬ Viens passer tes nuits dans la forêt et on en reparlera.
Grommelle-t-il en reniflant de nouveau, fourrant ses mains gelées dans les poches de son jogging gris, trempé en bas des jambes. Raison de plus pour détester l'hiver et la neige. Et Rhapsodie qui glousse comme un dindon. Noa se demande bien ce qui le retient de lui faire bouffer de la neige par les narines. On verra qui rira après ça. Mais avant qu'il ne passe à l'action, Rhapsodie sort un petit paquet de sa poche. Une délicieuse odeur vient alors chatouiller les narines de Noa. Ça sent les gâteaux et la confiture. Sa mère en faisant très souvent avec les baies qu'il lui ramène régulièrement, impossible que son nez ne reconnaisse pas l'odeur. Et s'il se fit à son odorat, celle-ci doit sûrement être à la baie fraive. Ce qui ne l'étonne guère, étant donné qu'il a depuis longtemps remarqué que son double appréciait énormément ce fruit. Noa n'en apprécie pas l'amertume autant que lui, mais il n'est pas insensible à son goût pour autant. Et si la confiture est bien sucrée, elle coupe facilement ce côté amer. Quand Mizu en prépare, elle la sucre beaucoup pour ne pas que son fils soit gêné par cette saveur rude et aigre qu'il n'apprécie pas particulièrement.  

▬ Dis-moi que t’aimes les muffin et la confiture de baie fraive. Ma mère est pas possible… Je crois qu’elle avait peur que tu me séquestres et m’affames.
▬ Qui te dis que ses craintes ne sont pas fondées? ricane-t-il. Bon, je ne suis pas friand de baie fraive comme toi mais j'veux bien goûter. Allons à la cabane.
Sur ces mots, il lui tourne le dos et bondit dans son arbre. Rhapsodie connaît la chanson, désormais. Noa parcourt très rarement sa forêt à pied. Et maintenant qu'elle est tapie de neige, c'est une autre raison pour éviter le sol. La plupart des branches ont été épargnées, bien que certaines demeurent glissantes et trempées. Le jeune Noctali en a déjà déblayé quelques unes, surtout celles qu'il retrouve très souvent sur son passage. Il se déplace très souvent sur les mêmes arbres, ceux qui ont les ramures les plus larges, les prises les plus faciles. Noa connaît la forêt par cœur après tout, du sol aux arbres, des profondeurs aux extrémités. Il progresse ainsi de branches en branches, sans même jeter un regard en arrière. Il sait très bien que Rhapsodie le suit, qu'il s'est habitué à crapahuter dans les arbres depuis qu'ils se connaissent. Il est d'ailleurs moins maladroit, du moins c'est l'impression qu'il donne à Noa. Il n'est pas tout à fait irrécupérable, comme garçon. S'il côtoyait la forêt comme lui, sûrement deviendrait-il plus agile encore. Pas autant que le jeune Nishimura, certes, mais plus que la plupart des habitants de Cimetronelle. 

Ils ne mettent pas longtemps à rejoindre la clairière enneigée. Quelques traces de pas courent ça et là sur la croûte blanche, preuve des aller-retours réguliers de Noa. Ce dernier se glisse au sol d'une pirouette, quittant le couvert des arbres pour progresser dans la poudreuse. Cette dernière n'est pas très haute, moins de deux centimètres, mais elle suffit à geler ses poids et mouiller davantage le bas de son jogging. Le toit de la cabane est blanc de neige, lui donnant un aspect de chalet de montagne version miniature. Heureusement, la toiture est isolée, permettant à l'habitation de demeurer sèche. Son père y ayant vécu de longues mois avant de rejoindre la ville, il était impératif qu'elle puisse le garder au chaud qu'importe la saison. Elle aurait sûrement subit les aléas au temps au point de s'effondrer si Seht et Noa ne faisaient pas à sorte de la renforcer et de la réparer au moindre petit souci. Cette cabane a un caractère trop personnel pour que l'adulte ne lui permettre de s'écrouler, trop important pour que l'adolescent ne la laisse disparaître. Plus que son abri, c'est son foyer, son chez-lui un peu plus intime, un peu plus personnel et privé.

Noa se presse jusqu'à la cabane, grommelant dans sa barbe inexistante, les mains profondément enfoncées dans ses poches. Il en franchit la porte sans ralentir et se jette sur son lit, se pressant de se débarrasser de son jogging aux bas trempés. Ainsi, habillé seulement de son sweat et d'un caleçon, il se met à farfouiller dans le tiroir de son meuble en bois à la recherche d'un bas moins susceptible de ne pas prendre l'eau. Il renifle, grommelle, fouille, met la pagaille dans ses tiroirs, renifle de nouveau, tire un pantalon, l'observe, le range aussitôt. La plupart de ces fringues sont de vieux vêtements de son frère ou de ses cousins que Mizu lui apporte de temps en temps. Étant donné qu'il en déchire la plupart, inutile qu'elle lui en achète. Elle sait pertinemment que son fils n'en prendrait pas soin, l'état de ses vêtements ne le préoccupant pas pour deux sous. L'Aquali se contente donc de recoudre ceux qui sont récupérables et jeter ceux qui ne le sont pas. Heureusement, ça n'arrive pas souvent. Car pour les abîmer, encore faut-il qu'il les porte. Ce qui n'arrive pas très souvent …

L'adolescent chromatique met finalement la main sur un pantalon promettant de faire l'affaire. Il est noire, en toile, tout simple. Et les bas arrivent aux trois quarts de ses jambes. Aucun risque, donc, qu'ils ne traînent dans la neige. Noa remarque un petit F brodé sur l'étiquette. Ce vêtement a donc appartenu à son cousin Fuyuki, quand il avait son âge. Le Noctali réprime une petite grimace, mais l'enfile tout de même. Une fringue reste une fringue, qu'importe la personne à laquelle elle a appartenu autrefois. De nouveau complètement habillé – sauf aux pieds, évidemment – Noa se tourne vers Rhapsodie qui a déjà investi les lieux. Il ne s'en formalise pas pour autant, plutôt impatient de goûter aux fameux muffins préparés par la mère de Rhapsodie. Est-elle un cordon bleu au même titre que Mizu ? Par réflexe, Noa jette un coup d’œil au petit bentô jonchant le plateau de son meuble à vêtement. Ce matin, elle lui a laissé un plat de gratin de macaronis ainsi qu'une part de tarte à la baie citrus. Les deux étaient encore chaud lorsqu'il a récupérer la boîte, ce qui l'a considérablement réchauffé. Ce qui n'est pas pour lui déplaire, étant donné les basses températures des derniers jours.

▬ Ta mère sait que tu traînes avec quelqu'un d'autre ? Je suis sûr qu'elle pense que tu as une petite copine.
Lance-t-il d'une voix moqueuse tout en s'asseyant sur le lit, croisant les jambes histoire de recouvrir ses pieds gelés de ses cuisses. Si Rhapsodie n'était pas là, sûrement les aurait-il couvert avec ses draps, mais il a l'impression qu'il en profiterait encore pour se moquer. Sa fierté l'emportant toujours sur le reste, il refuse donc cette solution, laissant la chaleur de son corps se propager jusqu'à ses orteils gelés. Son ego aura raison de lui, un jour. 
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MessageSujet: Re: Sonate au clair de lune ; Noa   Sonate au clair de lune ; Noa Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:42

Il grommelle, et je ne peux réprimer le sourire qui s’accentue un peu plus encore sur mes lèvres. Oh, oui, je minaude, je le nargue, mais je sais que le temps m’est compté ; bientôt, je serai dans un aussi piêtre état que lui et même pire, peut-être. Mais les quelques instants, les quelques heures de répit qui me sont accordées, je ne compte pas manquer d’en profiter, et quelques moqueries ne sont pas si mal venues. D’autant plus qu’elles ne sont lâchées qu’avec amusement, et aucune once de méchanceté, rien que l’envie d’en rire un peu tout en tâchant de ne pas risquer de finir tête la première dans la neige glaciale. Sinon, autant le dire : mon répit, j’y renonce dés maintenant.

Cela dit, passer mes nuits dans la forêt… Il n’y a bien qu’en hiver que je ne l’ai jamais fait. Si l’on oublie mes fugues régulières, les disputes qui me font claquer la porte et me donnent cette envie de fuir, partir, m’en aller loin. Si, parfois, je pars plus loin encore que la forêt, je sais que tout m’y ramène forcément. Parce que, d’une certaine façon, c’est chez moi aussi. Sans doute pas au même titre que Noa, mais j’aime les bois comme je n’ai jamais rien aimé. Sauf elle, peut-être. 

Doucement, je secoue la tête à sa raillerie. Les craintes de ma mère, fondées ? Je ris doucement avant de rétorquer, avec presque l’air de lui lancer un défi. « Tu parles, tu serais pas capable de m’supporter au point de me séquestrer. Tu m’relâcherais en deux-deux. » Le pire ? J’en suis quasiment certain. Cela dit, un léger détail me fait cligner des yeux, lorsque je le regarde grimper sur l’arbre d’où il vient. Je ne suis pas friand de baie fraive comme toi, a-t-il dit. La pensée me fait frémir lorsque j’escalade à mon tour jusque sur la branche : il l’a remarqué. Déjà grisées par la simple idée de l’escapade, mes oreilles hybrides apparaissent et s’agitent sur mon crâne, et leur poids léger sur ma tête ne me paraît plus si anormal et inhabituel qu’il l’était, avant que je ne me prenne d’affection pour elles et les dévoile chaque fois que Noa croisait ma route. C’est presque devenu un rituel, en quelque sorte. D’une certaine façon, quand il est là, j’éprouve la liberté.

Je le suis, de branche en branche et d’arbre en arbre, en prenant toujours soin qu’il ne me distance pas de trop, que je ne le perde jamais de vue. Ça n’est pas que m’égarer est un souci ; je me sais, à force d’habitude, capable de retrouver le chemin de sa cabane ou celui de Cimetronelle sans souci aucun. Cette partie-là de la forêt a fini par me devenir familière, elle aussi. Parce que j’y suis souvent venu, et j’y reviendrai souvent. Par hasard, je prétendrai, et pourtant je sais que ça n’est pas tout à fait ça. Quand bien même je ne le dirai jamais à voix haute devant lui, je sais que la raison de mes vagabondages dans cette zone jusqu’à laquelle je ne m’aventurais pas autrefois n’est qu’à quelques mètres devant moi. Et je le suis, comme une ombre, comme un reflet étrange, je prends soin d’imiter ses mouvements lorsqu’il s’agit de sauts un peu plus difficiles que ceux que je fais sans plus aucune hésitation. L’habitude, encore et toujours. C’est apprendre ou demeurer encore dans son seul sillage. Seulement, aujourd’hui, avec lui, je n’ai plus envie de n’être qu’un simple figurant. Devenir acteur, auteur peut-être, de cette pièce ridicule qu’est ma courte vie ; même si ça signifie m’imprégner par mimétisme d’un Noa déjà roi sur un jeu dont je ne suis que fou, bouffon dans les bouches les plus méprisantes. J’apprendrai, en commençant par faire semblant.

Bientôt, la clairière est en vue, et je réprime l’amertume soudaine qui s’est mise à courir mes veines jusqu’au bout de mes doigts. Lentement, je me laisse glisser jusqu’au sol. La neige craque encore sous mes semelles, dans un bruit sourd qui me fait frissonner. Comme des éclats de verre, qui se brisent encore lorsque l’on marche dessus. Mon regard s’attarde sur les reflets du soleil timide sur les cristaux de glace du sol, et ça fait comme un millier de paillettes sous nos pieds et étendues à l’infini sur toute la clairière, sur le toit de la cabane et sur les arbres environnants. J’admire presque, entre les nuages vaporeux venus de mon souffle tiède dans l’air glacial. Un infime rideau de brume, entre le monde et moi. Je ferme les yeux, et j’inspire profondément ; l’hiver a cette odeur particulière, ténue, elle-même froide au possible et pourtant délicieuse. A Lavandia, souvent, ça sent le feu de cheminée, et à la maison aussi, dans toutes les pièces mais surtout au salon. 

Presque à contre-coeur, je m’arrache à mes rêveries, pour emboîter le pas à Noa et me faufiler au chaud de la cabane. Suffisamment à l’aise pour que je n’attende pas la moindre permission ni ne craigne vraiment de représailles, je retire mes chaussures à l’entrée pour grimper sur le lit et m’y asseoir, le dos contre le mur, le sachet de muffins posé juste à côté. L’alléchant fumet qui s’en échappe me met l’eau à la bouche, et pourtant je n’y touche pas encore. Oui, maman, j’ai quelques notions de politesse. L’idée me fait lever les yeux au ciel, avant que je ne les pose sur Noa, qui fouille parmi quelques fringues, sans doute à la recherche d’un pantalon sec, puisqu’il a retiré le sien, évidemment trempé au bas. En même temps, on n’a pas idée de traîner comme ça et pieds nus en plein hiver…

Je finis par détacher mon regard de lui, alors même qu’il semble avoir enfin trouvé quelque chose de convenable dans sa pêche à la fringue. Je l’entends qui s’approche, je sens le matelas se mouvoir légèrement sous son poids, et pourtant je garde le regard dans le vague, sans pour autant avoir vraiment décroché de la réalité. « Ta mère sait que tu traînes avec quelqu'un d'autre ? Je suis sûr qu'elle pense que tu as une petite copine. » Je daigne enfin lever les yeux vers lui, tête penchée dans la direction, et l’air sans doute on ne peut plus las. D’une seule main, j’ouvre le sachet et le lui indique, attrapant l’un des muffins avant de lui laisser le libre accès à son contenu. « Tiens, mange et dis-m’en des nouvelles, au lieu d’dire n’importe quoi. » 

Malgré tout, je ne peux m’empêcher de réfléchir un instant à ce qu’il vient de me dire. Si ma mère pense que j’ai une petite copine ? J’ai du mal à y croire ; je crois que mes parents savent que leur fils est une sorte de handicapé sentimental. De toute façon, je suis presque certain que maman me préfère loin des coeurs fragiles des adolescentes. « Oui, elle sait que je traîne avec quelqu’un, d’où les muffins. Cela dit… nan, si elle pensait à une p’tite amie, j’aurais été encore plus en retard. Ma mère est… un peu trop, euh, curieuse et prévenante, si tu veux mon avis. » Autrement dit, chez moi, pas d’interrogatoire interminable signifie pas de soupçons d’aucune sorte. Et c’est tant mieux.

Je croque dans le muffin, et la saveur tout à la fois amère et délicieusement sucrée ne met qu’une seconde avant d’éclater dans ma bouche. J’adore la cuisine de ma mère, surtout lorsqu’il s’agit de gourmandises de la sorte, plus encore lorsqu’elles sont à la baie fraive. Elle sait plus que personne à quel point j’en raffole, et saisit la moindre occasion qu’elle a de me faire plaisir, l’air de rien, plus innocemment que jamais. 

En clignant des yeux, je déglutis, et puis je regarde à nouveau Noa, avec, presque, une légère hésitation. « C’est quoi, toi, ta baie préférée ? » je lance, tout à coup. C’est qu’au fond, j’en sais si peu sur lui que les pires banalités m’échappent, alors qu’il les a retenues me concernant. C’est stupide, peut-être, de s’intéresser à des détails pareils. Et alors ?

Je m’installe un peu plus confortablement sur le lit, plus ou moins face à Noa et le paquet toujours entre nous deux. Je mords à nouveau dans la petite pâtisserie, et, de plaisir, mes oreilles remuent sur mon crâne. Je lève le regard, tente d’apercevoir leurs anneaux bleus au dessus de moi, sans trop y parvenir. Encore, et comme souvent, celles de mon double accrochent mon attention. Je n’ai pas encore cédé à l’envie d’y toucher, même si je sais que je finirai par le faire, par prendre le risque d’y perdre quelques doigts entre ses dents. C’est si perturbant de les voir, perchées là, trop semblables aux miennes, que je sais que je ne résisterai pas indéfiniment. Comme si les effleurer pouvait me permettre de réaliser, un peu plus sûrement encore, qu’elles sont réelles et qu’il me ressemble plus que de raison.

En secouant la tête, je porte ma main libre à mes piercings, presque comme un réflexe, acquis au fil des mois. Je me souviens du premier, percé peu après que Belt… Ça m’a fait mal, c’était clairement surprenant, et on a ri longtemps du sursaut qui m’a secoué. Le deuxième, c’était il y a un peu moins d’un an. Il était moins douloureux, ou peut-être que j’y étais simplement préparé. Quoiqu’il en soit, avoir mal, c’est vivre, c’est savoir que l’on est en vie, que l’on ressent encore. Physiquement, tout du moins. Maman n’était pas d’accord pour que je les fasse, mais mon père, lui, a compris. Ça n’était pas un vulgaire caprice ; j’en avais besoin. Quelque part, j’aime à croire que mon réflexe n’est pas hasardeux, qu’il témoigne de cette nécessité, de… de quoi, encore ? J’étouffe un soupir, et je laisse retomber ma main. Je façonne un nouveau sourire sur mes lèvres, adressé à Noa. « Alors, programme de la journée ? Fuir le froid, pour qu’il ne t’achève pas ? » C’est gratuit.
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MessageSujet: Re: Sonate au clair de lune ; Noa   Sonate au clair de lune ; Noa Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:43

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nvoyer des piques à Rhapsodie est devenu l'un des passe-temps favoris de Noa. Il s'amuse à comparer les différentes mimiques faciales de son double : un froncement de sourcil, une moue boudeuse, un regard menaçant, un soupir désabusé. Rhapsodie ne reste jamais de glace face à ses taquineries de mauvais goût, et il en va de même pour lui dans le cas contraire. Leur relation entière semble se baser sur ces échanges plus ou moins garnis d'insultes fleuries. Un regard extérieur refuserait de croire que ces deux-là s'entendaient plus qu'eux-même ne voulaient bien le croire. Chaque jour, ils semblent se tester, s'affronter dans un duel de taquineries dont ils veulent tout deux ressortir vainqueur. Ce n'est pas quelque chose que l'on attend de deux amis, mais c'est ainsi qu'ils entretiennent leur relation. Noa n'a jamais connu de véritable amitié, sûrement ne sait-il pas vraiment comment s'y prendre. Une part de lui désire conserver cette solitude qui l'a toujours accompagné jusque là. Mais une autre réclame une présence à ses côtés. Et souvent, cette dernière gagne la partie, expliquant la présence de Rhapsodie dans la cabane en ce moment même.

Un regard blasé. Un classique chez Rhapsodie, mais il arrache tout de même un sourire moqueur à Noa. Ses oreilles s'agitent sur son crâne tandis que son double tire un muffin du petit sachet, avant de le tendre dans sa direction. Il y plonge aussitôt la main, en sortant un petit gâteau encore chaud. Il sent fort la baie fraive et le sucre. Il n'attend pas une seconde de plus pour croquer dedans, désireux d'en découvrir la saveur. Un subtile mélange d'amertume et de sucré lui envahi aussitôt les papilles, ce qui le rend septique. Il mâchonne un long moment, réduisant la pâtisserie en bouillie sous ses dents de prédateur, puis avale. Alors qu'il se lèche les babines, songeur, Rhapsodie brise le silence. Oh, il revient sur le sujet de la petite copine. Ainsi donc, sa mère est du genre … envahissante ? Voilà un autre point commun qu'ils partagent. Néanmoins, Mizu ne semble encore se douter de rien concernant la nouvelle fréquentation de son fils. Ou alors, elle s'est bien gardée de lui en toucher un traître mot.

Reprenant une nouvelle bouchée de muffin – parce qu'ils ne sont pas si mauvais, au final – Noa se questionne. Que penseraient donc ses parents en sachant qu'il destine désormais quelques unes de ses journées à un autre être ? Sûrement en seraient-ils ravis. Mizu n'a jamais vraiment aimé voir son fils mener une existence si solitaire. Elle-même apprécie être entourée, elle a énormément d'amis à Cimetronelle ou dans tout Hoenn, à qui elle aime rendre régulièrement visite. Seht est plus timide, plus renfermé, depuis son histoire catastrophique avec sa première fiancée. Pourtant, il s'ouvre de plus en plus au monde, aux autres. Et même s'il n'est pas aussi sociable que sa femme, il s'est pourtant fait de nombreux amis en ville. Parfois, il se sent responsable du caractère de son fils, certain de lui avoir semer la graine de la solitude dans l'esprit. En voulant à ce point lui faire préférer la forêt au profit des autres, il a fait de Noa le sauvage qu'il est désormais.

▬ C’est quoi, toi, ta baie préférée ?
▬ Resin. J'aime tout ce qui est acide.
Noa se demande bien pourquoi Rhapsodie lui demande une telle chose, mais qu'importe. S'il transmet l'information à sa mère, peut-être l'adolescent sera-t-il gâté de muffins à la baie Resin, la prochaine fois. La prochaine fois ?Parfois, Noa se surprend à penser ce genre de chose. A songer à leur prochaine rencontre. Il ne sait l'expliquer, mais il a toujours la certitude que Rhapsodie reviendra le voir. Qu'importe qu'il vente ou qu'il pleuve. Qu'importe qu'il fasse nuit ou qu'il fasse jour. Depuis la nuit de leur rencontre, ils n'ont cessés de se voir. Pas tous les jours, chacun ayant ses obligations de son côté. Mais au moins une fois tous les trois jours. Rhapsodie finissait toujours par s'enfoncer dans les bois, Noa finissait toujours par le retrouver au milieu des arbres. Inutile de se chercher, de s'appeler. Ils se retrouvent toujours, quoi qu'il arrive. Comme des aimants qui s'attirent l'un l'autre. C'est une sensation agréable et désagréable à la fois pour Noa. Il a l'impression d'aller à l'encontre même de sa nature en appréciant la compagnie d'autrui. Et pourtant, tout semble plus facile depuis qu'il a croisé la route de Rhapsodie.

Noa termine finalement le muffin, récoltant quelques miettes collées à ses lèvres du bout de sa langue. Les baies fraives sont loin d'être ses favorites mais il doit bien avouer que ces muffins sont bons. Oui, seulement bons. Contrairement à Rhapsodie qui semble fouler le paradis à chaque bouchées, Noa les a simplement apprécié. Enfin, il n'a jamais été un gros gourmand non plus. La seule chose sucrée qu'il apprécie plus que de raison, ce sont les confitures de sa mère. Si on lui autorise à finir le pot à la petite cuillère, il n'attend pas qu'on le lui demande trois fois avant de le vider. Pour le reste … il apprécie les tartes, les cookies et les muffins, mais seulement un de temps en temps. Si Rhapsodie attend de lui qu'il se serve de nouveau, il peut encore attendre un moment. 

Malheureusement, il n'est pas tombé sur le plus gourmand du coin. Mais Noa ne se fait pas de souci : ils sait très bien que Rhapsodie se chargera personnellement de faire disparaître les pâtisseries de leur sachet. A le voir déguster son muffin, on le croirait en pleine extase …  

▬ Alors, programme de la journée ? Fuir le froid, pour qu’il ne t’achève pas ?
▬ Non, t'ensevelir dans la neige jusqu'à ce que tu deviennes un Noctali surgelé.
Un nouvel échange de répliques cinglantes, même si Noa avoue avoir eu une petite baisse d'imagination sur ce coup-là. Pourtant, l'idée n'est pas si mauvaise. S'il enfouie Rhapsodie sous une couche suffisante de neige, il le retrouvera aussi congelé qu'un poisson pané. Au moins, il n'ouvrira plus sa bouche pour dire des âneries. Et ça, ce serait carrément le pied. Mais il serait encore capable de le faire chier autrement, Noa en est certain. Tel un poison, Rhapsodie parvient toujours à s'infiltrer dans ses veines, d'une façon ou d'une autre. C'est sûrement ce qui l'enquiquine le plus. Savoir que son double est capable de l'atteindre, de l'influencer, de le faire changer. Ça l'effraie et, pourtant, il est curieux. Curieux de savoir ce qu'il peut encore apprendre de lui. De ses faiblesses. De ses états d'âme. De ses démons. Car Noa le sait, Noa s'en doute. Que Rhapsodie est une âme tourmentée. Bien plus que lui. Bien plus que quiconque à Cimetronelle. Et, quelque part, une partie inconsciente de lui veut l'aider. La même qui refuse de le chasser d'ici.

Noa passe une main dans ses cheveux humides, chatouillant au passage la naissance de ses oreilles. Ses anneaux bleus semblent plus brillants qu'à l'accoutumé. Et pour cause, ce soir la lune sera pleine. Tout son organisme répond à cet appel, alors que le soleil n'est même pas encore couché. Mais lorsque le ciel aura revêtu sa toison bleue marine, il sait déjà la sensation qui secouera son corps. Il la connaît que trop bien, ça le rend euphorique et nerveux à la fois. Rhapsodie ressent-il la même chose ? C'est ce qu'il désire vérifier. Il tient à ce qu'ils observent tout deux la pleine lune, il veut voir les anneaux de ses oreilles briller comme jamais. Et pour cela, ils doivent se tenir au plus près de la lune. La voir autrement qu'à travers les branchages. C'est pourquoi Noa tient à ce qu'ils se rendent à la grande source, en haut de la large parois rocheuse à gauche de la cabane. Mais encore faut-il que Rhapsodie sache la grimper … Autant il a prouvé son agilité dans les arbres récemment, autant Noa ignore totalement ce qu'il donne en escalade.

▬ T'es calé en escalade ?
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MessageSujet: Re: Sonate au clair de lune ; Noa   Sonate au clair de lune ; Noa Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:43

Baie Resin. C’est sûrement quelque chose de futile, dont la connaissance ne changera pas ma vie, ni la sienne, un détail comme ceux qui n’intéressent vraiment personne. Un détail auquel je m’intéresse, pourtant, même si la question a sonné bancale, tombée comme un cheveux sur la soupe, brèche au milieu d’un silence qui n’était pas pesant, faille parmi les piques acérées que l’on se lance l’un et l’autre. Quand ceux qui m’entourent posent des questions pareilles, ça sonne plus naturel, moins déplacé, ça sonne un peu plus vrai et moins soudain, ça sonne moins con, aussi. Maman m’a souvent, plus jeune, que poser des questions sans viser le moindre des profits, de façon, quoi, spontanée qu’elle disait ? c’est montrer l’attention que l’on porte à notre interlocuteur, prouver qu’on l’écoute, qu’on écoute ce qu’il dit, ce qu’il pense, ce qu’il est. Il paraît que prêter une oreille attentive aux dires d’autrui, c’est lui donner de l’importance. 

Je ne suis sans doute pas le plus intéressé des types dans ce monde, pas celui qui écoute le plus ce que les autres ont à dire, pas celui qui cherche à les connaître, encore moins à savoir leurs opinions divergentes des miennes. Mais Noa… Je ne sais pas. Il est là, et il chamboule tout sans que je ne comprenne pourquoi. Il me ressemble, il chasse les ombres, et une part de moi me souffle qu’il me comprend, qu’il me connaît déjà sans que je n’aie véritablement pas à mettre le moindre des mots sur ce qui tourne et retourne dans mon esprit. C’est totalement con, mais ça ne me lâche pas.
C’est comme avec Belt. C’est ce naturel qui revient avec un peu trop d’insistance, c’est l’insolence qui ne se veut pas méchante, simplement piquante, dérangeante, qui teste les limites pour les écorcher sans jamais les outrepasser. Je veux faire tomber ces barrières qui demeurent entre nous malgré les heures passées ensemble, je veux apprendre de lui, le connaître, savoir ce qu’il aime, ce qu’il déteste, ce pourquoi il pourrait tuer, peut-être. J’ai lu quelque part —encore un livre de maman, sans doute— que si l’on désirait apprendre quelque chose de quelqu’un, il fallait d’abord lui céder un bout de soi-même. C’est sensé, je suppose, une histoire d’échange équivalent ou quelque chose comme ça ; mais comment faire ? Si je ne suis pas si franc et spontané que mes interventions en deviennent irritantes, c’est dans le secret et le mensonge que je me renferme, que je m’étouffe. Parce que c’est plus facile, mais aussi parce que je ne sais plus comment faire pour être honnêtesans faillir. Oui, c’est sûr, c’est moins compliqué d’inventer ; mais Noa a cette chose qui le rapproche de Belt, cette présence, qui m’attire irrémédiablement et me souffle que je peux avoir confiance, que mentir ne m’est pas permis si je ne veux pas perdre ce que j’ai à peine gagné. Une lumière, pour ne plus demeurer seul dans l’obscurité.

En lui promettant de revenir, la première fois —et même toutes les suivantes— j’aurais pu manquer à ma parole, éviter soigneusement son territoire, demeurer chaque fois sur le mien, ce bout de forêt qui m’a tenu si longtemps dans l’ignorance de ce double hantant les bois, pourtant si près de chez moi. Mais je sais que, quand bien même je voudrais l’éviter, mes pas me conduiraient tout de même dans cette parcelle qui est sienne, et où je suis presque certain de le croiser, dés que je m’y aventure. Quand je reviens de mes escapades sans l’avoir rencontré, je sais reconnaître le goût de la déception sur ma langue ; elle ressemble un peu à celle qui s’attarde sur mon palais chaque fois qu’il me faut rentrer, le laisser là et retourner à ma vie civilisée. La famille, les cours de piano. Ce serait facile de laisser tomber en vérité, mais j’y suis attaché, un peu plus que je ne l’admettrai jamais. Tout autant que je n’admettrai jamais l’espoir qui m’envahi lorsque je m’aventure dehors, ni cette gaieté soudaine qui montre le bout de son nez lorsque nos chemins se croisent enfin. C’est tellement con, tout ça.

Lorsqu’il annonce son programme, en vaine tentative de rétorquer à ma réplique —dont, je l’avoue, je ne suis pas peu fier— je ne peux m’empêcher de sourire un peu plus, et je sens mes oreilles qui s’agitent avec tout autant d’amusement que celui qui doit se lire sur mon visage. Pour ne pas rire et risquer une bourrade avide de vengeance, j’enfourne ce qu’il reste du muffin dans ma bouche, prenant soin de lécher la confiture qui s’en est allée couler sur mes doigts quand elle en avait l’occasion. Il ne se ressert pas, et l’odeur est toujours entêtante. Alors, aussi furtif qu’une bête sauvage qui fond sur sa proie, je m’en vais piocher un autre muffin, et j’y mords sans attendre. Je n’ai pas vraiment faim —voire même pas du tout— mais la gourmandise l’emporte toujours lorsqu’il s’agit de baies fraive.

Sans vraiment me soucier de toutes ces règles qui veulent que l’on ne mange pas allongé, je me laisse tomber en arrière sur le lit. Pour autant, je prends mille précautions pour ne pas faire tomber la moindre miette sur les draps. La sucrerie terminée, je passe ma langue sur mes lèvres, et je ferme les yeux. Partout, quand bien même nous sommes à l’intérieur, j’entends les sons de la forêt : les oiseaux qui piaillent, le vent qui agite les branches, et même le cours d’eau qui coule un peu plus bas. Mes oreilles s’agitent, attentives comme jamais à ce qui les entoure, et il y a comme un millier d’infimes électrochocs qui courent sur ma peau et jusqu’au bout de mes doigts. C’est une sensation que j’adore, quelque chose qui relève de l’impatience, d’une excitation que je ne parviens jamais à taire. Mes parents le savent : je ne rentrerai pas de la nuit, je ne serai pas dans mon lit au petit matin. Avec des incessantes allées et venues, ils ont fini par connaître le calendrier lunaire aussi bien que moi —même s’il est sans doute plus instinctif me concernant, en ma condition de Noctali. Cette nuit, plus encore que toutes les autres, je sais que j’éprouverai cette liberté que j’aime tant ; ce frisson qui m’agite n’est que l’avant-goût d’une sensation indescriptible, qui était déjà ancrée quelque part en moi alors même que je n’étais encore qu’un Evoli. Je n’ai jamais douté d’avoir été destiné à devenir un être de la nuit. C’était dans mon sang, dans mon coeur, depuis le tout début. Et je ne regrette rien.

« T'es calé en escalade ? »

Je sursaute tout à coup, tiré de mes rêveries par la voix de Noa, qui me ramène brusquement à la réalité. Les picotements qui coulent le long de mes veines s’atténuent quelque peu, ne disparaissent pas vraiment. Je sais qu’ils resteront là, et n’iront que crescendo à mesure que les heures s’avanceront vers l’apothéose de cette journée, le point précis entre aujourd’hui et demain ; minuit, et sa lune si haute dans le ciel, lumineuse quand jamais, froide et pourtant si fascinante dans le ciel hivernal. Malgré le froid, le temps est doux, les nuages ne seront pas de la partie. Ce sera la lune dans toute sa magnificence, la vie du monde sauvage autour de moi, autour de nous. Noa, moi, et cette nuit qui sera la plus belle que l’on ait passée ensemble, sans l’ombre d’un doute.

Tout en secouant la tête pour remettre mes idées au clair, je me redresse, et je lance à Noa un regard empli de soupçons. En escalade ? Je renifle légèrement, au moins heureux de réaliser que je n’ai pas encore le nez pris. « J’sais pas. La dernière fois que j’ai escaladé autre chose que les branches d’un arbre ou qu’un amoncellement de deux-trois rochers pas bien gros, j’avais dix piges et c’était le mur d’escalade de l’école à peine plus grand que la maîtresse. » Je ricane légèrement à ce souvenir, ce mur enfantin qui suffisait pourtant à donner le vertige à la moitié des élèves. A cette époque, Noa n’était déjà plus là, si j’en crois ce qu’il m’a dit le soir de notre rencontre. Je ne doute pas un instant cela dit qu’il les —nous ?— aurait tous ridiculisés sur cette épreuve. « J’suppose que ce doit être possible de grimper sans me rompre le cou. En tout cas, je veux bien relever le défi. Pourquoi ?»

Lentement, je retire l’écharpe qui est passée autour de mon cou et repose sur mes épaules, pour la plier soigneusement et la poser à côté de moi, alors que je suis à nouveau assis en tailleur sur le lit. Chaque fois que le tissu s’agite et se froisse, j’ai l’impression que l’odeur de cannelle envahit l’espace, et je n’ose pas demander à Noa s’il la sent lui aussi. Par peur que ça ne soit qu’une hallucination de plus, par peur qu’il me prenne pour un fou, qu’il me fuie, qu’il me laisse. Je baisse les yeux sur mes mains, marquées de tant de cicatrices que j’en ai perdu le compte depuis longtemps. Elles sont infimes, provoquées chaque fois par des échardes ou la surface rugueuse d’un rocher qui n’ont pas aimé que je leur donne des coups, et l’on pourrait finalement croire qu’il ne s’agit que d’accidents. Lorsque l’on passe la majeure partie de son temps à courir les bois, c’est tellement plausible, tellement facile d’inventer pour cacher la vérité. La seule que l’on devine sans peine causée par autre chose qu’un vulgaire incident, c’est celle qui m’a été infligée d’une lame profondément enfoncée dans mon bras. Je me souviens de tout ce sang qui coulait, de la voix de Soliste qui s’inquiétait, des vertiges et de l’obscurité. Je n’ai pas eu peur. C’est venu plus tard en vérité, mais c’était le déclencheur, je crois. 

Je tousse, je vacille ; je n’y tiens plus. Je plonge mon regard dans celui de Noa, j’ouvre la bouche pour parler, mais aucun son n’en sort. C’est l’angoisse qui me serre le coeur, tout à coup. Je ne veux pas qu’il me regarde différemment, qu’il m’évite, qu’il… Je frissonne, et je détourne le regard. Je ne peux pas. C’est con, pourtant, c’est anodin, ça ne changera rien. Dans un élan paranoïaque, ça change beaucoup de choses. J’inspire, j’attends que mon trouble se dissipe, et je culpabilise d’avoir l’air si stupide face à lui, qui paraît ne jamais perdre ses moyens. Un double, oui, mais en tellement plus parfait. « J’hallucine ou il y a une... odeur de cannelle depuis tout à l’heure ? » C’est sorti, ça a filé d’entre mes lèvres ; différemment, et sur le ton d’une presque plaisanterie, d’une simple question, aussi futile que banale. Pourtant, je l’ai entendue : ma voix, qui tremblait, ma voix, qui s’est faite plus rauque, ma voix, qui s’est presque étranglée au beau milieu de ma phrase. T’es tellement con, Rhapsodie.
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MessageSujet: Re: Sonate au clair de lune ; Noa   Sonate au clair de lune ; Noa Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:44

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oa a toujours aimé la sensation de hauteur. Sûrement parce qu'il a grandi dans cette cabane en haut des arbres, à plus de cinq mètres de la terre ferme. La sensation de vertige lui est inconnu, il n'a jamais craint d'avoir les pieds si loin du plancher des vaches. C'est même ce qu'il préfère : se percher comme un Etourmi sur les branches des arbres ou s'asseoir sur de hauts pics rocheux comme un Gueriaigle. Même si son espèce est terrestre, l'adolescent se sent plus à son aise dans les hauteurs. De là-haut, il peut tout voir, tout observer. Il a également l'impression d'être plus grand. Pas qu'il soit complexé par sa taille, il sait qu'il continuera de grandir pendant quelques années encore, mais ce sentiment de grandeur lui plaît, lui confère une sensation de liberté qui galvanise ses sens. Tout là-haut perché, il voit tout, entend tout. Noa n'est pas une personne curieuse, mais il aime garder un œil sur ce qui lui tient à cœur : la forêt. Il s'est proclamé gardien de ces bois en décidant d'y vivre pour toujours. Il les protégera quoi qu'il arrive. Et il ne compte pas revenir sur sa décision.

Ainsi, il bien devenu bien plus naturel pour Noa de grimper le long des parois ou de bondir d'arbres en arbres que de marcher à même le sol. Et cette tendance à escalader tout et n'importe quoi remonte à sa plus tendre enfance. Sa pauvre mère en a vu des vertes et des pas mûres avec lui : si elle avait été cardiaque, elle aurait passé l'arme à gauche depuis bien longtemps. Car il a été ce genre d'enfant qui grimpe sur la table, escalade les amoncellements de roches pendant les promenades, se hisse sur les piles de caisses, se perche en haut des arbres et flâne sur les toits. Certaines personnes disent que ce genre de comportement exprime une intelligence supérieure … ou un goût prononcé pour le risque. Noa doute que ce soit son cas. Il n'est ni un génie, ni un casse-cou. Tout ce qu'il sait, tout ce dont il est certain, c'est simplement qu'il aime ça. Et il n'y a pas besoin de trouver une raison à cela. 

L'escalade paraît moins naturelle chez Rhapsodie. Mis à part les arbres, ça n'a pas l'air d'être sa lubie première. S'il n'a grimpé que sur le ridicule mur d'escalade de l'école – que Noa n'a pas connu, évidemment – il risque d'avoir du mal avec la paroi rocheuse. Les prises sont rares, glissantes et minuscules. Noa les connaît par cœur, il sait où elles se trouvent, lesquelles sont les plus sûres. Ce n'est pas le cas de son double. S'il tombe d'une certaine hauteur, c'est la mort assurée, la paroi faisant plus de six mètres. Bien qu'elle soit légèrement en biais, le risque zéro n'existe pas. Noa n'est jamais tombé, mais il a souvent glissé, frôlant la mort plus d'une fois. Ca ne l'a cependant jamais empêché de recommencer, de grimper tout là-haut, inconscient du danger. Désormais, cette paroi ne représente plus le moindre problème pour lui. Il a d'ailleurs hâte de l'escalader de nouveau, de retourner auprès de cette source qu'il aime tellement … et surtout, de se retrouver au plus près de la lune.

▬ J’suppose que ce doit être possible de grimper sans me rompre le cou. En tout cas, je veux bien relever le défi. Pourquoi ?
▬ Parce qu'on va grimper là-haut.
Il pointe du doigt la forêt en hauteur, par la petite fenêtre aux carreaux sales. Les arbres se tiennent de façon beaucoup plus éparse là-haut, si bien que leurs feuillages ne créaient pas une voûte verte de la même manière qu'ici, en bas. Il est ainsi beaucoup plus facile de voir le ciel. Même si la meilleure vue, c'est celle dans la clairière où il n'y a plus que des buissons, où rien ne cache la voûte céleste. Noa a tellement hâte de retourner là-bas qu'il se presse de se lever. Rhapsodie, de son côté, ôte finalement son écharpe, qui se déroule comme un serpent repu. Puis son regard se met à vaciller. Il se plonge d'abord dans celui de Noa, puis le fuit. Son expression a changé en une demi-seconde et l'adolescent à du mal à comprendre ce qu'il lui arrive. C'est comme s'il perdait tous ses moyens d'un coup, comme si l'on venait de lui dire quelque chose d'horrible, ou de le mettre face à un vieux souvenir qui fait du mal. Ce genre de sensation qui vous étreint le cœur et vous donne des sueurs froides.

Une odeur de cannelle ?. Comme le ferait un prédateur, Noa lève le nez, puis renifle. Il connaît le parfum de cette épice, sa mère en met dans la plupart de ses pâtisseries. Celle-ci vient-elle des muffins ? Non, ils n'en portent pas le goût. Noa sait le reconnaître et il n'en a pas la moindre trace sur les papilles. L'air lui apporte cependant une odeur ancienne et tenue de cannelle. Son cœur se contracte dans sa poitrine. Ça lui rappelle ce parfum de menthe et de basilic que portait constamment Liam. Quand il passe devant sa chambre inhabitée, il perçoit encore ce parfum, même s'il est ancien, presque effacé. Même si son frère aîné n'est physiquement plus là, son odeur caractéristique demeure présente au sein de cette maison qu'il a quitté du jour au lendemain, sans jamais se retourner. La mâchoire de Noa se contracte, alors que ses poings se resserrent. Il ne veut pas penser à lui. Qu'ils soient liés par le sang ou non, Liam ne représente plus rien à ses yeux. Si ce n'est des souvenirs fugaces chargés de reproches et de regards noirs.  

▬ Non, ça ne sent rien, tu hallucines. Allons-y.
Sur ces mots, Noa se rue vers l'extérieur sans même attendre une réponse ou une simple réaction de la part de Rhapsodie. Voilà ce qui l'énerve le plus chez son double. Cette manie inconsciente qu'il a de lui faire remonter des souvenirs oubliés et indésirables à l'esprit. Il ne veut pas penser à son frère. Il ne veut pas déterrer les fantômes du passé. Que les souvenirs d'hier restent dans le passé. Ils n'ont pas leur place dans le présent. Ignorant la neige gelée sous ses pieds nus, Noa arrive rapidement face à la paroi qui, pour la toute première fois, lui paraît plus dangereuse que jamais. Il dégluti, baisse les yeux, mais se reprend aussitôt. Noa veut grimper tout là-haut. Il veut rejoindre la source et observer la pleine lune de là-bas. Il l'a toujours fait, sans faute, depuis qu'il est devenu un Noctali. Et ce n'est pas maintenant que ça va changer. Ses doigts se posent sur la roche froide et glissante. Avec les nombreuses chutes de neige, la pierre est trempée. Du verglas c'est même formé ici et là. N'importe qui dirait que ce serait du suicide de l'escalader. Mais Noa est prêt à prendre ce risque.

Ses mains se referment sur des morceaux de rocs largement au dessus de sa tête alors que ses pieds de posent sur de ridicules plate-formes. Tel un Mimigal, il grimpe le long de la paroi en jetant, de temps en temps, des regards en contrebas. Rhapsodie va-t-il tenter de le suivre ? Il est curieux de le savoir. C'est à mi-hauteur qu'il réalise soudain quelque chose. Son double n'a jamais escalader une telle hauteur. Pour sa sécurité, peut-être aurait-il du le faire grimper en premier afin de le suivre. S'il lui arrive quelque chose par sa faute, Noa s'en voudra à vie. Réprimant une grimace ennuyée, il redescend tout ce qu'il a escaladé et revient auprès de son double. S'il n'a jamais escaladé quelque chose du genre, il est préférable qu'il lui explique quelles prises sont les meilleures et tout le toutim. L'adolescent est loin d'être un excellent professeur mais il n'a pas vraiment le choix. Ils ne sont pas face au mur d'escalade de l'école, protégés par des cordes ou des tapis. Une erreur et c'est la chute. Et la mort.

▬ Ce morceau de paroi là est le plus facile à escalader. Les prises sont plus nombreuses et larges. Mais ne t'attends pas à des trucs comme sur un mur d'escalade, hein. Là, ce sont des morceaux de roches qui dépassent plus ou moins de la paroi. Et ils peuvent te rester dans les mains ou se dérober de sous tes pieds à n'importe quel moment. T'es toujours partant ?
Une lueur de défi brille au fond de ses prunelles céruléennes. Alors Rhapsodie, cap ou pas cap ?
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MessageSujet: Re: Sonate au clair de lune ; Noa   Sonate au clair de lune ; Noa Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:44

J’hallucine. Il ne le sait sans doute pas, mais les mots qu’il vient de lâcher sont comme un coup de couteau en plein estomac ; j’ai l’impression d’avoir le souffle coupé, un instant. Il y a un long frisson qui remonte le long de ma colonne vertébrale, et qui fait courir le froid dans tout mon corps et jusqu’au bout de mes doigts. Alors qu’il s’efface à l’extérieur, je reste planté là, assis sur le lit, le regard dans le vague : j’observe l’écharpe à mes côtés sans vraiment la voir. Je dois suivre Noa, lui emboîter le pas, grimper là-haut comme il l’a dit. Mais je reste là, au couvert de la cabane, la gorge nouée et une sensation de vide, quelque part entre mes côtes. Ma vue se trouble, un instant, et je dois fermer les yeux, inspirer profondément pour ne pas céder aux larmes. Alors, difficilement, je m’arrache au lit, sans parvenir à détacher mon regard du tissu rougeoyant, abandonné là sur les draps. Une seconde de plus, et puis je m’en saisis, et j’inspire longuement cette effluve de cannelle qu’au fond, je suis presque certain de ne pas imaginer tant les souvenirs qu’elle réveille sont réels, tangibles, si doux à l’esprit mais si douloureux au cœur. « J’hallucine seulement…? » J’ai soufflé à moi-même, avant de me ressaisir, l’amertume dans la gorge. Je noue à nouveau l’écharpe autour de mon cou, juste pour que ma sœur soit toujours un peu là, avec moi, qu’elle aussi, elle puisse voir le monde d’en haut, et je sors.

Lorsque j’arrive au pied de l’amoncellement rocheux, Noa en a déjà entamé l’escalade. Je fronce les sourcils en m’écartant de la surface inégale, dont j’aperçois çà et là les accrocs qui ne manqueraient pas d’entailler salement une main ou une jambe, en cas de glissade. Mes oreilles se couchent sur mon crâne, traîtresses de mon malaise soudain. Tout en moi, qu’il s’agisse de ma conscience ou de mon instinct, me hurle danger, me crie suicide, et ça n’est pas que pour moi que l’inquiétude se fait une place dans mon estomac. En piétinant quelque peu la neige sous mes pieds, j’observe mon double, presque parvenu à mi-hauteur. Là aussi, on dirait qu’il a passé sa vie à grimper, à retracer incessamment le même chemin, encore et encore, jusqu’à pouvoir quasiment le reproduire les yeux fermés. En quelle mesure est-ce vrai, cette fois-ci ? A chacun de ses mouvements, je sens mon cœur qui tambourine dans ma poitrine, l’angoisse qui le serre, l’appréhension d’un seul faux pas qu’il pourrait commettre. Aucun doute qu’une chute pourrait être mortelle, et j’en suis bien plus effrayé ici que je n’ai pu l’être au sommet des arbres.

« Noa…? » Ma voix, pourtant si basse déjà, s’est étranglée sur son nom, tant et si bien qu’il n’a pas dû m’entendre geindre —et c’est tant mieux. Pourtant, dans les instants qui suivent, le voilà qui retrace son chemin en sens inverse pour me rejoindre, et je ne peux réprimer un léger mouvement de recul, plus trop certain de savoir si grimper est une bonne idée. La neige, le froid ; tout ça a dû rendre les prises humides et précaire. J’imagine déjà les pires scénarios : une seule glissade, un instant d’égarement, et c’est foutu. Et je suis foutu. 

Peu sûr de moi, je baisse les yeux en direction de Noa qui m’a rejoint. Ses paroles, plutôt que me rassurer, me font l’effet d’un bain glacial dans lequel je tomberais tout à coup. A-t-il déjà frôlé la mort, ici ? Pire : combien de fois ? Mes oreilles s’agitent, sans se redresser. Je ne parviens pas à me défaire de la peur qui me retourne l’estomac, et je suis certain que mon trouble n’échappe aucunement à mon vis-à-vis. Pour cette fois, cela dit, je m’en moque. « T'es toujours partant ? » Ça tourne et retourne dans ma tête, comme une litanie, une provocation ; je devine qu’il y a dans son regard une lueur de défi, mais j’esquive soigneusement ses prunelles qui me fixent ; lorsque malgré tous mes efforts, je m’y attarde tout de même, ça ne dure qu’un instant avant que je ne me détourne de nouveau. Je déglutis, j’inspire, et puis je m’approche de la paroi, en lâchant un simple « toujours » pourtant mal assuré. Mes doigts courent sur la surface glaciale des pierres, et j’essaie de deviner lesquelles ont servi à la montée de Noa —celles sur lesquelles la neige a été chassée ou tassée. « Si je tombe, tu diras à mes parents que j’ai eu une mort héroïque, hein ? » J’essaie de ricaner, mais ledit rire s’étouffe dans ma gorge, alors j’abandonne l’idée.

J’inspire, encore.
Mes mains se referment sur deux prises au dessus de moi, et j’entame la montée.

L’angoisse des premiers pas passés, je grimpe un peu plus aisément, mais jamais dans la précipitation. Si je n’accorde pas de soin à beaucoup de choses, cette fois-ci je prends tout le temps qu’il me faut pour observer les prises desquelles je peux me servir, tout en tâchant de ne pas laisser mes muscles s’engourdir —ça aussi, ce serait l’échec assuré. A chaque fois que je me sens glisser, qu’importe qu’il s’agisse d’une main ou d’un pied, je change de prise, et s’il me faut dévier quelque peu plutôt que de monter aussitôt, je le fais, j’avise la distance qu’il me reste à parcourir en tâchant de ne pas me dire que c’est autant de chances restantes de tomber, de m’en aller me rompre le cou en contrebas. Et puis, je cède : je lance un regard vers le sol. Heureusement, je n’ai pas le vertige, me savoir en hauteur ne m’effraie pas, parce que je ne suis pas vraiment plus haut que je n’ai l’habitude de l’être, lorsque je m’en vais somnoler sur la branche d’un arbre ou d’un autre. Je crois que j’ai dépassé l’endroit où se trouvait Noa, plus tôt, lorsqu’il est redescendu vers moi, puisqu’à présent je ne trouve plus de prises délestées du poids de la neige. Je suis encore plus méticuleux qu’avant, lorsqu’il s’agit de vérifier la stabilité des prises, de m’assurer qu’elles ne céderont pas sous mon poids lorsque je m’appuierai dessus.

J’en vois presque le bout lorsque, en tendant la main vers une énième prise au dessus de moi, je me sens glisser, trop soudainement pour avoir le temps de me retenir sur la pierre que je visais, la seconde d’avant. La neige achève de se craqueler sous mon pied et, quand elle se dérobe tout à fait sous moi, me faisant déraper, je ne sais pas trop si je gémis, ou si mon souffle coupé m’en empêche. Mais c’est avec la force du désespoir que ma main gauche reste obstinément accrochée, alors que sa jumelle cherche à tâtons la première prise stable pour s’y maintenir. Je suis au plus près de la paroi : du peu que je me souviens de l’escalade du temps de l’école, c’était le conseil que l’on nous donnait pour éviter les chutes et réassurer son équilibre en cas où il avait été perturbé. Je crois que ça fonctionne, un peu. Mon pied retrouve un appui, et je m’autorise enfin à respirer. J’ai le souffle court, et mon cœur bas à tout rompre ; j’ai chaud, tout autant que mes mains sont gelées et malmenées par la pierre rugueuse. Une douleur remonte le long de mes bras, et je devine sans peine que si je ne bouge pas rapidement, j’aurai d’autant plus de mal à reprendre ensuite ; mais la panique ne me lâche pas, l’angoisse ne desserre pas son emprise sur ma gorge. Il y a une autre douleur qui remonte dans ma jambe, supportable, mais sans doute traîtresse d’un heurt lors de ma glissade. Rien qui puisse m’empêcher de poursuivre mon ascension cela dit ; rien sinon cette peur qui me prend aux tripes. 

Yeux fermés, visage enfoui dans le creux de mon bras, j’essaie de me calmer, de reprendre contenance, je sais qu’une fois en haut, ce sera derrière moi, je pourrai m’effondrer, que lâcher maintenant c’est crever, sans doute, mais rien n’y fait. Je sens mes joues me brûler, mes yeux picoter et, à nouveau, je dois me faire violence pour ne pas céder aux larmes. Putain, Rhap, reprends-toi. J’avale difficilement ma salive, serre plus fort la roche d’une main, pour agiter mon autre bras qui s’engourdit. Mais la peur de tomber reprend le pas, et je finis à nouveau tétanisé contre la surface froide, incapable d’autre chose sinon que de tâcher de m’auto-persuader que ça n’est pas si grave, que j’y parviendrai, qu’il suffit d’un dernier effort. Mais je n’y arrive pas, c’est au dessus de mes forces. Alors, tout à coup, je cède, je mets ma fierté de côté, quand bien même je sais que je le regretterai, un jour. « Noa...? Je peux pas, je te jure je peux pas, je-j’y arrive pas...» Je me sens tellement con que je ne peux m’empêcher de me mordre la langue jusqu’à ce que l’immonde goût métallique envahisse ma bouche, et je me retiens de cracher pour l’en chasser. Je jette un regard au dessus de moi ; il ne reste pourtant que quelques prises à peine pour en avoir fini. Mais je n’y arrive pas.

Non Rhap, cette fois-ci, t’étais pas vraiment cap.
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MessageSujet: Re: Sonate au clair de lune ; Noa   Sonate au clair de lune ; Noa Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:44

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hapsodie a peur. Noa le devine à son attitude. Il ne fuit jamais son regard en temps normal, quoi qu'il arrive, quoi qu'ils se disent. Mais il est bien trop fier pour l'avouer. Alors malgré l'angoisse qui l'habite, il s'approche de la pierre sous le regard neutre de Noa. Jusqu'où est-il capable d'aller pour ne pas perdre la face devant lui ? Jusqu'à frôler la mort ? Rhapsodie ne connaît pas l'escalade en pleine nature comme Noa. S'il glisse, s'il tombe, il meurt. Il en est conscient, il tente même d'en rire. Mais le trémolo dans sa voix le trahi. Il est effrayé, mais il s'y essaie quand même. Comme s'il ne prenait aucun risque. Comme lorsque l'on tente de résoudre une équation au tableau, devant toute la classe. Si le ridicule de l'erreur ne tue pas, la chute d'une certaine hauteur si. Qu'essaie-t-il de prouver ? Qu'il n'est pas faible ? Qu'il est capable de faire comme lui ? Noa fronce les sourcils. Ce gars a un pet au casque. Risquer sa vie comme ça … S'il avait refusé, il aurait comprit, il ne l'aurait pas forcé. Lui-même à frôler la mort plus d'une fois pendant ses ascensions. S'il a toujours continué, c'est tout simplement parce que la mort n'est pas une chose qui l'effraie. Il sait que, de toute façon, il ne manquerait pas à grand monde.

Rhapsodie s'élève lentement mais sûrement au dessus du sol. Noa l'observe en contrebas, attendant qu'il se soit hissé à une distance suffisante pour l'imiter. Son double est malin : il repère les morceaux de roche qu'il a agrippé un peu plus tôt afin de s'en servir. Son premier passage ayant déblayé un peu de neige, ces aspérités dans la paroi sont bien plus sûres. Une initiative intéressante, mais qui ne pourra l'aider jusqu'au sommet. Noa ne s'est hissé qu'à la moitié de la paroi avant de redescendre. Les prises vont rapidement se retrouver couvertes de neige et de verglas. En est-il conscient ? S'il se contente de marcher dans ses pas, il va rapidement être confronté à ce petit souci. Mais Noa est bien forcé de constater que Rhapsodie s'adapte rapidement à cet état de fait. Il a dépassé le point d'arrêt de sa première ascension, mais il continue. Plus lentement, plus méticuleusement, mais il continue. Alors Noa s'approche du mur de roches et grimpe à son tour, à l'aise comme un Magicarpe dans l'eau, jetant de fréquent regard au dessus de sa tête pour surveiller son faux jumeau.

Rhapsodie glisse, parfois, mais se reprend rapidement. Il change de prise dès qu'il la juge dangereuse, quitte à devoir progresser à l'horizontale avant de reprendre. Lorsqu'il déloge de la neige des rocs, certaines particules s'abattent sur le crâne de Noa. Plusieurs fois, il est obligé de secouer la tête pour se débarrasser de la sensation gelée dans ses cheveux. Ca le démange de filer jusqu'au sommet mais il se fait violence pour se retenir. Il aurait pu dépasser Rhapsodie au moins quinze fois, cependant il n'en fait rien. Après tout, c'est lui qui a embarqué Rhapsodie dans cette aventure grotesque. Alors à lui de s'assurer qu'ils parviennent à destination sans bobo. Alors il est important qu'il reste derrière lui pour le surveiller. S'il vient à glisser, il pourra toujours tenter de le rattraper- il ne préfère pas penser à des scénarii morbides. De toute façon, Rhapsodie semble plutôt bien se débrouiller. Il n'y a aucune raison que le reste de l'ascension se passe mal. Le sommet n'est plus très loin, maintenant. Ils y sont presque. Plus que quelques mètres, quelques prises, et ils seront en haut, au plus près de la lune.

Des graviers et de la neige pleuvent soudain sur Noa. En levant la tête, il réalise que Rhapsodie a glissé et qu'il cherche désespérément de nouvelles prises. Il est collé contre la roche, il ne lui a suffit que de quelques instants pour retrouver son équilibre. Mais il est figé, il ne bouge plus d'un millimètre. Immobile également, un petit mètre plus bas, Noa attend qu'il reprenne contenance afin de terminer l'ascension. Mais Rhapsodie ne bouge pas. Ses doigts sont contractés autour des deux pierres qui lui servent de prises. Lors de la glissade, sûrement s'est-il - pendant un instant - imaginé lâcher prise et s'écraser en contrebas. C'est une réaction normale lorsque l'on frôle de si près la mort. Noa l'a déjà ressenti des centaines de fois, dans sa vie. Même lorsque l'on sait que l'on est sauf, il demeure cette angoisse de glisser de nouveau si jamais on bouge ne serait-ce que d'un iota. Néanmoins, il est bien plus dangereux de rester sans bouger. Si ce n'est pas le froid qui aura raison de Rhapsodie, ce seront ses muscles. Et s'il relâche tout maintenant, même Noa ne sera pas en mesure de l'aider.

▬ Noa...? Je peux pas, je te jure je peux pas, je-j’y arrive pas...
Rhapsodie l'a avoué. Il n'est pas capable de terminer l'ascension. Mais ils sont bien trop près du but pour s'arrêter maintenant. Redescendre dans son état actuel est plus dangereux encore que monter. D'autant plus qu'un simple mètre le sépare du sommet. Ce n'est l'histoire que de quelques prises avant de retrouver le sol, plat et sans danger. Ils ne peuvent pas abandonner maintenant. Alors Noa reprend sa progression, franchissant la distance le séparant de Rhapsodie, puis s'écarte afin de venir se placer à côté de lui. Son double est tellement collé à la paroi qu'il semble vouloir ne faire plus qu'un avec elle. Alors qu'il se hisse au dessus de lui, une pierre cède dans sa main gauche et le fait glisser sur quelques centimètres. Mais Noa se reprend vite et se hâte de reprendre sa position. Sa main le brûle : la pierre a sûrement entaillé sa paume, mais il n'en a cure. Ce n'est pas une petite blessure comme ça qui va l'empêcher de continuer. C'est plutôt ce gars à côté de lui qui le ralenti. Il doit absolument le décoincer de là avant que les prises ne cèdent sous ses pieds. Même les plus solides peuvent finir par vous trahir.

Mais comment procéder ? Pour sûr, la provocation est inutile. Quand la peur vous prend aux tripes, les petites piques sarcastiques sont bien inutiles. Noa doit donc ranger sa meilleure arme contre Rhapsodie. Il ne peut pas tenter de le pousser non plus, ça risquerait de l'effrayer davantage. Et l'objectif du Noctali n'est pas de précipiter son ami vers la mort. Son cerveau tourne à plein régime tandis qu'il observe les prises que lui offrent la paroi. Il en repère quelques unes qui ne lui semblent pas trop mal, assez larges et solides pour soutenir Rhapsodie malgré son angoisse. Mentalement, il trace le chemin le plus sûr pour guider son faux jumeau jusqu'au sommet. Mais encore faut-il que ce dernier se décroche de la paroi. Et étrangement, ça s'annonce bien plus difficile que n'importe quel défi qu'il lui a lancé depuis leur rencontre. Leurs vies n'ont jamais été mises en danger, auparavant. Même dans les arbres, ils ne montent pas assez haut pour risquer une chute mortelle. Et de toute façon, ils y sont bien trop à l'aise pour craindre quoi que ce soit. S'habituer à l'escalade sauvage est déjà un peu plus ardu. Noa en vient vite à une unique conclusion : il va devoir compter sur la confiance de Rhapsodie à son égard.  

▬ Panique pas, crétin. T'es pas encore mort. Je vais te guider, alors décolle ta face de là.
L'important est qu'il reste fidèle à lui-même. Qu'il montre à Rhapsodie qu'il ne faut pas perdre son sang-froid. Même si ce n'est pas Noa qui est bloqué en ce moment même, ça ne veut pas dire qu'il ne s'inquiète pas – même s'il préfère crever la gueule ouverte plutôt que de l'avouer. Si le Noctali garde son attitude naturelle, il est certain de pouvoir mettre son double en confiance. Parce que s'il voit que Noa panique tout autant que lui, il ne risque pas de vouloir bouger d'ici. Le garçon sauvage pointe ainsi une prise juste au dessus de la tête de son ami. Elle est à porter de bras, assez épaisse mais solide. Celle-ci ne risque pas de lui rester dans les doigts. Avant de positionner ses pieds, il doit s'occuper de ses mains. Si ces dernières sont bien accrochées, elles peuvent le rattraper au cas où les prises des pieds glissent ou se dérobent. Eux, ils peuvent prendre appui plus facilement que les mains. Du moins, c'est l'impression que ressent Noa à chaque fois qu'il grimpe. Il a plus confiance en ses pieds qu'en ses mains. De plus, Rhapsodie a la chance d'avoir des chaussures, qui le protège des aspérités de la roche. Qu'il en profite.

▬ Attrape cette prise là, puis pose ton pied gauche ici. Tu m'fais confiance ? Alors fais ce que je t'ai dit. On arrive bientôt, fais pas ta flipette maintenant. Tu voudrais pas que ta maman pleure la chute de son Rhapidoutouchou, n'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: Sonate au clair de lune ; Noa   Sonate au clair de lune ; Noa Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:45

Le silence. Il n’y a plus que ça ; le silence et mon souffle court, entrecoupé, que je tente d’apaiser, pour ne pas céder pour une bon à une crise de panique. Inspire, expire. Ça fait mal, mes bras, ma jambe, mes poumons en manque d’air ; mes doigts aussi, épris de froid. Pas lâcher, pas lâcher, surtout pas lâcher. Je serre plus fort, et c’est plus douloureux encore. Chaque seconde passée à ne plus bouger me rapproche de l’instant où je ne tiendrai plus, même avec toute la volonté du monde. Coup d’oeil en bas ; erreur. Ça n’a pas l’air si haut, et pourtant je sais à quel point le risque est grand. A vue de nez, c’est proche, mais à vue de corps, pas sûr qu’il apprécie. Je serre les dents ; inspire, expire. Juste quelques prises, et c’est terminé, juste quelques prises, et je pourrai respirer vraiment. J’essaie, de desserrer mes doigts, détendre mes bras, attraper l’une ou l’autre des prises au dessus de ma tête. Je lâche à peine et j’y reviens aussitôt, j’ai l’impression que la moindre des pierres peut me trahir désormais —Noa avait raison, rien à voir avec le mur de l’école ; et quand bien même je n’en doutais pas, confirmation est faite et sans appel. Je ferme les yeux, encore —parce que c’est plus facile d’imaginer que je suis ailleurs qu’ici, dans une situation dont je ne suis pas certain de me tirer indemne.

Le bruit. Je papillonne ; une ombre sur ma droite, je lève la tête un instant. Il est là, il est là, tout près, et j’essaie encore de me calmer. Il est là, alors ça ira. Auto-persuasion, sans doute, mais ça m’empêche de flancher pour de bon. Il est là, panique pas. Il glisse, et j’étouffe un hoquet, de surprise et terreur mêlée. Non, non, il tombe pas, calme, il tombe pas, lui sait faire, calme, inspire. Je n’y arrive pas, j’ai le souffle coupé. Expire. Je n’y parviens pas plus, et chaque respiration me demande un effort considérable, presque douloureux. C’est le manque d’oxygène qui me tuera. « Noa…? » Voix basse, un peu moins cassée que je ne l’aurais cru ; peut-être parce qu’un murmure ne sait pas vraiment se briser ? « Panique pas, crétin. T'es pas encore mort. Je vais te guider, alors décolle ta face de là. » Je déglutis, serre les dents, grimace. Pas encore mort. Dans une autre situation, je rirais peut-être. Mais l’angoisse est trop forte, mes efforts pour conserver ma volonté de tenir bon intacte tout autant. Pas encore mort, la phrase prend un peu trop sens dans mon esprit. Pas encore, mais jusqu’à quand alors ?« Hm-hm... » Vague tentative d’acquiescement, avant de suivre soigneusement chacun des gestes qu’il fait, sans trop savoir s’il s’agit de trouver une issue à ma situation ou m’assurer qu’il ne tombe pas —un peu des deux, sans doute.

J’arrive à respirer, en songeant aussi fort qu’il m’est possible qu’il va me tirer de là, d’une façon ou d’une autre. Comment ? Je n’y réfléchis pas, sinon je cède encore. Pense pas, Rhap, pense pas. Toujours pareil ; pense pas, Rhap, pense jamais. « Attrape cette prise là, puis pose ton pied gauche ici. » Hein ? Je suis son regard, son doigt pointé ; une prise, là, juste au dessus. Une autres, plus bas, à portée de mon pied une fois mes mains assurées. Je n’ose pas bouger. « Tu m'fais confiance ? (une seconde d’hésitation, un vague hochement de tête, parce que ça fait presque mal à la fierté d’admettre que oui, aveuglémentAlors fais ce que je t'ai dit. » J’inspire, plus profondément que je ne l’ai fait depuis ma chute manquée. Le poids sur ma poitrine s’en va un peu, je lui fais confiance. C’est l’assurance dans sa voix qui me rassure, il sait ce qu’il fait, ce qu’il dit, il connaît cette roche mieux que je ne la connaîtrai jamais. Combien de fois est-il déjà monté ? Je suis presque certain qu’il connaît les prises par coeur. Alors je le crois, parce qu’il est ma seule chance de salut. « On arrive bientôt, fais pas ta flipette maintenant. Tu voudrais pas que ta maman pleure la chute de son Rhapidoutouchou, n'est-ce pas ? » Un instant de silence, le temps que je comprenne ce qu’il vient de dire. « Rhapidoutou... » je souffle —je grogne, plutôt— sans même achever. « putain attends que j’sois tiré d’affaire, tu paies rien pour attendre » J’ai retrouvé un peu de mon instinct râleur habituel. Bon signe ? Va savoir. 

Un coup d’oeil plus haut, et ma respiration se coupe à l’instant même pour ma main lâche la prise actuelle pour aller se saisir de celle que mon double m’a indiquée. Je ne réfléchis pas ; j’agis seulement, pour une fois. J’oublie qu’une erreur et je tombe, un faux pas et je crève ; j’oublie que ma vie est en jeu, et que je ne compte jamais sur moi-même pour la préserver. J’oublie tout, sinon la confiance que j’ai en Noa. Je crois tomber, mais je suis bien mieux équilibré que je ne pouvais l’être sur la précédente ; mon pied vient m’assurer que je me glisserai pas, quand bien même je l’ai récupérée dans la précipitation de la peur. Je ne sais pas si j’ai vraiment failli tomber à nouveau —je ne crois pas— mais mon coeur a manqué lâché —peut-être pas à ce point. Si j’écoute sa voix qui me guide, tout ira bien. Nouvelle inspiration avant que mon regard n’accroche la nouvelle prise ; je peux l’atteindre si j’ose seulement me redresser un peu. Une grimace, et j’ose. Je l’attrape, et ça n’est plus que trois prises au grand maximum qui me sépare de l’instant où je serai hors de danger.

Si je m’arrête encore, je ne reprendrai jamais.
Alors j’écoute, alors j’agis.
Alors, je continue.

Dans une presque précipitation maladroite, parce que mes bras douloureux commencent à trembler, mes mains moites à glisser. Je me sers de mes jambes pour me hisser plus haut, de mes mains pour m’assurer un équilibre même précaire, juste le temps que mes pieds montent sur des pierres qui tiendront bon. C’est lorsque je sens de l’herbe sous mes doigts en tentant d’attraper une autre prise que j’écarquille les yeux. J’y suis ; j’y suis. Je m’efforce à ne pas me presser, pour ne pas échouer si près du but. Je monte mes pieds d’une prise encore, et je me hisse sur la terre ferme à la seule force de mes bras. Souffle court, membres douloureux, je me traîne presque à quatre pattes loin du précipice, et je me laisse tomber sur le dos. Le froid de la fine particule de neige vient mordre mes doigts, s’infiltre au travers de mon sweat qui ne fera pas long feu face à l’humidité. Je regarde le ciel, dégagé, et je tends la mains vers ces quelques nuages que je n’attraperai jamais. Il y a quelques entailles, rien qui saigne, rien de vraiment douloureux non plus. Rien ne compte plus vraiment, sinon le fait que je sois en vie. En vie.

Mon bras retombe dans la neige lorsque je l’entends qui craque sous les pas de Noa, parvenu au sommet lui aussi. Qu’est-on censé dire, dans pareille situation ? Merci de m’avoir sauvé la vie ? C’est certainement un peu ça, au fond. Mais ce serait trop ridicule à dire. Comme dans un de ces navets qui passent à la télévision, toujours allumée sans personne pour la regarder avec attention. Je ne pose pas les yeux sur lui, tout entier à ma contemplation du ciel —et j’ai hâte qu’il fasse nuit, pour l’admirer plus encore. L’odeur de cannelle flotte toujours autour de moi. Chaleureuse et rassurante. « ... Merci » C’était presque un murmure, un peu hésitant, un peu gêné. Ça n’est pas dans mes habitudes de remercier, et j’ai l’impression que ça arrive un peu trop souvent lorsqu’il est dans les parages. Foutu Noctali. « Rassure-moi, y’a un autre chemin pour redesc- » Atcha.J’éternue, et c’est si soudain, presque douloureux entre mes côtes que je roule sur le côté, sans trop me soucier de ne pas arranger mon cas à rester allongé dans la neige. 

Eh merde, c’était trop beau pour durer.
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