Forum Test d'Encrine
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 Colder than our bullets, stronger than our demons ; Zephiriel

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Yûki
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Yûki


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MessageSujet: Colder than our bullets, stronger than our demons ; Zephiriel   Colder than our bullets, stronger than our demons ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 12:45

Illumis. La ville lumière, il paraît. Sa mère lui racontait, gamine, puisqu’elle y avait passé son enfance, avant de braver le danger pour vivre avec celui qu’elle aimait ; les allées illuminées comme en plein jour, même à heure tardive, lorsque tous les jeunes étaient de sortie et s’amusaient. Les panneaux publicitaires, la musique qui se déversait de haut-parleurs, dans certaines rues. Pour Louve, qui n’avait toujours connu que la petite bourgade de Maillard, imaginer de si grandes villes, si animées aussi, c’était impensable. Jusqu’à ce qu’on l’arrache à chez elle, aux profits de Volucité. Elle les avait découvertes, les longues avenues pavées, encadrées de magasins aux devantures chargées de produits alléchants qui affichaient des prix exorbitants, tant qu’elle douta même, parfois, que ce fut possible d’amasser tant d’argent. Pourtant, sa famille n’avait jamais manqué de rien, avait même eu bien plus qu’elle n’en avait besoin ; Louve avait été une gamine presque pourrie-gâtée, et elle l’admettait aisément, sourire en coin et nostalgie dans le regard. C’est qu’il était absent, son père, un peu trop absent pour qu’elle ne sente pas comme un vide profond qui ne se comblait jamais tout à fait, même lorsqu’il rentrait et la couvrait de cadeaux hors de prix. Jusqu’au jour où il n’était plus rentré.

Elle hoqueta, et s’arrêta tout à coup, dans l’angle d’un mur. Le souffle court, elle retenait à grand peine la toux qui menaçait de la secouer, de trahir sa position. Elle ne pouvait pas prendre un risque aussi stupide.Aussi s’efforça-t-elle, malgré ses halètements entrecoupés, d’être la plus silencieuse possible. Tout autour d’elle, sur elle même, la pluie tombait, battait violemment, depuis une bonne heure déjà. Elle était trempée, frigorifiée, elle se sentait trembler sous ses vêtements qui ne la protégeaient plus de l’averse. Une main après l’autre, elle lâcha la crosse de son arme, plia et déplia ses doigts engourdis, tant par le froid que par le fait d’être crispés sur le pistolet, à l’affût, prêts à faire encore couler le sang. La Riolu grimaça : c’était douloureux d’oser à peine bouger. Elle sentait ses jambes, qui bientôt ne la porteraient plus ; elle sentait la fatigue, qui tout à coup lui tombait dessus. J’en ai assez, songea-t-elle un instant, lassée de courir, lassée de fuir. 

Pourtant, quand des pas retentirent au milieu de la pluie, près, si près d’elle, elle n’hésita pas un seul instant : elle raffermit aussitôt sa prise sur son arme, et se remit à courir. Elle avait perdu le compte des heures sans plus dormir, sans plus s’arrêter. Elle se doutait que le chiffre était élevé, et préférait sans doute ne pas le connaître avec la précision dont faisaient preuve les mathématiques. Elle se sentait épuisée, au bord de l’évanouissement, et ça lui suffisait à comprendre qu’elle ne tiendrait plus longtemps.

Dés que l’occasion se présenta, elle s’enfonça dans une allée étroite entre deux bâtiments à la façade décrépie, courant à en perde haleine. J’en ai assez, songea-t-elle encore, que ça s’arrête, que tout ça s’arrête.Pourtant, elle-même ne s’arrêtait pas. Ce serait simple, si simple si elle osait ; t’es armée, abrutie ; mais elle ne savait pas s’y résoudre. Elle n’avait pas le courage de se rendre, pas non plus la lâcheté de s’abattre. Alors elle courait encore, espérant peut-être que l’épuisement aurait raison d’elle, ou qu’une balle perdue l’achèverait sans qu’elle n’ait eu à subir mille sévices avant d’y succomber. Oh, simple, ce serait si simple. Mais elle chassait l’idée de son esprit, et elle fuyait encore.
Elle fuyait, jusqu’à ce qu’une grille lui barre la route. Se prendre un stop par un putain de grillage, fait, nota-t-elle dans un grondement, avant d’entreprendre l’escalade. Elle savait que faire demi-tour, c’était s’offrir en pâture : ça n’était pas ce qu’elle voulait.

Elle avait à peine commencé à grimper que des pas —seul devina-t-elle sans même se retourner— retentirent plus fort, et puis s’arrêtèrent tout à fait, avant que ne résonne un déclic qu’elle connaissait trop bien pour ne pas y prêter attention. Elle abandonna l’idée de monter tout de suite, et se fia uniquement à son instinct lorsqu’elle se laissa tomber au sol, braquant le canon de son arme sur son vis à vis. Elle ne réfléchit pas, quand la gâchette céda sous son doigt. Réfléchir, c’était penser aux conséquences, penser aux conséquences c’était hésiter, hésiter c’était crever. Parfois, réfléchir c’était crever. Alors elle n’avait pas réfléchit, non ; et c’était la détonation qui l’avait ébranlée toute entière, qui l’avait fait réaliser ce qu’elle venait de faire. Il s’écroula, et elle, elle recula. Ses doigts pris dans le grillage, elle ne savait même pas comment faisaient ses jambes pour ne pas céder sous elle. Ses yeux lui brûlaient, sa gorge aussi ; la bile remontait dans sa bouche, et pourtant elle s’efforça à ne pas y prêter attention. Est-ce qu’il…? Elle se fit violence pour ne pas aller au bout de sa propre question ; plus encore pour ne pas chercher la réponse. L’ignorance valait mieux, si l’on n’était pas certain d’avoir les épaules suffisamment solides pour ne pas faillir sous le poids de la vérité.

Alors, elle se détourna, petite chose blessée et mal assurée, et reprit là où elle en était restée : grimper, descendre, courir. Fuir, encore, puisqu’elle n’était plus bonne qu’à ça, puisqu’elle était condamnée, rendue incapable de vivre la vie qu’elle espérait, incapable de profiter de sa jeunesse comme le faisaient ceux de son âge, incapable aussi de se projeter jusqu’à demain, puisque sa confiance en l’avenir se résumait au présent seul. Elle n’était jamais certaine de vivre rien qu’un instant de plus, lorsqu’ils étaient après elle.

Elle courait, sans plus songer, sans plus penser ; elle courait, le souffle court et l'envie de s'arrêter, tout à la fois le désir de continuer. Elle tomberait bien, un jour, elle le savait ; mais pas ce soir. Elle tomberait bien un jour, demain peut-être, qu'en savait-elle ? Mais ce soir, elle voulait vivre encore un peu. Alors, elle n'arrêtait pas, alors, elle continuait, elle continua, jusqu'à cette place vaguement éclairée par un réverbère à l'éclat aussi fatigué qu'elle-même l'était, usé, fragile et vacillant dans la nuit pluvieuse. Précautionneusement, les chaussures glissantes sur le carrelage, elle s'avança dans l'ombre d'un hall abandonné, dans lequel le froid s'engouffrait en un courant d'air glacial. Y avait-il seulement âme qui vive, dans cette banlieue délaissée ? Son regard accrochait les œuvres d'art aux couleurs délavées qui parsemaient les murs, en une vaine tentative d'apporter un peu de bonheur à l'endroit abandonné au vide. Ils avaient laissé tomber, en témoignait la peinture qui s'écaillait. Ils avaient renoncé, comme elle renoncerait un jour.

Des pas. Elle se désintéressa tout à coup des dessins, pour s'enfoncer plus encore en arrière, alors que deux silhouette s'avançaient sur la place, au centre de laquelle trônait une vieille fontaine dont les pierres s'effritaient peu à peu. Elles s'arrêtèrent, ces deux ombres humaines que Louve fuyait tant qu'elle le pouvait. Ici, elle ne pouvait plus, et c'était le combat qui l'attendait. Les balles, le sang, la mort, peut-être. Elle ne voulait pas de la sienne, mais elle refusait d'être coupable de la leur. Les fantômes qui lui collaient au corps, elle n'en avait déjà que trop. 

Une inspiration, profonde, qui souleva un nuage opaque devant ses yeux, et elle serra un peu plus fort la crosse de son arme entre ses doigts. Elle attendit, de longues secondes incertaines, qui demeuraient comme suspendues dans l'air. Ce soir, elle tuerait peut-être encore, et l'idée lui donnait le vertige. Je veux pas, je veux pas, je veux pas, se répétait-elle, encore et encore, jusqu'à ce que les mots perdent sens dans son esprit. Tuer ou être tuée, pourtant, c'était devenu sa réalité depuis qu'elle était partie, depuis qu'elle avait renoncé à la facilité d'une vie où il lui suffisait d'obéir. Mais ça n'était pas elle, ce spectre sans volonté qui s'inclinait sans cesse. C'était un peu plus elle, par contre, cette femme qui tremblait, qui fuyait, celle qui espérait, celle qui survivait. C'était un peu plus elle, cette gosse pleine de hargne, qui levait des yeux emplis de haine sur ses bourreaux, celle qui leur avait parfois craché à la figure, celle qui s'était rebellée et avait enduré les coups avec un rictus mauvais. C'était un peu plus elle, la justicière qui ne s'avouait jamais

Une seconde, encore ; elle bondit en avant, glissa sur le sol, manqua tomber. Qu'importe, elle tira, dans cette main armée qui l'effrayait, cette main armée qui en voulait à sa vie. Elle esquiva un coup, en rendit un, le deuxième fut désarmé ; elle aurait dû tirer, abattre, mais elle n'osa pas. Un coup, encore, et elle s'écroula contre le bitume gelé, trempé, le souffle coupé et secouée d'une toux difficile. Elle roula sur le côté, se redressa tant bien que mal en saisissant qu'elle venait d'éviter un coup en plein visage. Elle hoqueta, fit plier le premier, le mit à terre d'un genou dans l'estomac, alors que le sang de sa main blessée coulait le long du bras de l'adolescente. Elle pâlit, lorsqu'elle le vit, ce carmin qui la répugnait tant. Calme, calme ; il est vivant, arrête, arrête Lou, arrête

Un pas, deux en arrière, encore et encore, jusqu'à rencontrer le mur dans son dos. Il y avait ce type au sol, qui se traînait jusqu'à son arme, et l'autre dont elle venait de tirer dans le pistolet pour l'éloigner plus loin encore. Ils étaient si proches, si susceptibles de la tuer, si susceptibles de la faire tomber, et pourtant elle n'osait pas, elle n'osait rien. Tuer de sang-froid, elle n'en était pas capable ; elle venait de réfléchir, et elle hésitait. Réfléchir, pourtant, c'était crever. Mais elle n'osait pas, et son arme en était la preuve : elle tremblait, entre ses mains mal assurées.
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MessageSujet: Re: Colder than our bullets, stronger than our demons ; Zephiriel   Colder than our bullets, stronger than our demons ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 12:46

Ce son là, tu le reconnaîtrais entre mille.

De tes sanguines tu parcours les mètres qui te précédent dans une immobilité parfaite, tant et si bien que tu te demandes même si ton cœur bat encore – tu pourrais te poser une telle question, mais il résonne tellement fortement à tes tympans qu'il martèle pour réellement formuler une telle interrogation. Alors un souffle, court, comme si l'oxygène ne pénétrait plus tes poumons endoloris, et tu accélères le pas ; silencieux, tu te meus dans les ombres comme s'il s'agissait là de ta seconde nature, tu t'y fonds et t'y perds, tu cours, tu traces. 

T'es paumé dans ta vie, c'est d'un pitoyable.

Il y a quelques mois pourtant, tu aurais tout donné pour être là maintenant, avec ce que tu as entre les mains à présent – mais peux-tu considérer cette nouvelle vie comme acquise ? Enchaîné à un ange, tu as donné une liberté éphémère a une tendre enfant, et ton âme à un individu qui n'en a sûrement plus aucune lui-même. Est-ce préférable, tout ça ? Tu fuis toujours, mais en plus de cela, tu dois mettre en danger cette fille, tu dois la regarder te fixer calmement, avec cet aplomb que tu ne lui aurais jamais imaginé, et te répéter qu'elle fera avec. Tu fuis toujours, mais en plus de cela, t'es ce poids, ce danger qui plane en permanence, cette obscurité qui regarde ces ailes immaculées, cet être brisé qui tend des doigts rougis vers cette douce flamme qui ne faiblit jamais. T'es un abruti qui baisse les yeux devant l'innocence, un abruti au poitrail qui se compresse et qui n'y comprend plus rien, un abruti effrayé par tout et n'importe quoi, un abruti qui a désormais peur de ce qu'il désire le plus, quelque part. T'es con Zephiriel, ce que t'es con.

T'as tendu les bras, tu t'y es écorché la peau à ne plus vouloir lâché, puis t'as fermé les yeux.

Regarde sur quoi il se pose, maintenant, ton regard : une ruelle sombre, une énième ruelle sombre. Puis il se baisse, ta main se saisit d'un appareil dans ta poche, et d'un geste assuré tu passes les images. Des photos, une identité, une cible. Tu es la proie qui devient chasseur, celui qui n'apprécie pas spécialement ça, qui comprend peut être moins encore la jouissance que peuvent en tirer ceux qui te traquent. Tu es la proie qui devient chasseur, celui qui se dit que, peut être, y en a des gars paumés comme toi, dans ceux qui te courent après, dans ceux que t'as plombé. 
T'as du mal à respirer, mais faut que t'accélères, faut pas que tu t'arrêtes, ça fait longtemps que t'en as plus le droit.
T'entends les murmures de la cité, au loin la vie pulse, au loin les lumières fusent ; au loin, loin de toi, loin de ton souffle bas et cadré, loin de ton regard calme et glacé, loin de ton regard perdu mais décidé. Loin de cette âme froissée, abîmée, qui ne cesse de s'enfoncer dans l'obscurité. T'es ridicule Zephiriel, tu te demandes parfois ce que tu cherches. Est-ce que tu le fais exprès ? T'as qu'à tendre la main, qu'à faire les bons choix, Zephiriel. T'as qu'une personne à appeler, une autre à suivre et protéger, t'as que ces bouées là, ces choix censés. Mais tu ne les saisis pas, mais tu te fourvoies, encore. Alors, dis-moi, est-ce que t'aimes ça, être dans ta merde ? T'aimes ça, te faire mal ? C'est pour ça que tu as saisi cette main empoisonnée, pour ça que tu t'es saisi d'un énième canon braqué tout droit contre ta poitrine ? Hein Zephiriel, c'est pour ça que t'as décidé d'être chasseur, parce que t'es con, parce que t'es creux ? Dis, et si t'arrêtais de te poser des questions vides de sens ? Si t'arrêtais ces points d'interrogation inutiles quand tu connais déjà les réponses ?

Peut être que t'as trop peur de les quitter, ces ombres, à présent. Peut être que tu t'y es trop fondu, peut être qu'il n'y a pas vraiment d'échappatoire. Peut être que c'était ton seul moyen de grandir, mais vivras-tu en tant qu'adulte ? T'aimerais redevenir un enfant Zephiriel, le petit lixy de son papa. Sauf que tu peux plus, sauf que t'es là où t'es maintenant, sauf que la nuit tombe et tu avances, sauf que ces bruits retentissent, sauf que tu les reconnais parfaitement et t'accélères. Sauf que, tu vois, t'as une cible à retrouver, et ce soir tu n'échoueras pas.

Là, tu entends des pas ; d'un mouvement habile tu te dissimules derrière une porte battante, jettes un coup d’œil ; ce que tu vois te fait froncer les sourcils. Évidemment que tu as vite compris qu'une autre course-poursuite se déroule autour de toi. Évidemment que tu as bien l'intention d'en profiter, ayant repéré ta cible dans cette masse d'assaillants. Évidemment que tu as analysé la situation. Néanmoins, tu te demandes encore, en ce instant, qui peut provoquer un tel bordel, qui peut assez intéressé la mafia pour qu'elle envoie autant de monde à ses trousses. Il y en a, des possibilités ; suffit de voir les efforts qui sont soulevés à s'occuper d'un mioche comme toi, sans grand intérêt, et songer qu'il n'en faut pas beaucoup plus pour intéresser, sans doute. Et il est de notoriété publique que la mafia entretient des liens avec Chronos... quoique, peut être pas de notoriété publique non plus. Tu te doutes que ton employeur lui-même a des relations avec ce groupe, après. Et encore une raison qui aurait pourtant du te pousser à ne jamais te lier à tel personnage. Pourtant tu l'as fait, parce que t'es con – ça aussi, c'est de notoriété publique – et que t'aimes sans doute t'enfoncer.

Tu sors de ta cachette à l'instant même où tu les sais un peu plus éloignés, et toujours tapis dans l'ombre, les suis ; c'est pas de la curiosité qui te pousse, c'est pas ça qui te fait avancer, c'est le désir d'en finir. Pourtant, c'est au cours de cette filature qu'une vérité frappante t'explosa en pleine figure : ta cible n'était plus dans le tas. Et merde. Il était passé où ce con ? Ses traits gravés dans tes prunelles, quelques infos balancées en l'air, « pas besoin d'en savoir plus » ; non, t'as pas besoin de savoir si ce type a une famille, des gens qui tiennent à lui. T'as juste besoin de connaître sa gueule, ses habitudes, et le montant du chiffre. Tu le tueras pas, mais tu n'es pas bien dupe quant à ce qu'il adviendra de lui quand tu l'auras ramené. Tu ne le tueras pas, ne le tortureras pas ; pas directement. Tu fais qu'amener le morceau de viande pour qu'on le charcute après. Respire, putain. 

Mais pour ramener le steak, faut déjà mettre la main dessus – et c'est déjà pas chose aisée.

Tu commences à sincèrement te demander où est ce con. Le but, c'est d'attraper ce type, mais tout en restant dans l'ombre et ne pas finir gibier. Tu peux pas t'exposer, et c'est un réel problème. Tu dois rester constamment sur tes gardes, alors que ta cible l'est elle-même, et ce en étant entourée. Et cet 'entourage' est lui-même sur les dents, ce qui ne te facilite nullement la tâche. Tu aurais très bien pu mettre toi-même la main sur leur cible – ou essayer – afin d'être au plus prêt de ta cible, voire de lui tendre une embuscade ; sauf que tu peux pas, sauf que tu dois te terrer. Et tu pestes, te demandant ce qu'il t'est passé par la tête au moment où tu as accepté un tel job. Mais l'on s'épargnera une autre série de questions inutiles ; tu te relèves et avances, ton pas et assuré et rapide, félin. T'es bon à ce jeu-là, t'as appris à te caler au rythme de tes adversaires, t'as appris à te fondre parmi les loups, t'as appris à ne plus savoir toi-même te reconnaître. Mais ne t'y trompes pas, tu seras jamais plus qu'un herbivore maladroitement déguisé. Risible.

Tu te mords la lèvre. Les types ont, visiblement, perdu leur cible. Pour le moment. Toi-même aurais pu perdre la trace de ton propre agneau, sauf qu'un autre coup retentit, et tu réalises avec un minuscule temps d'avance que la provenance du son – que tu reconnais si bien – vient de quelque part derrière toi. Alors tu fais marche arrière, tu cours vers ce son de coup de feu, tu sautes par dessus un grillage, dévales une pente et frôle de te manger une poubelle ; tu cours comme un dératé et enfin tu ralentis. Il ne te faut pas longtemps pour comprendre que tu es arrivé le premier, et un rapide coup d’œil ta renvoie une image bien trop familière pour que tu ne restes de marbre.

La silhouette recroquevillée, elle tremble, le regard braqué, ce regard de bête traquée et écrasée par la peur, la culpabilité et la douleur ; elle est là, la silhouette affaissée, étalée et bougeant difficilement, tandis que son bras cherche à tâtons à récupérer une arme dont il se saisira bien vite. Alors tu réfléchis pas vraiment, peut être parce que c'est trop similaire, peut être parce que t'as l'impression que c'est toi, cette silhouette fracassée ; peut être que c'est parce que tu sais ce qu'il en adviendra, si l'homme à terre parvient à viser. Et alors qu'un piteux sourire affublé d'une lueur de triomphe s'illumine, c'est sans la moindre pitié que tu abats ton pied sur la main armée. Te baissant simplement, tu arraches de ses doigts fébriles sa seule chance de victoire, ne jetant qu'un faible regard à son faciès. Et tu réalises. Ta cible avait fini par trouver la sienne. Ta cible qui est en train de se vider sur le goudron, sous le regard apeuré d'une jeune femme immobilisée par la terreur. Tu ne fais pas tout de suite attention aux bruits qui se rapprochent, ton attention toute rivée sur ces traits doux et juvéniles dévastés. Il y a quelque chose de fragile dans ces prunelles qui ne quittent que difficilement la scène qu'elle a elle-même engendrée, quelque chose qui fait un peu trop écho pour ton propre bien. Tu en oublies ce pauvre type par terre, tu en oublies pendant quelques longues secondes que d'autres arrivent. Puis un bruit, plus proche, plus fort, te sort de cette étrange torpeur, et tu jettes un rapide – et futile – coup d’œil en arrière. Jetant l'arme plus loin, tu laisses là ton steak et balayes complètement le chiffre, t'avances et agrippes le bras de la brune, sans plus de cérémonie, avant de la relever sans délicatesse aucune. « Bouge. » Sans relâcher ta prise tu la tires à ta suite, te mets à courir avec elle derrière toi. Tu sais pas bien ce que tu fais, sûrement cette âme chevaleresque est-elle de retour – ce qui est mauvais pour ton intégrité corporelle – mais tu cours, tu traces, la tires, la jettes contre un mur, l'attrapes de nouveau, cours encore. Tu en oublierais presque le chemin que vous parcourez ainsi, et le temps qui défile ; tu en oublierais presque le reste, il n'y a plus que votre survie, plus rien d'autre que cette course à laquelle tu ne sais pas mettre un point final.

Et cet arrêt là n'en est qu'un parmi tant d'autres, ce n'est qu'une pause minable dans ce chaos ambiant. L'air est glacial mais tu crèves de chaud, et enfin tu daignes porter un réel intérêt à la personne que tu as traînée comme une poupée pendant de longues minutes. Tu ne sais même pas pourquoi, alors même que cette vision te perturbe, te secoue, te fout en vrac, alors même que ton souffle en est presque coupé, tout ce que tu trouves à dire se limite à : « T'aimes te foutre dans la merde toi, ou c'est moi qui adore ça ? » Ça n'a aucun sens.
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MessageSujet: Re: Colder than our bullets, stronger than our demons ; Zephiriel   Colder than our bullets, stronger than our demons ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 12:52

Elle était au sol, assise sur le bitume trempé d’une pluie si glaciale qu’elle rougissait sa peau trop pâle. Cette fois, elle ne fuyait plus ; elle était acculée contre un mur, encadrée, elle avait poussé la résignation jusqu’à se laisser tomber sur l'asphalte, et son dos s’était heurté au béton derrière elle. Une grimace de douleur s’étirait sur son visage, et elle était incapable d’en déterminer l’origine : sa colonne vertébrale endolorie contre la façade, ses jambes qui ne la portaient plus vraiment, sa gorge ou ses poumons en feu ? Autre chose, encore, peut-être ? Elle tenait toujours son arme à bout de bras, mais plus les secondes passaient, plus ses mains tremblaient. Son doigt avait quitté la détente ; elle savait qu’elle ne tirerait pas. Plus maintenant, elle n’oserait plus. Elle avait réfléchit trop longtemps, et la peur, et les remords, et sa tentative désespérée de vivre encore un peu s’était muée en une abnégation à la limite du répugnant. Elle abandonnait, elle abandonnait alors qu’elle avait tout sacrifié, elle abandonnait alors qu’elle s’était jurée de vivre pour deux. Pour Tao, pour elle, pour cet amour qui s’était tué pour elle ; l’autel du courage, de la bravoure, de l’honneur, il l’avait connu de si près en s’offrant pour lui permettre de fuir, qu’elle se sentait tout à coup minable de n’être pas à la hauteur

Minable, pathétique, misérable, faible, piteuse, miséreuse, lamentable, pitoyable, méprisable.
Combien y avait-il de mots en vérité, capables de dire à quel point la rancoeur qu’elle éprouvait à son propre égard lui nouait la gorge et emplissait sa bouche d’un goût si âcre qu’elle en avait la nausée ?


Et puis, tout à coup, elle respirait à nouveau. Parce qu’une ombre venait de se dessiner, et parce que l’autre était désarmé. Ses prunelles, qu’elle voyait d’ici luire d’une victoire malsaine —comment, comment pouvait-on décemment se réjouir d’abattre un être vivant, une gosse, quelqu’un qui n’avait rien demandé ?— étaient cette fois-ci ravivées de surprise mêlée à une déception qui lui permit d’inspirer plus profondément. Elle y parvint ; détacher son regard du sang, des hommes, lever les yeux vers cette ombre à qui elle devait son salut de quelques secondes. Ce fut à un regard si semblable au sien —qu’il s’agisse du grenat à l’apparat d’encre dans l’obscurité nocturne, ou de ce trouble si flagrant et pourtant intraduisible— auquel elle se heurta qu’elle n’osa pas un mot, pas un geste ; pas plus qu’elle n’osa se détourner de ces sanguines si dérangeantes. Qui, pourquoi, comment ? Elle ouvrit la bouche, aucun son n’en sortit ; ses mains s’étaient baissées, mais tenaient toujours le canon de son arme. Qui, pourquoi, comment ? 

Il s’approchait, et elle ne le vit pas vraiment ; ils approchaient, et elle ne les entendait pas non plus. Elle ne discernait plus que les prunelles carmin, elle n’entendait plus que la pluie battante et son coeur qui battait un peu trop fort, dans sa poitrine. L’espoir. Il était de retour, en un instant ; il était de retour, parce qu’il venait de changer la donne. Elle l’avait appris au fil du temps : une seconde suffisait parfois à renverser le monde. Il venait de renverser le sien ; il venait de la garder en vie. Il venait de la sauver, et elle vivait, même si ça n’était le temps que de quelques souffles de plus. « Bouge. » Sa prise sur son bras, sa voix, et elle frissonnait en se relevant tant bien que mal. Son pistolet dans sa main libre, elle se débrouilla pour attraper son sac au vol avant de se laisser tout à fait entraîner par l’hybride —parce qu’elle le sentait, qu’il était un peu comme elle ; et peut-être était-ce l’une des raisons pour lesquelles elle lui confiait sa vie, aveuglément et sans même broncher. Ses jambes épuisées, son souffle court, la pluie et le vent qui précipitaient ses cheveux devant ses yeux ; elle s’efforçait d’ignorer, de courir encore et toujours, quand bien même son corps entier protestait. Sa volonté, aussi, vacillait. Mais il y avait cette petite flamme qui tremblotait au fond d’elle, et qui lui intimait de continuer. 

Continuer, continuer ; ne pas s’arrêter.
Ne pas s’arrêter.
Alors, elle courrait.

Ils coururent. Longtemps —ou peut-être pas tant, elle ne savait pas vraiment. La notion du temps qui passait se faisait floue, ce soir, alors qu’au fond, elle y accordait toujours un intérêt maladif —parce que chaque jour de plus qu’elle tenait bon était comme une infime victoire. Elle perdrait la guerre, elle n’en doutait jamais ; mais, si en attendant, elle pouvait l’emporter sur quelques batailles, ce serait l’humiliation en moins qu’elle emporterait de l’autre côté. Ce serait la force d’avoir survécu un peu plus longtemps que prévu, l’illusion d’avoir fait quelque chose pour s’en sortir, même si ça n’était pas tout à fait vrai. Elle ne savait pas vraiment où elle allait —Hoenn, peut-être ; n’importe où mais loin, loin, loin d’ici, loin d’Unys, loin de cet endroit de malheur qu’elle avait quitté.

Louve allait, et c’était déjà bien.

Elle allait, au milieu des rues plongées dans l’obscurité, frôlant les murs d’un peu trop près, sa main serrée bien plus que de raison sur l’arme dont la sécurité était à peine enclenchée —parce qu’elle était maladroite avec les canons à poudre, dans le fond— et l’angoisse lui retournait toujours l’estomac. Pourtant, la résignation l’avait quittée ; ce soir, elle ne voulait pas mourir. Alors, elle continuait, elle continua, jusqu’à ce qu’il s’arrête, et qu’elle l’imite, comme une marionnette trop bien accordée. Poupée cassée qu’elle était. Elle haletait, et elle s’écarta de quelques pas pour s’appuyer contre un mur et se pencher en avant, toussant tout ce qu’elle pouvait. La fatigue se lisait sur ses traits, dans chacun de ses muscles tendus à l’extrême et frissonnant, dans ses prunelles d’andrinople si ternes qu’elles paraissaient plus senois que sanguines. 

« T'aimes te foutre dans la merde toi, ou c'est moi qui adore ça ? » Elle leva brusquement le regard vers lui, figée en une hésitation tangible, comme à la recherche d’un indice dans ses yeux à lui, qui signifierait qu’il tentait de plaisanter ou qu’il… quoi ? Elle n’y discernait rien qui l’informa, rien de plus non plus qui l’alerta. Elle se redressa contre le mur, tête renversée en arrière, et ses lèvres se fendirent en un sourire douloureux, cynique, narquois. « Ouais, j’adore me foutre dans la merde. C’est dingue, l’adrénaline, non ? » Et elle ricana, de ce rire étouffé, raillé, qui était celui du doute et de la peur, l’écho des lendemains trop incertains. « T’es bien gentil pour un sauveur, mais t’es un peu con sur les bords, aussi. » Et c’était elle qui se sentait un peu conne, un peu abrutie. Elle dédramatisait, à sa façon. Elle tâchait d’oublier, du mieux qu’elle pouvait, la terreur, et le fait qu’elle avait manqué passer de vie à trépas, quelques minutes à peine auparavant. Elle écoutait, aussi, d’une oreille distraite, les bruits des environs, comme si le moindre pouvait être traître du retour de leurs poursuivants. Pitié, qu’ils abandonnent pour cette nuit, suppliait-elle intérieurement. 

Du répit, un peu de répit.
C’était tout ce qu’elle désirait, à présent.

Se détournant pour se servir du mur autant que de son genou comme d’appuis pour son sac, elle en tira une bouteille qu’elle ouvrit pour boire à petites gorgées, chacune lui demandant un effort considérable tant sa gorge avait été malmenée par le froid et la course effrénée. Elle toussa, à nouveau, et essuya ses lèvres d’un revers de la main avant de tendre la bouteille dans la direction de son confrère. Cette fois-ci, elle le regarda un peu plus en face, plongeant à nouveau dans son regard en tachant de ne pas s’y perdre comme elle l’avait fait auparavant —pourtant, cet éclat nébuleux, comme mille mots édulcorés qu’elle y lisait sans savoir leur donner sens, elle crevait d’envie de les déchiffrer, de les apprendre par coeur et de les tracer à l’encre de ses veines un jour. C’était dérangeant, perturbant, malsain peut-être sur les bords —désirer tellement lire en quelqu’un dont on ne savait même pas le nom. Elle tiqua. « D’ailleurs, tu- (elle s’interrompit, s’éclaircit la voix avant qu’elle ne s’éteigne, reprit.) C’est quoi ton nom, joli sauveur ? » S’il y avait un peu de ce sarcasme habituel qui avait percé dans sa voix, il y avait aussi, dans ses yeux, cette lueur qui ne mentait pas, quand bien même elle ne savait pas l’exprimer directement. La reconnaissance, et mille merci qu’elle ne s’était jamais entendue prononcer.
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MessageSujet: Re: Colder than our bullets, stronger than our demons ; Zephiriel   Colder than our bullets, stronger than our demons ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 12:52

Pourquoi t’as fait ça, déjà ?
Voilà une autre question à rajouter à une liste déjà longue comme le bras : pourquoi, oui, pourquoi t’être comporté comme tu l’avais fait ? Peut être parce que tu savais très bien qu’il n’y avait plus grand chose à faire pour ta cible - lui qui se vidait sur le macadam, qui n’avait plus aucune chance ; un simple regard t’avait suffi pour deviner ce simple fait, ce type était déjà mort -, peut être parce que tu t’étais dit que tu n’avais plus rien à perdre. Peut être parce que cette fille te perturbait, cette scène te troublait, ses tremblements te renvoyaient aux tiens et son regard était un miroir. Un miroir ; oui voilà, c’est ce que tu as vu en baissant les yeux sur sa silhouette prostrée. Elle est comme toi, paumée, cassée, elle aussi elle a besoin d’être sauvée. Quoique l’on fera meilleur sauveur qu’un type qui n’est même pas capable de s’aider lui-même, pas vrai ?

En cet instant, l’envie te prend de t’excuser. Pourquoi ? Parce que tu n’es pas celui qui la sauvera, parce que tu le sais très bien ? Oh ta gueule Zephiriel, ta gueule. Ne t’excuse pas, ne t’excuse pas du répit que tu lui as offert, ne t’excuse pas du sang qu’elle a sur les mains - du sang que tu as sur les tiennes ; ne t’excuse pas, Zephiriel. Arceus sait combien tu en crèves ; mais ils ne sont pas pour aujourd’hui, les pardons. Auras-tu seulement droit à la rédemption ?Chasses ces pensées de ton esprit, éloigne les ; tu as mieux à faire pour le moment. Après, tu pourras ressasser, après, tu pourras t’effondrer

Allez, là, reprends toi. Ton regard survole les environs, fébrilement, avant de revenir sur sa silhouette affalée, essoufflée. Son teint est pâle à en faire peur, quoique rougit par le froid et l’effort ; des cernes creusées, signe d’un manque de sommeil affolant ; ses sanguines aux éclats brisés… Ton regard se détourne sans que tu n’y réfléchisses ; c’est plus fort que toi. Un miroir. Cette fille est un miroir, elle te ressemble bien trop pour que tout cela soit sain. Mais cette attirance ne l’est pas, pas vrai ? Parce qu’elle t’est similaire, tu aimerais décamper, la protéger, lui tendre la main, tourner les talons, saigner pour elle, peut être. Parce qu’elle t’est similaire, tout devient compliqué ; et étrangement aisé. C’est une sensation de malaise viscéral et d’être à sa place en même temps, une sensation de compréhension et de rejet tout à la fois. 

Et maintenant ?

Maintenant elle a ce sourire, ce sourire qui t’arrache un rictus, ce sourire douloureux. Elle a ce sourire et t’es incapable de détourner le regard, t’es incapable de la quitter des yeux alors que ton être entier en crève, et tu la fixes, délibérément. « Ouais, j’adore me foutre dans la merde. C’est dingue, l’adrénaline, non ? » Sa voix est éraillée, fatiguée, et le rire qui s’en suit l’est tout autant. Ce rire qui n’a plus rien de vivant ; ou qui l’est trop, peut être. Craintif, incertain, fragile. Tes doigts te picotent, comme s’ils ressentaient l’envie, indépendante de ta volonté propre, de se tendre vers elle. Dans un geste un peu inutile et ridicule, tu agites les doigts et vient croiser les bras, te fermes, espérant peut être te sentir moins attiré que tu ne l’es par cet éclat de verre brisé. « T’es bien gentil pour un sauveur, mais t’es un peu con sur les bords, aussi. » Tu sursauterais presque - presque - avant de la regarder, d’écarquiller les yeux. Un éclat brille dans ton regard, un sourire timide et fatigué, peut être, vient flotter sur tes lèvres, alors qu’un rire te reste dans la gorge. Et puis tu te tournes, lui faisant désormais pleinement face, t’appuies contre le mur. « ...'Un peu' ? ‘Sur les bords' ? Très larges, les bords, dans ce cas… » Tu réprimes difficilement le sourire qui tente timidement de poindre sur tes lèvres. Cette situation est absurde. Tes propos sont absurdes. Tu es absurde. Mais tu ne t’en formalises pas ; peut être parce que c’est si simple d’être en présence de cette fille, peut être parce que tu ne crains rien, là, subitement. Tu n’as pas peur d’elle comme tu aurais peur des autres ; elle est aussi fragile que toi, aussi fébrile, après tout. Tu te mords l’intérieur de la joue, fermes les yeux et inspires. Quand tes paupières se rouvrent, elle est en train de fouiller dans son sac. Tes sourcils se froncent, ton regard ne la quittant pas un seul instant, intrigué. Tu ne songes pas au danger qui rôde, là dehors ; ou plutôt, c’est relégué au second plan. Elle a toute ton attention, elle a captivé ton regard. Tu la vois sortir une bouteille, boire ; tu vois son visage se froisser, ce que tu devines comme de la douleur ou, au moins, une gêne. Sa toux te confirme ta première impression et tu n’hésites même pas, malgré tout, à te saisir de ce qu’elle te tend suite à cela. Quelques rapides gorgées glacées et tu lui rends sa bouteille, ponctuant ton geste d’un « merci » un peu fatigué. Alors ton regard se porte de nouveau sur elle pour plonger dans le sien ; tu papillonnes des yeux, de peur de t’y noyer - mais incapable de t’en détourner. « D’ailleurs, tu- » Hm, oui ? « C’est quoi ton nom, joli sauveur ? » ...Hm quoi ? Tu hausses un sourcil, la toisant quelques secondes en silence. Le sarcasme dans sa voix ne t’a pas échappé - quoique sur le coup, si, et t’as pas trop compris - mais son regard ne s’y accorde pas. De la reconnaissance. Tes lèvres s’ouvrent sans que le moindre son n’en sort, et tu finis par te sentir particulièrement con. Sans que t’y réfléchisses vraiment, un sourire étire tes lèvres ; amusé ou simplement joyeux, t’en sais rien. C’est étrange. Depuis quand t’as pas souri comme ça, déjà ?

Tu te redresses, hausses tes épaules qui commencent à être un peu endolories. « Zephiriel. » Ton regard survole les environs, à l’affût, à ton tour, du moindre bruit - rien, pour le moment. Tu te doutes que vos - puisque désormais t’es dans la même merde - poursuivants ne vont pas si aisément lâcher le morceau. Ils semblaient trop déterminés, à être aussi nombreux sur… Sur elle. « Et toi ? » Qui es-tu pour qu’on mette tellement d’énergie à avoir ta peau ? Ta tête se penche ; tu doutes qu’il soit bien intelligent de lui poser directement la question, et plus encore en ces termes. Tu sais pertinemment qu’à sa place, tu mentirais, ou garderais le silence ; tu détournerais le sujet, à moins de tout simplement la boucler. T’as jamais été un grand bavard. Et après tout, elle te ressemble tellement. Tu chasses cette pensée - pourtant omniprésente - de ton esprit ; faudrait songer à vous mettre à l’abri. Ou au moins, plus que vous ne l’êtes déjà. Tu te mets à tâter tes poches pour en sortir ton téléphone ; les photos t’arrachent une grimace et tu le ranges rapidement. En relevant rapidement le regard, tu te mets à espérer qu’elle n’ait pas vu - ou au moins compris - l’écran de l’appareil - que son bourreau y était pixelisé. Finalement, tu mets la main sur ce que tu cherchais et sort une liasse de billets. « On pourrait aller s’planquer dans un hôtel pour la soirée, je pense. Si on reste là déjà, c’est certain qu’ils nous trouveront et… j’aimerais autant ne pas t’avoir sauvée pour rien. » Surtout alors que t’y as perdu ta prime. Tu ne te formalises pas spécialement de ton ton un peu brusque et dénué de la moindre délicatesse ; t’es trash et direct, c’est comme ça.

Tu te penches vers elle, sans réfléchir à ce geste ; une lueur derrière elle t’interpelle, et tu fronces les sourcils. « Maintenant. On va y aller maintenant. » Mieux vaut prévenir que guérir comme on dit, et tu sens vos traqueurs sur vos traces.
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