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 Te retrouver ; Fuyuki

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Yûki
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Yûki


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MessageSujet: Te retrouver ; Fuyuki   Te retrouver ; Fuyuki Icon_minitimeDim 30 Juil - 11:33

Les trois silhouettes échangèrent un regard entendu, et puis se scindèrent dans autant de directions éparses. Forêt de Jade pour l’un, Mont Sélénite pour l’autre, les petites villes environnantes pour le dernier. Les trois, tout à la fois, étaient inquiets et ennuyés de la mission dont on les avait chargés : quelques gamins qui avaient été sauvés par Avalon, quelques semaines auparavant, ne cessaient de causer des ennuis, même encore aujourd’hui, alors qu’ils avaient trouvé refuge chez une habitante de Kanto. Forcément, comme on savait l’attachement qu’avait Akainu pour tous les enfants auxquels l’organisation venait en aide, il était de la partie. C’était lui qui était chargé de s’aventurer jusqu’au Mont Sélénite, bien qu’il était persuadé que le groupuscule de gosses n’aurait pas l’idée de s’aventurer jusque là. La forêt, par contre, lui paraissait plus attrayante pour des jeunes en quête d’aventure, et il aurait été plus sage de s’y rendre à plusieurs, afin de quadriller une plus grande surface de ce bois épais et profond, qui paraissait n’en jamais finir. Toutefois, il s’était plié aux ordres, et avait tenté de mettre un peu d’entrain à sa tâche. Pour une fois, il en manquait grandement, parce qu’il avait le sentiment d’agir inutilement. 

Pourtant, même ainsi, il s’efforçait de demeurer le plus sérieux et minutieux possible dans sa tâche, jetant des regards alentours et s’attardant là où des enfants pouvaient se dissimuler, dans l’espoir d’échapper à l’attention des grands et pouvoir poursuivre leur escapade. Une part de lui savait que c’était peine perdue, parce qu’il n’y avait rien à trouver ici, mais l’autre part ne pouvait se défaire de l’idée que, si mission lui avait été confiée, il lui fallait s’y tenir comme il se tiendrait à n’importe quelle autre.

Aux abords de la grotte, beaucoup de traces de pas. Celles d’humains, dresseurs à l’aventure, sans doute, plus ou moins jeunes, des scientifiques désireux d’en apprendre plus sur les hybrides, leur lieu de vie du temps où ils n’étaient encore que des créatures bien plus animales qu’humaines. Souvent, Akainu songeait qu’il aurait peut-être préféré vivre de ce temps-là, qu’il n’avait pourtant jamais connu. C’était stupide d’y penser, mais l’idée revenait souvent trotter dans sa tête, et c’était sans doute un peu pour ça qu’il avait poussé le vice jusqu’à rejoindre Avalon. Non, il ne se considérait pas comme l’égal des humains qui, eux, avaient besoin d’autres -des Pokémons- pour les protéger lorsqu’ils partaient sur les routes. Ses ancêtres, à contrario, étaient capables de vivre sans compter sur leurs pairs pour assurer leurs arrières. Et puis, il y avait Chronos… Comment, alors, ne pas voir les êtres humains comme des ennemis, des êtres vils et répugnants ? A deux exceptions près.

Puisqu’il n’y avait rien aux alentours de l’entrée, il se décida à s’avancer dans la grotte, dont lui revenaient des odeurs mêlées d’hommes et d’hybrides, qui ne parvenaient pas tout à fait à étouffer celle de l’humidité ambiante. Il ne s’était jamais aventuré à l’intérieur, et il dû avouer qu’il eut la chair de poule à la simple idée de se retrouver dans un endroit où l’eau suintait des murs, comme pour le narguer. Pourtant, bravement et en tâchant toujours de ne pas y toucher, il s’avança sous la voûte du tunnel, qui déboucha aussitôt sur une grande salle, plus éclairée qu’il n’aurait pu le croire. Un petit bassin d’eau claire s’était formé au pied d’un amas de pierres, et le ruissellement lui parvenait, résonnait contre les murs et les plafonds hauts, étrangement agréable à l’oreille. 

Demeurant sur ses gardes et à l’affût du moindre chahut d’enfants, il s’aventura dans les couloirs en réseau qui partaient de la salle, certains plus sombres que d’autres, mais toujours suffisamment clairs pour qu’il puisse s’y repérer sans avoir besoin d’enflammer quoique ce soit. Peut-être aurait-il dû emprunter une lampe torche, mais au moins était-il rassuré de n’en avoir finalement pas besoin : l’oubli ne lui en coûterait pas. 

Il marchait depuis une petite dizaine de minutes, tâchant de mémoriser chacun des pas qu’il faisait afin d’être capable de revenir en arrière, lorsque d’autres bruits lui parvinrent, extérieurs à ceux, naturels, de la grotte, de la faune et de la flore qui y avaient repris leurs droits. C’était d’autre chose, des pas semblables aux siens. Mais les résonances l’empêchèrent de deviner d’où ils provenaient. Aussi, sur ses gardes mais toujours détendu, il poursuivit son chemin, non sans jeter des regards alentours, pour s’assurer qu’on ne lui tendait pas un piège. Qui, au fond, à part lui, s’aventurerait jusqu’ici ? 

Il ne fallut qu’un instant avant que la réponse ne s’offre à lui.

Un instant, un pas, une voix. Un prénom, aussi. Le sien. Et une odeur, qui surpassa tout, celles de tous ces inconnus, celle de l’humidité, celle du renfermé, celles de la terre et des pierres. C’était trop familier, tant qu’il fut tout à coup figé, gelé de l’intérieur. Son coeur venait de manquer un battement, et il n’osait pas tout à fait se retourner. Il ferma les yeux un instant, déglutit, et puis, lentement, avec mille précautions, comme si se presser risquait de briser tout espoir, il se tourna, et fit face à celui qui se trouvait là, derrière lui. Il ne disparu pas lorsque son regard se posa sur lui.

« Fuyuki... »

Il était là, plus grand qu’il y a trois ans, l’air plus adulte, les prunelles plus dures, mais toujours de cet azuré qu’il aimait tant. Sous ses vêtements, on devinait les muscles taillés, entraînés. Il était là, face à lui, l’air en pleine santé. Et ça, Akainu n’en revenait pas. Que devait-il faire à présent ? L’envie était tentante de se jeter dans ses bras, mais quelque chose le retenait. Il ne savait pas ; qu’adviendrait-il à partir de ce moment-là ? Et si, et si… et si quoi, au fond ?
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MessageSujet: Re: Te retrouver ; Fuyuki   Te retrouver ; Fuyuki Icon_minitimeDim 30 Juil - 11:34

Les missions s’enchaînaient pour Fuyuki. Notre jeune Givrali n’avait pas une minute à lui depuis quelques temps. Comme si ses supérieurs voulaient le tester, vérifier de quoi il était vraiment capable, situer ses limites. Son endurance était donc mise à mal, mais ce serait sous-estimer le membre de Chronos que de le croire incapable de tenir le coup. Il y arrivait très bien, d’ailleurs, certainement mieux que prévu. Il en fallait plus pour le faire abandonner, bien plus. S’il voulait devenir digne de confiance aux yeux des plus hauts-gradés de Chronos, du plus grand même, il ne pouvait pas se le permettre. Ils voulaient le briser ? Et bien, qu’ils essaient. Un fin sourire arrogant et sarcastique se forma sur les lèvres de l’infiltré tandis qu’il essuyait son front couvert de sueur. On l’avait envoyé aujourd’hui dans la région de Kanto pour une mission de groupe. Ses coéquipiers se trouvaient déjà au Mont Sélénite d’après ses informations. Ils se trouvaient à Kanto depuis quelques jours déjà, mais Fuyuki avait dû finir une autre mission en cours avant de les rejoindre. Décidément, Oswald aimait s’amuser avec ses nerfs. Il n’avait pas eu le temps de prendre un jour de congé qu’il était déjà reparti. Même quelques heures auraient suffi pour se reposer, mais non même ça on le lui refusait. Enfin, c’était sans doute car on le savait endurant, ses supérieurs tout pressés qu’ils soient n’auraient pas pris le risque d’envoyer un mec au bout du rouleau pour cette mission capitale. Ils n’étaient, heureusement, pas si bêtes. Pour des humains, en tout cas. Car la majorité de ces derniers étaient trop stupides pour le jeune hybride infiltré. Oh, cela ne voulait pas dire que tous les humains l’étaient et qu’au contraire tous les pokemon à désormais forme humaine étaient intelligents. Non, non, le Nishimura savait très bien qu’on pouvait trouver de tout dans les deux camps. Et il devait avouer qu’à force de fréquenter les humains et de se faire passer pour l’un d’eux, il avait appris à les apprécier. Il y avait bien après tout des hybrides qui l’agaçaient ou qu’il n’aimait pas du tout, alors pourquoi mettre tous les humains dans le même sac ? Certains étaient fort sympathiques ou du moins respectables. Certes, ils n’étaient pas si nombreux que ça, mais ils existaient quand même. C’était peut-être pour les découvrir que le Givrali avait rejoint Chronos. Pour voir si même dans une telle pourriture d’organisation il y avait des humains plus intéressants que les autres. Sa curiosité n’avait aucune limite, après tout. 

Tout à ses pensées, Fuyuki avançait dans le dédale de la grande grotte d’Argenta. On disait que cet endroit refermait autrefois les très rares Mélofée et pierres lunes. Maintenant, ce n’était plus qu’une grotte ordinaire, mais il fallait avouer qu’elle était plutôt jolie. Pour une grotte, du moins. Soudain, les sourcils du membre de Chronos se froncèrent. Un bruit de pas. C’était peut-être un de ses « coéquipiers » venu le chercher, mais l’instinct du Givrali lui disait que ce n’était pas le cas. Les consignes étaient claires, c’était à lui de les trouver et non pas l’inverse. Et de ce qu’il savait de cette équipe elle était bien obéissante. Discrètement, furtivement, il fit alors glisser son poignard dans sa main, juste au cas où. On ne savait jamais. Une embuscade d’Avalon ou d’autres défenseurs d’hybrides était possible. Ou alors la famille d’hybrides qu’ils allaient bientôt pourchasser en personne. A moins que ce ne soit qu’un simple promeneur. Fuyuki réfléchissait toujours avant d’attaquer alors il n’allait pas se jeter sans prévenir sur l’intrus. Il ne le ferait que s’il estimait que sa vie était en danger. Et ce ne serait probablement pas le cas... Un frisson parcourut alors son échine. Cette odeur... Cette silhouette... Non... Ignorant son cœur qui s’était mis à battre la chamade, le Givrali rangea son poignard presque précipitamment et essaya de se calmer. Lui aussi ? Pourquoi ? La nausée l’envahit peu à peu. Pitié, faites qu’il ne tombe pas sur eux... Pitié, faites qu’il sorte d’ici au plus vite avant que mes coéquipiers ne le voient. Sans réfléchir, Fuyuki se mit à courir pour essayer de rattraper l’intrus. Qui n’en était pas vraiment un pour le coup. Car le Givrali aurait pu reconnaître son frère jumeau entre mille Pyroli. Il était sûr de ne pas se tromper. Il était sûr que ce n’était pas un mauvais tour de son esprit, une illusion quelconque créée par on ne sait qui pour le tromper. Non, c’était bel et bien...

- Akainu !

La voix du Givrali résonna dans la grotte, forte et pleine d’espoir. Il s’arrêta, se plia en deux après sa course effrénée, mais releva bientôt les yeux pour les planter dans ceux de son frère. Un sourire apparut sur ses lèvres, mais bientôt la réalité le frappa de plein fouet. Son cœur se serra douloureusement, ses mains se mirent à trembler. L’émotion des retrouvailles, bien entendu, mais aussi la culpabilité, la peur de se faire démasquer, la peur que son frère se fasse capturer ou pire, la peur de se faire détester ou juger...

- Tu... C’est bien toi ?


Il en était sûr, mais pourtant le doute persistait. Car c’était improbable. Hautement improbable qu’ils se retrouvent ainsi, ici, n’est-ce pas ? Après tout ce temps. Tremblant, retenant les larmes qui menaçaient de couler, le cadet Nishimura fit quelques pas mal assurés avant de se laisser tomber dans les bras de son frère. Ses mains s’empressèrent de serrer les habits du Pyroli comme pour s’assurer qu’il était bien là ou pour l’empêcher de partir, son museau huma l’odeur si sauvage qu’il connaissait par cœur et qui n’avait pas changé, ses lèvre s’étirèrent en un doux et fragile sourire. 

- Pardon, pardon...


Le Givrali répéta ces mots plusieurs fois sans s’arrêter, enfouissant son visage dans le torse de son jumeau. Bien sûr, ce dernier penserait uniquement à la fugue, mais pour le membre secret de Chronos ces excuses représentaient tellement plus... Mais, il ne pouvait pas le dire, non il ne pouvait pas. Trop de risques. Pour lui autant que pour son frère. Et puis, il savait que même sans ça, sa fugue suffisait à elle seule pour qu’il se fasse passer un savon... Il n’était pas suicidaire, hein.
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MessageSujet: Re: Te retrouver ; Fuyuki   Te retrouver ; Fuyuki Icon_minitimeDim 30 Juil - 11:34

Il était là, et Akainu n’en revenait pas. Il se souvenait de la colère qu’il avait ressenti, à l’annonce de la nouvelle, et plus encore lorsqu’on lui avait laissé lire le billet écrit à la va-vite et laissé par son frère. Il se souvenait des reproches, lancés à ses parents, tournés vers lui-même d’une certaine façon, les mots durs et un peu trop cruels, blessants, et qui s’était répétés mille fois chacun plutôt que de dormir, les nuits qui avaient suivi le départ de Fuyuki. Il se souvenait de l’angoisse qui l’avait étreint, lorsqu’il le cherchait, lorsqu’il appelait son nom dans la ville, dans la région entière, lorsqu’il frappait à toutes les portes, inquiet mais vaillant, mais que personne, jamais, n’affirmait l’avoir vu. Il se souvenait de la solitude, et de l’espoir, l’espoir qui se saisissait irrémédiablement de lui dés lors qu’il s’aventurait à l’extérieur. Il espérait, il y croyait. Il croyait le voir un peu partout, à chaque coin de rue, juste devant lui ou dans son dos. Ça n’était jamais qu’un faux espoir parmi tant d’autres.

Mais cette fois-ci, c’était impossible, ça n’était pas un simple songe, ni un fantasme de son esprit d’aucune sorte. Il était là, réel, tangible, son odeur envahissait l’espace, et sa voix résonnait. Ça résonnait, et ces intonations étaient celles qu’il avait cru oublier, parfois, quand le temps cherchait à faire son oeuvre. Il ne lui en laissait jamais l’occasion. Parce qu’il espérait encore, aveuglément. 

« Tu... C’est bien toi ?
— Fuyuki... souffla-t-il encore, incapable d’autre chose. »

Il le regarda qui s’approchait, sans oser esquisser le moindre des mouvements et, lorsque son frère s’écroula contre lui, dans ses bras, il ne su que faire de ses mains, l’espace de quelques secondes, qui lui parurent une éternité. Et puis, tout à coup, il sembla reprendre vie. Parce qu’il était là, et cette fois il ne pouvait plus douter. Aussitôt, ses bras se refermèrent autour de Fuyuki, qu’il ramena au plus près de lui, et enfouit son visage au creux du cou de son jumeau. Il sentait le froid de sa peau contre lui, son odeur qui lui avait tant manqué, son souffle au plus près de lui et, oh, Arceus, son sourire qui lui fit l’effet d’une bombe. 

« Pardon, pardon... »

Il serra plus fort encore sa prise sur le Givrali, comme peu désireux de le lâcher. Surtout pas, surtout pas maintenant qu’il venait de se trouver, après des mois et des mois passés à s’inquiéter, à se faire un sang d’encre, à se maudire de n’avoir pas été là comme il l’aurait dû. Parce qu’il avait toujours protégé Fuyuki, toujours été là pour qui et que, d’une certaine façon, il avait manqué à son rôle de frère en partant ainsi, sans presque un regard en arrière. Avait-il était égoïste, en s’engageant à Avalon, en laissant sa famille derrière lui ? Il ne parvenait pas à se détacher de l’idée que c’était de sa faute, quelque part.

« Je te jure, Fuyuki, je te jure, lâcha-t-il, difficilement, alors que sa voix se brisait. Si tu n’as pas des arguments bétons, je t’en fous une... »

Lentement, et avec mille difficultés, il tâcha d’avaler sa salive, et d’essayer vainement de reprendre contenance. Il tentait tant bien que mal de ne pas perdre la face, et pourtant ses yeux brillaient de larmes qu’il retenait, fièrement, et même si ça lui coûtait. Il tremblait, ses mains tremblaient dans le dos de Fuyuki, et lui tout entier s’agitait, frissonnait, rechignait à le lâcher. Il ne voulait pas, ne voulait plus. Plus jamais.

Pourtant, il s’écarta, tenant son frère par les épaules, pour le regarder bien en face. Ses yeux… Ce bleu, ce même bleu qui le narguait au dessus de Johto, dés lors qu’il y était en mission. Il garda le silence, un long moment, tout entier pris à le regarder, à chercher la vérité dans ses prunelles, à y chercher un pardon ou quelques réponses, c’était tout aussi bien. Il avait mille questions, et pourtant aucune ne franchissait ses lèvres. Peut-être qu’il en avait peur, de ses réponses, et qu’ils les redoutait, tout autant qu’il les désirait. Peut-être… Peut-être qu’il n’était pas si fort, pas si vaillant, finalement.

« Pourquoi ? Pourquoi t’es parti comme ça, sans rien dire, pourquoi… Pourquoi t’as pas appelé, pourquoi t’es pas venu me voir ? »

Il s’interrompit, parce que sa voix se brisait encore. Elle se fendait en morceaux, qui tintaient plus aigus à l’oreille, et plus difficiles aussi. La douleur qu’il lui avait causé se lisait jusque dans ses iris incendiaires, qui peinaient tant, au fond, à soutenir ceux de Fuyuki. Il déglutit encore, et toujours aussi difficilement. Il était là, et il n’aurait dû qu’être heureux. Alors pourquoi, pourquoi ça faisait si mal ? Pourquoi ça ne pouvait pas être plus simple, plus facile ? Pourquoi il était forcé de retenir ses larmes, pourquoi ses yeux le brûlaient alors même qu’il n’avait plus pleuré depuis bien longtemps ? Pourquoi n’arrivait-il pas à s’ôter de l’esprit que c’était de sa faute ? 

Pourquoi, tout simplement, n’arrivait-il pas à profiter de ces retrouvailles qui n’appartenaient à personne d’autre qu’à eux deux ?
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MessageSujet: Re: Te retrouver ; Fuyuki   Te retrouver ; Fuyuki Icon_minitimeDim 30 Juil - 11:35

Fuyuki n’arrivait pas à penser correctement. Il aurait dû se demander pourquoi son frère jumeau se trouvait ici, pour quelles raisons, mais il en était incapable. Il savourait juste le moment présent, serré contre le Pyroli en s’efforçant de supporter la chaleur qu’il dégageai, ce qui pour un type glace comme lui n’étaait pas facile. Mais, pas question de s’écarter. Pas encore. Akainu le serrait fort lui aussi et les deux frères restaient immobiles, interrompus seulement par les gémissement du Givrali. Ce dernier s’en voulait tellement. Son cœur était serré par la culpabilité et l’angoisse. Il avait clairement peur que son jumeau découvre la vérité, de se faire détester, chasser. Il ne le supporterait pas. Akainu était tout pour lui et le regarder dans les yeux était impensable vu ce qu’il avait fait. 

Chronos. Tout ce que son frère détestait. La preuve en était qu’il avait rejoint Avalon qui n’était pas vraiment connu pour l’amour porté à l’organisation criminelle. C’était bien normal, après tout. Il fallait qu’un hybride soit fou, stupide ou traître pour rejoindre l’organisation humaine. Quelle caractéristique s’appliquait à Fuyuk, au juste ? Probablement les trois en même temps. Et quel sort réservait-on aux traîtres et aux cinglés ? Le pire, sans doute. Un rire amer menaça de sortir de la gorge du Givrali qui se serra d’autant plus contre son frère. Les paroles de ce dernier parvenaient à ses oreilles et un sourire plein d’amertume apparut sur ses lèvres. Des arguments bétons, hein. Hélas, il n’en avait pas. Et dieu sait comme il ne voulait pas mentir en vérité. Cependant... Avait-il vraiment le choix ? S’il la révélait, cette hideuse vérité, il ne serait sans doute pas le seul à souffrir. Non, c’était trop dangereux, trop risqué, trop... dur. 

- Je suppose que ça ne passera pas si je te dis que c’était juste un caprice ? Ne me tape pas, je plaisante.


Relevant ses yeux azurs vers ceux écarlates de son frangin, le Givrali esquissa un petit sourire, puisant la force qu’il n’avait pas dans son désir de soulager le cœur de son frère, à défaut du sien. 

- J’avais besoin de... m’éloigner. De faire le point avec moi-même... Je ne pensais pas que ça durerait aussi longtemps. Excuse-moi...


Ce n’était pas complètement faux, ni complètement juste. Néanmoins, c’était ce qu’il avait décidé de livrer comme excuse. Même si cela ne suffirait sans doute pas pour échapper au coup promis par Akainu. Regarder son jumeau en face était tellement dur, mais il ne voulait plus fuir. Du moins... Essayer de ne pas le faire. Dans la mesure du possible. Même si, au fond, cela était plus des excuses qu’autre chose, n’est-ce pas.

- Quand tu es parti, je... Cela n’a pas été facile... Je ne pouvais pas rester à la maison sans rien faire alors que toi... tu avais rejoint Avalon pour te battre, faire quelque chose pour ce monde. Pour nous. Tu me manquais terriblement et j’aurais pu te rejoindre, mais je savais que Avalon n’était pas pour moi. Je ne regrette pas d’avoir cette apparence contrairement à leurs membres. Au contraire, je... je l’aime bien. J’avais besoin de voyager pour décider ce que j’allais faire de ma vie, tu comprends.


Arrête de mentir, Fuyuki. Arrête de dire une semi-vérité. Arrête de fuir. Pourtant, les mots qui voulaient sortir de sa bouche ne sortaient pas. Il ne pouvait pas le faire, il ne pouvait pas révéler toute la vérité. Qu’il n’était qu’un lâche, un traître, un menteur, un monstre de la pire espèce. Non, il ne pouvait pas. Pas maintenant qu’ils venaient de se retrouver. Il ne voulait pas le perdre à nouveau. Ce serait tellement dur, bien trop dur d’être séparés à nouveau. Retournant se coller dans les bras de son frère, ce fut lui qui passa ses bras autour de sa taille cette fois, refusant de le lâcher. Il avait beau avoir grandi pendant cette année difficile, il revenait le petit garçon fragile qu’il avait toujours été en présence de son « grand-frère ». Sa fierté en prenait un coup, mais cela n’avait aucune importance.

- Tu m’aimes toujours ?


Fuyuki n’avait jamais eu cette insolence sarcastique en présence de sa famille. Oui, il avait bel et bien changé malgré les apparences. Le caractère se forgeait au fil des années, évoluait et celui de Fuyuki ne faisait pas exception. La malice dans ses prunelles avait plus appartenu à Akainu qu’à lui pendant leur enfance. Mais tout le monde finissait par changer un jour ou l’autre, n’est-ce pas ?

- Toujours aussi insupportablement chaud, hein. J’espère que je ne vais pas fondre.
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MessageSujet: Re: Te retrouver ; Fuyuki   Te retrouver ; Fuyuki Icon_minitimeDim 30 Juil - 11:35

Il n’arrivait pas à y croire. Non, c’était trop… inattendu, trop soudain pour qu’Akainu parvienne si tôt à comprendre qu’il faisait bien face à la réalité, plutôt qu’à un simple fantasme de son esprit. Ça ne pouvait pas être vrai, c’était trop beau pour que ça le soit, et pourtant… Pourtant il y avait cette odeur qu’il aimait tant —même si, aujourd’hui, elle était sans doute un peu plus humaine qu’autrefois, un peu différente, sans qu’il ne puisse véritablement savoir de quoi il retournait vraiment—, et sa température si basse qu’il sentait même au travers de ses vêtements, quand il le serrait contre lui. Ça avait quelque chose d’un peu incroyable, qu’il soit là, et si Akainu aurait eu toutes les raisons de douter de la véracité des faits, il était rattrapé, comme happé par ces détails qui ne pouvaient pas lui mentir. Il ne connaissait que trop bien son frère, et ces choses qu’il connaissait plus que personne parce qu’il avait grandi aux côtés de Fuyuki suffisaient à le persuader que tout était bel et bien vrai. Son frère était là.

Et, pour sûr, il n’était pas prêt de le laisser repartir. Sans doute, si c’était possible, essaierait-il un peu plus tard de le faire revenir à la maison, avec ses parents, et Atsue, à qui il manquait, et qu’ils avaient tous les deux abandonnée, chacun à leur manière. Tous les deux en partant, en la laissant derrière. L’un, d’une façon un peu plus noble que l’autre, cela dit. Sinon, peut-être bien qu’il tenterait de lui soutirer des informations, un moyen de le revoir, de prendre des nouvelles, qu’importe s’il lui fallait déplacer des montagnes pour avoir le droit de passer ne serait-ce qu’un instant de plus avec son frère. Parce qu’à lui aussi, il avait manqué, et que l’absence d’un être aimé est sans conteste l’un des plus lourd fardeau que l’on puisse avoir à porter. 

En un sens, puisque le Pyroli connaissait d’un peu trop près la faucheuse, qui n’avait pas manqué de tutoyer on ne peut plus familièrement celle qui avait fait naître des rêves dans son coeur et avait allumé nombre d’étoiles dans son regard, peut-être craignait-il chaque jour un peu plus d’apprendre qu’il ne le reverrait pas, lui non plus. Son frère bien-aimé.

« Je suppose que ça ne passera pas si je te dis que c’était juste un caprice ? Ne me tape pas, je plaisante. »

Il s’était crispé, tout à coup, le Pyroli. Il ne pouvait pas rire, pas de ça, pas d’une fugue qui l’avait fait mourir d’inquiétude, pas alors qu’il culpabilisait, se persuadait que c’était de sa faute. Pas alors qu’il avait hurlé sur leurs parents, les faisant presque se sentir comme indignes d’être ce qu’ils étaient. Pas alors que leur mère, que leur soeur avait pleuré, pas alors qu’il avait l’impression que tout ceux qu’il aimait, que tous ceux qui le faisaient vivre s’en allaient, chacun à leur façon et un par un. Ça n’était que deux, au fond ; mais c’était son frère, son essentiel, et sa petite amie, son étoile. C’étaient ceux qui comptaient un peu trop pour qu’il puisse rire d’avoir perdu l’un ou l’autre, rire d’une quelconque plaisanterie sur ce qui l’avait rongé, si longtemps, provoquant des blessures qui ne guériraient jamais vraiment.

Même face au sourire de son frère, à ces deux prunelles céruléennes qu’il aimait tant, il ne parvint pas à se détacher de cette colère qui avait pris place, dans son regard à lui, ce regard ambré, sévère, empli d’incompréhension. Ce regard, déçupeut-être, blessé sûrement.

« J’avais besoin de... m’éloigner. De faire le point avec moi-même... Je ne pensais pas que ça durerait aussi longtemps. Excuse-moi... »

S’éloigner ? Faire le point avec lui-même ? Pourquoi, pourquoi de cette façon, pourquoi comme ça, pourquoi sans jamais rien dire ? Pourquoi sans donner de nouvelle, sans rien laisser d’autre qu’un morceau de papier, que quelques taches d’encre sur celui-ci, des explications plus troubles encore que celles qu’il s’apprêtait à lui livrer. L’excuse servie sur un plateau d’argent ne parvint pas à le satisfaire, le frustra plus encore, fit naître mille reproches à jeter à la figure de son frère. 

Lui aussi, avait eu besoin de s’éloigner, lui aussi, avait eu besoin de faire le point avec lui-même. Mais il n’en avait pas eu l’occasion, il avait fait le fier, il était resté, sur les lieux mêmes qui ne lui rappelaient que trop ce qu’il avait perdu, avec les regards plein d’une pitié si écoeurante qu’elle lui avait donné la nausée, maintes et maintes fois.Il était resté, là où il crevait à petit feu, là où son erreur, ses failles lui revenaient, encore, et encore, sans qu’il ne puisse jamais vraiment avoir de répit. Il avait affronté ce qui le tuait, avec la lenteur et la délectation d’un poison si acide que même lui ne supportait pas la morsure brûlante qui dévorait ses chairs de l’intérieur. Mais lui, il était resté.

« Quand tu es parti, je... Cela n’a pas été facile... Je ne pouvais pas rester à la maison sans rien faire alors que toi... tu avais rejoint Avalon pour te battre, faire quelque chose pour ce monde. Pour nous. Tu me manquais terriblement et j’aurais pu te rejoindre, mais je savais que Avalon n’était pas pour moi. Je ne regrette pas d’avoir cette apparence contrairement à leurs membres. Au contraire, je... je l’aime bien. J’avais besoin de voyager pour décider ce que j’allais faire de ma vie, tu comprends. »

Il était parti, il lui manquait. Encore une fois, c’était ses torts qu’on lui renvoyait à la figure, c’était sa culpabilité qui revenait le frapper de plein fouet. Il était parti, et Fuyuki avait suivi, différemment, il était parti à sa façon. Il n’avait que suivi l’exemple, au fond. S’ils étaient jumeaux, triplés même, Akainu avait toujours tenu un peu le rôle de l’aînée, au milieu du Givrali et de la Nymphali. Il s’était mis seul ce poids sur les épaules, et il avait du mal à en assumer les conséquences. Il avait souffert du départ d’Oz avant lui, et pourtant, c’était précisément ce que lui-même avait infligé à sa fratrie, en s’engageant dans la cause d’Avalon.

Mais c’était qu’il détestait l’injustice, et c’était qu’il voulait se battre, faire au moins quelque chose de sa vie, c’était qu’il avait rejoint les rangs d’une guerre aux idéaux un peu trop utopistes sans doute, mais avec le désir de voir un monde meilleur se fonder, se bâtir par dessus des ruines d’une vieille époque. Sa vieille époque, celle de sa génération et de la précédente, qui vivaient sous la peur permanente de Chronos et de quelque bourreaux parmi les humains. C’était qu’il luttait pour une cause, au fond, et pas seulement pour lui. C’était qu’il avait renoncé à demeurer paisiblement aux côtés de sa famille, sans songer, sans imaginer les conséquences et les répercussions —la perte, la douleur, le deuil, la colère, le sang sur ses mains—, mais c’était au nom de son espèce. Pas d’un… caprice ?

L’étreinte de son frère, il ne trouva pas la force d’y répondre véritablement, cette fois. Parce qu’il y avait la colère qui grondait en lui, tout à coup, et rendait son regard sans doute bien plus brûlant qu’il ne pouvait l’être au quotidien. Parce qu’il y avait la rancoeur, aussi, quelque part. Parce que, quand bien même, dans les yeux des Fuyuki, il lisait tant d’excuses qu’il aurait dû être capable de pardonner, il n’y parvenait pas. Les choses ne pouvaient pas être aussi simples.

« Tu m’aimes toujours ? lâcha son frère, d’un ton qui fit à peine frissonner le Pyroli. Toujours aussi insupportablement chaud, hein. J’espère que je ne vais pas fondre. »

Et Akainu le lâcha. Ce fut aussi facile que ça, il le lâcha, il s’écarta. Une part de lui hurla, se débattit ; non, non, le lâcher, c’était lui laisser l’occasion de s’en aller, de l’abandonner, encore. C’était lui ouvrir une porte vers un autre au revoir dont il ne voulait pas. Mais la rage bouillonnait trop fort, en lui. Alors, il se mit à faire les cent pas, d’un bout à l’autre de la largeur du couloir dans lequel ils se trouvaient, comme un fauve en cage. Il grogna, quelques mots inaudibles sans doute pour Fuyuki, avant qu’il ne vrille tout à coup ses incendiaires au plus profond des azurs de son frère.

« Si je t’aime toujours ? tonna-t-il, la blessure de son coeur rendue si réelle par sa voix qui tremblait. Bien sûr que je t’aime toujours, abruti ! Sinon, tu crois vraiment que je serais dans cet état ? Tu crois vraiment que si je ne tenais pas à toi, j’aurais cette irrépressible envie de te frapper pour ta connerie profonde ? »

Il s’égosillait, et il avait du mal sans doute à mettre ses idées au clair. Mais c’était que Fuyuki était sa famille, son frère, sa faiblesse, aussi. C’est que l’idée de l’avoir perdu lui avait paru insupportable, qu’il l’avait rêvé, espéré partout, tout le temps, comme si des prières pouvaient changer les choses, le faire revenir, le ramener à lui. Il s’était illusionné, un peu égaré, pour faire moins peser le poids de l’absence sur ses épaules. Et, aujourd’hui, ce poids se faisait plus lourd que jamais, parce qu’il y avait l’incompréhension et les non-dits. 

« Est-ce que t’as seulement pensé à papa et maman, avant de te barrer comme un voleur ? T’as pensé à Atsue, aussi ? Et, putain, t’as pensé à moi, un peu ? Sa voix venait de se briser, mais sa colère ne faisait que monter crescendo. Il se saisit des épaules de son frère, avec la force du désespoir, pour qu’il ne se dérobe pas à lui, pas à ses yeux accusateurs. Ça t’aurait tué, de partir autrement qu’avec ton putain de mot qui ne voulait rien dire ? Ça t’aurait tué, de dire ‘papa, maman, j’ai besoin d’un peu de temps pour moi’ ? Tu crois qu’ils sont idiots, tu crois qu’ils n’auraient pas compris, tu crois qu’ils t’en auraient empêché ? Tu n’es donc bien qu’un imbécile fini, Fuyuki ? »

Ses mains se refermèrent avec plus de force encore sur les épaules de Fuyuki. Il prenait soin à ne pas lui faire trop de mal, mais il savait que la colère l’empêchait de demeurer raisonnable. Surtout lorsque ça concernait la prunelle de ses yeux.Il déglutit, avec tant de difficulté qu’il cru ne jamais y parvenir. 

« Ça t’aurait donc tué, de nous prévenir, plutôt que de nous laisser, nous, crever à petit feu de ne pas savoir ce qu’il advenait de toi ? Est-ce que t’imagines seulement combien maman a pleuré, combien Atsue a pleuré ? Combien nos parents s’en sont voulu, combien je m’en suis voulu ? Il s’interrompit, et la colère se dissipa, faisant peu à peu la place à la tristesse, à cette déception qu’il ressentait lorsqu’il regardait Fuyuki désormais. Ça t’aurait tué, de nous dire trois mots pour nous rassurer, plutôt que de nous crever avec ton égoïsme ? »

Et puis, il l’abattit.
Ce dernier coup, qui faisait bien plus mal que tous les autres.

« Si au moins, t’avais pas été lâche au point de te barrer sans rien dire, si au moins t’avais eu le courage d’assumer… je crois que je n’aurais pas tant de mal à t’accorder mon pardon. »
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MessageSujet: Re: Te retrouver ; Fuyuki   Te retrouver ; Fuyuki Icon_minitimeDim 30 Juil - 11:35

Fuyuki ne savait pas vraiment quoi penser de ces retrouvailles. Oh, bien sûr, il était plus que ravi de revoir son frère jumeau. Il lui avait tant manqué. Le voir, le sentir contre lui, sentir son odeur sauvage, l’entendre, tout ça le comblait. Mais la peur tenace dans son cœur ne voulait pas disparaître. Que se passerait-il si Akainu apprenait la vérité ? Ce serait probablement la fin de tout. Leur fin. Et le Givrali ne voulait pas y penser. Pourtant, cela le hantait. Jour après jour, heure après heure, seconde après seconde,, cette peur le hantait. Il ne supporterait pas de perdre définitivement sa famille, surtout son frère jumeau. Et pourtant, une petite voix lui soufflait sans cesse qu’il les avait déjà perdus. Comme vous pouvez vous en douter, cette idée lui était absolument insupportable. C’était pour cette raison que ses proches ne devaient jamais savoir la vérité. Ils ne devaient pas savoir. A aucun prix. C’était autant pour leur sécurité que pour la sienne qu’il se taisait en cet instant. Il aurait pu tout avouer, faire confiance à son frère, son jumeau qui avait toujours été là à ses côtés. Mais non. Akainu l’avait déjà abandonné une fois... Il ne voulait pas le perdre à nouveau. Il ne le supporterait pas. Il ne pouvait prendre ce risque. Et ce malgré la honte et la culpabilité qui serraient son cœur comme avec une tenaille. Il aurait voulu s’excuser, le supplier de le pardonner, mais il ne pouvait pas. Il devait vivre seul avec cette souffrance, avec sa trahison. Il avait décidé d’infiltrer Chronos, personne ne l’y avait forcé. Il était donc le seul à pouvoir vivre avec cette décision. Pour le restant de ses jours. Ou du moins jusqu’à ce qu’il se fasse attraper, en espérant que cela n’arrive oh grand jamais... Ah, si seulement tu pouvais lire le futur, très cher Fuyuki, nul doute que tu fuirais en emmenant ta famille à l’autre bout du monde, loin de Chronos et loin de cet homme... Même si ce n’était pas sûr qu’un seul endroit sur Terre était à l’abri de leurs griffes.

Fuyuki remarqua la tension qui, au fur et à mesure de ses paroles, envahissait Akainu. Ou du moins, il pouvait la deviner. Il savait que ses mots ne voulaient pas dire grand-chose, ce n’était que des mots après tout. Des mots plus destinés à dire quelque chose, à tenter qu’à avoir un réel sens. Le Givrali avait conscience de cela, mais il ne pouvait se taire. Même s’il savait aussi qu’il envenimait probablement les choses. Qui a dit que les hybrides étaient devenus plus intelligents en se rapprochant des humains ? Ce sourire était faux, comme ces mots. Car la peur ne le quittait pas et on ne peut mentir à ses émotions. Elles sont toujours présentes, parfois cachées, mais jamais disparues. Même alors qu’il se trouvait tout contre celui qui était toujours parvenu à le rassurer, il la sentait. Cette peur dévorante, cette terreur envahissante. Et cela faisait mal. Pourtant, il n’avait pas le droit de se plaindre, il le savait si bien. Akainu s’écarta et cela ne le surprit même pas. Oh, cela ne diminua pas la souffrance ressentie, mais il ne pouvait lui en vouloir ou protester. Il le méritait, cela ne servait à rien de le nier. S’accrocher ne ferait qu’aggraver la situation. Se détournant légèrement sur le côté pour éviter le regard fraternel, Fuyuki admira les parois de la grotte qui étaient tout d’un coup fascinantes. Son corps tressaillit quand les paroles de Akainu résonnèrent comme du venin. Mais le Pyroli avait parfaitement le droit d’être en colère et c’était sans doute ça le plus terrible. De savoir que c’était légitime. Que c’était normal de subir tout ça. Car il avait fait souffrir sa famille sans doute comme pas possible pendant cette dernière année écoulée. En disparaissant complètement, sans un mot ou presque. 

C’était vrai, il était lâche, il n’avait pas eu le courage de leur dire ce qu’il pensait en face. Il avait préféré fuir. Il préférait encore aujourd’hui être lâche et mentir comme le misérable qu’il était... Pitoyable chose. Quand il leva les yeux vers son frère, des larmes coulaient sur ses joues sans qu’il sache vraiment pourquoi. Mais la colère l’envahissait également. Etait-il vraiment le seul fautif dans cette histoire ? Jamais il n’aurait eu envie de partir si ses frères n’étaient pas partis ! Si ils étaient restés une famille unie et présente jamais cette idée ne l’aurait effleuré ! C’était peut-être égoïste de penser ainsi, mais Fuyuki n’avait jamais prétendu avoir mûri. Il restait le sale gamin qu’il avait toujours été et ne ressentait même pas de honte pour ça. Sa souffrance avait été plus grande que ce que les autres avaient pu imaginer quand il avait vu ses frères partir l’un après l’autre... Au point qu’il en avait commis l’irréparable pour oublier la douleur, car oui au départ c’était la seule raison qui l’avait poussé à rejoindre Chronos. Ses idéaux n’étaient venus qu’après, du moins si on pouvait les appeler comme ça. Car au fond, était-il autre chose que égoïsme ? Car oui, il n’avait jamais vraiment pardonné à son jumeau d’être parti ce jour-là... Et ça, c’était probablement très égoïste. 

- Vas-y, frappe-moi si ça te fait plaisir. Je le mérite sûrement. Et je suis un abruti fini, c’est sûr... Mais tu crois que ça me fait plaisir d’être comme ça ?! D’être aussi lâche et égoïste ?! De ne pas arriver à changer ?! Tu crois que je n’ai jamais culpabilisé ?! Que cela ne m’a rien fait de partir comme un voleur de ma propre maison, de faire pleurer ma sœur et ma mère ?! De vous décevoir toi et papa ?! C’est justement parce que j’avais trop honte de revenir que je ne l’ai pas fait ! 


Pitoyable excuse. Il le savait bien. Mais c’était la vérité, ou du moins une partie de la vérité. Car d’autres raisons il y en avait et pas qu’une seule. Il ne chercha pas à se dégager quand son frère le saisit par les épaules. Les larmes coulaient encore sur ses joues et il n’avait plus assez de volonté pour les faire disparaître. De toute manière, il sentait que ce serait inutile. Elles ne s’arrêteraient pas aussi facilement. Car il avait bien trop honte devant celui qu’il estimait, qu’il aimait tant. Malgré la joie de le revoir, il aurait peut-être préféré que cela n’arrive pas... C’était plus facile que d’affronter ce regard déçu et furieux. 

- C’est vrai, je ne suis qu’un égoïste... Mais ce ne serait jamais arrivé si tu n’étais pas parti, monsieur je veux sauver le monde pour une cause futile !

Alors là. Plus hypocrite, tu meurs. Mais bien sûr, Akainu ne pouvait pas le savoir. Il ne pouvait pas savoir que son frère adoré espionnait l’organisation la plus dangereuse au niveau international pour la cause des hybrides. Il ne pouvait pas savoir que s’il disait ces méchancetés c’était pour amoindrir la douleur qui enserrait son cœur. Il ne pouvait pas savoir que son frère s’en voulait terriblement, mais qu’il n’arrivait pas à l’exprimer pleinement. Oh, comme Fuyuki aurait aimé tout avouer. Mais, oh combien il avait peur de le faire. 

- Tu crois vraiment pouvoir sauver le monde de Chronos ? La bonne blague ! Ils sont trop forts ! Oswald est hors de notre portée ! Tu n’as absolument aucune idée de combien ce mec est invulnérable ! 


Fuyuki se tut, soudain conscient de son énorme erreur. Comment pouvait-il savoir cela serait la question que Akainu allait forcément se poser. Crétin. Comment pouvait-on être aussi bête ?! Mais c’était trop tard pour reculer. Il fallait trouver une excuse à servir et vite. Son frère n’allait probablement pas le lâcher. Et le Givrali était presque sûr de se prendre un coup à présent. Mais il ne s’attendait pas à être encore plus achevé. Son corps tout entier tressaillit et il leva un regard désespéré vers son frère. Bien sûr. Il aurait dû s’en douter. C’était compréhensible. Même plus que compréhensible. Mais qu’est-ce que ça faisait mal, bordel... Un rire des plus amers sortit de sa gorge, un rire déchirant de part sa tristesse et son amertume. Son regard se planta dans celui de son frère à travers ses mèches azur.

- Ah, ça tombe bien. Je ne sais pas comment me pardonner non plus, tu vois...
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MessageSujet: Re: Te retrouver ; Fuyuki   Te retrouver ; Fuyuki Icon_minitimeDim 30 Juil - 11:36

Il lui en voulait. Oh, oui, il en voulait à Fuyuki, au moins autant qu’il s’en voulait, à lui-même. Il en était déjà persuadé, que c’était de sa faute, si son frère s’était enfui sans un mot, dans le secret le plus total ; et il venait d’en avoir la confirmation. Il ne savait pas tout à fait s’il préférait le temps où il n’était pas encore certain d’être coupable de son départ, mais sans doute était-ce moins douloureux d’être capable d’envisager d’autres causes, d’autres raisons à cette fugue précipitée. Maintenant, il ne pouvait s’empêcher d’imaginer tout ce qui aurait pu se produire, en un an ; c’est long, un an. Pire encore lorsque le monde n’est pas sûr, lorsque l’organisation Chronos laisse traîner ses sbires dans toutes les régions, lorsqu’ils cessent de se satisfaire de leur royaume et désirent en faire un empire. Akainu détestait ça, savoir que même s’il partait, un jour, il ne trouverait jamais d’endroit sûr, libéré de l’emprise de ceux qui voulaient tant les voir tomber. Les hybrides étaient prisonniers de la crainte, où qu'ils aillent, et il ne supportait pas cette idée. C’était pour renverser les choses qu’il se battait, c’était pour assurer la sûreté des hybrides — peut-être pas de tous, mais d’autant qu’il le pouvait, d’autant qu’il en avait la force — qu’il luttait. C’était pour qu’un jour, l’un de ses pairs puisse se sentir pleinement en sécurité, libre de marcher dans les rues sans avoir à camoufler sa nature, sans craindre que l’on ne vienne le capturer, l’enfermer et le maltraiter pour le restant de ses jours. Sans se méfier de la folie humaine, ni d’aucune autre.

« C’est justement parce que j’avais trop honte de revenir que je ne l’ai pas fait ! » 

La honte. Il la connaissait, quand bien même il ne l’avait jamais admis. La honte, d’avoir échoué, d’avoir failli ; d’avoir manqué à protéger celle qu’il aimait. C’est pour ça qu’il s’était tu, qu’il l’avait caché à sa propre famille, il avait menti, souri, plutôt que d’affronter cette vague de répulsion qu’il éprouvait envers lui-même, à l’époque — qu’il éprouvait toujours, parfois, lorsqu’il se perdait à songer aux prunelles d’acier brûlant de celle qui était tombée, à la douceur de ses cheveux entre ses doigts, ces mèches dont il n’avait jamais su définir véritablement la couleur si particulière, ce bleu métallique qui le fascinait, quelquefois d’argent sous les reflets de la lumière, à la chaleur de sa peau contre la sienne, qu’il sentait comme si sa propre nature de Pyroli ne comptait pas lorsqu’elle était près de lui. A se rappeler, Akainu se sentit défaillir ; pourtant, il ne céda pas : il ne montra pas son trouble, il ne laissa pas la douleur empiéter sur ses iris ambrés, il ne laissa pas ses mains trembler sur les épaules de Fuyuki — il ne pouvait pas ; aujourd’hui encore, avouer ce qu’il avait préféré taire et endurer seul pour n’inquiéter personne était au dessus de ses forces.

« C’est vrai, je ne suis qu’un égoïste... Mais ce ne serait jamais arrivé si tu n’étais pas parti, monsieur je veux sauver le monde pour une cause futile !
— Fuyuki…! lâcha-t-il, le souffle court comme s’il venait de produire un effort considérable.
— Tu crois vraiment pouvoir sauver le monde de Chronos ? La bonne blague ! Ils sont trop forts ! Oswald est hors de notre portée ! Tu n’as absolument aucune idée de combien ce mec est invulnérable ! 
— FUYUKI ! »

Il avait tonné, tout à coup, avant que la colère ne retombe aussi vite qu’elle avait jailli. Alors, il avait reculé d’un pas, le relâchant du même coup, plus capable de faire durer le moindre des contacts physiques entre son frère et lui. Il avait l’impression de s’être brûlé, et il y avait comme des picotements qui remontaient le long de ses doigts, les lui gelaient et couraient ses veines tel un courant d’air glacial. Il était blessé, et il ne savait trop si c’était des mots de son frère, ou de sa propre stupidité.

« ... Tu crois vraiment que j’espère encore sauver le monde ? souffla-t-il, le ton suffisamment bas pour que sa voix ne tremble pas. Je ne suis plus un enfant qui croit aux contes de fées, Fuyuki… Je défends une cause un peu plus noble que celle des chevaliers en armure de papier mâché, si tu vois ce que je veux dire. »

Il ricana, doucement, et ce rire ténu suffisait à trahir son trouble, sa faiblesse ; son frère avait touché l’une de ses cordes sensibles. Avalonsa fierté, son espoir, sa défaite, sa victoire. Cette deuxième famille, jamais aussi précieuse que celle du sang, mais celle qu’il côtoyait à présent au quotidien. C’était ceux qui connaissaient ses colères, ses rires, sa spontanéité aussi bien que ses impulsions, ceux qui l’avaient vu perdre ses ailes mais rester debout, ceux qui avaient enduré ses regards lourds de reproches lorsque, sur son passage, ils récitaient inlassablement le récit du jour où sa vie s’était tout à coup mise en suspens, l’an passé, ceux qui avaient su, à force de patience et d’essais manqués, faire résonner son rire de nouveau, alors qu’on le croyait éteint pour toujours. 
Son regard s’était assombri, lorsqu’il le reporta sur Fuyuki — car il l’avait un instant plus tôt détourné, sans trop savoir si c’était pour que son jumeau n’y lise pas toute sa peine, ou si c’était autre chose — et sa voix se fit aussi plus sourde, accusatrice ; il y avait même un grondement qui résonnait dans le fond de sa gorge lorsqu’il reprit.

« Et qu’est-ce que t’en sais, de la toute-puissance de Chronos et de son dirigeant ? Qu’est-ce que t’en sais, de leurs moyens, de leur invulnérabilité, de leur capacité à vouer Avalon à l’échec ? (il serrait les poings, et chaque mot lui coûtait plus encore que le précédent) Certains hybrides ne croient plus qu’en nous pour leur salut, ils ont cessé de prier Arceus et c’est notre intervention qu’ils espèrent… Tu voudrais les priver de ça, de ce qui leur permet de ne pas baisser les bras ? Jusqu’à quel point es-tu devenu égoïste, Fuyuki ? »

Il avait sifflé ces derniers mots entre ses dents, les avait presque crachés, venimeux, et peu inquiet quant à l’idée de lui faire du mal — c’était ce qu’il pensait, la réalité qui prenait place dans son esprit, et il était trop proche de Fuyuki, trop soucieux de ce qu’il advenait de lui, du frère qu’il avait connu et qu’il avait l’impression de voir s’échapper pour lui faire des mystères sur ce qu’il ressentait réellement. Il était devenu égoïste, et c’était une idée qui donnait la nausée à Akainu.

« Y’a même pas un mois, ces enfoirés se sont traînés jusqu’à Johto pour capturer les gamins d’un orphelinat. Jusqu’à Johto, bon sang, jusqu’à chez nous. Tu réalises un peu ? Si y’avait eu Atsue sur leur passage, tu crois qu’ils en auraient fait quoi ? T’aurais pas voulu qu’il y ait des types assez stupides pour défendre une cause futile qui soient là pour la sauver ? Non, ça aussi, ça te passe au dessus, l’idée que même nous, ici, chez nous, on soit menacés ? Ça aussi, c’est futile, d’après toi ? »

Les poings serrés, il se retenait ; de frapper, de hurler. Il canalisait la colère qui reprenait lentement ses droits en mots assassins, en sifflements méprisants, en tremblements qu’il ne savait pas calmer et qu’il ne cherchait plus à camoufler. A nouveau, il se mit à tourner comme un fauve en cage, jusqu’à en avoir la tête qui tourne et la vue trouble. Alors, seulement, il s’arrêta, s’appuya le dos contre un mur de pierres humides, se pinça l’arrête du nez. Il ne décolérait pas, et il détestait cette sensation de n’être plus maître de ses émotions, celle de n’avoir plus aucun contrôle sur elles, ni sur ce qu’elles étaient capables d’engendrer chez lui.

« Je n’entends pas sauver le monde, je sais bien que c’est pas possible, ça. La paix on ne l’aura jamais, parce qu’il y aura toujours des enflures pour défendre la suprématie humaine, même Chronos renversée. Mais j’aimerais rendre la vie de quelques hybrides plus facile, même si ça n’est que pour une poignée d’entre eux. J’aimerais que quelque part, un jour, il y en ait qui n’aient plus à craindre Chronos comme une épée de Damoclès au dessus d’eux. »

Il esquissa un sourire, un peu forcé, du même coup un peu triste, alors qu’il plongeait son regard au plus profond des azurs de Fuyuki, comme à la recherche d’une vérité qu’il ne lui donnerait jamais de vive voix — il en était presque sûr, que son frère lui cachait quelque chose ; il n’était simplement pas certain de vouloir savoir ce dont il s’agissait.

« Ça aussi c’est futile, Fuyki ? »
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MessageSujet: Re: Te retrouver ; Fuyuki   Te retrouver ; Fuyuki Icon_minitimeDim 30 Juil - 11:36

Fuyuki regretta tout de suite les paroles qui étaient sorties de sa bouche, mais il était trop tard. Il ne pouvait revenir en arrière même s’il le désirait ardemment. Il ne pouvait effacer ni ses paroles ni ses actes. Il ne pouvait réécrire le passé. Pourtant, il l’aurait tellement voulu. Retourner à cette époque d’antan où son frère et lui étaient encore innocents. Où ils n’étaient que des enfants insouciants qui n’avaient pas à se soucier de leurs organisations respectives. Où ils pouvaient être ensemble. Car Fuyuki le savait, ce ne serait pas si facile de rester avec Akainu. Même si ce dernier ne le savait pas – pas encore – ils appartenaient à des groupes clairement opposés. Clairement ennemis. Et Fuyuki ne voulait pas penser au jour où ils devraient probablement s’affronter. Autant ne pas y songer du tout. C’était trop douloureux, trop effrayant. Comme bien d’autres choses quand Chronos était impliqué, d’ailleurs. 

Cela serait mentir que de prétendre que le Givrali n’avait jamais peur. Il avait comme tout le monde ses propres craintes, ses propres angoisses. Ses propres démons. Et l’un d’eux s’appelait Oswald. Ce n’était d’ailleurs pas prudent du tout de parler de lui devant le Pyroli, mais le Nishimura avait laissé ce mot derrière lui depuis longtemps. L’angoisse qu’il ressentait depuis qu’il avait retrouvé son jumeau effaçait presque le soulagement et la joie. La présence rassurante de l’hybride de type feu réveillait en même temps une peur terrible que le Givrali avait presque oubliée avec le temps. Celle de faire basculer sa famille de l’autre côté avec lui. Approcher un groupe tel que Chronos n’était pas sans risque ni conséquence. Il aurait fallu être fou pour ne pas s’en rendre compte. Et malgré les apparences, Fuyuki était parfaitement lucide. 

Mais combien de fois avait-il pensé à ce qu’il arriverait à ses proches si on le démasquait ? Combien de fois s’était-il réveillé en sursaut et en criant la nuit après un cauchemar ? Combien de fois dans un de ses rêves avait-il vu son frère, sa sœur, sa mère ou son père tomber les uns après les autres ? S’était-il seulement passé un jour sans qu’il s’interroge sur le bien-fondé de sa décision ? Il se le demandait encore. Avec le temps, ces cauchemars s’étaient calmés, cette peur qui lui serrait le cœur s’était endormie. Mais il n’avait jamais pu complètement oublier. Et la présence de Akainu ne faisait que lui rappeler davantage le danger qu’il faisait courir à son frère...

Le cri d’Akainu fit tressaillir le Givrali qui ne se souvenait pas avoir déjà entendu son frère élever la voix comme ça. Akainu était toujours maître de lui-même, du moins dans ses souvenirs les plus proches. Les seules fois où il l’avait vu en colère, c’était quand on s’en prenait à lui quand ils étaient petits, mais cette époque était bien lointaine. Cela faisait tout drôle de voir le Akainu de maintenant s’emporter... Ses doigts voulurent retenir le rouquin, mais déjà son corps était hors de portée. Et, étrangement, Fuyuki avait froid désormais. Même si, techniquement, les hybrides de type glace n’étaient pas censés pouvoir ressentir cette sensation de par leur type. Ce n’était sans doute qu’une impression liée à l’éloignement du corps brûlant du Pyroli qui était juste avant collé au sien si froid. 

L’aîné des triplés Nishimura reprit alors la parole et le cadet ne put retenir un ricanement amer. Ah ça, c’était sûr qu’ils ne croyaient plus aux contes de fée. Qui y croyait encore dans un tel monde de toute manière ? Seul un fou ou un aveugle probablement. Donc non, le Givrali ne croyait pas que son frère se prenait pour un chevalier de conte, mais pour lui Avalon ne valait guère mieux qu’une histoire inventée pour les enfants. Il était probablement injuste, mais il ne lui avait jamais pardonné de lui avoir pris son frère. Et il n’avait pas vraiment l’impression de voir les résultats de l’organisation alors que jour après jour il voyait malgré lui ceux de Chronos. Cela ne lui donnait pas envie d’avoir confiance en Avalon et ce même si son frère y était. 

Fuyuki avait confiance en son jumeau, là n’était pas la question, mais il se méfiait du reste du groupe qui se prétendait protecteur des hybrides. Pour lui, cette organisation n’était pas une cause pour laquelle on devait se battre. Cependant, il garda ses pensées pour lui, ne voulant pas se disputer plus que nécessaire avec le Pyroli. Ce n’était pas les retrouvailles qu’il désirait. 

- Une cause plus noble, hein... Je l’espère, Akainu.

Le cœur du Givrali se serra soudainement. Il n’aimait pas le ton de son jumeau ni son regard sombre. Il sentait la rancœur dans la voix de son double, le presque grondement dans sa gorge. Il aurait aimé s’approcher à nouveau pour le toucher, mais son corps ne bougea pas. Son propre regard s’assombrit au fur et à mesure que son frère parlait. Son poing se serra jusqu’à lui faire mal. Ce qu’il en savait ? Oh, beaucoup plus que tout ce que Akainu pourrait jamais imaginer. Mais, bien sûr, il ne pouvait rien dire. Il ne pouvait vraiment pas. Alors seul un rire encore plus amer que le précédent si c’était possible sortit de sa gorge et le frère cadet plongea ses prunelles de glace dans celles flamboyantes de l’aîné.

- Ce que j’en sais ? Ce que tout le monde sait, Akainu. Le monde entier connaît Chronos et Oswald. Pourquoi sont-ils craints selon toi ? Pourquoi ont-ils conquis tout Unys à ton avis ? S’ils étaient faibles et faciles à vaincre, ils n’en seraient pas là.

Fuyuki était plutôt doué pour se sortir des pires situations possibles. Son regard était assuré malgré son envie de le détourner et sa voix n’avait pas faibli un seul instant. Malgré la peur qui lui serrait le cœur, il s’en était bien sorti. Car il devait absolument faire illusion. Il ne fallait pas que le Pyroli sache. Ni lui, ni aucun membre de sa famille, d’ailleurs. Ce serait trop dangereux. Fuyuki était prêt à perdre beaucoup de choses en espionnant Chronos, mais il ne pouvait imaginer perdre les siens. 

Il ne pouvait les mêler à cette histoire, savoir qu’Akainu était dans le camp ennemi était suffisamment difficile comme ça. Pourtant, il aurait aimé se confier à son jumeau et tout lui avouer comme autrefois. Quand ils n’avaient aucun secret pour l’autre. Mais cette époque insouciante était révolue depuis longtemps. Il devait supporter ça tout seul, comme un grand et croire qu’il en était capable sinon il finirait par s’effondrer et il n’en avait aucunement le droit.

La suite des paroles de Akainu fit tressaillir le Givrali. Ses poings se serrèrent une nouvelle fois avec force et son regard se durcit. Qu’est-ce que son frère croyait au juste ? Qu’on pouvait sauver le monde avec quelque chose d’aussi intangible que l’espoir ? Bien sûr, ça allait arrêter Chronos, c’était évident ! Tout comme les prières et l’amour. Quelles stupidités. Quelles balivernes. Fuyuki ne croyait pas dans ce genre de choses. Il préférait mille fois renoncer plutôt que de s’accrocher à de telles futilités. Si cela faisait de lui quelqu’un d’égoïste, alors soit. Au moins, il n’était pas faible. Mais, en réalité, une part de lui continuait de se battre contre Chronos. Si ce n’était pas le cas, il se serait rendu depuis longtemps. 

Néanmoins, s’accrocher à des choses aussi éphémères que les bons sentiments ne lui permettrait pas de gagner. Seule la force comptait. Les plus forts remportaient toujours le combat, tout simplement. Ce n’était pas le héros qui gagnait toujours comme le prétendaient les contes pour enfants. Les gentils et les méchants, tout ça n’avait aucune importance dans la victoire et la défaite. Oswald, tout aussi cruel et impitoyable qu’il était, était fort. Il l’avait prouvé à maintes reprises. L’accuser des pires actes ne le ferait pas tomber de son trôner. Ce n’était pas aussi simple. On ne gagnait pas avec des si.

- Waouh, vous êtes devenu aussi importants qu’Arceus ? Toutes mes félicitations. Je vais peut-être me mettre à prier pour vous,
ironisa l’hybride aux cheveux de la couleur de la glace. Je ne veux rien leur enlever. Si les hybrides gagnent un jour, j’en serais le premier ravi. Mais je ne suis pas assez naïf pour croire que ce sera forcément nous les gagnants. Parce qu’on est les gentils ou pour je ne sais quelle autre raison. Les plus forts remporteront la victoire et ce ne sera pas forcément nous. Tout simplement.

Le Givrali haussa les épaules avec désinvolture avant de reprendre plus froidement, le regard plongé dans celui écarlate de son frère. Il pensait chacune de ses paroles jusqu’à la dernière et tant pis si cela ne plaisait pas. Il n’était pas là pour faire plaisir, après tout.

- Si ça fait de moi un égoïste ou un pessimiste, et bien tant pis. Je préfère ça au fait de mentir ou de promettre quelque chose aux autres que je ne suis pas sûr d’obtenir un jour. Je ne veux pas croire en quelque chose si c’est pour prendre le risque d’être déçu après, Akainu.

L’assurance dans le regard du Givrali vacilla et un sourire amer se forma sur ses lèvres. Il semblait plus fragile que jamais en cet instant et il préféra se détourner pour éviter de se montrer trop vulnérable. Car oui, son infiltration chez Chronos était à double tranchant. Chaque jour, il voyait la force et la puissance de Chronos et de son boss. Et cela lui faisait sans nul doute peur. Son espoir vacillait jour après jour, mais malgré ça il refusait d’abandonner. Même si une petite voix lui soufflait qu’il ferait peut-être mieux de fuir. Peut-être que c’était juste ça finalement. Akainu croyait plus que lui et cela faisait mal de le comprendre alors qu’à ses débuts Fuyuki espérait tout autant que son frère.

Son cœur vacilla quand Akainu continua sur sa lancée. Des enfants, Johto, Atsue... Il aurait aimé crier à son frère de se taire car cela commençait à faire trop. Pour qui il le prenait au juste ? Pour un monstre ? Bien sûr qu’il se souciait de sa sœur, bien sûr qu’il se souciait de ces gamins. Et bien sûr qu’il savait que Chronos était partout. Il le savait même probablement plus que son jumeau. Ce n’était pas lui qui, après tout, entendait chaque jour les plans de conquête de ses « camarades ». Bien sûr qu’il aurait aimé que quelqu’un soit là pour protéger sa jumelle ! Que ce soit Avalon ou n’importe qui d’autre aurait été sans importance, du moment qu’elle était sauve ! Le Givrali se retourna et lança un regard blessé à son frère. Avait-il vraiment l’air d’être aussi égoïste ?

Sous ses yeux, Akainu semblait dans une colère noire. Fuyuki s’attendait à se faire hurler dessus, peut-être même à se faire frapper et il attendit juste que cela arrive. Mais cela n’arriva bien sûr pas. Le rouge avait toujours eu un sang-froid beaucoup plus fort que d’autres hybrides de type feu. Le regard bleuté l’observa jusqu’à ce qu’il retrouve à peu près son calme. Sans rien dire car il en était tout d’un coup incapable. Cela faisait mal de voir à quel point ils avaient changé. A quel point ils ne pensaient plus de la même façon. A quel point un fossé s’était creusé entre eux. Plus que jamais, l’Evolition de type glace aurait aimé se blottir dans ces bras chaleureux pour se faire cajoler. Etait-ce seulement encore possible ? Trop de choses avaient changé. A commencer par eux-mêmes.

Son sourire était tout aussi crispé et triste que celui de son frère. Il s’en voulait de s’être opposée à lui de cette manière. Il s’en voulait de ne pas arriver à être sur la même longueur d’onde. Et encore plus il se détestait pour avoir préféré Chronos à son frère.

- Bien sûr que non... Ce n’est pas futile.

Il aurait aimé pouvoir en dire plus, il aurait aimé pouvoir dire à son frère qu’il avait raison. Il aurait adoré demander à rejoindre Avalon. Il aurait adoré. Mais ce n’était pas possible. Ce n’était plus possible. Il ne pouvait plus revenir en arrière. Et il n’arrivait pas à s’excuser alors que les mots étaient pourtant dans sa gorge, prêts à sortir. Mais, visiblement, ils resteraient bloqués.

Fuyuki avait complètement oublié l’escouade de Chronos qu’il devait rejoindre ainsi que sa mission. Seul son frère comptait désormais. Il espérait que la tension entre eux finirait par se briser un peu, qu’ils retrouveraient l’envie de se retrouver sans se disputer. Mais ce n’était pas gagné...
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MessageSujet: Re: Te retrouver ; Fuyuki   Te retrouver ; Fuyuki Icon_minitimeDim 30 Juil - 11:36

C’étaient des creux, du vide qu’ils essayaient de combler avec du vent. Deux murs, deux écorchés aux valeurs hésitantes — celles d’Akainu un peu plus droites et un peu plus assurées, parce que le Pyroli croyait. C’était sans doute ce qui l’avait aidé à tenir à chaque coup du sort ; quand Lorelei était tombée, ou quand son frère s’était enfui. Il avait cru, il avait prié, il était de ceux qui avaient une foi infaillible à l’égard d’Arceus, certes. Mais aussi, surtout, il croyait en la capacité de tout un chacun de prendre les rênes de sa propre vie et d’en changer la tournure si elle ne plaisait pas à celui qui se laissait jusque là porter par les flots des aléas. 
Il regardait de haut, méprisait souvent, répugné des marques de faiblesses et des failles paralysantes chez autrui — la peur et la douleur devaient être changées en armes contre l’ennemi, si l’on ne voulait pas en devenir la première des victimes, empoisonné par soi-même. Mais il avait confiance en chaque être, pourvu qu’il soit déterminé : une décision, une résolution, et le court des choses pouvait être inversé. Si l’on pouvait se sauver et sauver autrui seul, et que par deux on pouvait en sauver dix ; alors par cent, mille ? Qu’est-ce qui empêcherait Avalon de remporter la guerre ?

Il n’y avait plus de colère dans les yeux d’Akainu. Il s’était laissé gagner par la lassitude, douloureuse et même lancinante ; il capitulait parce qu’il considérait tout à coup qu’il n’y avait plus rien à sauver en son frère de ce en quoi ils avaient cru ensemble, enfants. Lui qui avait passé l’une des plus belles enfances que l’on puisse rêver d’avoir, sans accroc, sans vague, sans réel danger, il en était reconnaissant. Qu’importe que ce bonheur jamais atteint fut l’oeuvre d’un Dieu ou d’eux-mêmes, il était reconnaissant : au ciel, au monde d’avoir épargné leur bulle rêveuse à peine frémissante des badineries gamines. 
Un bonheur aussi simple devrait être acquis : une sûreté, une certitude jamais remise en cause, forcée à l’état d’hypothèse. Les enfants devraient n’être jamais privés de leur droit de rire ni de s’amuser en toute insouciance, sans craindre d’être attrapés, enfermés, torturés et réduits à l’état de machines à tuer. Et c’était dans l’espoir de permettre à quelques enfants au moins de profiter de leur plein droit qu’il agissait au nom d’Avalon, défendait sa cause avec tant d’engouement ; c’était certainement aussi pour elle qu’il donnerait sa vie, si le dilemme fatal devait arriver.
Qu’est-ce que Fuyuki ne comprenait pas, là-dedans ?

N’était-ce vraiment qu’une histoire de gentils, de méchants ? Pourquoi caricaturer les choses de façon si simpliste, si stupide ? Pourquoi limiter le nombre de solutions, au point d’en être défaitiste ? Le rouquin n’avait jamais vu son frère si abattu, et capable de si peu de confiance en quelque chose qu’il entreprenait. Il se savait admiré de son cadet, et il s’en était quelquefois joué, souvent vanté parce qu’il lui semblait que sa parole était comme Evangile aux oreilles du plus jeune ; aujourd’hui il avait l’impression que plus rien ne suffisait à Fuyuki pour croire encore que quelque chose était possible, même si son aîné l’en assurait par tous les mots qu’il connaissait.
Pourquoi, comment avait-il pu abandonner si facilement leurs idéaux d’autrefois ?

Il y eu le silence, à peine rompu par le bruit des gouttes qui tombaient du plafond et du vent léger qui soufflait dehors, que le Pyroli ne chercha pas tout de suite à rompre. Il avait laissé filer le discours du Givrali, avait décroché pendant qu’il parlait, n’avait plus porté intérêt à ces mots qui n’étaient plus que blessants. Aucune conversation : depuis quand étaient-ils devenus si sourds l’un à la voix de l’autre ?
Et puis, enfin, après de longues secondes qui parurent éternité, Akainu se ranima. Il porta de nouveau son regard sur son frère, deux ambres emplies d’une tristesse incommensurable que même le sourire qu’il s’était façonné en une seconde ne suffit pas à dissiper.

« … les gentils ? Parce que pour toi, dans une guerre, il y a les gentils et les méchants ? Fuyuki, non… Non, dans une guerre, il n’y a que des assassins. »

Il en était un. Quand bien même il n’était pas un récidiviste ; une fois était celle de trop. Il était passé du côté de ceux qui avaient osé, de ceux qui avaient cédé. Son sang-froid n’avait pas été assez — ou bien il avait été un peu trop. Il n’avait jamais été plus calme dans un affrontement que dans celui qui l’avait irrémédiablement rangé du côté des meurtriers.
Il en était.
Il n’était ni un gentil, ni un méchant : il était un Homme avec ses propres valeurs, ses failles, ses erreurs ; ses croyances, principes et préceptes qu’il défendait à sa manière, fut-elle la mauvaise, parfois. Il avait ses démons, ça le rendait un peu plus Homme que Bête — contrairement à ceux contre lesquels il luttait sans relâche.

« Sache que… même s’il n’y a pas plus de gentils qu’il n’y a de méchants, il y a des causes qui en valent bien plus la peine que d’autres… Je préfère lutter pour l’égalité de tous — humains compris dans l’équation, entends-moi bien — plutôt que pour la suprématie d’un seul. Il esquissa l’ombre d’un rictus mauvais, nerveux mais fielleux. De ce que j’en sais, toutes les dictatures finissent par être renversées, et les collabos en paient le prix fort eux aussi. »

Les mots résonnèrent entre les murs et les colonnes de pierres, se répercutant comme une menace sans fin. Il pourrait pardonner aux plus jeunes, aux plus insouciants, à ceux qui avaient promis loyauté parce qu’on leur avait fait miroiter monts et merveilles ; mais il condamnerait les plus hauts gradés, les favoris et les plus obéissants, les fidèles qui ne s’étaient jamais rétractés, les défenseurs les plus revêches de la fausse religion qu’ils essayaient d’inculquer en faisant reposer le monde et leurs vies à tous entre les mains d’un seul homme — d’un seul monstre.

Il détourna le regard, cilla légèrement. Le conflit qui l’opposait à son frère grignotait son énergie tout autant que son moral ; il en oublierait presque ce pourquoi il était là, quand bien même il savait qu’il n’y avait rien à trouver dans ce coin-ci. 
Cependant, et comme pour le rappeler à ces obligations, à son devoir, la sonnerie de son téléphone portable résonna, strident, dans l’espace qui amplifiait tous les bruits et rendait la tonalité presque insupportable aux oreilles du Pyroli. Il s’empressa de décrocher pour faire taire la cacophonie qui lui sciait les tympans, n'entendit pas les quelques pierres qui tombaient du plafond pour aller rouler sur le sol lorsqu'il colla l’appareil contre son oreille. « Du nouveau ? » Un silence ; le temps de trois secondes, le soulagement vint apaiser les traits tirés de l’adolescent, avant que le calme retrouvé ne soit, l’instant d’après, balayé par une inquiétude soudaine. « Une emb… Tout le monde va bien ? » Il déglutit, et un éclat de rage traversa son regard, trop vive pour être certain, de l’extérieur, qu’elle ait existé. « D’accord… Oui, je rentre bientôt. Hm… Hm, hm. On fait comme ça, alors. Faites attention en rentrant, ‘k ? » Une affirmative de l’autre côté, et il raccrocha ; fixa l’écran quelques secondes après qu’il se soit éteint, puis lâcha un profond soupir en se pinçant l’arrête du nez.
Sa mission s’achevait là, et l’on attendrait son rapport au quartier général. Il ne pouvait pas tarder, ne voulait pas partir. Pour une heure ou un peu plus, on ne lui en voudrait pas, si ?

Il enfonça le téléphone dans sa poche, releva les yeux en direction de Fuyuki. Et, comme une énième provocation, un sourire ; l’un de ceux qui dévoilaient ses canines et rappelaient qu’il n’était pas tout à fait humain, et qu’il demeurait une part d’animal sauvage et indomptable en lui. Victorieux.
« Avalon, un ; Chronos, zéro. »
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MessageSujet: Re: Te retrouver ; Fuyuki   Te retrouver ; Fuyuki Icon_minitimeDim 30 Juil - 12:28

Fuyuki n’avait pas imaginé les retrouvailles fraternelles ainsi. Ou en tout cas il n’avait pas voulu qu’elles se déroulent de cette manière. Mais affirmer qu’il ne s’y était pas du tout attendu serait plus un mensonge qu’autre chose. Comme si sa famille allait l’accueillir à bras ouverts alors qu’il avait fugué sans donner aucune nouvelle pendant tout ce temps. Forcément qu’ils s’étaient inquiétés. C’était ce que faisaient les familles normales. Les familles aimantes. Comme la sienne. Il n’y avait que lui qui n’était pas tout à fait normal. Mais ça, on le savait depuis longtemps. Un rictus se dessina sur ses lèvres et il glissa ses mains dans ses poches dans un geste décontracté et quelque peu provocant. Comme si l’engueulade avec son frère n’était pas si importante que ça. 

Oh oui, il avait bien changé. La faute à la vie qui ne restait jamais figée. On avait l’impression qu’il se fichait du monde, de tout. C’était à la fois vrai et faux. Le plus drôle c’était que si son frère Pyroli apprenait toute la vérité, il serait encore plus en colère que maintenant. Sa fugue ? Son absence ? Ce n’était que l’envers du décor. Du pipi de Persian en comparaison à la vraie scène. Fuyuki avait presque envie de lâcher la bombe juste pour voir ce qui se passerait. Mais il ne le fit pas, ce n’était pas encore le moment. Et la part la plus raisonnable et censée de sa personne n’avait pas du tout envie que sa famille sache un jour. Pour ne pas les mettre en danger, mais aussi parce que cette partie-là ne se fichait pas du tout de leurs réactions. Et en avait même peur. 

Quelque part, le bleuté aurait préféré que tout ça soit une grosse blague ou une illusion. Vivre dans un monde dans lequel Akainu n’aurait jamais rejoint Avalon et où il n’aurait jamais fugué et rejoint Chronos. Un monde où ils seraient restés ensemble comme avant. Un monde où leur complicité ne se serait pas fissurée. Mais même Zoroark n’avait pas le pouvoir de créer une telle illusion. Et quelque part le vrai monde était beaucoup plus excitant. Et forcément davantage réaliste. Cela ne servait à rien de se mentir. De ne pas voir la vérité en face. Enfin, il était mal placé pour dire ça vu qu’il le faisait à lui-même jour après jour, nuit après nuit. Détruire Chronos à lui tout seul ? Ah ! Quelle blague. A croire qu’il n’y avait plus aucune part de lucidité dans son esprit. Et c’était peut-être bien le cas. 

Il en avait tellement vu depuis qu’il était entré chez Chronos. Depuis qu’il avait vu Oswald à l’œuvre pour la première fois. Il avait été aux premières loges pour constater à quel point les humains étaient capables du pire. Malgré tous leurs pouvoirs, les hybrides étaient-ils seulement capables de les vaincre ? Un long frisson parcourut son échine aux souvenirs qui le hantèrent. Il n’avait vraiment pas envie de finir comme les esclaves qu’il croisait tous les jours. Le regard vide à cause de la drogue, muselés pour certains, réduits à de simples jouets pour leurs propriétaires... Alors il n’avait pas le choix, il devait continuer sa mascarade et espérer ne jamais se faire prendre. S’enfuir ? Comme si c’était possible. Il n’avait aucun doute sur le fait que Oswald ne le laisserait pas partir aussi facilement. Et qu’il le rattraperait où qu’il aille. Oh, pas qu’il avait confiance en lui, il n’était pas assez tordu pour ça, mais il savait qu’il n’avait pas intérêt à le sous-estimer. 

La tristesse et la lassitude de son frère, il les voyait bien. Mais désolé, ce n’était pas son genre de faire semblant d’être toujours celui qu’il n’était plus. Il le décevait, il le sentait, il s’en doutait, mais il n’y pouvait rien. Ce ne serait pas rendre service à son jumeau que de lui mentir encore plus qu’il ne le faisait déjà. Il était temps qu’ils grandissent, après tout. Le Givrali n’était plus l’innocence incarnée comme autrefois. Et il retint un ricanement sarcastique quand le rouge reprit la parole. Des assasssins ? Oh, Akainu, franchement tu crois qu’il ne le savait pas ? Le Pyroli ne devait absolument pas se douter que son petit frère en avait été un une fois. Fuyuki, lui, savait sans qu’il ait besoin de l’avouer que c’était le cas de son idole de toujours. Il le sentait. Et puis Akainu était à Avalon et sans doute pas pour rien n’y faire. 

Son frère ne le dit pas, mais Fuyuki n’en avait pas besoin pour sentir ses remords. Ah. Comment réagirait-il s’il savait que son innocent petit frère en était un aussi ? Mal sans doute. Raison de plus pour ne rien avouer, pour garder caché ces secrets qui finiraient par le dévorer à petits feu un jour ou l’autre. Le Givrali se retint de lever les yeux au ciel. C’était bien beau tout ça, frangin, mais c’était un peu trop utopique à son goût. Il préférait affronter la réalité même si elle ne lui plaisait guère que de s’enfoncer dans des mensonges. Même si c’était horriblement hypocrite venant de sa part de parler d’éviter ces derniers. Il ne dit rien, se contentant d’observer son frère. Franchement, il n’avait pas envie de continuer ce débat indéfiniment. Ils ne seraient sans doute jamais d’accord, après tout. Alors à quoi bon ?

La sonnerie du portable de son frère les interrompit d’ailleurs comme si elle était d’accord avec ceux. Le Givrali détourna le regard pour observer la suite de la grotte. La distraction avait au moins eu le mérite de détourner Akainu de lui. Fuyuki hésita entre attendre qu’il ait fini ou poursuivre son chemin. Il ne savait plus vraiment comment se comporter avec son frère. Le fossé entre eux était trop grand, le temps s’était bien trop écoulé depuis leur dernière rencontre. Une partie de lui, celle qui résistait au changement qu’avait provoqué son entrée à Chronos, avait envie de se jeter dans ses bras et de retrouver son insouciance d’autrefois, de le laisser mener la danse comme pendant toute leur enfance. Mais l’autre, celle qui avait grandi pour le pire plus que pour le meilleur, restait à distance, comme si elle ne voyait aucun espoir de retrouver sa vie d’avant. 

Il tourna cependant la tête vers le rouge, les sourcils froncés. Les paroles de son frère ne lui avaient pas échappé et même si ce dernier semblait avoir fait attention à ce qu’il disait le Givrali comprit qu’il parlait à d’autres membres d’Avalon. Il se serait comporté différemment avec leurs parents, leur sœur ou des amis lambda. Etait-il en mission ? C’était possible. Après tout, personne ne viendrait se perdre au Mont Sélénite sans une bonne raison. Néanmoins, malgré sa curiosité plus forte que lui, Fuyuki ne posa aucune question. Cela ne le regardait pas et il ne voulait rien avoir à faire avec l’organisation d’hybrides. Il ne savait même pas quel parti il prendrait si un jour il se retrouvait entre Chronos et Avalon. 

Sans doute que son frère ne lui pardonnerait pas s’il continuait de porter sa couverture dans une telle situation, quitte à blesser ses camarades, voir même à les tuer. Même s’il ne l’avait fait qu’une seule fois pour ce dernier point. Pour sauver son bâtard de boss en plus. Qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Même lui n’était pas sûr d’avoir la réponse. Enfin, là n’était pas la question. En tout cas, l’hybride de type glace fixa son frère sans rien dire, se contentant d’observer son visage pour essayer de lire en lui. Plus pour voir s’il y arrivait toujours comme autrefois que pour avoir des informations au fond. Mais il ne savait pas vraiment comment interpréter son soupir, son geste, surtout avec le sourire qui leur succéda. 

Le Givrali ne put s’empêcher d’esquisser un sourire amusé en réponse. Il avait beau revêtir le blason de Chronos, il n’était pas encore assez tordu pour vouloir voir son boss gagner chacune de ses parties. Surtout quand son frère semblait si heureux de voir son organisation gagner. Et qu’il avait une chance de percevoir l’agacement de ses supérieurs à son retour de mission.

- Pas trop mal, je suppose.

La petite pique sarcastique était cependant plus innocente que ses paroles précédentes. Comme s’il arrivait enfin à se détendre un peu en la présence de son frère. Il s’approcha un peu et lui donna une tape sur le bras avant d’hésiter une seconde et de poser sa tête sur son épaule. Il ne savait pas si Akainu accepterait son geste ou même s’il avait le droit de le faire, mais pendant quelques secondes ou minutes s’il en avait la chance il voulait tout oublier. Et être le cadet du Pyroli comme il l’avait toujours été. S’appuyer sur lui lui manquait tant malgré ce qu’il s’efforçait de croire. Une fois son frère parti, il aurait tout le temps de retourner à sa mission et il était plutôt doué pour trouver des excuses alors il ne s’inquiétait pas trop. Il s’en sortait toujours, n’est-ce pas ?

- Je suis désolé.


De quoi s’excusait-t-il au juste ? Lui-même ne le savait pas vraiment. Mais vu sa fierté, qu’il prononce ces mots représentait sans doute beaucoup et une part de lui espérait que le Pyroli ne gâcherait pas tout. Comme refuser ses excuses ou lui poser des questions auxquelles il ne pourrait pas répondre ou du moins pas sincèrement. Tout d’un coup, le sol trembla un peu, les désarçonnant quelque peu et le Givrali qui avait fermé les yeux pour profiter de la chaleur de son frère n’entendit que le bruit assourdissant. Et ne vit pas que des pierres se détachaient du plafond, menaçant de tomber sur eux...
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