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 Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel

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Yûki
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:51

J’ai l’impression de tourner dans la bâtisse, comme un lion en cage. Comme un con en cage, remarque, ça marche aussi. Il fait bien sombre à l’intérieur, et pourtant ce que je suis m’empêche d’être aveuglé, je distingue les formes, les silhouettes, je vois même les fêlures les plus importantes des pierres qui fondent la cabane, et les longues tiges de lierre qui rampent dessus, jusqu’au plafond. La nature reprend toujours ses droits, c’est immuable, et c’est ce qui me fait tant l’aimer. Je me suis depuis longtemps abandonné à la forêt, aux feuilles, aux intempéries et aux ruisseaux comme certains s’abandonnent à la musique, à la peinture, au tir à l’arc ou au saut à l’élastique. Je m’y suis offert parce que c’est ce que j’aime le plus au monde, après elle. Primrose me dit que j’ai tout d’un mélomane, à commencer par mon prénom, en suivant mes doigts habitués à caresser les touches d’ivoire d’un piano. Mais ça ne me plaît pas. Le son est beau, la mélodie m’emporte, mais je lui préfère les bruits familiers des bois, les feuilles qui bruissent sous le vent, celle qui craquent sous les pieds en automne, le clapotis de l’eau et les sursauts soudains des buissons quand les petits animaux s’en échappent soudainement, effrayés ou trop aventureux. Il paraît que je pourrais aller loin dans la musique, mais ce n’est pas quelque chose qui me plaît. Je ne pourrais jamais m’abandonner à l’art musical, parce que ce n’est pas ce que j’aime. Et pourtant je suis doué, paraît-il. Mais qu’est-ce qu’être doué quand on n’éprouve jamais de véritable plaisir à ce que l’on fait ? Dire que c’est peut-être bien la seule chose qui n’est pas totalement foireuse dans ma vie : le piano. J’étouffe un sourire amer, secoue la tête. 

J’ai besoin de marcher, pour ne pas m’asseoir, pour ne pas m’allonger, pour ne pas sombrer dans le sommeil. A tourner comme ça, je vais finir par faire remonter la nausée, et je n’en ai pas vraiment envie. Quelque part, je crois qu’elle est quand même préférable aux angoisses qui m’enserrent le coeur quand je me risque à fermer les yeux. Morphée est vraiment un sale type. Alors, je marche, je parle, je pose des questions. Je parle seul, sans doute, mais je préfère un monologue au silence qui tuerait ma résistance face à la fatigue. Je me hais d’infliger mes terreurs à mes parents, je me haïssais de les infliger à ma soeur, et ô combien je ne veux pas les infliger à un inconnu qui m’a porté secours. Je ne dois pas dormir. Même s’il me faut des jours pour rattraper ensuite. Je ne dois pas dormir. Alors je l’interroge ; qu’est-il ? Il se fige, et j’avoue que son regard, auquel je pensais m’être habitué, me fait frémir. J’ai peur d’avoir dit quelque chose de déplacé, d’avoir posé une question qu’il aurait mieux valu taire. « Pardon, je- » « Ça m’étonne pas plus que ça. » Il m’a interrompu, je me tais. « Un luxray. » Je cligne des yeux. Un luxray… Je crois que je n’en ai jamais croisé, avant, et je ne suis pas certain de me souvenir tout à fait de ce dont il s’agit. Un type électrique ? Je n’y mettrais pas ma main au feu. 

Je l’observe, la tête penchée. Il a l’air… gêné ? Un peu désolé ? « J’ai pas l’habitude… qu’on me désigne ainsi. » Je secoue la tête, pas de souci. Il me retourne la question, j’esquisse un sourire en coin. Sans véritable joie, mais je ne peux pas m’en empêcher. C’est que j’aime bien ce que je suis. « Noctali. Et j’aurais sans doute les mêmes yeux que toi, si je n’avais pas hérité du gêne de ma mère. » Oh, combien j’aime ce gêne chromatique, qui me vient en plus de la seule de ma famille proche qui n’est pas une Evoli ni l’une de ses évolutions. Peut-être une autre chose qui n’est pas totalement foireuse dans ma vie, ce petit quelque chose qui me rend un peu différent, un peu unique. Même s’il y a Noa. Ce Noa qui me ressemble un peu trop. Mais c’est amusant, quelque part. Je crois.

Finalement, j’arrête de lutter, et je finis par céder : je m’assois au sol, dos au mur, coudes sur les genoux. J’ai le réflexe de vouloir lier mes mains, mais ça tire sur la plaie bandée, et je serre les dents. C’est que ça fait toujours mal. Alors, je les laisse ballantes, comme ça, et je renverse ma tête contre le mur derrière moi. Et je l’écoute, en tâchant de ne pas fermer les yeux. Sinon, pour sûr, c’est foutu. « On va avoir de la marche demain, vu d'où t'arrives... On va attendre le lever du soleil pour repartir. » Encore toute une nuit à lutter pour ne pas sombrer ; je vais essayer. J’acquiesce lentement, de toute façon dans la nuit il nous serait impossible de nous repérer. « J'espère que la compagnie d'un mec aussi accueillant qu'une pierre tombale ne te dérangeras pas trop. » Je baisse les yeux vers lui, grands ouverts, écarquillés. Mes paupières papillonnent plusieurs fois, le temps que je réalise véritablement ce qu’il vient de dire. Et puis, c’est tout con, mais je ris. C’est pas grand chose, ça s’entend pas vraiment —un peu quand même— mais c’est bien réel. Et, mon dieu, ça fait tellement de bien. « T'es un peu glauque comme type, Zeph —j’peux t’appeler comme ça ? » Il faut un petit temps pour que mon sourire se dissipe, et j’étouffe à grand peine un bâillement, qui parvient quand même à troubler mon regard. Fatigué, je suis. Et y céder, je ne dois pas. « T’sais, j’crois que t’es la présence la plus agréable de la soirée. » Je grommelle quelque chose, qu’il ne comprend sans doute pas, adressé à mes parents, à leurs mensonges, leur incompréhension. 

« Puis… J’crois que j’aime plus tellement être seul. Alors... » J’aimais bien, avant pourtant. Mais plus le temps passe, moins je me sens en sécurité. Tout est dans la tête il paraît. C’est ce que disait ce type que l’on m’a obligé à voir, et que j’esquive à présent du mieux que je peux. Mais je n’oublie pas qu’il m’a dit un jour que j’étais seul maître de ce qui m’arriverait, et je crains que mes peurs soient ce qui me poussent finalement à l’erreur de trop. Je frissonne. Pourquoi t’y penses, imbécile ?« Dis… Si t’es un hybride, pourquoi… pourquoi t’es armé ? Fin… t’as tes attaques, non ? » Je baisse la tête. J’ai l’impression d’être trop curieux, de m’immiscer dans quelque chose qui ne me regarde pas. Mais ça me brûle les lèvres. « Tu dis que t’as pas l’habitude qu’on t’désigne comme ça… mais… comment ça s’fait ? Fin, c’est fort un luxray, non ? » Mais ta gueule, Rhap. Les mèches emmêlées de mes cheveux me tombent devant les yeux. « Pardon. C’est juste que… fin… j’sais pas. Ça me fait peur ces trucs. » Les armes à feu. « T’es pas obligé de répondre. » Même si j’aimerais bien qu’il le fasse, quand même.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:52

Tu te sens un peu con, un peu gêné et désolé. T'as dû l'effrayer un peu, avec ce regard, là. Ce regard pas rassurant pour un sou – mais en même temps, qu'on me dise ce qui est rassurant chez toi. T'es curieux de savoir ce qu'il est, lui aussi ; c'est la première fois que t'en parles aussi ouvertement c'est... étrange. Tu as déjà côtoyé des hybrides, ce n'est pas ça qui est inédit ; c'est d'en parler comme s'il ne s'agissait pas là d'un sujet tabou, comme on parle de la pluie et du beau temps. Tu ne sais pas vraiment comment aborder ce brusque changement dans ta vie. Ouais, dans ta vie, carrément. Mais ce changement, il est arrivé il y a bien longtemps, tu sais ? C'est juste, quoi, un rappel ? Un rappel que t'es vivant. T'es vivant, Zephiriel, t'as vu ça ? Il te regarde, et son malaise semble se dissiper ; c'est quoi, un sourire sans joie, ou y a-t-il autre chose ? Ce que t'en sais foutrement rien. « Noctali. Et j’aurais sans doute les mêmes yeux que toi, si je n’avais pas hérité du gêne de ma mère. » Tu clignes des yeux. 'Le gêne de sa mère'... tu comprends pas tout de suite ce que cela signifie. Tu sais même plus ce que c'est qu'un noctali, si tu l'as jamais su. Tu te grattes la joue, te sentant fichtrement con. Pour changer. Tu ne sais pas vraiment s'il le prenait mal, si tu l'interrogeais. Au pire, tu te pencheras sur la question plus tard... ? On va dire ça.

Ton regard est happé une nouvelle fois par l'adolescent que tu vois s'asseoir. Il a finit de tourner en rond ? Tu ne commentes pas. En même temps, t'es beaucoup dans l'économie de ta salive. Puis tu  énonces le programme à venir, finissant même sur une note d'humour parfaitement inédite. Tu sais pas trop d'où ça t'es venu, mais fallait bien que t'avoues être particulièrement agréable. Le plus étrange n'est peut être pas cette remarque mais la réaction du jeune homme. Il te fixe, allégrement surpris – ce que tu lui comprends vraiment beaucoup pour le coup – et tu te sens encore plus con que d'habitude si c'est possible. La vérité ? Tu as juste oublié comment on communique avec les autres, t'as juste oublié ce que c'est d'être à peu près civilisé. Et ce que t'aimerais t'enterrer dans un coin, d'un coup... Devant un gosse. Puis, l'inattendu. Un rire, pas tout à fait silencieux, empli votre planque dans laquelle résonnait seulement le vent fouettant les murs, à l'extérieur, jusqu'alors. Tu sais pas vraiment, tu comprends pas trop pourquoi, mais un sourire vient étirer tes lèvres alors qu'une lueur de malice brille sans doute dans tes prunelles sanguines. C'est normal, Zephiriel, je t'assure. T'es devenu un handicapé social, en fait. T'inquiète, ça va revenir... n'est-ce pas ?

« T'es un peu glauque comme type, Zeph —j’peux t’appeler comme ça ? » Tu lui fais signe de la tête qu'il peut, le tout en continuant de sourire – tu rirais presque aussi, mais il te faut sans doute plus qu'une blague un peu creuse. Tu ne vas pas nier, ouais, t'es un peu glauque ; glauque et surtout paumé. Tu finis par l'imiter enfin, poses ton cul par terre et t'adosse au mur glacé derrière toi. Le vent violente votre cabane, là, dehors, avec tous ses dangers qui te guettent. Mais là, maintenant, tout de suite, juste, oublie. Oublie Zephiriel, pose toi un peu. Regarde, ce gosse, il a tellement l'air d'avoir besoin d'aide ; alors, qu'est-ce que ça te fait ? Voir ton reflet froissé dans le regard d'un adolescent, quel effet ça fait ? À quel point t'est-elle insupportable cette image ? Non, tu veux pas détourner les yeux, tu te sens bien, là.Et tu ne chercheras, encore une fois, même pas à savoir pourquoi. On finit par ne plus essayer, quand on survit, quelque chose comme ça ; c'était juste du luxe. Luxe que tu n'as pas. « T’sais, j’crois que t’es la présence la plus agréable de la soirée. » Ce qui n'est pas spécialement positif en soit. Tu fais la grimace. T'es curieux en réalité. Tu te demandes ce que signifient les soupirs rageurs de Rhapsodie, tu te demandes ce qu'il y a de si désagréable à sa vie pour que cette lueur de détresse brûle si vivement ; tu te questionnes sur lui, tu deviens curieux. T'es pas censé t'en battre les reins ?

« Puis… J’crois que j’aime plus tellement être seul. Alors... » Oh, tu comprends tellement. L'Homme n'est pas fait pour vivre seul, c'est un animal social qui présente le besoin de vivre en société. Humain ou hybride, n'est-ce pas la même chose ? Toi non plus, tu n'aimes pas ça, être seul. Mais tu en as pris tellement l'habitude que c'est l'inverse qui t'effraie. Sa présence réussissait à t'apaiser, pourtant.Bon, on arrête de penser à cette fille et on se reconcentre, bien. « Dis… Si t’es un hybride, pourquoi… pourquoi t’es armé ? Fin… t’as tes attaques, non ? » ...En fait t'aimerais bien retourner à tes rêveries subitement. Allons bon, il a le droit d'être curieux ; tu l'es bien aussi avec lui, après tout. Tu le fixes ; il ne semble pas avoir terminé avec les questions. Sa tête se baisse, et la pluie d'interrogations continue.  « Tu dis que t’as pas l’habitude qu’on t’désigne comme ça… mais… comment ça s’fait ? Fin, c’est fort un luxray, non ? » T'en montres rien, comme d'habitude, mais putain ce que d'un coup, t'as mal ; ce que d'un coup, ça brûle. « Pardon. C’est juste que… fin… j’sais pas. Ça me fait peur ces trucs. T’es pas obligé de répondre. » Tu croises les jambes, les bras aussi, dans une position quelque peu fermée, et plisses les yeux. « Je vais répondre à tes questions. » Même si bordel, ce que ça fait mal. « Je le ferais, si tu réponds aux miennes. » C'est un peu comme un marché, un échange d'informations, du troc ; c'est un mal contre un autre mal, c'est épancher ses blessures. Tu n'as pas vraiment envie de remuer le couteau dans la plaie, que ce soit la tienne ou la sienne, mais après tout, c'est lui qui a lancé l'arme chargée entre vous. Tout ce que t'as fait, toi, c'est t'en saisir. Tu sauras viser dans la cible, n'est-ce pas ?

Tu lèves les yeux au plafond, n'attendant finalement pas vraiment son approbation. Tu aurais bien voulu voir son regard pour essayer de décoder son expression, mais ses cheveux ne sont pas vraiment transparents. Tu ne vois pas très bien dans cette obscurité, contrairement à ton vis-vis – bien que tu ignores ce détail – mais tu arrives à discerner la roche ; t'es pris d'une impression de claustrophobie, mais tu la chasses. Le plafond était vachement plus haut, cette fois-ci. Cette fameuse fois où t'avais senti ta vie t'échapper, tu te souviens ? Oh oui tu t'en souviens, trop bien même. Les souvenirs reviennent, les plus douloureux surtout ; et tes paupières se baissent. « Je sais pas utiliser mes attaques. » Tu baisses la tête, rouvres les yeux et cherches ceux de l'adolescent pour planter tes billes sanguines dans les siennes. « Je ne serais même pas capable de les nommer. » Tu hausses les épaules « Alors faut bien que je puisse me défendre. » C'est pas comme si ça t'était vital, après tout. Un sourire cynique étire tes lèvres. Que ton père s'était montré intelligent de t'apprendre le tire ; surtout après t'avoir retiré tout autre moyen de défense. « J'ai été élevé comme un humain ». Ça te brûle la langue, c'est amer et douloureux, c'est un coup au cœur. Tu penches la tête ; à son tour. « Pourquoi tu t'es barré de chez toi ? C'est quoi le problème, avec tes parents ? Pourquoi un gamin semble-t-il au bout d'sa vie ? » Et c'est peut être ce qui fait le plus mal, dans tout ça.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:53

Je lui jette un coup d’oeil, entre les mèches qui me permettent d’échapper à sa vue, mi-surpris, mi-hésitant. Ok, s’il répond, je n’aurai pas d’autre choix que de lui répondre à mon tour. Je sais quel genre de questions me seront posées, être devin est inutile quand l’évidence est telle que celle-ci. Ces sont des questions qui foutent des claques, qui serrent le coeur, qui serrent la gorge. Des questions qui font mal.Mais, pour satisfaire ma curiosité propre, je crois que je suis capable de les encaisser, aussi douloureuses puissent-elles être. Enfin je l’espère. C’est donnant-donnant, un échange équivalent où celui qui reçoit se doit d’abandonner une chose de même valeur. J’acquiesce lentement, même si je crois qu’il ne me regarde pas. Comme si je n’avais de toute façon pas le droit de refuser. Je ne l’aurais pas fait. Je tiens à savoir, et ce sans même comprendre, ni surtout chercher à comprendre, d’où me vient cet intérêt pour un inconnu. Certes, on pourra dire que, quelque part, je lui dois peut-être bien la vie. Mais je crois que ce n’est pas que ça. Je n’essaie pas de comprendre ; c’est futile.

Il y a le silence, et puis, tout d’un coup, la voix de Zephiriel qui fend l’air, et déchire le calme ambiant. « Je sais pas utiliser mes attaques. » Je cligne des yeux en relevant la tête, je chasse ces cheveux qui me privent de vue, et je me retiens de poser une énième question. Il ne m’en laisse pas vraiment le temps. « Je ne serais même pas capable de les nommer. Alors faut bien que je puisse me défendre. » Il y a un sourire pas vraiment heureux, pas vraiment bon qui se dessine sur ses lèvres, et je sens un petit truc qui se fissure, quelque part en moi. Combien, ô combien je reconnais ce sourire, je le vois si souvent dans le miroir qu’il flotte dans l’ombre de mes paupières, constamment. Ce sourire amer, le sourire des blessés, le sourire des vaincus. « J'ai été élevé comme un humain. » Ça me fait mal, quelque part, d’entendre ça. Je ne sais vraiment pas pourquoi.

Presque aussitôt, et avant que j’ai pu me remettre de la révélation, il me renvoie la balle, m’assène de questions. « Pourquoi tu t'es barré de chez toi ? C'est quoi le problème, avec tes parents ? Pourquoi un gamin semble-t-il au bout d'sa vie ? » J’avais raison : c’est comme prendre une claque. Surtout sa dernière question. Ça se voit tellement ? Je ricane doucement, mal à l’aise, pas certain de savoir trouver les bons mots. Je ne me sens pas capable de parler ouvertement de ce qui me bouffe, mais je me doute aussi que si je veux lui poser d’autres questions —et pour sûr, j’en ai d’autres en tête— il va falloir que je me plie aux règles du deal. Je soupire, agite mon bras engourdi. « Dans l’ordre : j’me suis jeté avec mes parents comme un millier d’autres fois. Ils me mentent, ils m’cachent des trucs alors que… qu’j’en sais trop pour qu’ils se taisent. Mais pas assez pour résoudre l’énigme. Et... » Ma gorge se serre. 

Au bout de ma vie ? Alors, c’est vraiment de ça que j’ai l’air ? D’un gosse au bord du gouffre ? Rassurant. Je déglutis, difficilement. Mon regard court sur les murs comme grimpent les lierres. Les tiges s’emmêlent les unes aux autres, et c’est étrangement fascinant. « Ça t’est déjà arrivé d’te dire… J’sais pas, que tout c’que tu fais c’est… foireux, qu’ça mènera à rien ? Et qu’tout c’que t’as déjà fait, ça a juste causé du mal autour de toi, voire carrément pire ? » Je baisse les yeux sur le bandage de ma main, un peu trop blanc quand on sait tout le rouge qu’il y avait. Mais c’est tant mieux. Je ne sais pas pourquoi est-ce que je me surprends à en dire autant à un type que je connais à peine, que je ne reverrai peut-être plus jamais ensuite. Mais c’est sûrement ça qui me rassure, il disparaîtra avec mes secrets. Si ça se trouve, pas. 

Je ferme les yeux, la tête renversée contre le mur, pour ne pas avoir à affronter tout de suite le regard de Zephiriel. « T'as déjà eu envie... enfin. Ça t'est déjà arrivé d’te dire que t'en voulais plus, de cette vie foireuse ? Que d’toute façon, comme on t’enlève tout ce qui a le pouvoir de te faire sourire, ça sert plus à grand chose de se battre pour trouver d’autres sources de bonheur ? » Je ris doucement, d’un de ces rires cassés au possible. C’est triste, de s’être déjà senti tellement seul à quinze ans que l’on était prêt à tout lâcher. « Ben voilà... » Et pourtant, à bien y réfléchir, je crois que cette idée, celle de tout laisser tomber, se dissipe peu à peu de mon esprit. Je ne sais pas d’où ça me vient. C’est peut-être ce double rencontré dans les bois, ou cet humain différent des autres croisés à Lavandia, c’est peut-être juste une flamme qui s’est ravivé au contact d’êtres capables de m’arracher des sourires un peu plus vrais. Je n’en sais foutrement rien. Mais ça fait du bien.

Je prends une profonde inspiration, et puis, enfin, j’affronte le regard de mon camarade. A moi. « Pourquoi t’as été élevé comme un humain, et pas comme l’hybride que t’es ? » Ça m’intrigue : comment peut-on chercher à faire taire ce qui sommeille en son enfant et fait partie intégrante de lui, cette part qui est lui ? Surtout, ça m’échappe. « Ça m’a échappé tout à l’heure mais je le redis c’te fois, t’as l’air de t’y connaître à propos des parents qui n’agissent pas comme il le faudrait. C’est quoi qui dérape avec les tiens ? » Je crois que je frappe fort ; un peu trop sans doute. J’en ai conscience. Mais ça me brûle les lèvres, ça me donne envie de savoir. Même si je ne devrais peut-être pas.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:53

C'est de ce regard de rapace, de prédateur, que tu observes le malaise, la douleur peut être, de l'adolescent en face de toi ; de ce regard qui n'est pas étranger à tes traits. Ça fait mal sans nul doute, et tout dans son langage corporel le dénote ; mais en même temps, il lui aurait sans doute été difficile de cacher quoique ce soit. Il a jusqu'à ce rire, ce rire nerveux qui ne te fait pas même frémir tandis qu'il s'agite. Allez Rhaps', c'est toi qui as voulu jouer. Chacun son tour, chacun déguste ; jusqu'où ? Tu t'es déjà ouvert à lui plus qu'à n'importe qui d'autre jusqu'à présent ; à ce gamin largué que tu as sauvé dans le sable et la tempête, la main en sang et le regard blessé. Pourquoi ? Parce qu'il t'intrigue, juste parce qu'il t'intrigue ? Parce que sa vue te fait mal, peut être ? Est-ce réellement une bonne raison ? Une raison saine, aussi ? Y a peut être plus grande chose de sain chez toi, après tout.

Un soupire, tu continues d'attendre. « Dans l’ordre : j’me suis jeté avec mes parents comme un millier d’autres fois. Ils me mentent, ils m’cachent des trucs alors que… qu’j’en sais trop pour qu’ils se taisent. Mais pas assez pour résoudre l’énigme. Et... » Tu l'écoutes juste patiemment, et ton regard ne flanche pas un instant. Et pourtant, dedans, ça tremble, ça ploie, ça hurle. Il s'est engueulé avec ses parents. Ses parents qui lui cachent des trucs. Bordel, à quel point ce gosse peut te faire écho à ta propre personne ? Bien que toi, tu ne savais foutrement rien de ces secrets ; ou du moins, pas de façon consciente. Est-ce pire que tout ignorer ? Sans doute, t'en sais trop rien. En le voyant, là, tu te dis que ça l'est peut être ; après tout, t'as fugué, toi, t'avais dix-neuf piges. Lui, il les fait vraiment pas. Est-ce que ce sont ces secrets là qui le poussent hors de chez lui si souvent ? Qu'est-ce qu'il sait qui lui fasse si mal, finalement... ? « Ça t’est déjà arrivé d’te dire… J’sais pas, que tout c’que tu fais c’est… foireux, qu’ça mènera à rien ? Et qu’tout c’que t’as déjà fait, ça a juste causé du mal autour de toi, voire carrément pire ? » Cette fois, tu es incapable de rester de marbre ; tes épaules se crispent et tu réprimes une grimace. Ouais, ça t'es déjà arrivé. Ça t'arrive assez régulièrement, même ; mais ça fait presque encore plus mal de voir un môme dire ça. Un môme, un gamin, un gosse... arrête, il en a que l'âge vraisemblablement. Tiens d'ailleurs, il a quel âge au juste ? Tu te mords la lèvre ; ce n'est pas encore venu ton tour, Zephiriel. « T'as déjà eu envie... enfin. Ça t'est déjà arrivé d’te dire que t'en voulais plus, de cette vie foireuse ? Que d’toute façon, comme on t’enlève tout ce qui a le pouvoir de te faire sourire, ça sert plus à grand chose de se battre pour trouver d’autres sources de bonheur ? » Tu en as le souffle coupé, clignes des yeux, le fixes, cherchant à savoir sur ses traits s'il est sérieux. Rude affaire, dans la mesure où il a la tête en arrière et le regard au plafond. Acculé ainsi contre son mur, on dirait qu'il te fuit – toi ou ton regard. Est-ce que... est-ce qu'il parle sérieusement ? Vraiment ? Il en a tout bonnement l'air, et tu ravales difficilement ta salive. Bordel, on a pas ce genre de pensées à son âge... on est censé sourire à cette époque, non ? Quand a-t-on le droit de ne plus le faire alors, dis-moi ? C'est vrai, dix-neuf ans, presque vingt piges, c'est pas non plus le meilleur âge pour décider de passer le restant de ses jours à tirer la gueule. Si tant est que "le restant de ses jours" dépasse l'année, évidemment.

« Ben voilà... » Tu fermes les yeux ; ça fait mal. Ça fait horriblement mal, presque autant que de voir ses propres blessures exposées. Peut être parce qu'elles font échos à celles-ci. Tes paupières se relèvent et tu observes un court instant tes mains meurtries, le cœur gros comme on dit. Un soupire t'arrache à ta contemplation et tu redresses le regard ; il ose enfin l'affronter. « Pourquoi t’as été élevé comme un humain, et pas comme l’hybride que t’es ? » C'est bien plus douloureux qu'au début, et la question du "jusqu'où" retentit à nouveau à tes tympans. Jusqu'où vas-tu enfoncer les doigts dans la plaie avant de décider que t'as trop mal pour continuer ? T'as presque envie de gerber sur le moment, mais nan, t'es fier Zephiriel, tu gardes le regard fixe, tu le défis, là, tu le provoques ; allez, un peu plus fort, frappe plus fort encore. Et il y répond, pas de souci.

« Ça m’a échappé tout à l’heure mais je le redis c’te fois, t’as l’air de t’y connaître à propos des parents qui n’agissent pas comme il le faudrait. C’est quoi qui dérape avec les tiens ? » Oh putain. T'aurais dû t'y préparer, tu t'y attendais après tout. Tu corriges presque mécaniquement avec un « le tien » avant de baisser les yeux. Un sourire amer, et tu inspires – difficilement. Tu montres enfin tes blessures, tu exposes piteusement tes fêlures. Ton regard tremble un peu, tu fais la grimace, avant de hausser les épaules, te recroquevillant un peu sur toi même. Allez Zephiriel, toi aussi, t'as voulu jouer. « Ma mère est morte quand j'étais gosse. » Tu te mets à jouer avec tes doigts, puis relèves les yeux vers Rhapsodie. « Mon père... avait peur de me perdre aussi. Alors il a tout fait pour étouffer ce qui risquait de me mettre en danger. Cela comprenait... ce que j'étais... notamment. » Puis aussi, les souvenirs de ce jour-là, ta mère te planquant rapidement, ta mère prenant un coup, ta mère en prenant un autre... Jusqu'à ce que plus rien ne soit reconnaissable chez la magnifique Luxray. Tu ne t'en souvenais pas très bien, évidemment, mais même si ton père avait juste simplifié le truc en "ils l'ont tuée", tu savais parfaitement ce qu'il s'était passé. Y avait eu une enquête. Des rapports. Des journalistes, aussi. Ça t'avait presque étonné que tu ne sois jamais tombé sur ces informations avant de t'enfuir. Tu relèves les yeux, et c'est un regard dur, froid, cruel, que tu offres au pauvre gosse en face de toi. « Il m'a enfermé, il m'a restreint, il m'a protégé ; et au final, j'lui ai juste craché à la gueule et je me suis barré. Et tu vois où ça m'a mené ? » Un rire t'échappe, un rire sans joie, un rire brisé. T'as mal putain, t'as mal.

« Alors Rhap' – je peux t'appeler comme ça aussi j'imagine ? – qu'est-ce que tu sais que tes parents te cachent et qui te bouffe autant ? » Tu le fixes, implacable, cruel. Et lui, jusqu'à quand il va enfoncer le couteau dans la plaie ? Tu hausses un sourcil « et au passage, t'as quel âge pour déjà croire que la vie c'est de la merde et qu'il n'y a aucune issue ? ». Tu penches légèrement la tête, et dans un murmure, le regard se baissant légèrement, t'échappe un « je te comprends trop bien, beaucoup trop bien... ». Mais tout juste le souffle t'a-t-il échappé que tu dardes à nouveau tes sanguines sur l'adolescent. Alors, tu joues toujours?
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:53

Il m’a repris, aussitôt, presque mécaniquement. Carrément mécaniquement, même. « le tien. » Je frissonne : le ? Rien… qu’un seul ? Je n’ai pas le temps de me poser des questions, il me balance la vérité en pleine face. « Ma mère est morte quand j'étais gosse. » Oh putain, ce que ça fait mal. « Désolé... » J’ai murmuré. L’espace d’instant, je me surprends à imaginer ce que ce serait, de perdre ma mère, cette femme douce, sa main fraîche qui se pose sur mon front, sur mes joues quand je pleure la nuit, ses bras qui m’étreignent jusqu’à ce que je retrouve le sommeil, contre elle. La seconde d’après, saisi par un vertige, je chasse cette pensée de mon esprit. Je ne veux pas imaginer. Il y a tant de colère qui bouillonne en moi, mais pas suffisamment pour que je puisse imaginer la perdre. Surtout pas. « Mon père... avait peur de me perdre aussi. Alors il a tout fait pour étouffer ce qui risquait de me mettre en danger. Cela comprenait... ce que j'étais... notamment. » Je serre le poing, pas l’infirme. Pourquoi ça fait écho ? Pourquoi ? Pourquoi ça fait mal ? Mes parents ont peur. Je le sais bien. Ils veulent étouffer ce qui me pousserait au bord du vide, dans la gueule du loup, au devant du danger. Ce sont eux qui m’y poussent, pourtant. Putain, pourquoi ça brûle ? 

Je serre les dents, je prends une profonde inspiration. Ça fait mal de croiser son regard. « Il m'a enfermé, il m'a restreint, il m'a protégé ; et au final, j'lui ai juste craché à la gueule et je me suis barré. Et tu vois où ça m'a mené ? » Ça fait encore plus mal de l’entendre rire. Encore et toujours ce rire qui fissure les coeurs, le rire de ceux qui ne savent plus vraiment ce que c’est que d’aimer la vie et ce qu’elle a à offrir. Après tout, la vie est une menteuse, une garce, une pourriture qui prend bien plus qu’elle ne donne. N’est-ce pas ? Une question me brûle les lèvres, je la retiens. L’arme reviendra entre mes mains, tôt ou tard. Mais c’est à Zephiriel de tirer, et il n’hésite pas. Les balles font mal.

« Alors Rhap' – je peux t'appeler comme ça aussi j'imagine ? (j’acquiesce) – qu'est-ce que tu sais que tes parents te cachent et qui te bouffe autant ? » Je sens mes mains qui tremblent, ma gorge qui se serre. Ça fait tellement mal. Un mal de chien. C’est moi qui ai ouvert les hostilité, je n’ai pas la force de me retirer du combat. Pas encore. J’irai jusqu’à mes retranchements s’il le faut ; je tiendrai bon. Parce que je veux savoir. Même si ça tue, de l’intérieur. « et au passage, t'as quel âge pour déjà croire que la vie c'est de la merde et qu'il n'y a aucune issue ? » je cligne des yeux, la question est parvenue à m’arracher un rire, rendu un peu jaune par la brûlure de la bile dans ma gorge. « je te comprends trop bien, beaucoup trop bien… » J’étouffe une question ; ne tire pas encore, Rhap. Je soutiens son regard. C’est difficile. Il me défie, il me fait mal. J’encaisse.

Je prends une profonde inspiration, pour délier un peu ce noeud que j’ai dans la poitrine. « Y’a deux ans, j’ai appris que quelque part, peut-être, si la mort m’a pas encore joué un sale tour, j’ai… un… un frère ? » J’ai murmuré le dernier mot. C’est une première pour moi, qui n’ai jamais parlé de ça avant. Ça fait mal. « J’suis pas censé savoir. Mes parents m’l’ont jamais dit. » Je m’interromps, ferme les yeux. Le plus difficile est encore à venir. « Ca fait un an qu’ma soeur a disparu, sous mes yeux, par ma faute. Ils font comme si elle était... » Je suis incapable de le dire. Elle ne l’est pas. Je déglutis. « y a plus rien. Chambre fermée, photos planquées… J’en ai sauvé une. » Instinctivement, je porte ma main à la poche de mon pantalon, pour m’assurer qu’elle est toujours là, en sûreté. La sentir au travers du tissus m’apaise, me serre le cœur tout autant. « Ils comprennent pas que j’peux pas faire comme eux, faire semblant qu’elle existe pas. C’est peut-être plus facile pour eux… mais pas pour moi. » Moi j’en crève. Je m’éclaircis la gorge, en entendant ma voix qui devient rauque, au fil de mes mots. Sa deuxième question tourne dans ma tête. Je sais que ce n’est pas normal, à mon âge, d’avoir tant de rancune envers la vie, au point d’avoir déjà songé à la quitter. Qu’y puis-je au fond ? Je ne suis qu’un enfant.

« J'ai... Je viens de fêter mes quinze ans. » Je l'ai sifflé, avec un dégoût palpable. Fêter. C'est sans doute un mot un peu trop heureux pour ce que cette journée a véritablement été, pour la douleur qui m'a consumé alors que j'aurais dû rire à m'en faire mal au bide, pour le silence de la maisonnée qui aurait dû être pleine de chamailleries et de taquineries d'adolescents. Mais ce fut vide. Ce fut triste. La nuit seule fut belle. Pour mes quinze ans, il y avait tant d'étoiles et aucun nuage dans le ciel. J'étais peu couvert, je soufflais et ma vue était troublée par une brume fugace qui ternissait la voûte, rien qu'une seconde, et puis se dissipait l'instant d'après. Oh, oui, la nuit fut belle, ô combien apaisante et doucereuse pour mon cœur endolori. 

Elle n'aimait pas que je sorte si tard, mais elle adorait venir fêter les années qui s'écoulaient avec moi. Son écharpe sur le nez, ses gants aux mains pour les tenir au chaud, elle riait en me voyant grelotter. Son étoffe de laine, elle me la passait autour du cou après m'avoir demandé de me baisser, elle me serrait dans ses bras comme si ça pouvait me donner un peu moins froid. Ça me donnait moins froid.Mais la nuit de mes quinze ans, aussi belle fut-elle, fut surtout emplie de sa seule absence. Je me suis toujours demandé si elle l'avait vu, ce ciel dégagé, ces étoiles scintillantes, ce givre sur les branches au dehors. Je me suis toujours demandé si, dans la prison qui ne la méritait pas, elle avait senti la plénitude nocturne, si elle avait pensé à moi, si elle avait pensé à nos escapades passées. Je me suis toujours demandé si je lui manquais.

Je secoue la tête, reviens au présent, même s’il est un peu trop douloureux pour moi. J’affronte le regard de Zephiriel, sans ciller. « Et toi, t’as quel âge ? T’sais, quinze ans ou plus, j’crois que c’est jamais le temps pour… être comme ça. » Être comme ça, en avoir marre de vivre, et ne pas avoir la force d’en finir. C’est tellement cruel au fond, d’être forcé à endurer encore, alors que l’on ne se sent plus la force de le faire. « Tu parles d’où ça t’a mené… tu t’es barré… tu veux dire que t’as genre pas d’endroit où te poser, tu erres, tu traînes ? T'as personne ? » Je crois que les trois derniers mots étaient un peu trop violents. J’inspire, profondément. « Tu m’comprends, hein... » Mon regard se fait plus dur, quand je le repose sur lui. « Comment tu fais, toi, pour tenir encore debout ? » Ou plutôt… pour rester vivant, même à genoux ?
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:53

Vous êtes tous deux là, à cœurs ouverts, poitrails déchirés pour mieux laisser pénétrer la douleur. Tu te demandes si t'aimes pas ça au fond, pour chercher à ce point la douleur, pour chercher à ce point que l'on enfonce des aiguilles dans ta nuque et que l'on presse ton bide à t'en faire cracher tes tripes. Tu dois aimer ça, un peu, pour en redemander, pour ouvrir à nouveau ta gueule et cracher ton venin, en sachant pertinemment qu'il y aura une contrepartie, en sachant pertinemment que même les réponses font mal. C'est un jeu dangereux, douloureux, morbide peut être ? Mais tu n'as sans doute plus toute ta tête, déjà.

Il inspire, difficilement devines-tu, cherche ses mots et s'emmêle. Tu l'observes, attends, silencieux, sachant très bien que cette réponse tu l'auras ; ça fait pas encore assez mal. « Y’a deux ans, j’ai appris que quelque part, peut-être, si la mort m’a pas encore joué un sale tour, j’ai… un… un frère ? »  Tu clignes des yeux comme un con sur le moment ; t'ouvres la bouche, la refermes. Un... frère ? T'as aucune idée de ce que c'est, un frère. Tu ne peux pas vraiment imaginer ce que cela fait d'avoir un frère (ou une sœur), de l'aimer, de le choyer, de le chercher.  Et tu sais absolument pas ce que cela doit faire d'apprendre, un jour, comme ça, que l'on en a un, mais que l'on a toujours ignoré son existence. Tout ce que tu sais, c'est ce que tu vois, ce qui s'étale sous tes yeux : c'est la douleur dans ce murmure, c'est la cassure dans son regard, c'est la peine qu'il dissimule maladroitement, l'hésitation, la peur. C'est ce que tu vois, ce qui est réel ; la douleur de Rhapsodie est réelle. C'est la douleur qui délimite la réalité, c'est elle qui vous rappelle que vous êtes en vie, après s'être pris un bond gros mur dans la gueule. C'est la douleur qui vous rassemble ici, aussi, dans cette cabane à l'abri du vent qui hurle à l'unisson avec vos cœur meurtris. « J’suis pas censé savoir. Mes parents m’l’ont jamais dit. »  Tu baisses légèrement les yeux. Ah, les secrets de famille ! Ce que ça en fout du bordel, ce que ça en blesse des âmes. Pourquoi les parents comprennent pas que parler est parfois moins douloureux ? Certes, ça tranche, ça brûle. Mais c'est net, ça souffre un peu puis ça guérit, sous le regard attentif et la tendresse ; tandis que là, la plaie continue de pourrir sans que l'on veille, jusqu'à s'infecter et ronger les chaires, jusqu'à arriver au cœur et vous pourrir entièrement de l'intérieur. Jusqu'à ce qu'il y ait plus grande chose à sauver. Cela t'échappe ; pourquoi ils ne comprennent pas cela ?

En même temps, tu n'es pas parent, ni même grand frère, alors qu'est-ce que t'en sais ? Rien du tout, voilà. « Ca fait un an qu’ma soeur a disparu, sous mes yeux, par ma faute. Ils font comme si elle était... » Ah. Tu imagines là être le plus douloureux, tu l'imagines bien à deux doigts de vomir ses tripes. Mais tu continues de darder ton regard de sang sur lui, sur lui qui déglutis, sur lui si pâle qu'il en ferait peur aux morts. Comme toi. « y a plus rien. Chambre fermée, photos planquées… J’en ai sauvé une. » Est-ce normal comme comportement, que celui de ses parents ? Tu t'interroges. Ton père aurait-il été capable de faire chose pareille ? Tu ne peux t'empêcher d'en douter, mais en même temps, il t'a si longtemps caché des choses, des choses essentielles, que cela ne t'étonnerait pas totalement, finalement. Sa main se porte à sa poche dans un geste peut être inconscient, et tu devines qu'il s'agit sans doute de son bien le plus précieux. Ton regard s'adoucit, attristé peut être, touché, qui sait. T'es même pas capable de savoir ce que tu ressens toi, alors les autres... « Ils comprennent pas que j’peux pas faire comme eux, faire semblant qu’elle existe pas. C’est peut-être plus facile pour eux… mais pas pour moi. » Un léger sourire en coin, tandis que sa voix se perd, se fait rauque et amère. Tu vois dans ses yeux la solitude et la blessure qu'elle engendre, tu entends dans le timbre de sa voix la peine, tel un gouffre sans fond. Tu touches du doigts ce qui fait mal, là, tu frôles ce qui retourne le bide. Et toi, assis comme un con, tu te contentes d'écouter les larmes perler dans sa voix. Et dire que tu avais voulu jouer. 

« J'ai... Je viens de fêter mes quinze ans. » Quelques secondes d'un silence pesant s'en suit, et tu scrutes son visage à la recherche d'une explication. Une explication au dégoût qui semble percer dans sa voix, une explication à la souffrance qui ne devrait pas exister à un tel âge, une explication à ce qui se tient sous tes yeux. Quelle explication, Zephiriel ? Et dire que tu avais voulu jouer... Tu essaies de comprendre ce qui s'imprime sur son visage, ce qui a l'air de lui arracher un organe, ce qui le fait vaciller immobile. Mais comprendre quoi, finalement ? Alors tes yeux se baissent légèrement, alors tu songes vaguement que lui aussi doit ne plus être bien sain d'esprit pour se faire si mal. Mais vous avez voulu jouer. 

Tu relèves le regard, attends qu'il en fasse de même, alors qu'il semble s'être perdu dans quelques songes qui lui arrachent ces yeux brillants. Tu attends qu'il revienne à la charge, qu'il frappe à son tour, et retiens ton souffle pendant un millième de seconde quand il s'exécute. « Et toi, t’as quel âge ? T’sais, quinze ans ou plus, j’crois que c’est jamais le temps pour… être comme ça. » Un léger sourire amer étire tes lèvres alors que tu songes la même chose. Non, il n'y a pas vraiment d'âge pour se sentir cassé de tous les côtés, se sentir ployer sous la douleur en se demandant s'il existe seulement une sortie. Une sortie plus joyeuse qu'une balle bien placée. Plus joyeuse, pas plus agréable ; il serait si simple d'en finir immédiatement, si simple de cesser de se débattre inutilement. Mais peut être qu'au fond tu flippes. Peut être qu'au fond t'es pas si désespéré. Peut être... ? « Tu parles d’où ça t’a mené… tu t’es barré… tu veux dire que t’as genre pas d’endroit où te poser, tu erres, tu traînes ? T'as personne ? » Et bim, un autre coup bien placé, tu grimaces. Celui là aussi, il a fait mal, un peu trop peut être. Mais non, tu restes droit et le fixes, t'attends encore, encore et encore, t'attends qu'il finisse, tu sens qu'il retient son air, il retient ses mots. Allez Rhapsodie, de quoi t'as peur ? Il inspire profondément cette fois, et dans son souffle tu entends encore quelques mots douloureux. « Tu m’comprends, hein... » Et c'est pas normal, une voix te murmure dans un coin de ta tête. Mais qu'est-ce qui n'est pas normal ? Qu'à quinze ans il semble au bout de sa vie, ou que tu sois au bout de la tienne à tes dix neuf ? Les deux, peut être ?

«Comment tu fais, toi, pour tenir encore debout ? » Tu penches la tête, le fixes un instant, avant de lâcher un « Parce que tu serais prêt à t'écrouler sans essayer de te battre un minimum, toi ? ». T'en sais trop rien, après tout. Te battre, t'as l'impression de faire que ça ; tu te débats, contre toi même avant tout, contre ta douleur et tes fissures, tu te débats mais perds sans cesse. Tu te penches légèrement en avant, sans le quitter des regard, de ces billes sanguines et inébranlables, de cette lueur féroce que l'on observe chez les bêtes, chez les survivants. « Pour répondre à ta première question, oh si, j'ai quelqu'un. Mais je le fuis. Tout comme toi tu fuis ceux qui n'aiment que toi, je me trompe ? » Des parents, ça aime son enfant à en damner sa putain d'âme, ça lèverait des montagnes pour son gosse, ça en remuerait le ciel pour la prunelle de ses yeux. Et ses parents, ils ne dérogent pas à la règle, si ? Pourtant, il est là, pourtant, il est devant toi. Lui aussi, il fuit. Ton regard se fait un peu plus dur, tes lèvres s'étirent en un sourire léger, un peu mauvais. « Sérieusement, Rhaps... tu serais prêt à prendre cette arme et à te ficher une balle ? Ce serait sans doute mieux que de rester en position fœtale dans un coin, remarque. Mais je suis peut être juste trop con pour décider d'une solution ou de l'autre. Je préfère me faire mal, encore et encore. » Tout comme tu te fais mal maintenant. Tu le scrutes, comme cherchant quelle est l'option que lui préfère. Il n'a pas encore décidé, sans doute. Il est encore hésitant et craintif, ballotté par des sentiments contradictoires et divers douleurs affluant de toutes parts. 

Tu te réinstalles correctement, t'affales presque contre ton mur, tandis que tu commences à quelque peu sentir la fatigue. Mais tu ne dormiras pas, cette nuit, et tu as encore quelques balles à tirer, quelques balles pour l'achever. Et tu vas pas t'en priver. Pas encore. « Ta sœur. » À son regard tu comprends immédiatement, tu comprends que c'est le sujet qui fait mal, le sujet qu'il voulait sans doute ne pas voir être évoqué. Mais c'est aussi ce regard qui te fait rouvrir ta grande gueule pour en rajouter une couche. « T'as dit qu'elle avait disparu... qu'est-ce qui lui est arrivé ? » Parce que c'est pas suffisant, « disparue », pour toi ? Non, sans doute pas. T'as besoin de plus de concret, du nombre de coups que ta mère s'est pris par exemple, avant de crever. Du nombre de coups qu'il devra se prendre, avant de cesser. Du nombre de coups que tu devras encaisser, avant d'en avoir assez.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:54

Je ne sais pas pourquoi j’ai laissé cette dernière question m’échapper. C’est tellement… tellement stupide, tellement con ; qui peut bien répondre à pareille chose ? Je grimace, je détourne le regard. J’ai comme l’impression que ça n’est pas raccord, tout ça, Zephiriel, moi, cette conversation. J’étouffe dans cette cabane de pierres alors que le vent rugit dehors. J’ai mal. Un peu partout, à commencer j’ai mal au coeur. J’ai toujours mal à la main, aussi. Mais c’est de ma faute, en tout et pour tout. Je suis tellement con. « Parce que tu serais prêt à t'écrouler sans essayer de te battre un minimum, toi ? » Je frissonne. M’écrouler sans me battre ? Parce que je ne suis pas encore à terre, peut-être ? Je ne sais pas à partir de quel moment on peut considérer que la vie nous a donné un coup suffisamment violent pour que l’on soit incapable de tenir sur ses deux jambes, fier, droit, incassable. J’ai l’impression d’être tombé, de m’être écorché vif et sans retour en arrière possible. Et si c’était dans ma tête, tout ça ? Je soupire. J’en sais foutrement rien. 

Je relève les yeux, affronte à nouveau son regard. Combien de temps avant que je n’y parvienne plus ? Sa réponse fait mal, c’est un retour de balle douloureux. Pas encore en plein coeur, mais ça s’en rapproche dangereusement. Il visera juste, bientôt. Il visera un peu trop juste, et j’en crèverai. En attendant, je fuis. Comme lui, oui. Je fuis ces êtres que j’aime tellement et qui me font pourtant si mal. Je n’ai rien trouvé pour me faire entendre, j’ai au moins cherché de quoi respirer librement. Et ce fut la fuite, la fuite en avant et les yeux fermés, juste pour ne pas voir les murs de béton et les profondes crevasses. C’était être conscient que j’allais me casser la gueule, mais ne surtout pas accepter de savoir quand est-ce que ça m’arriverait. Fuir, oui, mais à l’aveugle. Parce qu’il n’y a rien au bout du chemin pour ceux qui ne trouvent pas de sens à leur vie. Je cille. Noa. Je baisse la tête. Un ami, un parmi quelques autres. D’Avalon, pour la plupart d’entre eux. Un ami parmi d’autres… Mais un ami différent. Ça ressemble à ce que je pensais à propos de Belt, à l’époque. Un meilleur ami, alors ? Il y a l’ombre d’un sourire dans ma tête, mais il ne vient pas s’installer sur mes lèvres. Celui-ci n’appartient à personne d’autre qu’à moi-même. 

« Sérieusement, Rhaps... tu serais prêt à prendre cette arme et à te ficher une balle ? » Sa phrase tourne et retourne dans ma tête. Si j’y serais prêt, si j’en serais capable ? J’ai détourné le regard. Encore. Oserait, oserait pas ? Est-ce que ma main tremblerait ? C’est déjà le cas. Je lâche un sifflement entre mes dents, et je me tourne pour m’allonger pendant qu’il parle. J’observe le plafond, plongé dans l’obscurité. Je n’y distingue rien en vérité, et les cieux étoilés me manquent. Je suppose qu’avec la tempête qui fait rage, dehors, les étoiles sont invisibles et paraissent bien lointaines. Mon coeur se serre légèrement dans ma poitrine ; je me sens si étranger lorsque je ne sens pas la nuit m’envelopper et la lune veiller sur moi. « Je préfère me faire mal, encore et encore. » Je ne peux m’empêcher de lui jeter un coup d’oeil, en coin. Et puis, je murmure, comme si ça pouvait changer quelque chose. « Peut-être que c’est ce que nous fuyons le plus qui nous maintient en vie... » Je prends une profonde inspiration, en calant mes bras sous ma tête. « Et, Zeph… Ton arme... Je… Je supporte pas les armes à feu. Pas depuis qu’on a voulu me descendre avec. » Je m’interromps. Je n’en dis pas plus, je me replonge dans le silence. C’est une amante qui ne trahit jamais.

J’espère presque que c’en est fini, des mots qui font mal, des questions qui lancent des poignards, des réponses qui déchirent l’âme. Mais il n’a pas terminé. Il n’a pas terminé, et cette fois-ci il m’achève. Dignement. Cruellement. « Ta sœur. » J’en ai le souffle coupé, tant que c’est une quinte de toux qui me fait me rendre compte que je ne respirais plus, pendant un instant. Je me redresse soudainement, pour regarder Zephiriel. Paniqué. Je ne sais pas ce qui traverse mes prunelles, sans doute un millier de supplications. Je ne veux pas en parler ; je ne veux pas faire face à mon erreur, à ce manque qui me ronge, qui me bouffe les chairs. Tous ces fourmillements le longs de mes bras, j’ai l’impression que ce sont autant de minuscules bestioles infiltrées sous ma peau, occupées à me grignoter de l’intérieur. Je secoue la tête, comme pour tenter de dissuader le Luxray en face de moi. Mais je sais que c’est peine perdue ; moi aussi, j’ai voulu jouer. 

« T'as dit qu'elle avait disparu... qu'est-ce qui lui est arrivé ? » J’ai le souffle court. Ça fait mal comme jamais. Je sens les sanglots qui veulent s’échapper de ma gorge, les larmes qui me brouillent la vue. Mais j’essaie de réprimer, d’étouffer tout ça, je me recroqueville contre le mur, je ramène mes jambes contre moi, j’y enferme chaque traître de ma douleur ; je cache mon visage dans l’ombre de mes cheveux et de mon bras. Et j’attends. J’attends, je laisse le silence s’éterniser. J’espère presque qu’il me dira que je n’ai pas à répondre. Mais ça ne vient jamais. 

Alors… Alors je cède, je cède parce que je n’ai pas le choix, parce que de toute façon, je perdrai toujours à ce jeu-là. Je ne relève pas la tête, et ma voix est rendue ténue car étouffée dans le creux de mon coude. Ça atténue un peu les tremblements qu’il y a dans chacun de mes mots. « J’ai eu des ennuis avec Chronos. Je me suis échappé… et j’en ai jamais parlé. Je pensais en avoir fini avec eux. Sauf qu’il y a un an, ils… j’étais avec ma soeur. Ils nous sont tombés dessus et ils… ils ont voulu nous buter. » Je ricane, amer et plein de rancoeur. « Si ça s’trouve, c’aurait été mieux. » Ma main se serre sur mon bras, comme pour contenir un peu tout ce qui s’agite dans ma tête. « Sauf qu’apparemment ils m’ont reconnu comme le sale gosse recherché par leur putain d’organisation. Ils nous ont embarqués. » Les images défilent dans ma tête ; l’obscurité, le cahot du fourgon sur la route, l’affreuse odeur de peur et de pisse qui prenait à la gorge, l’air glacial qui nous gelait jusqu’aux os. L’Enfer sur Terre et sans Purgatoire. « Ils nous ont fait descendre, et j’ai… pété un plomb. J’leur ai balancé des Ondes Folie à la gueule, les hommes et les hybrides se sont battus… j’me… souviens pas trop. Y’avait du sang… et des morts, je crois. Ça puait. » Ils hurlaient, ils s’écroulaient, et moi je n’ai pensé qu’à ma soeur. Ma soeur, qui ne devait pas assister à ce carnage. Surtout pas…

« Avec ma soeur on… a pris la fuite. On a couru, aussi vite que possible, je tenais sa main, on s’arrêtait pas… on s’arrêtait pas… on… on devait pas s’arrêter mais… mais sa main, elle... » Je retiens un sanglot qui me secoue tout de même. « Elle m’a lâchée. Je… me suis pas retourné et… et quand j’ai osé, elle... » Elle n’était déjà plus là. « C’est de ma faute. C’est de ma faute s’ils l’ont eu, ça aurait dû… ça aurait dû être moi, pas elle. C’est moi qu’ils veulent, moi, moi, pas elle, pas elle putain, pas elle, et… par ma faute, elle... » Pourquoi, pourquoi, pourquoi je dis tout ça ? Pourquoi y’a ces putains de larmes qui coulent sur mes joues ? Pourquoi y’a ces putains de sanglots qui m’agitent ? Pourquoi j’ai tellement mal ? 

Pourquoi, pourquoi, pourquoi il me torture comme ça ?

La vue rendue floue et vacillante par les larmes brûlante, je relève la tête, et regarde Zephiriel. Je crois qu’il n’y a jamais eu autant de colère en moi qu’à cet instant ; et je ne suis pas certain de savoir contre qui, ni contre quoi elle est dirigée. Mais elle est là, elle bouillonne en moi, et c’est lui le seul être vivant face à moi. « Pourquoi tu m’fais ça, putain ? Pourquoi tu m’as obligé à le dire, pourquoi t’as envie de savoir ? Tu m’connais pas, tu m’connais pas putain, tu devrais en avoir rien à foutre de moi, Zephiriel ! » Je tremble, violemment. J’ai du mal à respirer. Je lutte encore, je hurle quand même. « Au pire ça t’ferait quoi si j’étais prêt à la prendre, ta putain d’arme, et à m’tirer une balle ? T’façon ça coûterait quoi à qui ? Même mes parents ils le savent que c’est d’ma faute, leurs yeux ils m’balancent ma culpabilité à la gueule chaque fois qu’ils m’regardent ! C’est leur fille qu’ils veulent, pas un putain de lâche à cause de qui ils l’ont perdue ! » Et je les pense, ces mots, je les pense tellement fort alors qu’ils me tuent un peu plus à chaque fois ; c’est la première fois que je les prononce à voix haute, et c’est pire encore que si je continuais à les taire. « J’devrais pas être là, j’devrais pas être là, putain si j’m’étais buté comme lui elle serait encore là, elle serait encore là, elle serait là et pas dans leur putain de prison… pas dans leur putain de prison… Pourquoi, pourquoi tu m’fais ça ? Zeph, pourquoi ? T’avais pas l’droit… t’avais pas l’droit... »

Pas le droit ? Mais de quoi ? 

Je le sais, pourtant.
Ça n’est pas de sa faute.
Ça n’est que moi qui ai trop mal.
Ça n’est que moi qui viens de voler en éclats.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:54

Une autre douleur, une autre plaie ; allez, ce n'est pas encore assez. Vous n'avez pas encore eu votre lot de souffrance peut être ; l'acide de vos mots n'a pas encore rongé ce qu'il reste de vos carcasses laissées là, abandonnées. Et dire que c'est un gamin.Tu ne sais pas vraiment ce que tu fous là, d'un coup ; tu sais pas vraiment ce qui t'a amené ici, pourquoi es-tu dans cette cabane devant ce gamin, déjà ? C'est une excellente question t'as vu. Lui se pose sans doute la même, n'est-ce pas ? Pas encore, peut être. Pourtant, il frissonne, pourtant, il semble peu satisfait de tes réponses. Mais il n'y en a pas vraiment, de « bonne réponse », pas vrai ? C'est la tienne, mais cela ne signifie même pas qu'elle te soit réellement applicable ; c'est ce que tu dis, parce que tu préfères « te battre », tu préfères associer cette si jolie expression à une réalité qui l'est nettement moins. Tu ne « te bats » pas vraiment ; tu fuis, oui.

Tu tiens peut être trop à la vie, aussi. Cela explique sans doute ce sang sur tes mains, cela explique peut être que ton existence ne vaille plus rien. Alors quoi faire ? Se « battre » ? Pourquoi ? Pour trouver un but peut être, pour enfin voir une raison à toute cette merde que tu endures, pour ne pas que tout se finisse tristement et pitoyablement sur un échec sans avoir essayé au préalable. T'aimerais comprendre pourquoi toi t'as le droit de vivre ; peut être ne l'as tu pas vraiment. Et alors, tu l'obtiendras à tout prix, Zephiriel, ce droit ? Tu croyais qu'elle n'avait pas autant d'importance pour toi, l'auto-conservation, tu pensais, naïvement, que tu ferais tout pour autrui. Pour un inconnu, oui ; alors pourquoi ne pas être capable de pardonner ceux que tu aimes ? C'est minable. Alors à quoi tu t'accroches, alors que tu n'as rien ? 

Alors à quoi bon ? T'en sais foutrement rien. T'en sais pas plus que ce gamin, t'es au moins aussi largué que lui dans la vie. Et tu te permets de faire des remarques ? Tu te permets de le fixer, durement, de ne pas ciller ? Tu te permets de l'ouvrir, de le blesser ? Tu ne sais vraiment pas ce que tu fous là, t'es tellement, tellement perdu – comme Rhapsodie. « Sérieusement, Rhaps... tu serais prêt à prendre cette arme et à te ficher une balle ? » Il peut pas répondre et tu le sais très bien ; qui répondrait franchement ? Lui ? Ou quelqu'un qui ne va pas mal, ou qui a cessé de fuir peut être ; or il n'est ni l'un ni l'autre – vous n'êtes ni l'un ni l'autre. Ta question fait mouche, le malaise se fait trop pesant et il s'allonge, incapable de continuer à faire face ; ah ça y est Rhapsodie, on arrive à tes limites ! Ça y est, la fissure devient apparente, bien plus encore qu'avant ; ça y est, on n'est même plus capable de faire semblant. Dépose les armes, tu n'veux plus jouer, pas vrai ? Tu peux plus aussi, sans doute.

« Ce serait sans doute mieux que de rester en position fœtale dans un coin, remarque. Mais je suis peut être juste trop con pour décider d'une solution ou de l'autre. Je préfère me faire mal, encore et encore. » Parce que t'es con, sans doute. T'as rien qui te maintienne debout, mais pourtant, t'es là. T'es là.Pourquoi ? Parce que, au fond, t'espères que ça ira mieux ? T'espères aller mieux ? T'as de l'espoir peut être ? T'en sais rien. T'es largué. T'avances à reculons, tu apprends juste à courir plus vite, tu coules, tu coules encore et encore, et tu crois pouvoir remonter à la surface en t'agitant dans tous les sens ; mais ça ne fais que te plomber plus encore, ça ne fait que sortir l'oxygène de tes poumons atrophiés. Tu saignes, Zephiriel. « Peut-être que c’est ce que nous fuyons le plus qui nous maintient en vie... » Tu clignes des yeux. Mais dans ce cas... c'est la vie elle-même que vous fuyez, non ? C'est débile, non ? Encore une preuve que vous n'êtes plus très sais, alors, hein...

« Et, Zeph… Ton arme... Je… Je supporte pas les armes à feu. Pas depuis qu’on a voulu me descendre avec. » Tu te sens con. Tu écarquilles des yeux, montrant là un semblant de vie qu'il est peut être devenu rare de te voir, et tu baisses le regard sur un de tes flingues. Dans un réflexe un peu bête, tu poses la main dessus et clignes des yeux. T'es le seul que ça rassure, après. Tu sais que c'est étrange, anomal, pas spécialement sain peut être ; mais cela t'a toujours apaisé, c'est ce qui te maintient en vie, ce qui t'a sauvé tant de fois, ce qui a tué, aussiEt ça fait mal.

Puis tu reviens à l'attaque ; puis tu oublies qu'à peine quelques secondes plus tôt, un semblant de culpabilité t'habitait ; non, faut que tu en rajoutes une couche, faut que tu blesses plus encore, faut que tu l'achèves. Allez, c'est pour bientôt, la chute.

« Ta sœur. » 

Tout s'écroule dans son regard, c'est comme si le monde n'avait plus de consistance, comme s'il était criblé de balles mais que la vie ne l'avait pas encore quitté ; un éclat de verre brisé qui vole en éclat, elle était là, la plaie béante, sa souffrance.

Tu continues d'enchaîner les mots, tu l'interroges alors que lui semble te supplier ; il s'agite, il tremble, il s'effondre. Est-ce sa réaction qui t'invite à ne plus t'arrêter ? Es-tu sadique un peu ? Il est là, brisé, éclaté, et tu restes de marbre. À peu près. Si de l'extérieur tu restes impassible et cruel, si ton regard reste dur et fixe, à l'intérieur, c'est un ras-de-marée ; t'as presque envie de t'excuser, t'as presque envie de lui dire d'oublier tes propos. Sauf que tu restes là, tu restes là et tu dis plus rien, tu restes là et t'attends ; il a voulu jouer.

Il se ferme sous tes yeux, il se recroqueville, tente de s'éloigner de toi aussi peut être ; il te fuit, il fuit ton regard, il fuit tes questions ; il fuit ses erreurs. Tu l'sais pas, toi ; ce que tu sais, c'est ce que tu vois : un gamin qui se renferme, un silence implacable et une attente. Tu commences à te demander si tu auras ta réponse, tu commences à songer que t'as peut être touché ce qui faisait trop mal, que tout va cesser maintenant. Sauf que non. Tu allais t'apprêter à faire autre chose, à te redresser, quand sa voix retentit, étouffée, de par sa position et, peut être, un peu par quelques sanglots aussi. « J’ai eu des ennuis avec Chronos. Je me suis échappé… et j’en ai jamais parlé. Je pensais en avoir fini avec eux. Sauf qu’il y a un an, ils… j’étais avec ma soeur. Ils nous sont tombés dessus et ils… ils ont voulu nous buter. » Chronos. Quelque chose vibre, quelque chose est secoué là, dans tes tripes ; quelque chose se fissure, quelque chose qui te donne légèrement la nausée. Tu te figes, les yeux écarquillés posés sur la silhouette prostrée du jeune homme. Encore quelque chose de trop familier. Tu deviens incapable de le lâcher du regard, comme si rien d'autre n'existait autour de toi que cette forme tremblante dans l'obscurité ; il n'y a plus que Rhapsodie. « Si ça s’trouve, c’aurait été mieux. » Son rire casse un truc, là, en toi ; son rire fait aussi mal que ses propos. Qu'est-ce que tu racontes ? « Sauf qu’apparemment ils m’ont reconnu comme le sale gosse recherché par leur putain d’organisation. Ils nous ont embarqués. Ils nous ont fait descendre, et j’ai… pété un plomb. J’leur ai balancé des Ondes Folie à la gueule, les hommes et les hybrides se sont battus… j’me… souviens pas trop. Y’avait du sang… et des morts, je crois. Ça puait. Avec ma soeur on… a pris la fuite. On a couru, aussi vite que possible, je tenais sa main, on s’arrêtait pas… on s’arrêtait pas… on… on devait pas s’arrêter mais… mais sa main, elle... » Tu l'arrêtes pas ; il s'arrête plus lui-même. Tu le laisses déverser son désespoir, tu le laisses galérer à enchaîner les mots, à respirer ; tu te contentes d'écouter une réponse que tu n'aurais jamais du quémander. Tu attends juste, et sous tes yeux il se brise ; mais tu ne détourne pas le regard, pas une seule seconde. On n'abandonne pas quelqu'un qui tombe. Pas quand on est toi et que le quelqu'un, c'est lui. Tu ne sais même pas d'où te viens cette certitude, mais elle est déjà là ; et t'y peux déjà plus rien.

« Elle m’a lâchée. Je… me suis pas retourné et… et quand j’ai osé, elle... » T'as compris, c'est bon. Il l'a perdue, et il n'a jamais réussi à retrouver le chemin vers sa vie partie avec elle, n'est-ce pas ? « C’est de ma faute. C’est de ma faute s’ils l’ont eu, ça aurait dû… ça aurait dû être moi, pas elle. C’est moi qu’ils veulent, moi, moi, pas elle, pas elle putain, pas elle, et… par ma faute, elle...» Et maintenant, il fait dans l'auto-fustigation mentale. Culpabilité. C'est étrange comme ce sentiment peut vous bouffer, comme ce sentiment, tu le hais ; il t'est bien trop familier. Il t'habite en permanence, il est le boulet à ta cheville que tu dois te traîner ; c'est ton fardeau. C'est ce sentiment que l'on ne peut fuir, où qu'on aille. Lui aussi, il la connaît, cette douce culpabilité qui vous ronge, lui aussi, c'est sa cruelle amie, visiblement. Encore un point en commun.

Et soudain, son regard sort enfin de la cachette au creux de ses bras, et tu ne comprends pas immédiatement ce qui brûle au fond de ses prunelles. De la colère. T'as comme le pressentiment que la bombe va te péter à la gueule. « Pourquoi tu m’fais ça, putain ? Pourquoi tu m’as obligé à le dire, pourquoi t’as envie de savoir ? Tu m’connais pas, tu m’connais pas putain, tu devrais en avoir rien à foutre de moi, Zephiriel ! » Ça a pas loupé. Ouais Zeph', c'est vrai, tu devrais t'en foutre de cet ado', là ; alors pourquoi c'est pas le cas ? Pas juste parce qu'il s'est ouvert à toi, pas vrai ? « Au pire ça t’ferait quoi si j’étais prêt à la prendre, ta putain d’arme, et à m’tirer une balle ? » Ça foutrait du sang partout ? « T’façon ça coûterait quoi à qui ? Même mes parents ils le savent que c’est d’ma faute, leurs yeux ils m’balancent ma culpabilité à la gueule chaque fois qu’ils m’regardent ! C’est leur fille qu’ils veulent, pas un putain de lâche à cause de qui ils l’ont perdue ! » Non, Rhapsodie. Ça, c'est ce que te dit ta culpabilité, pas ce que te disent tes parents. « J’devrais pas être là, j’devrais pas être là, putain si j’m’étais buté comme lui, tu tiques, elle serait encore là, elle serait encore là, elle serait là et pas dans leur putain de prison… pas dans leur putain de prison… Pourquoi, pourquoi tu m’fais ça ? Zeph, pourquoi ? T’avais pas l’droit… t’avais pas l’droit... » T'attends. T'attends qu'il se calme – ce qui semble très très difficile – qu'il respire un peu plus calmement ; t'attends. 

« C'est bon, t'as fini de péter un câble tout seul ? » Ta voix est dure, tranchante. Y a pas de compassion dans ce timbre là, y a pas de pitié dans ces prunelles qui le fixent toujours aussi implacablement. T'attrapes ton arme, te redresses, t'approches ; et tu la pointes sur lui. « Tu veux que j'arrête tout maintenant, peut être ? » T'as un sourire ironique, mauvais, cruel, qui se grave sur ton visage. « Si tu me le demandes avec autant de gentillesse, je veux bien répondre à tes supplications, tu sais. ». Et tu tires.

Quelques secondes de silence marquent l'absence de balle dans le chargeur. Tu le bouffes un peu plus du regard, de ta hauteur le surplombant. Il n'a pas vraiment le temps de l'ouvrir que tu t'accroupis, l'attrapes par le col, le force à te regarder dans les yeux, là, à quelques centimètres de son visage blême. « Et si t'étais mort, là, si t'étais crevé avec une balle dans la gueule, tu crois que ça aurait changé ce que pensent tes parents ? Tu crois qu'ils auraient été heureux de perdre leur fils aussi ? À quel point t'es con, Rhapsodie ? » Tu le laisses pas ajouter quoique ce soit. « Et c'est toi qui a voulu jouer, gamin. T'assumes pas ça non plus, hein ? Tout comme le fait que tu l'ai perdue. Tu veux que je te dise ? La culpabilité, ça part jamais. Faut vivre avec, payer sa pénitence. Faut faire avec, et pas la balancer sur les autres, et pas croire que tout le monde vous en veut ; parce que, j'vais te dire, ils s'en branlent, les autres, que ça te détruise. C'est ton fardeau, alors relève toi encore et encore avec ça sur la conscience, remémore toi encore sa perte si ça t'amuse d'avoir mal. Ou fais quelque chose ; peut être que la rejoindre t'aiderais à te sentir mieux ? Elle t'en voudrait sans doute, j'imagine, après. » Tu sais peut être plus ce que tu dis, finalement. T'as toujours fais que fuir, t'as jamais regardé les choses en face, comment veux-tu forcer ce gosse à faire ce que toi n'a jamais fait... ? « J'ai tué pour survivre. Et tu veux que je te dise ? Ce sang sur mes mains, il partira jamais. Je pourrais toujours fuir, à chaque fois que je me regarde dans une glace, c'est pour me voir immaculé de leur sang. Et je suis incapable d'y faire quoique ce soit. Mais est-ce que j'accuse quelqu'un d'autre des mescrimes ? Est-ce que j'en veux au monde entier ? » Non, juste à ton père. Tu te mords la lèvre. « T'as encore des gens qui t'aiment, abruti. Alors fais leur face, un peu. » Parce que tu peux bien l'ouvrir, hein.

Tu te redresses, t'éloignes, le laissant là. Puis, tu t'arrêtes à mi chemin et te retournes pour lui faire face. « Oh et. On a ça aussi en commun tu vois, un éclat de rire sans joie, ma mère s'est faite buter par des gens de Chronos ; et c'est eux qui me traquent. » Et finalement, après l'avoir fixé quelques longues secondes de silence, tu te tournes à nouveau et retournes t'affaler. Tu te sens vide, soudain.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:54

Ça fait mal, ça brûle, ça tourne. Je claque des dents sous la colère et sous l’angoisse. Je me suis à nouveau acculé contre le mur, jambes ramenées contre moi, regard baissé. Comme si ça pouvait m’arracher à cet endroit, me soustraire à sa vue et à ce qui me ronge. J’étouffe. Mon cœur bat trop vite, fort jusqu’à mes tympans. Mes mains tremblent, comme saisies par le froid. Mes poumons sont douloureux, emplis d’un air brûlant. Mes larmes, elles, coulent sans que je puisse les en empêcher. Je n’entends plus rien, aucun son, aucun bruit, sinon ma respiration entrecoupée de sanglots et de vaines tentatives d’inspirer plus profondément. Un ado qui se bat contre lui-même, qui a pris les armes contre ce qu'il est et s'est lui-même précipité à genoux à se tirer dans les jambes, qu'il me disait, ce type qui voulait tout savoir de moi, de mes douleurs, de mes peurs, de mes rancœurs et de mes espoirs les plus fous, quand je le voyais encore. Quand ça en valait encore la peine. S’il savait, s’il savait, s’il savait à quel point… 

Inspire.
Expire.


Peu à peu, j’y arrive. Peu à peu, je reprends pied. Peu à peu, mon cœur s’apaise, mon souffle retrouve une régularité rassurante. J’ai les mains dans mes cheveux, les yeux fermés, j’attends que tout s’arrête de tourner. Y compris l’orage dans ma tête, le tumulte des heures obscures et des mots laissés au silence de peur d’en dire chaque fois un de trop. Je ne prononce toujours que ceux-là, pourtant : les mots de trop, ceux qui blessent, ceux qui crèvent. Ceux qui enfoncent des couteaux dans les chairs, l’y remuent, y versent de l’acide après avoir suffisamment ouvert la plaie béante. L’image est répugnante, mais c’est l’effet que ça me fait. J’essuie mes joues, me mords la langue pour oublier à quel point j’ai mal au cœur. Je me sens minable.

« C'est bon, t'as fini de péter un câble tout seul ? » J’étouffe un grognement, et je garde bien sagement le regard posé dans un coin du cabanon. Surtout pas sur lui, surtout pas sur Zephiriel. Maintenant que la colère est retombée, m’a déserté plus vite encore qu’elle ne m’a envahi, c’est la culpabilité qui prend place. Un malaise indescriptible qui s’occupe déjà à me ronger de l’intérieur. J’en ai presque l’envie de vomir. Pardon, pardon, excuse-moi, je voulais pas. Je ne parviens pas à le dire ; ça n’est pas de ce que l’on m’a appris. M’excuser, reconnaître mes torts. C’est tellement plus facile de se planquer derrière sa fierté… Ou sa lâcheté, peut-être ? T’en sais quelque chose après tout, Rhapsodie.

Une fois de plus, je me renferme, me plonge dans le silence parce que c’est moins douloureux, sans doute. Je crois qu’il a fait taire tous les mots en moi. Ses balles m’ont achevé, c’était un jeu cruel auquel je me savais incapable de survivre lorsque les premières ont été tirées. Je le savais, pourtant, tous ces secrets, tous ces non-dits ; pourquoi à lui ? Lui qui s’agite, qui s’avance, et moi qui relève les yeux vers lui. A la seconde précise où je réalise, je regrette d’être capable d’y voir si nettement dans la pénombre. C’est le canon d’une arme qui me fait face, braqué sur moi. Mon souffle en est coupé et, instinctivement, je tente de reculer. Mais je suis déjà au plus près du mur, et m’appuyer sur ma main m’arrache un grognement douloureux. Pourtant, pas une seule seconde je ne parviens à lâcher le pistolet du regard. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? « Tu veux que j'arrête tout maintenant, peut être ? »

Tout arrêter.
Ce serait tellement plus facile. 
N’est-ce pas ?

Je crois deviner son sourire, mais je n’en suis pas certain. Je n’ose pas le regarder, surtout pas détacher mon attention de cette arme qui pourrait avoir ma mort si facilement. C’est comme ce soir-là. Lorsque, pour la première fois, j’ai véritablement craint pour ma vie. Et pour celle de Soliste. Elle était là, dans mes bras, et il y avait cette arme, tenue par une main anonyme. Juste cette arme qui en voulait à notre vie. Et il y avait moi, prêt à encaisser avant elle, prêt à crever avant elle. Pour qu’elle vive plus longtemps. Ou pour ne pas la voir mourir avant moi ? Amour ou égoïsme ? Tout à coup, je ne suis plus bien sûr. 

« Si tu me le demandes avec autant de gentillesse, je veux bien répondre à tes supplications, tu sais. » J’écarquille les yeux ; son doigt esquisse un geste presque imperceptible sur la gâchette. Aussitôt, dans un réflexe idiot, je ferme les yeux. Le visage de Soliste s’impose à mon esprit, et son odeur établit son règne tout autour de moi. Rien qu’une seconde, j’ai l’impression de sentir ses petites mains tièdes sur mes joues, un soir d’hiver qu’elle a passé près du feu. Elle me sourit, et puis elle me tend l’un des biscuits préparé dans la journée par notre mère. Il fond sur ma langue, et Soliste sent le pain d’épice. « Dis, Rhap, combien tu m’aimes ? »

Tout à coup, l’illusion s’évanouit. Le crépitement des flammes dans la cheminée se dissipe, la douce odeur épicée de ma sœur aussi ; le froid revient à l’attaque. Il n’y a plus que le silence. Le silence, et mon souffle court, et la tempête qui fait rage dehors. Pas de détonation. Rien. Je suis en vie. Je ne sais pas tout à fait si j’en suis attristé ou rassuré. Soliste, Soliste, Soliste.

Je peine à le regarder. Ma vue est brouillée par les larmes qui ont à nouveau creusé mes joues, silencieusement cette fois-ci. Comme une résignation. Il se baisse, et je ne parviens pas à réprimer le mouvement de recul qui me secoue. Mais il y a le mur, et il y a sa main accrochée à mon col. Emprisonné. Je sens son souffle sur mon visage, et je refoule à grand peine mes tremblements. Je veux qu’il s’écarte, qui me foute la paix, qu’il me lâche et qu’il éloigne ce putain de flingue de moi. Mon regard passe constamment de ses yeux à son arme qui, même déchargée, représente un danger à mes yeux. C’est tellement con, d’avoir peur. « Et si t'étais mort, là, si t'étais crevé avec une balle dans la gueule, tu crois que ça aurait changé ce que pensent tes parents ? Tu crois qu'ils auraient été heureux de perdre leur fils aussi ? À quel point t'es con, Rhapsodie ? » Je grince des dents. A quel point t’es cruel, Zephiriel ? « Et c'est toi qui a voulu jouer, gamin. T'assumes pas ça non plus, hein ? » Je déglutis, difficilement. Pourquoi tu fais ça, pourquoi, pourquoi ?

« Tout comme le fait que tu l'ai perdue. Tu veux que je te dise ? La culpabilité, ça part jamais. Faut vivre avec, payer sa pénitence. Faut faire avec, et pas la balancer sur les autres, et pas croire que tout le monde vous en veut ; parce que, j'vais te dire, ils s'en branlent, les autres, que ça te détruise. C'est ton fardeau, alors relève toi encore et encore avec ça sur la conscience, remémore toi encore sa perte si ça t'amuse d'avoir mal. » Bien sûr. C’est si divertissant, d’avoir mal. « Ou fais quelque chose ; peut être que la rejoindre t'aiderais à te sentir mieux ? Elle t'en voudrait sans doute, j'imagine, après. » Je cligne des yeux. La rejoindre ? Non. La sauver. La retrouver, m’excuser, la serrer contre moi et ne plus la lâcher, la ramener à la maison. Recommencer, rattraper le temps perdu ; ne plus la perdre. Quitte à pleurer, quitte à blesser, quitte à tuer, peut-être. Non ? 

« J'ai tué pour survivre. »

Non.

Le choc mental est violent. Tué. Tué. Il a tué. Je me recroqueville un peu plus, comme si c’était possible. Ses armes, c’est pas tant pour faire joli. Comme si j’y avais cru, un seul instant. Peut-être que j’espérais. Comme un con. On n’a pas tous la même répugnance à survivre. « Et tu veux que je te dise ? Ce sang sur mes mains, il partira jamais. Je pourrais toujours fuir, à chaque fois que je me regarde dans une glace, c'est pour me voir immaculé de leur sang. Et je suis incapable d'y faire quoique ce soit. Mais est-ce que j'accuse quelqu'un d'autre des mes crimes ? Est-ce que j'en veux au monde entier ? » Le sang. Le sang. Je n’arrive pas à dissoudre les images qui prennent forme dans mon esprit ; celles d’un Zephiriel armé qui fait couler le sang de corps anonymes, vagues silhouettes sans visage, sans passé, et surtout sans avenir. J’en ai la nausée. « T'as encore des gens qui t'aiment, abruti. Alors fais leur face, un peu. »

Il me relâche. S’écarte.
Enfin.

Je tâtonne dans l’obscurité, et ma main se referme presque inconsciemment sur un caillou, pas bien gros, mais c’est suffisant pour y décharger ma rage, en le serrant jusqu’à m’en faire mal. Lentement, avec mille précautions afin de ne pas m’effondrer, je me redresse, appuyé contre le mur. Il s’arrête, se retourne, et je me fige. Comme un gosse pris en faute. 

« Oh et. On a ça aussi en commun tu voisson rire fait malma mère s'est faite buter par des gens de Chronos ; et c'est eux qui me traquent. »

Ma main serre plus fort encore le caillou, presque tranchant à certains recoins. Mon bras en tremble, et il y a comme une hésitation en moi, un vertige, des bribes de souvenirs, des restes de ce que j’étais, de ce que nous étions, de ce que j’ai perdu. Ça aussi, ça fait mal. Je baisse la tête, ferme les yeux. Et puis, quand je me décide à le regarder à nouveau, ça n’est plus qu’une colère sourde teintée d’une douleur sans pareil qui me brûle, plutôt que cette rage immonde qu’il lui a fallu affronter, un peu plus tôt. « Crève, p’tain. Qu’ils t’chopent, ça f’ra un con en moins ! » J’ai feulé, tout en jetant la pierre. Juste à côté de lui. Elle vole en éclats contre le mur, au moment même où je m’élance contre la porte. 

Un instant plus tard, le vent et le sable me fouettent le visage, mais je n’y prête pas attention : je fuis, je fuis encore. Je ne sais pas s’il me suivra, s’il me trouvera ; je ne me retourne pas. Je trébuche dans le sable, mais parviens à ne pas tomber, je cours malgré la tempête, je cours même si je ne suis pas habitué à un sol tel que celui-ci. Celui de la forêt me manque. Je tousse, et il y a le goût de bile dans ma bouche, et un autre, tout aussi amer et brûlant. Celui de la culpabilité, comme toujours. Mes paroles ? Je n’en pensais pas un mot. Il m’a aidé, il m’a sans doute sauvé. Mais, aussi, il m’a blessé, il m’a crevé sans avoir besoin d’aucune balle. Je me hais pour ces horreurs qu’il ne méritait pas. Mais lui aussi a voulu jouer.

Je ne vois que le désert et l’obscurité, à l’infini devant moi, et je ne suis plus sûr de savoir dans quelle direction je suis parti, encore moins comment rejoindre Cimetronelle. Un frisson de frayeur m’agite, quand je réalise que je ne sais pas non plus où se trouve notre refuge, à Zephiriel et moi. Je me retourne, marche à reculons, presque avec l’espoir de le voir débouler et me ramener de force au couvert du cabanon. Mais il n’y a rien, rien ni personne. Cette fois-ci, je tombe au sol, et j’y reste quelques instants, l’air perdu et, sans doute, un peu terrifié. « Zeph ?» J’ai à peine murmuré, et ma voix me paraît faible et ténue, cassée. Difficilement, je me relève, et je continue d’avancer. Dans les ténèbres et toujours plus loin. Je passe une main dans mes cheveux en essayant de reconnaître ce qui m’entoure, mais il n’y a pas grand chose qui puisse me servir. Au moins, la tempête se calme, dégage le ciel et l’offre tout entier à ma vue. Il est piqué de mille étoiles, et la lune entame son règne de quelques heures au dessus de moi. Un instant, je pense à lui. Là-bas, dans la forêt, à Cimetronelle, regarde-t-il le ciel lui aussi, voit-il le même que moi, pense-t-il à moi ? Je secoue la tête, comme pour chasser mes idées brumeuses, et je continue. 

J’entends des rires, et je me retourne d’un geste vif. Il n’y a personne, et j’entends toujours les rires tout autour de moi. « Rhap, Rhap ! Y’a une grenouille, une grenouille, viens voir Rhap ! » Et ça ricane et ça court et ça tourne. « Rhaaaap, tu sais quoi ? Plus tard, je serai une magicienne ! Et tout le monde il sera heureux et amoureux grâce à moi ! » Je hoquette en croisant son regard, là, face à moi. Ses deux prunelles noisette me fixent, et elle sourit en me tendant les bras. « Soliste...» Inconsciemment, je tends la main vers elle ; c’est lorsque je suis prêt à la toucher qu’elle tombe en miettes, brûle et se dissipe en cendres qui s’envolent au vent.

J’ai terriblement froid.
Tout autant que je meurs de chaud sous ma veste.
De la fièvre ?

Je me laisse aller contre un arbre, tout juste là, à la frontière entre le sable et quelques brins d’herbe. Mes jambes menacent de céder à nouveau, et pourtant je ne flanche pas. Le premier coup part, et je serre les dents lorsque mes phalanges entrent en collision avec l’écorce solide. Un deuxième suit, un troisième ; j’ai d’autant plus mal lorsque c’est ma main blessée qui s’y heurte. Mais je m’en fous. J’ai mal ; j’ai mal mais je suis vivant. C’est ça, qui compte, hein ? C’est ça, l’important, n’est-ce pas ? Être en vie, même quand on n’en a plus vraiment envie. 

Les échardes blessent mes doigts.
Les chocs rouvrent la plaie.
Ça aussi, je m’en fous.

Je m’effondre, épaule contre cet arbre qui n’a rien demandé et qui a tout subi. Je rabats la capuche de ma veste, pour me protéger du vent qui souffle encore et m’apparaît glacial sur mon corps brûlant. Et puis, difficilement, je change de position, je m’assieds en me blottissant contre le tronc, visage caché au creux de mes bras croisés. La fatigue pèse lourd sur mes épaules, et je sais qu’elle aura raison de moi. Mais je ne veux pas les voir, ces ombres qui me tournent autour, qui me veulent, qui ne désirent que me dévorer de l’intérieur, celles qui m’épient et s’approchent dés qu’elles sentent la faiblesse qui s’éprend de mon être. 

Je ne sais pas me battre contre elles.
Il n’y a que lui, il n’y avait qu’elle pour y parvenir.
Mais aucun n’est prêt de moi, ce soir. 

Je m’en veux presque de céder, de me laisser basculer jusqu’à être sur le flanc, dans le sable que j’effleure du bout des doigts, que j’observe entre mes paupières mi-closes. Je les vois, les ombres, langue pendante, bave aux lèvres, griffes crochues et crocs acérés. Bientôt, elles viendront les enfoncer dans mon corps, dans mon cœur ; elles m'auront, un jour. 

Ma vue se trouble, et la fièvre m’achève.
Les ombres fondent sur moi, sans préavis. 

Il y a l’angoisse qui me serre le cœur, ses battements qui martèlent mes tympans, mes poumons douloureux. Je tousse, je pleure, j’entends comme un coup de feu et quand je me retourne c’est la maison de Belt, elle s'enflamme tout à coup, et du sang coule, et d’autres détonations, et des cris, et des pleurs, et Soliste, et Soliste, et Soliste. Elle est là, pleine de carmin, elle court vers moi mais ne m’atteint jamais, je veux la rattraper mais je suis comme prisonnier, cloué au sol, incapable de bouger. Elle se débat pour venir vers moi, je me débats pour attraper sa main ; rien ne fonctionne et elle s’éloigne. Il y a encore des détonations, des supplications qui me vrillent des oreilles. Et puis, tout à coup, le silence. Et son hurlement

Le froid revient me mordre la peau, et j’émerge à moitié ; je hoquette, je pleure, je me débats. « Sol-Soliste ! pas… non, pas... Soliste ! » Je les sens sur moi, ces ombres qui me déchirent la peau, me déchiquettent les chairs et cherchent à plonger leurs crocs jaunis au plus profond de moi. Pour me crever, une bonne fois pour toutes. « réponds, Belt… là… Sol... » J’étouffe, j’essaie de les repousser et je m’épuise à tenter, je m’exténue à me battre contre ce qui n’existe nulle part ailleurs que dans ma tête. Et pourtant, leur poids, je le sens qui pèse sur ma poitrine. « pas… laissez pas… non, pas... »

Et je pleure, et je pleure.
Et ça brûle.
Et je n’y peux rien.
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MessageSujet: Re: Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel   Plus de vérités à confirmer, aucun mensonge à nier ; Zephiriel - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Juil - 2:55

T'es con, con, con, con. Qu'est-ce qu'il t'a pris ? T'en sais rien, et en fait, tu te poses même pas la question. Tu t'en fous, mais alors d'une puissance. Pas lui. Tu m'étonnes. Tu l'as vu s'effacer sous tes yeux, presque vous quitter sans que tu n'ais à appuyer sur la détente ; c'est comme s'il était passé de l'autre côté. Tu ne sais pas ce qu'il se passait dans ses yeux, mais t'arrives un peu à imaginer ; ce qu'il se passe un peu, dans ta tête, à chaque fois. La mort, tu la côtoies peut être un peu trop, tellement que tu n'es plus conscient qu'elle n'est pas présente pour tout le monde, et que la frôler rien qu'une fois est déjà suffisamment traumatisant. Autant le dire, ce n'est pas qu'une fêlure qui parcourt ton être meurtri. 
Il s'était calmé, pourtant ; mais pas toi. Parce que soudain, tu t'es rappelé que t'avais mal, peut être. Peut être que tu t'es un peu vengé sur lui, tu crois pas ? Non. Tu ne t'es pas vraiment vengé sur lui, tu... avais besoin de lui ouvrir les yeux ? De l'empêcher de devenir comme toi, de te ressembler encore plus, beaucoup trop ? C'est pas très efficace, tu sais ? Tu veux l'empêcher de sombrer, tu crois, un temps soit peu, y parvenir, peut être ? Tu peux pas le sauver Zeph, tu peux juste tomber avec lui. 

Durant tout ton monologue, tu as pu discerner tant de choses dans le regard de l'adolescent si près de toi, tellement que le maque de luminosité n'a rien dissimulé, que tu n'a pas raté quoique ce soit ; ç'aurait été sans doute mieux. S'il était terrorisé, si tu sentais la rage s'éveiller, si tu voyais toutes ces choses, ce n'est rien contrairement au dégoût qui naît dans ses prunelles alors que tu prononces ta déchéance – tout ce sang sur tes mains, tout ce sang qui n'est pas le tien. Tu le comprends ; trop bien, même. C'est ce regard là que tu vois, à chaque fois que ton reflet t'observe ; c'est ce regard là que tu vois, à chaque fois, dans les yeux des autres – ce regard que tu leur prêtes. C'est la culpabilité qui te bouffe, c'est cet acide qui te ronge. Tu as beau dire, tu as beau parler Zephiriel, tes paroles sonnent faux – applique les à ta personne avant de l'ouvrir. Ce dégoût, tu le connais que trop bien, et ça fait mal, encore, ça brûle. Mais tu reste de marbre, tu restes froid et dur devant lui, tu continues de déverser ce poison, tu continues de blesser – toi ou lui ? Tu ne l'avais jamais dit, ça, Zephiriel. En fait, tout ce que t'as dit à ce gosse, tu ne l'as jamais dit à personne d'autre avant. Il faut dire que c'est la première personne avec qui tu communiques réellement depuis ta fugue... hormis l'ange, évidemment. Et que cela soit elle ou lui, tu ne peux pas t'empêcher de les blesser ; tu ne sais sans doute faire que ça. Tu ne guéris pas Zephiriel, tu n'aides pas, tu ne sauves pas ; tu joues les héros ? Quelle blague. T'es qu'un monstre, Zeph, pas un sauveur, pas un héro. T'as cru, même un maigre instant, l'aider, lui ? Regarde où t'en es, alors même que tu le connais depuis quoi, une heure ? Il agonise. Lui aussi, il te méprise. Peut être pas autant que tu ne te méprises toi-même, que tu ne te détestes toi-même ; si quelqu'un est seulement capable d'être à la hauteur de ton inimitié à ton propre égard.

Pourtant, tu le vois, dans ses prunelles ; tu le dégoûtes. Puis quand t'as fini, tu t'éloignes, quand t'as fini de te faire plus de mal à toi qu'à lui, quand t'as fini ce monologue inutile. T'avais peut être besoin de l'entendre ? Non, t'en avais pas besoin ; c'était plus simple quand c'était tut. Sûrement comme pour Rhapsodie. Il y a des choses, des mots que l'on retient ; on pense que les énoncer fera moins mal, et on se trompe. Ça vous a fait mal, à ton père et toi, quand tu l'as ouverte ; pourtant, s'il avait pris son courage à deux mains avant tout ça, peut être aurais-tu moins souffert ? Peut être seriez vous encore ensemble ? Tu veux pas y penser – et puis, c'est pas spécialement le moment. Tu veux pas penser à ce que tu lui as à fait, tu veux pas penser à ce que t'as raté, à ce que t'as perdu. Tu te contentes de t'éloigner alors que tu te sens vide, comme si toute la rancœur que tu nourris à ton propre égard énoncée, tu n'as plus rien à quoi te raccrocher. C'est peut être le cas ; qu'est-ce que t'as après tout ? Pourquoi es-tu prêt à détruire les autres pour tenir bon, alors que tu n'as plus rien ?

Et puis il revit, là, sous tes yeux ; des prunelles brûlantes, une colère douloureuse, un mélange de sentiments explosifs et passionnés. Tu te retournes légèrement pour lui faire face pleinement, t'attends qu'il ne déverse tout ce qui doit lui traverser l'esprit en cet instant. Il tremble, ton regard se baisse et tu le vois serrer quelque chose. Quelque chose qu'il balance de toute ses forces juste à côté de toi, qui vole en éclat tandis que sa voix résonne. « Crève, p’tain. Qu’ils t’chopent, ça f’ra un con en moins ! »

Qu'est-ce qui te fait le plus mal Zephiriel, de l'entendre te le dire, ou de le penser ?

La porte claque dans un boucan insupportable et tu souffles ; chancelant, tu recules et finis dos au mur. Respire, Zephiriel, respire. Calmes toi. Tu pensais pas que ça ferait si mal, pourtant, tu t'écroules ; glissant le long du mur, jusqu'à lever la tête et observer l'obscurité du plafond. T'es qu'un monstre, et tu sais même pas toi-même pourquoi tu tiens tant à la vie. Après tout, qu'est-ce qu'elle t'apporte ? Même quand elle semble enfin te montrer la sortie, tu la fuis. T'es qu'un pauvre abruti pas fini qui retient piteusement quelques tremblements ; qu'un imbécile qui sait pas vraiment ce qu'il cherchait. Tu voulais l'aider. Pourtant, il est reparti, préférant affronter la tempête à la simple présence du fumier que t'es. Tu tournes la tête, lentement, et tes billes sanguines fixent la porte. T'espères pas qu'il revienne, tu restes juste là, la tête vide, la fatigue s'abattant sur toi, les yeux portés sur la sortie. Qu'est-ce que tu fous, Zephiriel ?

T'es à un de ces moment de la vie, à un de ces cul-de-sacs qu'on sait pas quoi faire pour continuer d'avancer, à un de ces moments où l'on se demande même si c'est encore possible. Dehors, le vent hurle, pourtant tu ne l'entends pas ; t'entends plus rien. Tu fermes juste les yeux, t'aimerais juste dormir un peu. Dormir. Ce que Morphée est cruel de t'appeler à ses bras alors que tu les hais tant ; pourtant, tu les désires tout autant. Tu luttes, comme toujours, tu rouvres les yeux et fixes le mur d'en face. Celui contre lequel il te regardait. T'es tellement seul que t'as fini par oublier ce que c'est, la compagnie d'autrui ; et si elle t'y avait quelque peu redonner goût, tu te rends soudain compte que lui aussi. Comme le roux, tu te souviens ? Heiji. Tu peux pas oublier le nom des personnes que tu rencontres, que tu côtoies ; et plus encore celles pour lesquelles tu ne voyais pas qu'un simple reflet briller dans leurs prunelles. Tu n'oublieras pas ce nom-là non plus, Rhapsodie ; t'en gardes juste une culpabilité sourde, encore.

« Hé papa, chuis vraiment con, hein ? » Et voilà que tu parles tout seul. Tes paupières se baissent, encore, la fatigue est tellement pesante, c'est tellement difficile de rester éveillé. T'es vidé. T'aimerais tant pleurer, soudain ; t'aimerais sentir tes yeux s'humidifier enfin, t'aimerais te souvenir comment on fait. « Pourquoi tu m'as pas retenu ? » C'est de sa faute, tout est de sa faute. T'es qu'un pauvre gosse, un imbécile qui préfère rejeter la faute sur la seule personne qui ne l'ai jamais aimé – plus que tout le reste. Qu'est-ce qu'il n'aurait pas fait pour toi ? Tout, il aurait tout fait. Pourtant t'es là, pourtant tu continues de lui en vouloir, pourtant tu as peur d'affronter à nouveau son regard ; tu l'évites comme la peste mais il te poursuit, tu le vois partout et te surprends à espérer. Il pourrait te sauver, lui. Si seulement tu acceptais enfin de saisir la main qu'il te tend, si enfin tu acceptais de pardonner. Alors, à quoi tu te raccroches ?

Il commence à faire froid, réalises-tu en voyant ton souffle. À l'abri du vent, de la tempête, c'est la température qui te mord ; et lui ? Tu sais pas combien de temps t'es resté prostré, et donc, par conséquent, depuis combien de temps il est dehors, brisé et ballotté par le vent. Un soupire, et tu te relèves piteusement, maladroitement ; tu vacilles peut être un peu, t'es à bout. Mais tu peux pas le laisser là, dehors – et encore moins après l'avoir déjà sauvé une première fois. Alors quitte à finir couvert de bleus, tu vas le ramener à l'intérieur. Si tu peux faire quelque chose de bien, rien qu'une fois dans ta vie, tu vas pas t'en passer – encore moins après ta connerie monumentale. Tu rouvres la porte et t'engages à l'extérieur ; puis tu te félicites presque d'encore tenir debout, malgré la fatigue. T'es qu'une petite nature. Tu sors précipitamment, et tu le cherches. Dans cette tempête. C'est pas gagné.

Tu erres, t'y vois pas à deux mètres, mais tu traces, tu t'obstines, sachant pertinemment comment revenir sur tes pas. Et heureusement, ça sera mieux... T'es complètement bousculé par la fureur de Dame Nature – quel pokémons légendaires sont chargés de la tempête, déjà ? - et l'image de Rhapsodie tourmenté ne veut pas quitter ton esprit. Autant dire, t'es frais. Tu avances, gueules à tout hasard son nom et te ravises. Vu comme il t'a fuit, s'il t'entend, il risque de s'éloigner encore plus... et puis merde. S'il croit qu'il peut te fuir, de toute manière, il se trompe. Et dire que d'habitude, c'est toi qui fuit, et les autres qui te traquent... quoique tu ne vas pas dire que tu le « traques », on va se calmer sur l'image négative que tu te renvoies.

Tu fouilles du regard les environs, et peu à peu, tu paniques ; où est-ce que ce petit con a pu aller ? Tu sais pas depuis combien de temps tu le cherches, de manière intensive par ailleurs, mais ce que tu sais en revanche, c'est que tu commences à désespérer. Et c'est au moment où tu formules cette pensée de façon orale (utile) qu'un cri transperce le vacarme et tu te retournes brusquement. Ça t'a glacé le sang.Alors tu traces, t'avances et finalement, tu le vois. Il est contre un arbre, recroquevillé, secoué par des spasmes, par des sanglots, et tu t'arrêtes de bouger subitement. Il dort. Il dort. Il dort mais il hurle, il dort mais il pleure, il dort mais il tremble. Comme toi. Tu tentes de calmer ta respiration, te calmes comme tu peux, jusqu'à arriver à son niveau et te baisser. Tu t'accroupis à côté de lui, et soudain, une pensée incongrue te traverse l'esprit ; comment ton père faisait-il pour te calmer, toi, pendant tes crises de terreurs nocturnes ? Tu te souviens qu'il comment il se comportait ; déjà, il établissait un contact avec toi, mais pas trop brusquement. Il faisait tout avec énormément de délicatesse et d'attention, et il attendait que tu ailles mieux, et il restait à ton chevet. Tu te mords la lèvre et finis par carrément t'asseoir à côté de l'adolescent, puis t'apportes la main sur son front, brûlant, et ta bouche s'ouvre en un « oh » silencieux. Il a de la fièvre, ça n'aide pas... Puis tu t'apprêtes à dire un truc un minimum constructif mais te figes. 

« Réponds, Belt… là… Sol... » Belt ? Tu clignes des yeux que tu finis par baisser, mal à l'aise. Si tu n'étais pas des masses gêné un peu plus tôt, alors même que tu posais des questions pour le moins indiscrètes, et surtout horriblement douloureuses, tu te fais l'effet d'un gros voyeur en cet instant. Tu te racles la gorge, te rappelles que tu veux juste le rassurer, que t'as pas à vraiment écouter ce qu'il dit, ça ne te regarde pas. Sa respiration est aléatoire, il tremble et chavire. « Hééé... respire Rhapsodie, respire... ça va aller... » Est-ce que ton père avait cette boule dans l'estomac, quand il te voyait comme ça ? Est-ce qu'il avait mal, quand il te voyait dans cet état ? C'était sans doute bien pire pour lui que pour toi maintenant, n'est-ce pas ? Tu passes une main patiente dans sa chevelure d'ébène, le regard inquiet. Mais il ne semble pas se calmer, pas le moins du monde. « pas… laissez pas… non, pas... » Tu le regardes, quelques instants, immobile. Putain. Il a que quinze ans, il est déjà usé ; et il est là, tout recroquevillé et cassé, et tu peux rien faire. Alors tu inspires, t'essaies de te calmer – parce que t'énerver n'est pas la meilleure des choses à faire – et tu passes une main glacée sur son fond bouillant. « T'es plus tout seul, Rhapsodie. Et je te laisserais pas, je te le promets. Jamais. » Tu sais qu'il ne t'entends pas, vu qu'il dort, mais tu continues de le bercer en silence, et cette promesse, tu le sais, tu la tiendras. Quoiqu'il t'en coûte, et alors même que tu ne le connais que depuis quelques... quoi, heures ? Tu as décidé de ne jamais l'abandonner, ce gosse trop cassé, ce gosse qui te ressemble trop pour son bien – et pour le tien. Et tu restes là, à le bercer, à attendre qu'il ne quitte de lui-même les bras de Morphée, à l'apaiser comme tu peux, comme ton père le faisait pour toi. Et t'apprends la délicatesse dont ton père faisait preuve ; et t'apprends à veiller sur autrui, plutôt qu'à faire mal.
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