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 Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel

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Yûki
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MessageSujet: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:47

Il y a eu de l'orage. Ce n'était pas au dessus de nos têtes, pas au dessus des arbres, pas là-haut dans le ciel. C'était plus proche, c'était dans nos têtes et dans nos cœurs. C'étaient des reproches amers, des accusations vaines et cruelles. C'étaient des menaces et puis une porte qui claque, qui se ferme sur trop de non-dits, trop de secrets, trop de mensonges, une porte qui se ferme sur un torrent de douleur qui a éclaté ce soir mais se taira demain. C'était pourtant une belle journée. Mais tante Symphonie a envoyé une petite carte, et elle a eu de malheur d'y écrire le nom de Soliste. Mes parents n'ont pas voulu me la lire ; j'ai dû la leur arracher des mains. Son nom est devenu tabou, interdit, j'ai eu l'impression de commettre un sacrilège en leur demandant pourquoi. Pourquoi n'avais-je donc jamais le droit de parler de cette sœur que j'aime tant et qui, même loin, j'en suis sûr, est vivante, me manque, reviendra ? Ils n'ont pas voulu répondre, ils n'ont pas voulu m'expliquer. Ils ont préféré faire semblant, semblant qu'elle n'existait pas et que j'étais fou, fou de croire qu'un jour, on la retrouverait. « J'irai la chercher seul, alors. » J'ai lâché ces paroles, pleines d'un venin qui les a sans doute atteints en plein cœur, et puis je suis parti, sans me retourner.

C'est toujours pareil, toujours la même chose. Toujours le même refrain. Je m'y suis fait, avec le temps. On s'habitue. C'est sans doute la condition pour être vivant ; s'habituer, se plier aux règles, s'incliner face à ce monde tordu. Ce monde dont je ne veux pas. Je crois que trop de choses ont changé, depuis cette journée où j'ai mis la main sur un acte de naissance que je n'aurais sans doute pas dû voir. Parce que je sais qu'ils me mentent, et qu'ils ne savent pas, eux. Ils me mentent impunément, insouciamment, sans même se douter que leurs balivernes me coulent dessus sans plus me toucher puisque je sais qu'elles sont fausses. Peut-être même qu'ils savent des choses sur Soliste, sur l'endroit où elle est retenue, sur ce qu'elle subit. Peut-être qu'ils ne disent rien pour ne pas me donner la folle envie de rejoindre Unys pour l'arracher aux griffes de ses geôliers. Je n'ai pas besoin d'eux. Ils croient sans doute que l'idée d'aller la chercher par moi-même ne m'a jamais véritablement effleuré l'esprit, qu'il ne s'agit là que de menaces en l'air. La crise d'adolescence un peu violente d'un jeune mal dans sa peau, mal dans sa tête. S'ils savaient.

S'ils savaient où je suis, s'ils savaient comme je suis perdu. J'ai continué à marcher, bien après Lavandia. Je ne sais même plus dans quelle direction. Mais je sais que je ne vois plus grand chose, il y a du sable qui tourbillonne, un vent tantôt tiède, tantôt glacial qui vient fouetter mon visage ou s'infiltrer sous mes vêtements. Mes cheveux s'invitent devant mes yeux, empêchent au moins les grains de sable de venir s'y loger. Je n'y vois plus à quelques mètres devant moi, et il n'y a rien pour m'indiquer la route à suivre. Peut-être qu'il y a un panneau, à tout juste quelques pas, mais la tempête qui s'est levée ne me permet pas d'y voir. Je tourne sur moi-même dans l'espoir de voir une route se dessiner, ou une silhouette apparaître, quelqu'un, quelque chose pour me montrer la route. Rien. J'avance, je suis totalement égaré. Et tout, autour de moi, s'assombrit. Où est ma forêt ? Je sens mon estomac qui se tord sous l'angoisse, mon cœur qui bat plus vite, aussi. « Y'a quelqu'un ? » j'ai lancé, dans le vague, dans l'espoir d'être entendu. Aucune réponse. « Eh oh, quelqu'un m'entend ? » J'ai peur que le son du vent qui siffle dans l'air ne couvre ma voix.

J'ai été con. Con de croire que je savais me débrouiller tout seul. Je le sais pourtant ; je ne suis pas chez moi ailleurs que dans ma forêt. Tout le reste, c'est l'inconnu, c'est le danger. Je ne devrais pas quitter Cimetronelle sur un coup de tête, sur une engueulade. Pendant un instant, l'idée d'être définitivement perdu et de dépérir avant que l'on ne me retrouve m'effleure l'esprit ; je l'en chasse bien vite, après qu'elle ne m'ait arraché un horrible frisson. Il y a une faible accalmie dans la tempête, je me saisis d'une poignée de sable que j'envoie valser au coeur des tourbillons. Et encore une poignée, et puis une autre, et encore une, jusqu'à ce que je sente une vive douleur à la main. Le sable tombe, un bout de verre luit en plein milieu. Une goutte de sang tombe au sol. Et puis une deuxième. Une troisième. Putain. Ça pisse le sang, ça me rend malade. J'ai la tête qui tourne. Je respire, en lâchant ma blessure du regard —pour autant, je ne l'oublie pas, elle fait un mal de chien. « Putain... BORDEL mais y'a personne dans c'coin paumé ?! » De rage, je donne un coup de pied dans le sable. « M'dites pas que j'suis le seul con perdu ici !» ... Il faut croire que si, Rhapsodie.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:48

Tu t'enfonces, Zephiriel. Tes traits se tirent pour former une grimace, tandis que tu continues tout de même d'avancer. T'es têtu, Zephiriel. L'on aurait aussi bien pu dire con ; c'est vrai après tout, tu l'es, t'assumes. À peu près. Ton regard sanguin se lève et caresse les lieux, ton regard de bête traquée tu finis par baisser. Et tu continues d'avancer, de t'enfoncer. De t'enfoncer dans ta connerie, oui. Cela fait bien longtemps que tu ne te cherches plus le moindre but ; bien longtemps, même, que tu as oublié de quoi il peut bien s'agir. Sans se perdre dans des envolées philosophiques qui ne sont d'ailleurs pas ta tasse de thé, la question de ce qu'est un but en soit, un endroit où atterrir, semble caduque. Ah, si seulement tu savais, toi ! Même avant de claquer la porte pour de bon, tu ne savais pas ce que « but » signifiait ; maintenant, c'est vaguement synonyme de « sauver sa peau ». Comme ta vie – survie, pardon – est passionnante !...

Tu sens que ça te fait mal, t'aimerais juste arrêter de penser. T'es tellement crevé, tellement que tu te demandes encore comment tu arrives, malgré tout, à réfléchir. Ton corps te fait mal, te rejette, te gueule à quel point il en a assez que tu le maltraites ainsi ; et ta tête, ta tête carbure, alors que le monde en noir et blanc qui t'entoure semble ralentir. Quand est-ce déjà, la dernière fois que tu as semblé distinguer quelques couleurs ? Quand ce monde a-t-il commencé à se ternir ? Et merde ! Pourquoi t'arrives pas à te déconnecter ? Quand as-tu commencé à désirer à te déconnecter complètement, définitivement ? Wow ; là tu sais que tu commences vraiment à craquer. Tu n'as pas le droit de tomber, rappelle toi ; alors maintenant, tu bouges ton cul et tu avances. Pardon – et tu t'enfonces. 

T'as mal, mal comme jamais. Et cette douleur-là est si vive et depuis tant que tu as fini par oublier, oublier ce que c'est que de ne plus avoir un poids sur les épaules. Que ton dos soit courbé sous la douleur et que ton regard se baisse sous la honte, c'est devenu une banalité. Un sourire cynique part tes lèvres alors qu'un léger rire amer t'échappe. Avance. Avance Zephiriel, même si tu ne sais pas où, même si tu ne sais plus pourquoi. Avance, Zephiriel. 

« Un but » ; t'as oublié. Tu es ce spectre errant qui s'aventure en ces lieux sans en comprendre la raison. Mais t'avances. Tu en oublies tellement ce monde terne qui t'entoure, pendant quelques instants, quelques dangereux instants, que tu ne songes pas à où te mènent tes pas. Oh pour sûr, tu sens les caprices du temps te malmener – mais pas bien plus que tu ne le fais toi-même, n'est-ce pas ? Que la tempête te bouscule et que le sable te brûle les yeux, finalement, tu t'en moques quelque peu. T'es pas dans tes bons jours. Tu te sens faible et pitoyable, et putain ce que tu détestes ça. Tu t'es juré de tenir bon, merde. Mais pourquoi faire ? Tu te souviens de ce regard bleu inquiet qui demande si ça va, et te sens subitement flancher ; ta respiration se fait saccadée et plus compliquée. C'est le temps. C'est parce que le vent te ballote, parce que le sable t'empêche de respirer correctement. C'est parce que tu te mens. Elle aurait pu panser tes plaies, elle et sa délicatesse maladroite, elle aurait pu guérir ton âme, elle et son regard inquiet. Ou tout empirer. Fallait que tu fuis cet être étrange qui te rappelait bien trop ce que tu souhaites, ce que tu désires le plus au monde. Tu devais partir.

Mais pour aller où ? Tu avais une échappatoire, pauvre imbécile. Tu avais une échappatoire, mais tu as préféré continuer de t'enfoncer dans ta merde. Alors maintenant, cesse donc de faire l'enfant, cesse donc de pleurnicher, de t’apitoyer sur ton sort, et avances. Et cesse donc, aussi, de faire comme si tu cherchais une sortie, tu veux ; tu l'avais, mais tu t'es enfuis. Fin de la partie.

Tu es sur pilotage automatique. Ce n'est plus que réflexes et instinct tandis que tes songes sont bien loin, ô si loin. Puis soudain ton regard dérape, s'accroche à une forme dans ce tumulte et tu plisses les yeux. Le boucan qui tonne à tes tympans t'empêche d'entendre correctement, mais tu te demandes si l'individu – ou ce qui semble en être un – hurle. C'est sans doute la tempête qui murmure, et ton imaginaire qui joue le reste. Ta paranoïa ou ton désir ? 

Quelques pas encore, ta mâchoire se sert, ton cœur bat fort à tes tympans, tant qu'il en couvrirait presque ce vacarme incessant. La silhouette se précise et tu piles. Ce temps-là n'est pas assez mauvais pour que tu ais besoin de te rapprocher d'avantage, tu le vois déjà presque parfaitement, et sens quelque chose brûler dans tes tripes ; tu comprends pas et t'as pas envie de comprendre. Tu te demandes s'il va hurler – comme une fillette serait le plus humiliant – si tu te rapproches d'avantage et le surprends ; il faut dire que tu es tout sauf rassurant. Son coup de pied rageur fait naître un sourire moqueur, faible, sur tes lèvres. Un sourire qui s'évanouit presque immédiatement, comme si ton visage n'était pas une zone viable pour ce genre de mouvement facial. 

« Si. »

Un pas, deux ; tu t'approches enfin et penches la tête, tes billes sanguines brillent d'un éclat peut être un peu inquiétant alors que tu ne le désires nullement. T'as tellement l'air d'un zombie, en même temps... 

« Et t'es surtout le seul gamin paumé, ici. »

Ce que tu n'approuves pas particulièrement. Après que sais-tu ; il n'y est sans doute pour rien, tu ne vas pas commencer à lui jeter la pierre... et puis, pourquoi le ferais-tu ? Qu'y a-t-il chez ce gosse qui te perturbe autant ? Non Zephiriel, ce n'est certainement pas ici que tu trouveras une échappatoire.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:49

Il y a comme un vide en vérité. Un vide, impossible à combler. Plus immense encore quand je suis loin de chez moi. Un trou béant dans ma poitrine. Le poids des mensonges. C'est moi qui en pâtis, qui pâtis des mascarades incessantes, de l'absence insupportable. Ça tue. Ça crève à l'intérieur. Ça me fout la nausée, rien que d'y penser. Arrête de penser, Rhapsodie, putain. J'aimerais. J'aimerais que ça soit si simple. Que ça arrête de bouillonner dans mon bide. Qu'il n'y ait pas le goût de la bile sur ma langue, sa brûlure dans ma gorge. Je ne suis qu'un gosse. Et on ne dit jamais rien aux gosses ; tu comprendras plus tard, quand tu seras plus grand. On est toujours trop jeunes à quinze ans, trop jeunes pour tout, trop jeunes pour savoir, trop jeunes pour comprendre, trop jeunes pour qu'on vous explique. Trop jeunes aussi pour avoir le vague à l'âme et des bleus au cœur. Mais, ça, tout le monde s'en fout. Paraît qu'on est trop jeunes, à quinze ans, pour savoir ce que c'est que d'avoir mal. Je m'appelle Rhapsodie, j'ai quinze ans, j'ai perdu mon meilleur ami, j'ai perdu ma sœur ; on s'en fout, c'est pas ça avoir mal. Je vais bien. Je ne suis pas en train de fuir ce qui me crève à petit feu. Je vais tellement bien.

Putain. Ma main me lance. Le sable s'imprègne de mon sang, par terre. J'ai froid. C'est immonde, tout ce carmin. Il y en a peu, pourtant. Très peu. C'était pire ce jour-là. Mais c'est mon sang. C'est ma vie. Je déglutis, serre ma main pour ne plus voir la plaie et les sillons écarlates qui se dessinent tout autour. C'est poisseux. Et ça fait mal. « Si. » Je sursaute, et me tourne vivement. Pendant une seconde, je crois perdre l'équilibre —non, je le perds. Et je tombe. Dans le sable. Ce sont mes mains qui me rattrapent, par réflexe purement instinctif. Pour éviter la casse, sans doute. Ma main. Je serre les dents, la retire du sable. C'est encore plus douloureux qu'avant. Celle qui est libre vient soutenir l'infirme, comme si ça pouvait faire rien qu'un peu moins mal comme ça. Mais ça ne fait rien, sinon la teinter de rouge elle aussi. Putain, j'ai envie de vomir. Je relève les yeux, dans l'espoir de reprendre mon souffle, d'inspirer de l'air frais. Mais il y a ce type, là, tout près. Ce type à l'allure étrange, cet inconnu aux airs hagards. Il aurait pu me paraître normal, si je n'avais pas croisé son regard. Son regard. Identique à la couleur de la vie qui s'échappe et qui m'effraie tant. 

N'oublie pas de respirer, imbécile. J'inspire. J'expire. « Et t'es surtout le seul gaminpaumé, ici. » Je tique. Gamin ? Je pourrais lui cracher dessus. Je ne le fais pas. Il a raison. Et il a l'air plus âgé que moi. Plus... plus fatigué, aussi, peut-être. Fatigué, dans tous les sens du terme. C'est con, mais à le regarder, comme ça, j'ai mal. Encore. Y'a un truc qui se tord dans mes boyaux, et mon souffle se coupe. N'oublie pas, Rhapsodie, n'oublie pas. J'inspire. J'expire. Idiot. Je secoue la tête. « Et ça t'dérange ? » Ça m'a échappé. Je ne sais pas si je voulais paraître si froid. Si incisif. Mais ça m'a échappé. Et je me sens un peu déphasé, un peu débile, un peu raté. Il est le seul à pouvoir, peut-être, m'aider. Si ça se trouve, personne ne passera dans le coin avant longtemps. Avant que je n'ai eu le temps de dépérir, affamé, assoiffé. Ça n'est pas la mort héroïque qu'un ado peut espérer. Pour peu qu'un ado pense à la mort. Mes yeux se posent sur les tourbillons faits de sable, tout autour de nous. Ils paraissent presque vivants, à onduler comme ils le font. Ils dansent, ils valsent. Ça tangue dans ma poitrine. J'ai le mal du monde.

Je me redresse, sans m'appuyer sur ma main blessée. Combien de temps va-t-elle encore saigner ? Je sens à peine mes doigts. Mais c'est juste dans ma tête, je crois. Je flippe comme une fillette. Mauviette. J'y suis pourtant habitué, aux écorchures. Combien sur les mains, à force de frapper pour oublier ; combien sur les jambes, à force de les accrocher dans les ronces de la forêt. Mais cette fois-ci, c'est différent. Parce que ce n'est pas fait exprès, parce que je suis perdu, parce que je suis loin de tout, parce que je ne suis qu'un putain de gamin qui n'a rien à foutre ici. J'y suis, pourtant. Et je ne sais même pas ce que j'y fous. Je déglutis, m'approche légèrement de cet étranger. Mais pas trop. Ses yeux font vaciller mon propre regard ; je l'esquive. « Dis, c'est loin, la ville ? » Je ricane, avec une amertume à peine dissimulée. « J'ai pas envie de passer la nuit ici. » Inéluctablement, mon regard est attiré au sol. Même s'il y a du sang. Je suis fasciné, plus qu'inquiété. « Pas seul, en tout cas. » La solitude, ça vous ronge tellement de l'intérieur. Je ne veux plus la connaître. C'est triste, d'être seul à quinze ans. J'ose un regard vers le type en face de moi. J'ai peur qu'il parte. Qu'il me laisse ici. Je supplie presque. « Aide-moi... » Aide-moi, juste à retrouver mon chemin et la chaleur d'un logis pour ce soir. Aide-moi à trouver la lumière d'une route oubliée.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:49

Il s'écroule telle une poupée de chiffon, et tout ce que tu te contentes de faire, c'est hocher la tête. Tu le regardes chuter, au lieu de pousser un cri tout bonnement ridicule, sous la surprise de ton intervention. Mais tu ne l'aides pas, tu ne t'avances pas pour l'empêcher de tomber, tu l'observes en silence. Le sang le pare, une grimace douloureuse dessine à présent ses traits, et il a ce réflexe dépourvu d'intérêt mais tellement naturel, soulevant sa main blessée. Mais toi, tu ne dis toujours rien. Tu penches un peu la tête, les sourcils froncés et une moue désapprobatrice. Il lève enfin les yeux ; les baisse si vite. Tu ne comprends pas immédiatement, mais subitement, la pensée que tes prunelles couleur de sang le déstabilisent te traverse l'esprit. Pourquoi baisser les yeux, sinon parce que ton regard le met mal à l'aise ? Ce n'est pas le premier à avoir une telle réaction ; alors tu t'en fous. 

« Et t'es surtout le seul gamin paumé, ici. » Il le prend mal, certainement. Un léger tressaillement de ses épaules te fait formuler cette hypothèse, mais tu n'en sais pas plus ; il a les yeux rivés sur tes pieds. Il t'observe silencieusement un moment, lui aussi, et vous vous toisez ainsi pendant, quoi... une bonne minute ? Tu hausses un sourcil, quelque peu sceptique. Et c'est après ce qui te semble être une véritable bataille contre lui-même – ou du moins avec sa respiration qui fait un peu n'importe quoi, as-tu l'impression – que sa voix résonne. « Et ça t'dérange ? » Tu ne réagis pas ; pas immédiatement. Tu penches légèrement la tête, mais aucune émotion ne transparaît sur tes traits. Rien ne va s'arranger, tu sembles de plus en plus perturbé. Qui est ce gamin, et qu'est-ce qu'il t'arrive ? Peut-être que t'aimes juste pas les gosses en pleine crise d'adolescence, qui sait. Ouais, ça doit être ça. Tu t'es jamais posé la question. T'es fils unique, tout ça tout ça. Tu te mords la lèvre – on a dit, arrêter de penser à la famille. Ou arrêter de penser tout court, aussi.

Il finit par se redresser ; cette fois encore, tu te contenter de l'observer sans piper mot. Puis il approche, craintif, comme s'il aurait préféré reculer mais qu'il n'a pas d'autre choix ; ce qui, te semble-t-il, est sans doute le cas. Est-ce qu'il vacille ? Est-ce qu'il tremble ? Pourquoi son image t'apparaît-elle si incertaine ? Peut-être parce que tu n'arrives pas à capter son regard ; peut-être parce qu'il semble s'échapper. Hé, tu vas pas le manger. Tu crois. Promis, même s'il se montre à nouveau à nouveau cassant, tu ne lui colleras pas de balle entre les deux yeux. Une moue. Non, tu ne lui collerais pas de balle entre les deux yeux.

« Dis, c'est loin, la ville ? » C'est une question attendue, toute désignée ; c'était prévisible, rien ne t'étonne et tu te contentes de balayer les environs du regard. L'amertume se mût en rire et tu reposes les yeux sur lui. « J'ai pas envie de passer la nuit ici. » Quelle surprise. Tu ne t'en serais pas douté. C'est vrai, il avait pourtant l'air d'adorer le paysage. Très venteux, carmin et agréable à souhait. « Pas seul, en tout cas. » Tu continues de le fixer, plisses les yeux. Zephiriel, le summum de la sociabilisation, très bavard ; petit échantillon. Et enfin, il relève les yeux et croise les tiens, et tu sens à nouveau cette chaleur dans ton bide qui te met si mal à l'aise, cette étrange sensation dont tu ne comprends pas grand chose. Pour ne pas dire rien du tout. Ça remonte dans ta gorge, ça brûle ta langue et te donne à nouveau ce goût âcre. Ce que tu te contentes d'ignorer superbement. Ce que t'es pitoyable, pitoyable et lâche, comme ton père. Est-ce que tu flippes, Zephiriel ? Sérieusement ? « Aide-moi... » Tu clignes des yeux. Et bien, comment il est long à la détente, le petit luxray. Tu te penches légèrement, histoire d'atténuer votre différence de taille, et hoches silencieusement la tête. Puis enfin tu ouvres la bouche, enfin tu vas arrêter de te faire l'effet de cet imbécile fini. « T'inquiète, je vais pas te laisser là. » Tu n'es pas assez cruel n'est-ce pas ? Ce n'est pas juste que son regard te perturbe, pas juste que le ton de sa voix qui se brise te fait ployer, ce n'est pas juste que tu ais pitié. Tu n'as pas pitié, c'est tout autre chose.

Ce tout autre chose que tu ignores, ce tout autre chose que tu décides de laisser filer. Tu n'as pas l'envie immédiate de chercher à comprendre ; juste de guider un gosse égaré. Ce gosse égaré chez lequel tu perçois ce reflet déformé du gamin que tu côtoyais en te contemplant dans la glace, avant. Et tu recules, tu titubes, avec cette claque glacée dans la face, inspires de façon désordonnée et te reprends rapidement ; mais qu'est-ce qui t'arrive enfin ? « Excuse moi. » Tu relèves les yeux, et cette étrange sensation se dissipe ; ou du moins en as-tu l'impression. « La fatigue. » Ouais, la fatigue. T'es crevé, t'en peux plus, t'es au bout du rouleau ; quelques minutes plutôt à peine, des pensées noires t'assaillaient de toutes parts. Alors subitement, ce gosse implorant te semble être une forme de sécurité, histoire d'oublier quelques instants que tu coules. Quelques instants seulement. « Suis-moi, la ville la plus proche est par là. Reste près de moi histoire de pas te paumer. Je sais pas dans combien de temps exactement on y sera. » T'en sais fichtrement rien, ouais. Tu te tournes, fouilles les environs du regard et retrouve bien rapidement ton chemin ; ton sens de l'orientation t'a tant de fois sauvé la mise. Néanmoins la nuit tombe, tel un draps sur vos épaules et vous rend le chemin plus sombre ; ta vue s'adapte vite – l'habitude – mais il n'en reste pas moins complexe de se repérer dans les environs, plus encore à cause de la tempête. 

Puis tu réalises ; tu réalises à quel point vous êtes loin de "la ville la plus proche". Tu te mords la lèvre, lances un regard en arrière ; bien, il est toujours là, c'est déjà ça. Mais il doit bien y avoir un abris, quelque chose... soyons optimiste. Ce que tu n'es pour ainsi dire jamais. Il saigne en plus, alors s'arrêter pour soigner cela te semble nécessaire. Et puis au bout d'un petit quart d'heure sans doute – tu perds la notion du temps – tu la trouves, ta planque ; un abris, un abris en pierre qui semble largement capable de vous caser tous les deux. Seulement, il y a un hic – bien sûr – : la porte est verrouillée. Tu observes la grosse serrure, te dis que tu pourrais fracturer la porte... Alors tu descends rapidement ton sac de ton épaule à la recherche d'une pince – pourquoi tu gardes pas ça dans tes poches sérieux ? – avant de voir du coin de l’œil l'adolescent, qui ne semble clairement pas aller bien. L'état d'urgence tu décrètes, alors tu dégaines ton arme, l'impatience te guettant subitement, sans même que tu ne comprennes pourquoi – n'es-tu pas d'ordinaire très patient ? « Recule. » Il t'obéit docilement te semble-t-il, et tu tires. La serrure cèdes donc bien gentiment et tu rentres sans la moindre difficulté. Tu lances un autre regard au gosse et l'observes en silence. Il flippe, t'en es sûr. Un sourire – pas rassurant du tout, good job – étire tes lèvres. « J'ai pas pour habitude de tirer dans les gens gratuitement, tu sais. » Et tu rentres. Parce que tu te trouves rassurant ?
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:50

Il se penche vers moi, légèrement, et moi je ne quitte plus ses iris rougeoyants du regard. Ils sont clairement inquiétants, pas très communs aussi, mais, au fond, je crois que je les trouve... beaux ? Ou quelque chose proche du fascinant. J'ai l'impression d'y lire des choses interdites, des choses qui m'échappent mais que je distingue. Je crois que Belt avait le même regard, les derniers jours. Je crois que mes parents ont aussi le même, depuis que Soliste a disparu, depuis que notre famille a volé en éclats sous les cris et les larmes. C'est comme un gouffre, un gouffre empli d'une douleur étouffé, d'un épuisement contre lequel même le sommeil ne peut plus rien. Est-ce que j'ai ce regard, moi aussi, depuis qu'elle n'est plus là ? Je n'ose plus affronter mon teint pâle ni mes cernes dans le miroir, chaque matin. Je n'ose plus me plonger dans les prunelles du reflet défait aux airs maladifs. Je me déteste quand je me vois, je me répugne quand je distingue mes traits marqués par la douleur. Il n'y a que moi qui les remarque ? Papa, maman, ils n'en disent jamais rien. Il n'y a que Primrose, une fois, qui a osé ; quand elle m'a vu, l'air hagard à mon piano. Il n'y a qu'elle et son sourire rassurant, sa main légère sur mon épaule et sa petite voix mélodieuse qui m'a demandé si tout allait bien. Mais rien ne va plus, depuis que mon monde s'est effondré. Je n'ai jamais répondu. Elle n'a jamais essayé de savoir à nouveau. Elle est gentille, pourtant, Primrose. Elle est gentille, mais elle n'aurait pas compris ce truc qui me bouffe de l'intérieur. Elle ne peut pas.

« T'inquiète, je vais pas te laisser là. » Je cligne des yeux. Je crois que, pour peu, je pourrais presque sourire. Mais j'ai trop mal, mal au cœur, mal à la main, mal au crâne pour m'y risquer. J'ai la sensation que le moindre geste de trop, aussi infime soit-il, me fera m'effondrer. Je ne sais pas si c'est parce que je perds du sang, ou juste parce que j'en ai peur. Ou si c'est autre chose encore. Mais je me sens mal assuré sur mes jambes. Je me sens fragile, apeuré, comme un enfant arraché à son petit cocon de bonheur, comme un gamin qui ne connaît pas la vie et qui la découvre d'un coup bien placé dans la mâchoire. C'est comme l'effet d'une bombe dans la poitrine. Ça ravage tout, et ça fait suffisamment de vide pour que tout ce qui est sombre vienne s'y loger. Y'a plein d'obscurité dans ma tête et dans mon cœur. C'est l'ombre sur mon ciel, l'ombre sur ma vie. C'est un voile qu'on refuse de lever ; ça m'effraie. Mais il y a ce type. Il est là et j'ai un peu moins peur. Je ne le connais même pas. J'ai aucune foutue idée de son nom, d'où il vient, de ce qu'il est. Mais il est là. Et c'est comme si, en sa présence, plus rien ne pouvait m'arriver. Comme s'il venait de dresser une barrière entre le reste du monde et moi. « Je vais pas te laisser là. » Je ne suis plus perdu, alors. Le monde a arrêté de tourner, le temps que je reprenne mon souffle. Ce sera court, sans doute. Mais c'est grâce à lui.

Il recule, je fais de même, pris au dépourvu de le voir soudainement s'agiter. La logique aurait sans doute voulu que je m'avance, au cas où qu'il ne s'écroule, pour lui épargner une quelconque chute. Mais quelque chose m'a retenu. « Excuse-moi. » Hein ? Il s'excuse. Pourquoi ? « La fatigue. » Je secoue la tête, tout doucement. Comme si un mouvement trop brusque allait me faire tourner de l’œil. « C'est rien. » Est-ce que je me suis déjà évanoui d'un trop-plein de sang ? Non. Même pas ce soir-là. Ce soir-là, où j'ai caché les yeux de ma sœur pour lui épargner la vision d'un massacre qu'elle ne devait pas voir, et auquel je n'avais pas vraiment pris part. Je ne voulais pas tuer ; même s'ils étaient de Chronos, même s'ils étaient des monstres... Tuer. Tuer, je n'en étais pas capable. Aujourd'hui encore, j'ai beau dire, j'ai beau nourrir une haine à l'encontre de ceux qui m'ont tout volé, je crois que je ne saurais pas attenter à leur vie. Je n'en ai pas le droit. Je réprime un rictus. Pense pas à ça, pense pas au sang. Ça tourne. « Suis-moi, la ville la plus proche est par là. Reste près de moi histoire de pas te paumer. Je sais pas dans combien de temps exactement on y sera. » J'acquiesce, j'hésite à peine, je lui emboîte le pas. Il est le seul à pouvoir m'aider ; j'ai besoin de lui ici. Mon sauveur d'un soir, d'un soir qui tombe et nous plonge peu à peu dans une obscurité semblable à celle dans laquelle je vis depuis... depuis près d'un an. Depuis qu'elle n'est plus là. Elle. Elle...

N'y pense pas, n'y pense pas, putain. J'essaie de trancher l'actuel fil rouge de mon esprit, de me concentrer sur les grains de sable plutôt que sur ce qui fait mal dans la caboche. On marche. On marche et le temps file. J'avais la main engourdie, et maintenant j'ai l'impression que ça remonte le long de mon bras. Je bouge mes doigts, tout doucement, mais ça fait un mal de chien. Je me crispe, serre les dents. « Hmpf... » J'étouffe le gémissement douloureux qui a failli m'échapper. Aucune ville à l'horizon, pas même une lumière pour nous indiquer le chemin. C'est si loin ?Loin, loin de tout. J'ai voulu fuir mes problèmes comme un lâche, un putain de lâche plein de faiblesse, et je me retrouve loin de toute vie, de tout cœur battant, de toute chaleur. Il n'y a que lui, devant moi. Instinctivement, je presse le pas pour me rapprocher. J'ai l'impression que la distance qui nous sépare est interminable, et je ne veux pas le perdre de vue —j'ai peur qu'il disparaisse dans l'ombre, alors que j'y vois sans doute mieux encore que lui ici, de part mon espèce. Et pourtant j'ai peur, peur que le néant m'avale et ne m'égare à nouveau, alors que ce type me guide loin de ce qui m'angoisse tant. J'aime la nuit, pourtant. Mais pas celle-ci. Surtout pas celle-ci.

Je trébuche ; des tâches colorées dansent devant mes yeux, clignotent, s'éteignent. Je parviens à garder l'équilibre, dans un effort qui m'apparaît comme surhumain. Ne t'effondre pas. Je ne veux pas être un poids pour celui qui me précède. Il m'aide, mais il pourrait m'abandonner si je devenais un boulet. Qui en aurait quoique ce soit à foutre d'un gosse paumé, au fond ? Il n'y aurait que mes parents pour s'en faire. Et Primrose, aussi, peut-être. Personne d'autre, je crois ; ou je sous-estime mon réseau social. Cette pensée m'arrache un ricanement amer. Il y aurait eu mes amis d'antan, aussi, si je ne leur avais pas tous tourné le dos quand Belt est... est... Quand il s'est endormi. A nouveau, je pense trop. Il s'est arrêté, celui devant moi. Il n'y a pas de lumière. Ce n'est pas une ville, pas une auberge non plus. C'est juste une baraque de pierres, c'est peu au fond, mais c'est beaucoup quand on a plus que ça. Je frissonne. J'ai terriblement froid. Il y a un verrou sur la porte. Je grimace. On n'entrera jamais. « Comment... » La phrase meurt sur mes lèvres. J'ai revu ma blessure. Je me sens mal. Ça tangue, ça tangue et je me demande comment je fais pour tenir encore debout.

« Recule. » Je relève les yeux vers lui. Il est armé. Je ne me fais pas prier : je recule, saisi d'un violent frisson, qui remonte tout le long de mon échine. Je serre les dents, ferme les yeux. La détonation me vrille les tympans, m'ébranle —c'est douloureux ; j'ai senti la douleur jusque dans mon bras, comme si tout avait vibré, y compris l'air. Et c'est peut-être même le cas, d'ailleurs. Je rouvre les yeux, lentement, peu rassuré. « J'ai pas pour habitude de tirer dans les gens gratuitement, tu sais. » ... Oh, ta gueule. « Ah... Ah, ah... » Je renonce à mon sarcasme en sentant mes dents qui claquent. Il s'enfonce dans l'obscurité de la petite bâtisse, et il faut que je me sente soudainement très seul à l'extérieur pour me décider à lui emboîter le pas. Il n'y a que près de lui que je me sens au couvert de tout. Un pas, deux pas à l'intérieur, je cède, mon épaule se heurte au mur de pierres, et je me laisse glisser jusqu'au sol, tremblant comme une bestiole acculée dans un coin par un prédateur. Je crois que je saigne un peu moins. Étrangement, ça ne me rassure pas vraiment. Je serre la main, je sens mes ongles s'enfoncer dans la plaie. Je geins, comme un idiot. Mais t'es un idiot, Rhap. Je relâche. Ça coule à nouveau. Et puis merde. Au moins, pas de doute : je suis vivant.

Mes jambes ramenées contre moi, les bras sur mes genoux, je laisse ma tête reposer contre le mur derrière moi. Je ferme les yeux. J'ai sommeil. Mais je ne dois pas dormir ; il fait trop froid pour que j'y parvienne de toute façon —je ne sais même pas s'il fait réellement froid, ou si c'est juste moi qui suis frigorifié de l'intérieur. Mon angoisse ne m'a pas tout à fait quitté, non plus. A défaut d'être en état de parler, je murmure presque « J'suis désolé que t'aies à t'occuper d'un mioche. J'pense pas que t'aies signé pour jouer la nounou... » Un rire m'échappe ; amer, cassé, sans joie. Pendant un instant, j'ai même cru qu'un sanglot allait m'échapper. Mais il est resté coincé dans ma gorge. Je le ravale, par fierté, et parce qu'il n'a pas à endurer cette souffrance qui ne le concerne pas. Toutes ces foutaises qui n'appartiennent qu'à moi. Les doigts de ma main fonctionnelle se glissent dans mes cheveux, les ramènent en arrière, même s'ils reviennent presque aussitôt chatouiller mon front. « J'm'appelle Rhapsodie. » Je n'ai pas envie de mentir, pas cette fois. Je n'en ai pas la force. Alors, tant pis si ça doit me coûter, plus tard. « Est-ce-que... Est-ce-que t'aurais de l'eau, ou quelque chose pour... nettoyer... ça ? » J'agite doucement ma main, sans oser la regarder. « Tu pourrais... enfin... J'ai pas envie de voir. Le sang... Enfin, tu vois, quoi... » Et je me sens con. Putain, ce que je me sens con.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:50

Toute forme de logique semble avoir disparu, ne trouves-tu pas ? Sinon, pourquoi te sentirais-tu si mal à la vue d'un simple gosse ? Pourquoi aurais-tu peur ? Pourquoi perdrais-tu patience si facilement, pourquoi tes tripes semblent-elles vouloir remonter dans ta gorge ? Pourquoi ? C'est de la frustration de ne pas te comprendre toi-même, cette frustration qui fait office s’accélérant, et tu dégaines ton semi-automatique pour te calmer un peu sur la pauvre serrure de votre abris de fortune. Un coup retentit, ce qui n'arrange pas grand chose au début de mal de tête que tu faisais mine de ne pas sentir ; mais tu t'en branles, là, mais alors d'une force. La porte s'ouvre dans un grincement et tu tournes ton regard sanguin sur ton compagnon de fortune ; étrangement, le voir aussi craintif ne t'ébranle pas même un peu. Tu te contentes de sourire, de sortir une de ces répliques qui a le mérite de rassurer, un sourire qui va bien évidemment dans ce sens. « J'ai pas pour habitude de tirer dans les gens gratuitement, tu sais. » Il y a un peu de plaisir coupable, un peu d'une vengeance insensée dans tes paroles, dans tes prunelles. Il n'a rien fait, ce pauvre gosse, de quoi voudrais-tu te venger ? T'en sais rien. T'en sais rien, et mieux, tu vas pas te poser la question tout de suite. « On verra plus tard », hein. Mais il y a un moment où il n'y a plus de « plus tard » ; tu ressembles de plus en plus à ton père, mon pauvre.

« Ah... Ah, ah... » Bien, ce gosse est normal, il flippe. Tu ne fais pas réellement attention, tu es déjà à l'intérieur. Ce n'est rien de plus qu'un petit abris dépourvu de toute autre fonctionnalité, juste un toit sur la tête en attendant que la tempête ne se calme, que le soleil ne se lève. Tu balances presque ton sac dans un coin, quand derrière toi, tu l'entends entrer à son tour. Tournant légèrement la tête, tu peux le contempler du coin de l’œil s'affaler dans un coin. Ton regard se pose à nouveau sur ton sac, tu t'accroupis et te sens te plonger à nouveau dans tes pensées ; c'est peut être pas le moment. Ce que t'es con. À quoi tu joues, sérieusement ? Tu voulais le tester, bien. Mais pourquoi faire ? Tu souffles, ouvres ton sac mais t'arrêtes dans ton mouvement ; derrière toi, tu l'entends geindre. Tu tournes la tête pour l'observer, ton regard balaye son bras sanguinolent et tu te mords la lèvre. Il pisse le sang, il a de quoi gémir de douleur, largement. T'as envie de l'aider. T'as envie, mais tu fais rien.T'es comme tétanisé, t'es comme impressionné. Mais impressionné par quoi, bon sang ? 

Tu replonges les yeux dans ton sac ; faut que tu t'occupes les mains, faut que tu t'occupes l'esprit. Tu ouvres ton sac, plonges la main. Il y a des fringues, normal, tu sens le froid d'une boîte, boîte contenant des balles... Pas ça que tu cherches. « J'suis désolé que t'aies à t'occuper d'un mioche. J'pense pas que t'aies signé pour jouer la nounou... »  Sa voix n'est à présent réduite qu'à un simple murmure, mais tu tressailles. « C'est rien », marmonnes-tu machinalement sans grande conviction. Tu n'allais pas le laisser crever dans le sable, t'es pas un monstre. Tu n'alimentes pas vraiment la conversation, Zephiriel... heureusement que derrière toi, le gosse le fait pour toi. « J'm'appelle Rhapsodie. » Tu clignes des yeux, te retournes, toujours accroupi. C'est... pas commun, comme prénom. C'est des dingues de musique à ce point, dans sa famille ? Wow. Dire que tu as toujours trouvé ton prénom un peu original, mais laisses tomber, c'est même plus de l'originalité, là. Tu papillonnes des yeux ; remarque, y a pleins de gens avec des prénoms un peu étranges, alors... « Est-ce-que... Est-ce-que t'aurais de l'eau, ou quelque chose pour... nettoyer... ça ? »  Tes yeux se baissent à nouveau sur la plaie, et tu te souviens promptement – parce qu'entre temps tu as réussi à oublier, bravo – ce que tu cherchais dans ton sac. De quoi le soigner, ouais. Histoire qu'il te clamse pas entre les doigts ; quoiqu'il serait bien fragile de mourir pour si peu. « Tu pourrais... enfin... J'ai pas envie de voir. Le sang... Enfin, tu vois, quoi... » Un sourire un peu triste étire tes lèvres, et c'est une lumière réellement sincère qui scintille dans tes prunelles. C'est de la compassion. « Ouais, bouge pas. » Comme s'il allait le faire... Tu remues dans ton sac, sors des bandes, des ciseaux, et même un flacon d'alcool modifié. Tu lances un regard à l'adolescent. « Bon, t'es plus à ça près, j'imagine... mais ça va douiller. » Non, il est plus à ça près, vu sa tête. Il est anormalement pâle, comme toi, et claquerait presque des dents. Il transpire un peu trop, aussi... Une infection ? T'espères pas, sérieux. 

Tu t'approches de lui, t'accroupis, ton matos à la main, regarde ton ce sang et la plaie. Une grimace s'imprime sur tes traits – super rassurant – et tu pestes silencieusement. « Tends ta main. » Il obéit docilement, et tu l'y aides ; éloignant sa main du reste du corps, tu remontes suffisamment la manche et penche son bras, afin de verser de l'eau en amont et de la laisser s'écouler sur la plaie. « Bouge pas. » Plus facile à dire qu'à faire, tu t'en doutes. Le sang se mêle à l'eau sur sa peau trop pâle, et au sol elle donne cette couleur rosâtre dans une petite flaque. Petite flaque qui grandit de plus en plus, et ce n'est franchement pas pour te rassurer. Mais tu fais vite abstraction de ce détail ; les extrémité, ça pisse le sang, mais c'est pas comme la tête, déjà. Ni comme la zone du cœur. Tu es pris d'un haut-le-cœur mais l'ignores. Tu te saisis ensuite d'un petit flacon, lève les yeux. « Évite de gueuler, s'te plaît. » Lol. Sur un compresse, tu appliques le contenu du récipient, et l'odeur d'alcool te prend immédiatement à la gorge. Youpi, ça va être fun. Tu tamponnes la plaie avec la plus grande délicatesse possible, et cesses ton action dès que cela est nécessaire. Puis, d'une main que l'on sent habituée, tu te saisis des bandes, puis d'un autre tissu avec lequel tu éponges autour de la plaie. Après avoir reposé le dit-tissu à présent rougi, tu chopes des ciseaux, et t’attelles à bander la zone. « Quand tu te blesses, tu fais pas semblant, toi... » Tu peux parler. Ta tâche terminée, tu te redresses, te retournes et ranges tout consciencieusement. 

« Évite de dégueuler, aussi, s'te plaît. » Il a l'air sur le point de tourner de l’œil. Enfin, depuis tout à l'heure il a l'air sur le point de tourner de l’œil... « Je m'appelle Zephiriel, au fait. » C'est bien, la politesse, tout ça, ça te revient ? « Je te demanderais pas ce qu'un gosse fait tout seul, à la tombée de la nuit, en pleine tempête, blessé. Alors je te serais vraiment reconnaissant de pas me gerber dessus. » C'était censé être...comique ? Non, t'es parfaitement sérieux. Tu sors une autre bouteille d'eau de ton sac, la tend à Rhapsodie. « Bois, ça te fera du bien. » On va dire que t'as fait un effort surhumain, là...
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:50

Je croise son regard. Il sourit. C'est le premier signe de l'existence des émotions chez ce type qu'il me montre. Je ne sais pas pourquoi mais, ce petit sourire, cette petite lueur de compassion dans son regard, ça me calme. Je sens mon cœur qui bat un peu moins vite, et je respire un peu mieux. Ce n'est pas grand chose, et ça ne dure pas longtemps, mais c'est une accalmie qui me fait du bien. Le calme avant la tempête. La tempête... Ou juste une bouteille d'alcool. Je grimace. Mon père m'en a déjà causé, un jour qu'il m'a vu froncer le nez, pendant que maman appliquait du désinfectant sur une quelconque éraflure que je m'étais faite en forêt. Il m'a dit que j'étais une petite nature. Que quand il était jeune, c'était à l'alcool qu'on soignait les plaies. Que c'était bien douloureux, et que nos petits sprays d'aujourd'hui était une bien douce caresse à côté. Je frissonne. J'appréhende. Ça va douiller, qu'il a dit. Je déglutis. Putain, ça m'apprendra à faire le con. Sur tout un désert, il a fallu que je tombe sur le seul endroit où l'on avait laissé traîner un morceau de verre. Et que je m'en saisisse avec suffisamment d'entrain pour m'entailler profondément. J'espère qu'il n'y aura pas besoin de recoudre. J'avoue ne pas savoir. Mais je doute que ce mec ait un diplôme en chirurgie. Il a quoi, la vingtaine, à tout casser ? Il est jeune. Jeune et paumé ? 

Quoiqu'il en soit, il est là. Et il m'aide. Il se plie à une besogne que je suis désolé de lui infliger. Mais je n'en suis pas capable, vraiment pas. Je ne suis pas non plus capable de me souvenir d'où vient ma peur du sang. Mais je sais qu'elle est là. Et je sais aussi que c'est un miracle que je sois encore conscient. Peut-être parce que je ne suis pas seul. Et si je l'avais été ? A nouveau, je regrette d'être parti si loin de chez moi. Mais ce n'est pas la première fois. Peut-être pas la dernière, non plus. Je ne sais pas. Qu'est-ce que je sais, au fond, de toute façon ? Pas grand chose, je crois. « Tends ta main. » Je m'exécute, plus par automatisme que réelle volonté. Je ne veux pas regarder, mais je le fais quand même, du coin de l’œil. Ce n'est que de l'eau. Il la laisse couler le long de mon bras, elle vient rincer la plaie. Je serre les dents. Ça reste supportable. Ça pique, mais pas plus que ça ne brûlait avec le sable. J'imagine que ça retire les grains qu'il reste. J'ai un haut-le-cœur. N'y pense pas, ne visualise pas. Mon dieu, je vais vomir. Respire. J'inspire. J'expire. L'eau ne coule plus. Je préfère ne pas regarder au sol. Je sais qu'il y a du sang —plus que je ne peux en supporter. « Évite de gueuler, s'te plaît. » Il a la bouteille d'alcool à la main. Je lâche un rire amer, à peine audible. « T'inquiète. » Je vais essayer. 

Je le vois qui applique le truc-qui-arrache-sans-doute sur une compresse et, aussitôt, je détourne le regard. Il me faut quelque chose, quelque chose à regarder, quelque chose sur quoi me concentrer... Là. Une brèche sur une pierre. Je la fixe, comme... comme quoi, d'abord ? Comme mon seul soutient pour ne pas m'évanouir rien qu'à imaginer la douleur ? Un truc comme ça, oui. Évite de gueuler. Ça fait tellement mal ? La seconde d'après, j'ai ma réponse. Je sursaute, je manque retirer ma main de celle de l'autre. Oh, bordel. « PUTAIN sa race ! » Pardon, mec. J'ai gueulé. Je serre les dents, je mords ma langue. Y'a le goût du sang dans ma bouche. C'est immonde, cette saveur métallique. Mais, au moins, je ne le vois pas. J'ai la tête qui tourne. C'est revenu. Il serait surprenant que je n'aie pas soudainement pâli, du moins encore plus qu'avant. T'évanouies pas, t'évanouies pas. Je respire, comme je peux. Ça lance, et ça, par contre, ça fait bien plus mal que le sable. Ou c'est juste une impression ? Quoiqu'il en soit, je le sens mal. Et puis il y a l'odeur de l'alcool, qui me monte à la tête, me prend à la gorge, me file la nausée. A cause du relent âcre, je n'arrive plus à respirer correctement. Putain. Allez, Rhap, ne tourne pas de l’œil, ne tourne pas de l’œil... T'as vu pire, mon vieux. J'ai vu pire. Et ça me file encore plus l'envie de rendre mon dernier repas. T'es un cas, Rhapsodie. 

Mais ça se dissipe, comme ça. Peu à peu, je m'extirpe de l'espèce de léthargie dans laquelle j'étais plongé, à cause de l'odeur, à cause de la douleur. J'émerge, au moment où il dit son nom. Zephiriel. Je me fends d'un sourire en coin. Je me sens soudainement moins seul, avec mon prénom bizarre. Je baisse les yeux sur ma main. Elle est bandée, avec la minutie que seul possède celui qui est habitué à se soigner lui-même. Je relève les yeux vers lui. Un vagabond ? Il en a la dégaine. Ou c'est moi qui hallucine, qui me monte des films. Ça vient de là, la fatigue dans ses yeux, sur ses traits ? Je ne fais aucune réflexion. « Je te demanderais pas ce qu'un gosse fait tout seul, à la tombée de la nuit, en pleine tempête, blessé. Alors je te serais vraiment reconnaissant de pas me gerber dessus. » Je secoue la tête, doucement. Ça me fait voir des étoiles. Alors, je ne bouge plus. Apparemment, ce n'est pas tant dissipé que ça. Qu'est-ce que je suis censé répondre ? Rien, peut-être. Je ne suis pas certain qu'il attende que je l'ouvre pour lui expliquer. Je n'en ai pas vraiment envie. J'aurai l'air de quoi, moi, si je lui avoue que j'ai fugué, comme un con, sans même savoir où j'allais ? Juste d'un idiot ; un putain d'idiot. Une bouteille apparaît dans mon champ de vision. « Bois, ça te fera du bien. » Je cligne des yeux, comme en pleine incompréhension. Le temps que ça monte, que je saisisse ce qu'il vient de me dire. 

Ça prend quelque secondes, mais je finis par attraper la bouteille, de ma main saine. « Merci... Zephiriel. » Ça siffle entre les dents, son prénom. J'aime bien. C'est doux à l'oreille. Ça se susurre, comme un songe. Comme un mirage. Comme une cassure, comme une fêlure. Et Rhapsodie ça détonne, ça frappe, ça fait comme un coup de tonnerre, comme une tempête qui ravage tout. C'était comme ça, entre les quatre murs de notre petite demeure. Ça claque, comme a claqué la porte derrière moi. Je soupire, tête basse. Distrait, je dévisse le capuchon de la bouteille, et je la porte à mes lèvres. Ça fait du bien, de boire quelque chose d'un peu frais. Ça remet les idées en place. Mais ça ne dure pas. Ça remonte, ça brûle la gorge. Je prends tout juste le temps de poser la bouteille, mais pas de la refermer, et je me lève tout d'un coup. Ça n'arrange rien. Je vacille, mais je parviens à sortir. Je me plie en deux, et tout ce que je pouvais bien avoir dans l'estomac s'en échappe. C'est affreux, et j'ai comme l'odeur de l'alcool qui me tourne tout autour et m'étouffe. Je tousse violemment, je crache mes poumons. Ça fait tellement mal, tout ça —ma main, ma gorge, mon bide— que je craque. Un peu. Y'a un sanglot qui s'échappe, un hoquet douloureux. J'ai les yeux qui piquent, ma vue qui se brouille. Pleure pas, Rhap. Pleure pas. 

Je recule, m'appuie contre le mur de pierres. Le vent paraît tiède —ou il l'est ? Il vient caresser ma peau, et je l'en remercie presque. Ça me fait du bien, mine de rien. Cette tempête qui m'effrayait encore, peu de temps avant, me rassure désormais, d'une certaine façon. Il fait bien sombre maintenant, et je ne distingue aucune étoile tout là-haut, à cause du vent, du sable, de nuages peut-être même. Mais j'aperçois l'éclat de la lune. Et ça m'apaise. Un peu ; juste un peu. « J'suis con... J'suis tellement con. » Et je ris, un peu. Amer. « J'me suis barré en pensant que je saurai m'débrouiller, mais j'suis infoutu de faire quoique ce soit par moi-même. » Je ne sais même pas si Zephiriel est là, s'il m'entend ; je suis fasciné par la lueur de l'astre que je ne vois pas vraiment, je suis perdu dans le flot débordant de mes pensées. « J'voulais juste les faire flipper un peu... qu'ils pigent que j'en peux plus, que j'crève, là, comme ça. » Je baisse la tête, je fixe le sable qui s'agite, s'enfuit, s'en va. « Si tu savais à quel point... à quel point j'me sens... totalement paumé. » Je ne devrais pas. Je ne devrais pas m'exprimer si ouvertement auprès d'un quasi-inconnu. Mais je craque, j'éclate. C'est que ça fait trop mal pour que je me taise. Si je la ferme, je vais finir par me casser en morceaux —encore plus que je ne le suis. Et je ne veux pas. Je fous tout en l'air, comme ça. Je fous tout en l'air, à commencer par moi. Ça craint. Je crains. Mais ça, ce n'est pas nouveau. Un raté, un cassé, un écorché. C'est pas normal, à quinze ans.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:51

Évite de gueuler – lol. Ça manque pas, il hurle. Tu t'y attendais ; et de l'autre main, tu le tiens fermement pour qu'il ne retire pas la sienne. La plaie est profonde, trop profonde pour qu'il le pousse pas la gueulante ; tu peux pas dire que t'aurais pas fait pareil. T'aurais peut être tapé dans un truc, aussi. On va dire que tu ne déprécie pas qu'il ne frappe dans rien, vu que t'es à sa portée. Mais tu continues de t'occuper de sa main, la bande ensuite d'une main experte en passant outre que le gosse est sûrement en train de souffrir le martyr. T'as pas le temps d'y penser, t'es occupé. Quand enfin, ta tâche est terminée, tu retournes à ton sac et te permet un coup d’œil attentif ; il a l'air sur le point de mourir sur place. On va dire que t'es pas si inquiet que ça. Tu ranges, rapidement, te présente ; le prie de pas gerber ses tripes, aussi. Bien sûr. On y croit, là. Puis, après avoir tout rangé ton matos, tu mets la main sur une bouteille d'eau, la lui tends. Ça lui prend un moment pour réagir, ce qui ne t'inquiète pas outre mesure ; il souffre, là, comment tu peux être plus inquiet ? Puis finalement, il tend son autre main et tu sens le poids de la bouteille disparaître. « Merci... Zephiriel. » Tu hoches un peu les épaules. « Pas de quoi. » Toi aussi, t'es paumé ; toi aussi, t'es tout seul.

Il boit, mais tu ne le regardes pas, retourné à tes affaires, rangeant un peu mieux ; t'as vraiment foutu le bordel pour t'occuper rapidement de sa plaie. Cela ne te dérange pas. Disons que là, t'es pas seul. Tu comprends pas. T'as pas envie de comprendre. Puis soudain, ça remue derrière toi ; tu as tout juste le temps de tourner la tête que tu le vois sortir en trombe de votre planque. Pas besoin d'être un génie pour comprendre ; tu ranges ce que tu tenais à la main – un de tes guns, en l'occurrence –, lances un regard à la bouteille, et sors à ton tour. Il est là, en train de gerber ses tripes, et tu ne t'approches pas d'avantage ; il a besoin d'air, là. Même si la tempête ne doit pas vraiment l'aider à se sentir mieux, c'est pas ce que t'appellerait de « l'air pur ». Tu portes ton regard sur les environs, les lèves vers le ciel dont on ne perçoit pas la moindre étoile ; et t'attends. C'est aussi chaotique dehors que dedans ; dans vos têtes, c'est le bordel, ça hurle, ça bouscule. Dehors, là, sous tes pieds, sous tes yeux, ça fouette, ça brûle, c'est sans pitié. C'est pareil au dedans et au dehors.Mais bizarrement, tu arrives à ne pas trop réfléchir, là. Tu attends juste, jusqu'à ce qu'un son n'attire ton regard ; jusqu'à ce qu'un sanglot ne te paralyse. 

Il pleure. Tu te retiens d'ajouter quoique ce soit, tu te sentirais juste profondément stupide. Tu n'approches pas non plus ; tu sais pas quoi faire, subitement. Quand était-ce, la dernière fois que tu t'es retrouvé face à la détresse ? Face à la détresse d'un autre que ton reflet ? D'un gamin, de surcroît ? Tu n'aimes pas ces réflexion moralisatrices, ces « t'es qu'un gamin alors tu sais pas vraiment ce que c'est d'avoir mal » ; suffit de le regarder, ce gosse, pour voir à quel point c'est dépassé. Et tu sais pas pourquoi. Mais c'est pas comme si ça te regardait ; et c'est pas non plus comme si tu avais réellement envie de savoir. Tu te sens juste un peu bête, à ne le considérer que comme un « gosse », alors que le poids du monde il semble porter. Un gosse aussi, ça peut avoir mal ; c'est pas réservé aux grands. On en apprend tous les jours. 

Il se recule, s'appuie contre le mur derrière lui, et tu attends juste, ne le regardant que du coin de l’œil. Tu surveilles toujours les environs, à l'affût ; à l'affût de tout, comme toujours, depuis que tu es parti. Pas une forme à l'horizon, tu devrais te détendre, tu vois, tu n'es pas en danger ici ; mais tu es toujours en danger, où que tu sois, tu as peur, tu flippes, t'es aux aguets. « J'suis con... J'suis tellement con. » Tu tournes la tête vers lui et l'écoutes. Il pars dans un petit rire, un rire amer, douloureux, te semble-t-il ; il a mal. Ça faisait bien longtemps que tu ne t'étais pas senti rien qu'un peu empathique, rien qu'un peu compatissant. « J'me suis barré en pensant que je saurai m'débrouiller, mais j'suis infoutu de faire quoique ce soit par moi-même. » Ravi de voir qu'il se remettait en question. Devant toi. Tu ne sais pas vraiment si tu te sens à l'aise ou non, finalement. T'es pas forcément la présence la plus rassurante ni l'oreille la plus attentive ; mais là maintenant, il n'y a que lui et toi. Tu penches la tête, lui indiques du regard que tu l'écoutes. Il n'a pas l'air de te voir, il n'a pas l'air de remarquer que tu es là ; il est dans son monde, il est dans sa tête. « J'voulais juste les faire flipper un peu... qu'ils pigent que j'en peux plus, que j'crève, là, comme ça. » Quelque chose résonne en toi, et tu fais la grimace ; encore ce goût âcre, encore cette chaleur qui te tord les tripes. Est-ce que ce qu'il dit fait écho en toi ? Un peu. Et c'est pas forcément très agréable. « Si tu savais à quel point... à quel point j'me sens... totalement paumé. » Oh oui, tu sais. Oh oui, tu le comprends. Et t'aimes pas vraiment ça. Tu lèves les yeux à nouveau pour les planter sur un point imaginaire, loin, aussi loin que tu peut y voir avec cette tempête. Tu le comprends – trop. Tu ne sais pas grand chose, malgré tout ; et pourtant, pourtant, tu as l'impression de parfaitement comprendre, de ressentir la même chose. Mais en quoi serait-ce similaire, hein ? Tu hausses les épaules, avances d'un pas, puis viens t'adosser au mur non loin de lui. Pas trop près, mais pas trop loin non plus ; pour discuter c'est sans doute mieux. Pour lui rappeler qu'il n'est pas tout seul, aussi.

Tu sais pas trop quoi dire ; mais subitement, t'as envie de l'aider. Ça fait combien de temps que ce genre de désir ne t'a pas traversé ? Tu songes que juste l'écouter, c'est déjà ça ; mais tu te sens un peu ballot, un peu bête, un peu inutile. Tu lui as juste sans doute sauvé la vie, mais sinon, t'es très inutile. Un peu trop exigeant envers toi-même, peut-être ? De ce qu'il t'en a dit, c'est un fugueur ; mais pas un comme toi – lui veut rentrer. Parce que toi pas ? Tu passes la main dans tes cheveux, continuant de regarder devant toi. « Ça arrive à tout le monde d'être largué. » Zephiriel, on devrait te décerner une médaille pour une remarque d'une telle profondeur et d'un tel manque d'intérêt. Tu te mords la lèvre ; ok, t'es pas à l'aise du tout. Mais en même temps, t'as pas l'impression d'être dans ton droit, d'être bien placé pour lui donner le moindre conseil. « Faut juste prendre les choses en main à temps, histoire de pas finir... comme moi. » Zephiriel, le mec le plus rassurant de l'univers, le retour. Tu te redresses, lui lances un regard. « Je vais te raccompagner chez toi. Si t'as besoin de discuter pas de problème. » T'es juste pas sûr de savoir quoi répondre.Tu retournes vers la porte, l'ouvres. Mais, alors que tu es sur le point d'entrer, tu t'arrêtes. D'un regard circulaire tu balayes l'intérieur de l'abri, te mords la lèvre. « Les adultes pensent qu'ils ont raison, qu'ils font ça pour "notre bien". En réalité, ils flippent juste autant que nous. » Ouais, ton père avait juste peur ; il avait peur de te perdre aussi. Et tu sais quoi ? C'est ce qui est arrivé.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:51

Je déglutis, difficilement. Il y a ce goût acre dans la bouche, qui me foutrait presque l’envie de vomir à nouveau. C’est immonde. Je crache, à côté de moi, dans l’espoir que ledit goût finira par se dissiper, mais rien ne change. Très glam’, Rhap. J’entends les pas de Zephiriel qui s’approchent, et il s’appuie contre le mur lui aussi, pas trop loin de moi. Je me penche légèrement, dans l’espoir de croiser son regard, peut-être. Mais c’est en vain, il paraît fixé sur un point vague, là-bas au milieu des tourbillons qui façonnent notre horizon. Je déteste ces grains de sable qui menacent de s’inviter dans mes yeux, et je remercie mes cheveux, qui m’en protègent quelque peu. Ceux de mon compagnon d’infortune sont encore plus sombres que les miens —ils le seraient tout autant si je ne portais pas ce gène chromatique en moi. Il a le parfait profil du type ténébreux, du tombeur un peu —sauf qu’il a l’air paumé, fragile, un peu plus gaillard que moi quand même, mais pas différent de l’image que les filles ont de moi : le mec à protéger, le meilleur ami, le confident, la petite nature à dorloter. L’espace d’un instant, je me demande ce qu’il est. Un hybride, oui. Je n’en doute pas un seul instant. Mais lequel ? « Ça arrive à tout le monde d'être largué. » Je cligne des yeux, me souviens que j’étais comme en attente d’une réponse, d’une explication ; un signe du monde qui me prouverait que je ne suis pas seul. Belt m’a souvent dit que l’on n’est jamais seul. Lui ne l’a jamais été, lui était aimé, et lui avait de grands rêves, de grands espoirs, de grandes ambitions ; surtout, il avait un grand coeur. Il aimait la veuve et l’orphelin, il leur tendait la main et la moitié de son goûter s’il le fallait ; il aimait la vie aussi. Il ne méritait pas de mourir. Il devait clamser vieux, avec sa femme, ses enfants, dans une belle maison quelque part à Hoenn —il était jeune mais il voyait grand—, pas dans l’obscurité de sa chambre et d’une balle dans le crâne. D’une balle dans le crâne. Je me souviens du flingue de Zephiriel. Quelque chose se fend en moi. Oh, putain.

J'enfonce les mains dans mes poches, non sans grimacer sous la douleur qui se réveille. Au moins, ce n'est pas ma main de prédilection. C'est toujours la droite qui mange, d'une façon ou d'une autre. Même quand je frappe dans ce qui fait mal pour me calmer, c'est toujours la même qui revient plus sanguinolente et douloureuse que l'autre. Le jour où maman a hurlé, c'est quand j'ai réussi à me briser une phalange, en heurtant un rocher avec toute la rage du monde. Ce n'en était qu'une.C'aurait pu être pire, je lui ai dit, mais elle n'a rien voulu entendre. Et j'ai été consigné à la maison, comme un million d'autres fois. Parce que j'étais —je suis— incapable de ravaler les colères, les douleurs, et que je les évacue comme je peux —d'une mauvaise façon. Je n'y peux rien, si c'est ça ou... ou quoi, d'abord ? Je ne veux pas y penser.  « Faut juste prendre les choses en main à temps, histoire de pas finir... comme moi. » Je me fige. Comme lui ? Alors, il est vraiment aussi paumé qu'il en a l'air ? Je me passe de commentaires, même s'ils me brûlent les lèvres. J'ai peur du regard qu'il pourrait poser sur moi, du jugement qu'il pourrait porter. Pourquoi ça m'importe tant, tout d'un coup ? Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire, de toute façon ? Je ne paraîtrais qu'indiscret, qu'intrusif ; il ne me connaît pas. Et je ne suis qu'un gamin, un gamin à préserver, un gamin à qui l'on expliquera quand il sera plus grand. Je crois que j'ai peur qu'il ne me voie qu'ainsi. Pourtant... Pourtant, quelque chose, en moi, me souffle le contraire. Un petit quelque chose, dans sa voix, dans ses mots, dans ce regard qu'il me lance avant de poursuivre, me dit qu'il ne me prend pas que pour un gamin qui ne sait rien à la vie et à ses coups bas. Il sait, il comprend. C'est une certitude qui s'ancre en moi, comme un choc soudain dans le ventre. Pour peu, j'en aurais le souffle coupé. Mais ça me fait du bien, en un sens. Ça m'apaise. Il m'apaise. Et c'est une sensation étrange que de se sentir bien, au moins un peu, après tout ce temps passé à se méfier de tout et de rien, à se haïr, à se maudire, à avoir peu. C'est comme une légère accalmie dans ma tête, elle ne durera pas, mais je la savoure comme rien d'autre au monde.

« Je vais te raccompagner chez toi. Si t'as besoin de discuter pas de problème. » Me raccompagner chez moi ? Je regarde devant moi, là où l'on ne voit plus rien, et je me demande si mes parents sont inquiets, à la maison. Ils ont l'habitude que je sorte la nuit, que je ne rentre qu'au petit matin. Mais je crois que c'est différent quand je m'en vais en claquant la porte, la rage au ventre, la rancune dans les yeux, l'amertume dans la gorge ; je crois que c'est différent, depuis que Chronos nous est tombée dessus. Je crois qu'ils ont peur. Mais ils en font trop, ils étouffent ce qui fait mal parce que ça les blesse, mais moi le silence me blesse bien plus encore que tout le reste. Je ne veux pas demeurer dans l'ignorance, et l'on me cache tout ce qui pourrait me permettre de retrouver ma sœur, mon trésor, mon bonheur. Ce sont les joyaux, les diamants que l'on vole, tout ce qui brille est arraché, retiré parce qu'ils ont une valeur inestimable ; Soliste avait cette valeur que l'on ne peut calculer parce qu'elle ne se compte pas. Elle était... Elle est... Quoi ? Je frissonne. Zephiriel s'agite, s'éloigne, je le regarde faire. « Les adultes pensent qu'ils ont raison, qu'ils font ça pour "notre bien". En réalité, ils flippent juste autant que nous. » Et ça me fait mal. Ses mots me font mal. Ils résonnent, font écho, se répercutent, encore et encore. Je serre les poings —non, juste celui qui ne risque pas de m'arracher un gémissement douloureux, en fait. Ils flippent, eux aussi ? Mais de quoi ? Qu'est-ce qui peut bien effrayer des parents en ce bas-monde ? Perdre leur enfant, Rhap ; t'es con, ou bien ? Je grimace. Ils ne me perdront pas. Pas si je sais, pas s'ils délient leur langue, pas s'ils me disent ce qu'ils savent, ce qu'ils me cachent. Soliste, et l'acte de naissance d'un frère inconnu. Ils se taisent, me mentent, je sais et j'en crève. Est-ce qu'ils en crèvent, de leurs mensonges, eux aussi ?

Je me détache du mur, et puis je me glisse entre Zephiriel et l'embrasure de la porte pour rentrer. Je m'accroupis, pour attraper la bouteille abandonnée dans un coin, et je la garde entre mes mains, tête basse. Il me faut un moment pour oser la relever ; je croise enfin son regard, et sans ciller cette fois. Ses yeux ne m'effraient plus. « T'as l'air d'en connaître un rayon, sur les parents qui flippent mais agissent à tort en pensant qu'ils font bien. » Je me tais soudainement, en réalisant que je n'aurais peut-être pas dû l'ouvrir, cette fois. « 'scuse, ça m'concerne pas. » Je bois un peu. Ça fait du bien et, si le goût ne disparaît pas totalement, il a au moins le mérite de s'atténuer. La brûlure de ma gorge aussi, et c'est un détail non négligeable. Je déteste cette sensation, d'avoir le gosier enflammé. Quand était-ce, la dernière fois ? Sans doute l'une de ces nuits empreintes de terreur, lorsque je me réveille avec l'image de Soliste baignant dans le sang des hybrides morts ce soir-là. Je chasse cette pensée de ma tête, avant qu'elle ne s'y ancre, et qu'elle me rende à nouveau malade. Elle agite suffisamment mes nuits ; je ne veux pas qu'elle vienne hanter mes jours aussi. En esquivant soigneusement du regard la petite flaque de sang et d'eau non à mes pieds —bien que l'effluve métallique et prononcée soit entêtante, et pas pour le meilleur—, je récupère le capuchon pour le revisser, et je tends son bien à mon camarade. Mon camarade. C'est un peu bizarre, comme un intime mais pas tant. Peut-être que, parce que j'ai cette sensation qu'il n'est pas comme les autres grands que je côtoie, ça change la donne. Je ne sais pas vraiment. Je me redresse, m'étire quelque peu —j'ai comme l'impression d'avoir les membres ankylosés. Et puis, en ébouriffant mes cheveux, qui n'ont de toute façon pas été épargnés par le vent, dehors, je reprends la parole, un peu hésitant. « Je vis à Cimetronelle... » Et ce n'est pas tout à fait la porte à côté. « J'ai traversé tout Lavandia aussi... Et puis j'ai continué à marcher, jusqu'à me paumer ici. La suite, tu la connais. » Je ne peux m'empêcher de couler un regard sur ma main bandée. Je garderai sans doute une cicatrice de ma plaie. Blessure de guerre, je pourrai inventer. Parce qu'une bataille perdue contre un morceau de verre égaré dans un désert, faut l'avouer, c'est tout sauf héroïque. « Dis, ça m'frustre de pas savoir : t'es quoi ? T'es pas humain, ça c'est clair. Mais j'arrive pas à deviner... » Le pire, c'est qu'il pourrait être un Noctali. Mais j'en doute. Il n'est pas comme moi, ni comme Noa. il y a un truc qui le rend différent. Ou je me fais simplement des idées. Comme toujours.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:51

Tu aurais aimé que cela en soit autrement. Tu aurais aimé ne jamais avoir eu aussi mal, ne jamais avoir eu à tout plaquer. Tu aurais voulu ne pas être aussi égoïste, et ton père aussi lâche. Mais c'est ainsi. On ne réinvente pas le passé après tout ; on ne peut que s'obstiner, tout faire pour avancer, pour survivre. Survivre, ta routine quoi. Et lui ? Que vit-il ? Oh, tu sais à quel point les problèmes familiaux font mal ; ce que t'aimerais que ce gosse ne vive pas similaire histoire. Ce sont ceux que l'on aime le plus qui nous font le plus mal, après tout. Et c'est tout à cette pensée que tu détailles l'intérieur de votre planque. « T'aimerais » bien des choses, en réalité ; et jamais tu n'en auras aucune, alors cesse d'espérer. Ou tout du moins, essaye d'avoir un comportement cohérent...

Une masse te passe devant les yeux et tu vois Rhapsodie rentrer, réalisant ainsi que tu restes là les bras ballants depuis quelques bonnes minutes déjà. Tu baisses les yeux, secoues la tête ; allez, Zephiriel, réveille toi un peu. Mais au lieu d'entrer, tu tournes le regard pour le poser sur l'adolescent. Quelle est cette ombre dans son regard baissé ? Ne pose pas la question Zephiriel ; tu en connais trop bien la réponse. C'est la douleur. C'est la fatigue. Quand arrivera-t-il au bout du rouleau ? Quand hurlera-t-il pour la dernière fois, quand claquera-t-il définitivement la porte ? C'est une question qui t'effraie ; c'est comme si elle t'était destinée. Mais tu en as déjà eu la réponse, toi. Est-ce que tu pries pour qu'il ne te soit pas à ce point similaire ? Est-ce que tu lui espères un dénouement plus heureux que le tien ? Oh Zephiriel, cesse aussi de rêvasser et rentre tu veux bien, tu le connais depuis pas une demi-heure ce gamin. Pourtant, t'as tellement l'impression de le connaître, de le comprendre. Peut être que cela t'avait manqué – ou peut être que cela t'effraie. Allez, n'y pense pas, t'es bien le fils de ton père. Puis son regard se relève, le bleu outremer de ses prunelles t'accroche la rétine et tu remarques qu'il ne semble plus perturbé par les tiennes, vu comment il te fixe. « T'as l'air d'en connaître un rayon, sur les parents qui flippent mais agissent à tort en pensant qu'ils font bien. » Tu arques un sourcil. Oui. Bien sûr. C'est somme toute évident avec ce que tu viens de dire... « 'scuse, ça m'concerne pas. » Tu souris. Touchante attention, mais tu ne le prenais pas mal. Tu te contentes de secouer la tête et entres, en ayant certainement un peu marre de rester planter là comme un imbécile, dos au reste du monde, complètement exposé. Tu approches de ton sac mais sans aucune pensée en tête ; tu reprends cette habitude qui est la tienne, celle-là qui te fait errer sans but à travers le monde, tel un spectre cherchant à atteindre l'au-delà mais sans jamais y parvenir. Pas un image qui égaye ton humeur. Alors tu te contentes de t'accroupir pour finir de ranger tes affaires, sans tourner le dos à l'adolescent.

Tu tournes la tête alors que, du coin de l’œil, tu le vois se redresser et te tendre ta bouteille. Tu récupères promptement la bouteille, lèves les yeux « si t'as encore soif ou quoi tu me dis. » avant de la ranger. Tu t'abstiens d'ajouter « ou si t'as encore envie de gerber ». Il s'étire, tu ranges la bouteille et te redresses, t'appuyant sur tes cuisses avant de lancer un regard à l'extérieur. Il serait préférable que vous restiez quelques heures ; et ton nouveau camarade de galère semble fatigué – et malade, aussi. Enfin, ça il en avait l'air du moins, mais cela semble... aller mieux. Est-ce que cela semble seulement ? C'est mignon, tu t'inquiètes. « Je vis à Cimetronelle... » Tu as un petit temps de réaction, avant de papillonner des yeux. Ah ouais. Quand même. Il avait de quoi être fatigué quand même. « J'ai traversé tout Lavandia aussi... Et puis j'ai continué à marcher, jusqu'à me paumer ici. La suite, tu la connais. » Tu te contentes d'opiner du bonnet. La suite, c'est que tu l'as trouvé en train de péter un câble et de souffrir sa race. Comment bien résumer la situation... Tu te mets alors à réfléchir à l'itinéraire qu'il a bien pu prendre, et depuis combien de temps il doit errer, là, dehors, sans réel but et la peur aux tripes. Cesse de faire des analogies veux-tu. Tu réfléchis tellement que tu manques de ne pas remarquer qu'il t'adresse à nouveau la parole – le pauvre doit se sentir seul avec tes interventions aussi rares qu'inutiles. 

« Dis, ça m'frustre de pas savoir : t'es quoi ? T'es pas humain, ça c'est clair. Mais j'arrive pas à deviner... » Tu arrêtes tout. Ton regard se braque sur son visage bien pâle au milieu de cette masse sombre de cheveux – au cas où il ne te rappelle pas assez ton propre reflet – et tu te mets à le bouffer du regard, sans vraiment chercher à être intimidant à la base. Puis, après quelques secondes, tes billes sanguines se baisses, tu te mords la lèvre. « ça m'étonne pas plus que ça. Un luxray. » C'est bizarre de le dire à voix haute ; "luxray", ce mot qui sonnait comme un secret, ce secret jalousement gardé par un père effrayé. C'est mignon un luxray, c'est stylé un luxray, mais ça te fait peur aussi, au fond. Parce que c'est te rappeler à quel point tu es faible, te rappeler à quel point t'es pas doué. C'est se rappeler que ça t'a bouffé, se rappeler que "hybride" ne correspondait qu'à une réalité biologique, pendant tant d'années. Ton père a tellement caché, étouffé, cette partie de toi que tu as fini par rentrer dans ta peau d'humain, et que c'est devenu horriblement difficile d'en sortir. T'es une sorte de monstre pas totalement entier, pas totalement fini, une abomination coincée dans une enveloppe qu'il n'arrive ni à comprendre, ni même à décider de s'il l'aime ou non. Peut être que tu aurais pu t'aimer, si lui aussi l'avait fait. Peut être que s'il avait aimé son petit lixy, tu n'aurais pas eu si peur. Peut être... aaah, quelle expression magique. Les si, les peut être, c'est l'histoire de ta vie !

Ta nuque te tire, tu t'agites un peu, souffles. Allons bon. Tu devrais te montrer plus agréable, il y est pour rien, Rhapsodie, à tes problèmes de nature. « j'ai pas l'habitude... qu'on me désigne ainsi. » D'où te vient ce besoin de te justifier, au juste ? On va faire comme si c'était normal. « Et toi ? » Tu l'as senti aussi, qu'il est un peu comme toi aussi sur ce plan là ; mais tes sens en tant que hybride sont tous sauf précis, et tu n'es pas sûr de pouvoir t'y fier. Tu es un être imparfait qui doit encore apprendre à se connaître, Zephiriel. Tu te mets à te tapoter la lèvre, lèves les yeux au ciel. « On va avoir de la marche demain, vu d'où t'arrives... On va attendre le lever du soleil pour repartir. J'espère que la compagnie d'un mec aussi accueillant qu'une pierre tombale ne te dérangeras pas trop. » Voilà que tu fais dans l'humour. Wow. C'est la journée des surprises.
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